dim 28 avril 2024 - 08:04

Solidarité maçonnique : aider les autres à s’aider eux-mêmes

La solidarité n’est pas la charité. La charité humilie non seulement ceux qui la reçoivent mais surtout ceux qui l’exercent. La solidarité, en revanche, est une relation entre égaux.

Il me semble révélateur combien cette manifestation d’assistance aux plus démunis et aux personnes en situation de santé précaire, prend une configuration particulière pour ceux qui se reconnaissent dans les idéaux et principes maçonniques.

Dans la société civile, le soutien qui est offert aux personnes en difficulté économique ou infirmes, en général, est délégué par les organismes étatiques à des entreprises privées qui, pour cette tâche, perçoivent une rémunération élevée dont, cependant, seule une partie est utilisée pour fins statutaires. En substance, il s’agit parfois d’une délégation qui profite économiquement au délégataire et, en partie résiduelle, à ceux qui doivent constituer le but ultime, la finalisation de cet entrelacement socio-économique.

L’approche avec laquelle la franc-maçonnerie aborde le problème de l’accompagnement des démunis m’apparaît bien différente, surtout dans les motivations fondamentales et dans son expression. Pour nous francs-maçons, l’autre, en principe, c’est mon Frère.

C’est dans nos idéaux, ainsi que dans la vie de tous les jours.

Ce n’est pas la représentation vide de sens du terme soi-disant do- gooders qui, à la fois de manière positive et populiste, semble désormais régner dans les médias.

Et encore moins je crois que la solidarité puisse être encadrée comme un moment obligé ou un devoir éthique envers l’autre, étant donné que ces deux adjectifs sont typiques du monde profane et, à ce titre, soumis aux variables historiques qui lui sont liées.

Si tel était le cas, la solidarité pourrait se présenter comme une simple finalisation d’un comportement non libre, non conscient mais déterminé par des impératifs législatifs, pseudo-ecclésiaux, philosophiques et contingents par rapport au moment où il s’exerce.

Pour mon interprétation, il serait approprié de comprendre le terme de solidarité non seulement comme un moment de soutien qui aide à surmonter les difficultés des autres. J’aime à penser qu’il constitue le moment de cohésion de chaque individu avec la multiplicité. Je crois que la Voie maçonnique constitue une preuve irréfutable de cette affirmation.

Lorsqu’un danger se profile, cela s’appelle de l’aide, la proximité du membre de la famille, de l’ami, dans le contexte maçonnique, du frère est recherchée. La raison n’en est que trop évidente : l’égrégore physique, celui, pour être clair, que nous pratiquons en entrelaçant nos mains nues dans la chaîne de l’union, multiplie les énergies individuelles, les transportant au centre d’une intention commune ; c’est un puissant ensemble d’idées, de sentiments partagés et consolidés par des rituels, des traditions et des coutumes enracinés dans le temps.

Nous le pratiquons parce que nous connaissons ses effets positifs, en termes simples on peut dire : l’union fait la force.

Cette hypothèse est d’autant plus vraie que le lien qui s’établit entre les frères repose sur l’engagement affectif de solidarité, de tolérance, d’affection mutuelle dans le sentiment que ceux qui tiennent la main travaillent avec vous à une édification commune, et ce, en portant leurs bagages d’expérience, de connaissances et d’amour. C’est l’égrégore.

Le résultat étonnant qui s’ensuit est celui d’être entouré de sept nœuds d’un cordon rouge et ésotériquement relié à une réalité supérieure.

Quel grand pouvoir nous avons entre nos mains !!!

Grâce à cette Voie Initiatique, j’ai appris que le Divin est en chaque Frère et que, en tant que Maçons, nous travaillons pour le bien de l’Humanité.

Pas par solidarité, mais parce qu’en chaque Être Humain, même s’Il n’en est pas conscient, le Divin réside.

Pas le Tu et le Je, mais le Nous qui mène à l’Un.

La solidarité est un respect effectif.

La solidarité est l’amour concret.

Solidarité est le terme qui renferme notre Trinôme en un seul mot : Liberté, Égalité, Fraternité.

Ces postulats montrent que la Franc-Maçonnerie, bien que gardienne de la Tradition, entendue comme Voie Initiatique, joue un rôle proactif dans la vie de tous les jours : « fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même ». Au cours des siècles passés et encore aujourd’hui, précurseurs, et pour cette raison inouïe, persécutés idéologiquement et physiquement.

Les intolérants, ceux qui aujourd’hui proclament leur amour les uns pour les autres du haut de chaires hautes et sacrées, n’ont pas hésité à crucifier ceux qui reconnaissaient l’autre comme un Frère avec lequel être solidaire.

Le concept même d’indigence, qui était à l’origine lié au territoire national circonscrit, maintenant que nous vivons sous le terme abusé de mondialisation, vit avec des dimensions et des sens amplifiés et diversifiés, le sens de « l’autre » s’élargit. Elle assume clairement le concept d’universalité.

Depuis des siècles, nous affirmons que nous travaillons pour le bien de l’humanité, sans distinction de foi, de classe sociale, de croyance politique.

La solidarité prend ainsi un sens et une expression véritables.

Nous, Francs-Maçons, avons toujours été solidaires de l’Etre Humain en tant que tel : notre Initiation l’exige, le Chemin que nous entreprenons l’exige, donnant du même coup corps à nos Rites, qui ne sont pas de vaines représentations mais des manifestations positives de l’Etre en son essence véridique.

Nos Rituels disent :

Pratiquez les vertus les plus douces et les plus bienfaisantes, aidez votre Frère et votre prochain, prévenez leurs besoins, atténuez leurs malheurs et assistez-les de vos conseils, de vos lumières, de votre crédit. Ces vertus, considérées dans le monde profane comme des qualités rares, ne sont chez nous que l’accomplissement d’un devoir.

La pensée maçonnique est le résultat d’une synthèse et non d’un syncrétisme.

Elle contient et dépasse les vérités affirmées dans les enseignements de toutes les religions, de toutes les philosophies du présent et du passé présentes en Occident et dans les Temples d’Orient, c’est-à-dire : faire ce que l’on est capable de faire.

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