jeu 28 mars 2024 - 19:03

La Loge maçonnique Etienne Dolet ouvre son temple

De notre confrère magcentre.fr – Par Jean-Paul Briand

La Loge maçonnique orléanaise Etienne Dolet organise son 120ème anniversaire* le 22 octobre prochain. Gilles Kounowski, haut responsable au niveau national du Grand Orient de France (GODF), a accepté de répondre aux questions de MagCentre et de faire visiter le temple de la Loge Etienne Dolet dont il fut le Vénérable Maître. 

MagCentre : La Franc-maçonnerie (FM) a longtemps revendiqué le secret. Est-ce toujours la règle ?

Gilles Kounowski

Gilles Kounowski : La FM n’a rien de secret. Elle est plutôt discrète. Il suffit d’aller sur Internet pour savoir ce qui se passe dans nos Loges. Ce qu’on appelle le « secret maçonnique » relève de l’intime. Chaque franc-maçon, depuis son initiation, c’est-à-dire depuis son admission au sein d’une Loge, va faire son propre chemin, à son rythme et selon ses aspirations. Certains souhaiteront réfléchir aux questions qui animent la société, d’autres seront attirés par la dimension symbolique de la relation de l’homme à son environnement. Le secret c’est donc le cheminement et le travail personnel de chacun. Ce travail se traduit par des contributions sur des sujets qui se posent à notre société.

Depuis la période de l’occupation et du régime de Vichy, qui a vu la Franc-maçonnerie persécutée, les Loges sont souvent restées discrètes pour ne pas exposer leurs membres. Le GODF considère que cette période est révolue et souhaite communiquer avec le grand public. 

MagCentre : Pouvez-vous nous parler du rôle de Vénérable Maître (VM), des loges maçonniques en région Centre-Val-de-Loire et de leurs travaux ?

GK : Le VM, élu chaque année par les membres de la Loge, anime et dirige les travaux de la Loge durant les réunions, qu’on appelle « Tenue ». Il assure la présidence de l’association loi de 1901 qui est la forme juridique de la Loge. En région Centre-Val de Loire, les Loges ont souvent une histoire ancienne depuis le XVIII ou XIXème siècle. Il y a 4 loges du GODF à Orléans, 6 à Tours, 2 à Bourges, 2 à Montargis, 2 à Blois et Vendôme, 1 à Gien. Au total il y a 1400 loges du GODF (15% hors de France) dont 82 dans la grande région Centre (qui comprend aussi l’Auvergne, le Poitou et le Limousin).

Etienne Dolet

 En ce qui concerne leurs travaux, sachant que chaque Loge est « souveraine », libre de ses choix, ils seront divers en fonction des préoccupations de chacun. Quelques sujets essentiels sont partagés entre toutes les Loges du GODF : la Laïcité, le développement durable, la relation de l’homme au travail (question du Revenu universel inconditionnel par exemple), la santé publique et la bioéthique. Sur ce dernier sujet, le GODF est extrêmement attentif au projet concernant la fin de vie. De façon générale, toutes les questions qui concernent la République et la démocratie sont majeures pour les Loges qui ouvrent leurs travaux deux fois par mois sous l’égide du triptyque républicain : Liberté, Egalité, Fraternité.

MagCentre : Comment la Franc-maçonnerie s’adapte à la mixité ?

GK : Au sein des Loges, la mixité a longtemps été discutée. C’est parce qu’aucune réponse satisfaisante n’a été donnée à cette revendication, que s’est créée, en 1901, la première obédience maçonnique mixte : la Fédération internationale du Droit Humain. Elle a été fondée par des frères du GODF et des sœurs pour permettre à toutes les parties de l’humanité de se retrouver en maçonnerie. Le débat s’est poursuivi au sein du GODF qui a fini par considérer, en 2010, que les Loges étaient libres d’accueillir des sœurs. Les choses sont ensuite allées très vite. La Loge Etienne Dolet à Orléans, qui compte près de 90 membres, accueille (initie) désormais autant de jeunes maçonnes que de jeunes maçons. Le temps n’est pas très éloigné qui verra une sœur élue au poste de Vénérable Maître de la Loge.

MagCentre : Par le passé, certains membres du GODF ont eu une influence sur la société française et sa vie politique. Qu’en est-il en 2022 ?

GK : C’était particulièrement vrai sous les 2ème et 3ème Républiques. C’est beaucoup moins vrai depuis. Certains francs-maçons ont joué des rôles importants dans la vie politique française contemporaine, mais leur qualité de franc-maçon n’était qu’accessoire. On peut penser au Sénateur Caillavet qui a œuvré pour la contraception, l’IVG aux côtés de Simone Veil, le droit de mourir dignement, bien avant la loi Claeys-Léonetti.

Après la Libération plusieurs élus orléanais ont fréquenté nos Ateliers (autre nom des Loges) comme l’ancien maire d’Orléans, René Thinat. Mais, contrairement à l’influence qu’avaient pu avoir des franc-maçons célèbres du XIXème siècle comme Jules Ferry, Aristide Briand, Jean Jaurès, la présence maçonnique est beaucoup moins marquée aujourd’hui.

Fort de ses 55 000 membres, le GODF constitue un réservoir important de savoirs et de savoir-faire, auquel la République fait régulièrement appel. C’est par exemple le cas lors de débats sur la bioéthique ou le droit de mourir dans la dignité. Nous sommes « auditionnés » par les autorités publiques. La force de notre parole réside dans les travaux menés au sein de nos Loges depuis de nombreuses années sur ce sujet. Comme les franc-maçons sont engagés dans la société, il n’est pas rare qu’ils défendent dans le monde profane, politique, associatif ou syndical les idées développées au sein des Ateliers.

MagCentre : Les membres du GODF sont très attachés à la laïcité. Comment vivez-vous sa remise en cause ?

GK : Sur la Laïcité, nous devons constamment remettre l’ouvrage sur le métier et faire face aux multiples tentatives de remise en cause. Alors qu’elle est la garantie de nos libertés, et en premier lieu de la liberté absolue de conscience, certains de ses ennemis (à l’extrême droite, comme à l’extrême gauche désormais, mais évidemment aussi chez les intégristes religieux de tous poils) voudraient la faire passer pour liberticide. Auprès d’un certain public manipulable, ça marche. Nous en appelons constamment à la raison pour faire la démonstration de la supériorité d’un régime dans lequel les croyances ne peuvent s’imposer sur les savoirs, la règle particulière sur la règle commune. Nous soutenons toutes les organisations qui militent en faveur de la Laïcité. En cela, nous, francs-maçons du XXIème siècle, sommes fiers de poursuivre l’œuvre de nos prédécesseurs qui ont imaginé et facilité la mise en œuvre d’une République, laïque, démocratique et sociale.

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