Le scoutisme, de l’anglais scout, mot signifiant, à l’origine, éclaireur, lui-même issu de l’ancien français « escoute » signifiant écoute, est un mouvement de jeunesse mondial créé par Lord Robert Baden-Powell (1857-1941), un général britannique à la retraite, en 1907.
Aujourd’hui, le scoutisme et le guidisme comptent plus de 40 millions de membres dans plus de 200 pays et territoires, de toutes les religions et de toutes les nationalités, représentés par plusieurs associations scoutes au niveau mondial. À ce jour, quelque 500 millions de personnes ont été scoutes, y compris des gens occupant des positions éminentes dans tous les domaines.
Le scoutisme est un mouvement de jeunesse reposant sur l’apprentissage de valeurs fortes, telles que la solidarité, l’entraide et le respect. Son but est d’aider le jeune individu à former son caractère et à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel afin qu’il puisse être un citoyen actif dans la société. Pour atteindre cet objectif, le scoutisme s’appuie sur des activités pratiques dans la nature, mais aussi des activités en intérieur, destinées plutôt à un apprentissage intellectuel. Le scoutisme s’appuie sur une loi et une promesse et a souvent une dimension religieuse ou spirituelle.
Au commencement
Le fondateur, Baden-Powell, convaincu que l’on pouvait apporter énormément à des jeunes en leur proposant de devenir « acteurs » de leur propre éducation, a jeté les bases du scoutisme lors d’un premier camp devenu célèbre dans l’île de Brownsea (Brownsea Island est la plus grande des huit îles de Poole Harbour, dans le Dorset en Angleterre). Son objectif : faire vivre des jeunes en autonomie, avec un jeune à leur tête, les amener à se prendre en charge dans le respect d’un code commun, la « loi scoute » …
Qui est Lord Robert Stephenson Smith Baden-Powell of Gilwell, fondateur du mouvement scout
Baden-Powell (BP) naquit le 22 février 1857 au 6 Stanhope Street (actuellement 11, Stanhope Terrace), dans le quartier de Paddington à Londres, au Royaume-Uni. Il est le plus jeune d’une famille de sept enfants (3 frères et 3 sœurs). Robert Stephenson était le nom de son parrain, fils de George Stephenson, pionnier du rail. Son père, le révérend H. G. Baden-Powell, est pasteur protestant et professeur à l’université d’Oxford. Il meurt alors que Robert n’a que trois ans. C’est sa mère, Henrietta Grace Smyth, naturaliste de profession, qui se charge de l’éducation de ses enfants. Elle les encourage à passer beaucoup de temps dehors.
C’est ainsi que B-P s’intéressa, dès son jeune âge, à la nature et à ses secrets. BP est aussi très près de son grand-père maternel, l’amiral Smyth, qui lui raconte des histoires de marins et autres aventures. Comme tous les enfants de son âge, « Stephe » ou « Ste » comme on l’appelle, négocie le moment d’aller se coucher ; et il se cache derrière les portes pour écouter « les grandes personnes ». Il aime se déguiser et inventer des pièces dont il tient le premier rôle. Il dessine et écrit adroitement de ses deux mains, joue du piano et se lance tôt dans l’utilisation de l’aquarelle.
En 1870, il entra comme boursier à l’école de Charterhouse ; ceci se passa deux ans avant que l’école aille s’établir hors de Londres. Ainsi le jeune garçon connut la vie fiévreuse de la Cité, puis ensuite, le calme et les aventures de la campagne, à Goldaming. Il fait partie de la chorale, joue du clairon dans une fanfare et du cor dans des orchestres. Il n’est cependant pas très bon en sport. Par contre il est aimé de ses camarades à cause de sa bonne humeur et de ses dons pour imiter les professeurs.
B-P ne montrait cependant pas autant d’intérêt pour les études. Ses carnets scolaires en témoignent. On note dans l’un d’eux « qu’il a résolument renoncé à comprendre quelque chose en mathématiques » et dans un autre, « qu’en français il pourrait être doué s’il n’était pas si paresseux et ne dormait pas aussi souvent en classe ». Il préfère les fugues dans la campagne où il peut explorer le bois, apprendre à faire des feux sans fumée et ramper sans être vu.
Il passe la plupart de ses vacances en mer avec ses frères aînés, découvrant les côtes de l’Angleterre. Comme il est le plus jeune du quatuor, on lui confie donc des tâches de garçon de cabine, de cuisinier et de laveur de vaisselle. Chaque aventure est l’occasion de se trouver en face du danger et de s’y habituer, car ses frères étaient pour le moins peu attirés par les mers calmes ! À plusieurs reprises, ils frôlèrent la catastrophe, mais ce fut à chaque fois une salutaire leçon :
« Elle (la mer) nous enseigna, en effet, à nous soumettre à une discipline stricte à faire preuve d’adresse, à conserver notre sang-froid au milieu du danger et à acquérir l’esprit d’équipe, chacun faisant de son mieux pour assurer la sécurité des autres ».
Un jour, ils remontèrent la Tamise en canoë jusqu’à sa source.
B-P tente sa chance à l’examen d’entrée à Oxford. Il échoue lamentablement dans une première école, puis dans une seconde où on lui conseilla d’abandonner tout espoir universitaire. Son échec provoque une profonde consternation chez les Baden-Powell où tous les enfants accédaient aux études supérieures et les achevaient.
Au milieu de la défaite et du pessimisme, c’est lui-même qui trouve, par hasard, la solution en découvrant dans un journal une annonce concernant un examen d’entrée dans une école d’officiers. Quatre-vingt-dix places étaient ouvertes dans l’infanterie et trente dans la cavalerie. Il décide de tenter sa chance et il réussit avec succès. Il est brillamment reçu : 50e sur 718 pour l’infanterie et 2e pour la cavalerie. Sa place dans les six premiers le dispense de deux ans d’école préparatoire. Il est promu sous-lieutenant trois mois plus tard et rejoint les rangs du 13e Hussards comme spécialiste dans la reconnaissance, le relevé topographique et le rapport. Son succès fut tel qu’il devint bientôt instructeur.
Après avoir quitté le collège, B-P partit avec son régiment pour les Indes ; c’est là-bas qu’il entama sa carrière d’éclaireur militaire ; il la poursuivit en Afghanistan. Il eut la chance d’avoir pour supérieur le colonel Sir Baker Russel, officier très simple qui attachait plus d’importance à l’initiative chez un soldat qu’à la connaissance du drill.
Rencontrez Baden-Powell https://www.youtube.com/watch?v=FW4OymlM8sM
Quid des relations Franc-Maçonnerie et scoutisme ?
Les deux organisations – Franc-maçonnerie et scoutisme – ne sont pas sans liens, au moins apparents : rôle social, place du symbolisme et des rituels ainsi que des éléments de vocabulaire. La principale différence réside dans les publics concernés : enfants et adolescents dans le scoutisme, adultes dans la maçonnerie.
En Grande Bretagne
Baden Powell n’est pas franc-maçon, mais il a côtoyé durant sa carrière des loges militaires, associations à but de sociabilité et de bienfaisance (les loges régimentaires étaient courantes dans l’empire britannique). Par ailleurs, quelques principes du scoutisme et de la maçonnerie sont communs ou voisins : service du Roi et du Pays, croyance en Dieu ou un Être Supérieur, bien commun et aide du prochain. Le vocabulaire est parfois étonnamment proche : louveteau par exemple avec les références de Rudyard Kipling. Et l’ésotérisme permet d’afficher des filiations parfois surprenantes ou embrouillées.
Reste que l’un des frères de B-P est franc maçon et qu’il donnera sa Bible personnelle annotée à une loge australienne. Cela montre la compatibilité de la maçonnerie britannique et du scoutisme.
Par ailleurs, Sir Charles Warren (1840-1927) fut un promoteur du scoutisme britannique naissant. Dans sa jeunesse, il fréquente la famille Baden Powell. On écrit sur lui qu’il est un « devout anglican ans enthousistic freemasson », c’est-à-dire un anglican dévot et un franc maçon enthousiaste.
Par ailleurs, des liens quasi institutionnels existent dans les pays anglo-saxons entre la maçonnerie et le scoutisme : il n’est pas rare que des adultes en uniforme scout et porteurs d’insignes maçonniques se rassemblent et il existe des associations internationales de liaison.
En France et en Belgique
Condamné dès l’origine, puis spécialement par une encyclique de Léon XIII (Humanum Genus) ainsi que par droit canon, le relativisme philosophique et moral de la Franc-Maçonnerie du XIXe siècle non régulière ne pouvait que paraître suspect dans son influence sur le scoutisme interconfessionnel.
Au début du XXe siècle et pour des raisons historiques et politiques, la maçonnerie apparait dans bien des pays catholiques comme une organisation secrète anticléricale. D’où des réactions d’hostilité extrêmement vives lorsque le scoutisme passe la Manche. Des militants anti-maçon comme en Belgique Valentin Brifaut s’y opposent vigoureusement. Mais dès 1912, les évêques belges vont favoriser la naissance d’un scoutisme catholique, et Valentin Brifaut deviendra même le premier président de la Fédération des scouts catholiques !
En France où la loi de 1905 a avivé les passions, les boy-scouts (neutres ou protestants) apparaissent comme une nouveauté franc-maçonne dirigée contre les œuvres du patronages et sociétés de gymnastiques catholiques, et elle est donc condamnée avant la première guerre mondiale par la grande majorité des évêques. L’attitude plus mesurée de Rome (bénédiction de St Pie X adressée dès 1913 aux Baden-Powell Belgian Boy-Scouts, création d’un scoutisme catholique en Italie) n’est pas suivie par la majorité des évêques français. Après-guerre, l’action du Père Sevin puis celle du chanoine Cornette permettront la création des Scouts de France.
Au sein des Éclaireurs de France, on retrouve plus tard des francs-maçons, comme Pierre Deschamps qui publia dans La Chaîne d’Union en 1938 (puis en 1950 sous le pseudo Ben Hiram) une étude comparative des rites scouts et francs-maçons.
Sources : un.org ; Journée Mondiale du Scoutisme – journee-mondiale.com ; toujourspret.com ; Organisation mondiale du mouvement scout