De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano
L’eau, l’élément le plus important pour la nature, est liée aux légendes, rites et mythes de toutes les religions. La lune est l’élément astral qui la gouverne, tout comme le vert est la couleur qui la représente. Symbole de fertilité et de régénération, mais aussi de changement constant et de force vivifiante. Les parcours de l’apprenti sont assimilés à ceux du pèlerin : la loggia et le Temple représentent le Cosmos, la Vie et le chemin que ce dernier devra affronter. La prochaine étape est le voyage de l’eau, berceau de la vie.
Elle est dynamisme et fluidité informe, moyen de purification et source de régénération interne et externe, signe du passage de l’initié de la perpendiculaire au niveau.
Dans cette phase, il commence à prendre conscience du Cosmos et de lui-même, il apprend à s’écouter et à se percevoir de manière dynamique et constructive.
Dans les épreuves initiatiques, celle de l’eau signifie pour l’initié qu’il doit être capable de résister à l’élan des courants auxquels, dans la vie, les natures communes sont abandonnées.
La purification par l’eau, en revanche, est une sorte de baptême philosophique capable d’effacer toutes les souillures et de dissiper tous les doutes, par la capacité de savoir se remettre en question.
Sous cet aspect généralisé, on entend par eau la totalité de la matière à l’état liquide. Dans les eaux primordiales, image de la protomatière, il y a des corps solides encore dépourvus de forme et de rigidité ; c’est pourquoi les alchimistes appellent le mercure au premier stade de transformation “l’eau”.
Selon Oswald Wirth, en alchimie, le sujet qui doit opérer une transformation, puis mourir, pour renaître, noirci après la mort et la putréfaction, est soumis à l’ablution, une opération qui utilise des pluies progressives, qui procèdent à la compensation des vapeurs qu’elles émanent du cadavre sous l’action d’un feu extérieur modéré, tour à tour attisé et amorti. De ces pluies répétées résulte le lessivage progressif de la matière, qui passe du noir au gris et, enfin, au blanc.
La blancheur signale la fin de la première partie du grand ouvrage. L’initié n’y parvient qu’en purifiant son âme de tout ce qui la dérange normalement.
La toilette ne représente donc pas tant la purification des maux objectifs et extérieurs que celle des maux subjectifs qui étreignent l’âme de l’initié : l’eau donc comme véhicule du changement d’état.
Pour le néophyte, il représente l’esprit passionné, c’est cet état dans lequel la conscience est encore à la merci des impulsions des ondes émotionnelles. Et lorsqu’elle est réchauffée par la pâle lumière de la raison, les “brouillards et miasmes” de l’illusion se répandent et elle commence à se clarifier.
Cette phase est encore une condition d’ombre, qui se définit “longue nuit de conscience astrale”, donc, même durant cette phase initiatique, le néophyte a encore les yeux couverts par le bandeau.
Ce voyage représente la phase adolescente de l’homme et de l’humanité, basée sur la reconnaissance de soi, en tant qu’entité individuelle. C’est un stade de croissance, caractérisé par l’individualisme, qui le place au centre d’une conscience égoïste et égocentrique, avec laquelle il formule des rêves, sur lesquels il fonde ses croyances, dirigées par la conscience instinctive.
C’est la conscience de la contradiction, parce qu’elle est inconsciente et instinctive, d’où surgissent et prennent forme des impulsions passionnées et irrationnelles.
C’est l’ habitat de l’Homme – animal, concentré dans un “corps conscient”.
L’individualisation, dans cette première phase, fait que chaque individu assume la perception de lui-même comme une entité séparée du reste du complexe humain.
C’est le monde où chaque réalité est impliquée dans des rêves, des attentes et des illusions personnelles qui, tous différents les uns des autres, apparaissent contrastés et antithétiques d’une personne à l’autre.
La symbolique du voyage de l’Eau est celle de la renaissance permanente. C’est l’enseignement de la prise de conscience de soi et du Cosmos.
L’eau n’offre aucune résistance. L’eau coule. L’eau n’est pas un mur, elle ne peut pas s’arrêter. Elle va où elle veut aller et rien ne peut lui être opposé. L’eau est patiente. L’eau qui coule consomme une pierre.
C’est comme ça que ça doit être ! Ça doit être comme de l’eau. Pas d’obstacles – ça coule. Trouvez un barrage, puis il s’arrête. Le barrage se brise, il coule à nouveau. Dans un bol carré, c’est carré. Dans un rond, c’est rond. C’est pourquoi il est plus indispensable qu’autre chose. Il n’y a rien au monde de plus adaptable que l’eau. Et pourtant, quand elle tombe au sol, persistante, rien ne peut être plus fort qu’elle.
Lao Tseu