Essai sur le rôle de la Franc-Maçonnerie dans la Révolution de 1789
Michel König – Cépaduès, Coll. de Midi, 2021, 224 pages, 30 €
Présentation de l’éditeur :
On ne peut comprendre le rôle que la Franc-Maçonnerie a joué dans les événements de la fin du 18e siècle, si on ne montre pas comment elle s’insère dans les enjeux politiques, intellectuels et sociétaux de ce siècle qui parachève les évolutions commencées au siècle précédent. Les historiens de la Franc-Maçonnerie ont souvent étudié le « comment » de l’apparition de l’institution, mais peu se sont penchés sur le « pourquoi », car cela suppose de ne pas cantonner le regard à la seule histoire des instances maçonniques et de l’élargir à l’environnement politique et intellectuel des pays et des sociétés dans lesquels la Franc-maçonnerie est apparue et s’est développée.
Biographie de l’auteur :
Michel König est né à Lyon, en 1943. Il est diplômé de Sciences Économiques et de Sciences Politiques. Il est l’auteur de plusieurs romans mais est surtout connu pour ses ouvrages maçonniques tels que 1717, l’initiation de la franc-maçonnerie – Rétablissement d’une vérité historique (Conform édition, Coll. Pollen maçonnique, N° 14, 2017), préfacé par Joël Denis, Grand Officier de la Chambre d’Administration du Grand Chapitre Général du GODF ou encore Le GADL’U – Tome 1 – La franc-maçonnerie “moderne” fille des Lumières (Conform édition, 2016), préfacé par Alain Bauer et
Le GADL’U – Tome 2 – Le Grand Architecte ET l’Univers, préfacé, lui, préfacé par Philippe Guglielmi, Grand Vénérable du Grand Chapitre Général du Rite Français du GODF.
Le sommaire se décline de la façon suivante :
Note méthodologique
Avertissement
Introduction « Le trône et l’autel »
Première partie : De la Révolution anglaise de 1688…
Deuxième partie : … À la Révolution Française de 1789
Troisième Partie : Franc-Maçonnerie et Révolution
Épilogue et conclusion
Table des matières
[NDLR : Un ouvrage, deux révolutions… Ou comment mieux comprendre les changements brusques et violents dans la structure politique et sociale d’un État, ici et maintenant, en Angleterre et en France. Changements qui se produisent quand des personnes se révoltent contre les autorités en place et prend le pouvoir.
Si la Révolution française est sans doute mieux connue de nos concitoyens français, qu’en est-il exactement de la Glorieuse Révolution qui s’est déroulée de 1688 à 1689 et qui eut pour conséquence de renverser le roi Jacques II d’Angleterre (Jacques VII d’Écosse) et provoqua l’avènement de la fille de celui-ci, Marie II, et de son époux, Guillaume III, prince d’Orange, appelés sur le trône par le Parlement anglais. Appelée Seconde Révolution anglaise, elle renforça la monarchie mixte et réaffirma le rôle du Parlement face à la Couronne.
La note méthodologique précise que la Franc-maçonnerie est une association qui se veut discrète et qui a eu tendance à éviter surtout à ses débuts la diffusion de documents la concernant ce sont donc souvent les historiens de cette même franc-maçonnerie qui utilisons ces documents des bulles cations plutôt malveillant d’ailleurs ont permis de diffuser quelques documents essentiels la note se termine par cette très belle phrase d’Aristophane (c. 445 av. J.-C.-c. 380 av. J.-C.), poète comique grec qui disait « de leurs ennemis les sages apprennent bien des choses ».
Quant à l’avertissement, il nous informe qu’afin de ne pas alourdir la lecture, nous pouvons approfondir les thématiques de l’ouvrage en allant sur le site de l’éditeur et ainsi y trouver un index des noms cités, sorte de générique des personnages historiques rencontrés au cours de ce récit www.cepadues.com et dans le champ « Recherche », tapez la référence de l’ouvrage 7810.
Un index fort utile nous amenant de A comme « Abbé Barruel (1747-1820) Augustin de Barruel est un prêtre jésuite, et essayiste polémiste catholique français. Ses travaux consistent à affirmer que la Révolution française n’a pas été un mouvement de révolte spontanée du peuple, mais un processus organisé pendant plusieurs décennies dans des loges maçonniques et dans des clubs — en particulier celui des Jacobins. Pour lui, la Révolution française est le fruit d’un complot ourdi par les Philosophes et les francs-maçons, le jacobinisme étant le résultat de leur alliance » à W avec « William Hogarth (1697-1764) est un graveur, peintre, et philanthrope anglais. Il apparaît comme une figure majeure de l’Europe artistique du XVIIIe siècle. Il ouvre la voie à une reconnaissance des genres mineurs que sont le portrait des humbles, le paysage urbain et la gravure satirique. Franc-maçon, il grava des eaux-fortes satiriques sur la Franc-maçonnerie, mais fut également donateur du Foundling hospital : il exécute les costumes et le blason de l’orphelinat, ainsi qu’une série de dessins destinés aux appels à dons ».
L’ouvrage offre surtout dans sa première partie « De la révolution 1688 », composée de cinq chapitres, de très nombreuses et très explicatives illustrations.
Pour la petite histoire, certains découvriront, chapitre 3, la mode de la cravate « débraillée » à travers « La cravate de Steinkerque, ‘’dress-code’’ des Lumières » – à découvrir page 41 dont vient cet usage -, ainsi qu’au chapitre 4 « Franc-Maçonnerie et ‘’Cravate de Steinkerque’’ ». Un bande de tissu au nœud simple dont on passe l’un des pans dans la boutonnière dont l’origine remonte à la fin du XVIIe siècle, et qui est apparue lors de la bataille des Flandres du même nom. Pour mémoire, la bataille de Steinkerque, aujourd’hui Steenkerque en Belgique, eut lieu le 3 août 1692 et se solda par une victoire française du maréchal de Luxembourg (1628-1695), pair de France, sur la Ligue d’Augsbourg, une alliance de la plus grande partie des pays européens contre la France de Louis XIV.
Les férus d’histoire pourront assouvir leur passion en revivant les actes des 2 révolutions Quant aux férus de Franc-Maçonnerie les 2e et 3e parties de l’ouvrage étanchent leur soif de curiosité. Il est abordé l’implantation de la Franc-Maçonnerie, l’influence du chevalier Ramsay mais aussi les bulles antimaçonniques et la répression menée contre les Francs-Maçons. De la grande maîtrise du duc d’Antin aux candidats malheureux comme le prince de Conti ou le maréchal de Saxe, de la première Grande Loge de France à la naissance du Grand Orient, l’auteur fouille avec tous les méandres de la Maçonnerie d’alors.
Un livre sérieux qui, s’élargissant à l’environnement politique et intellectuel de l’Angleterre et de la France, nous resitue le contexte dans lequel est apparu l’Art Royal.
L’ouvrage prends surtout en compte les apports de la Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle. En France, elle a joué, pour Michel König, « un triple rôle dans le déclenchement de la Révolution », constituant « un centre de diffusion de la philosophie des Lumières ». La Maçonnerie a été aussi « une force de brassage des populations actives et notamment entre la bourgeoisie libérale et active et la noblesse éclairée », ce « melting pot » dans les Loges, le « Centre de l’Union ». L’auteur prend en compte aussi le fait que la Franc-Maçonnerie pèsera aussi sur « le déclenchement de la Révolution par la qualité et le courage des acteurs venus de ses rangs ».
Pour comprendre l’apparition de la Franc-Maçonnerie spéculative et institutionnelle au début du XVIIIe siècle en Angleterre, il faut bien évidemment comprendre la Glorieuse Révolution du siècle précédent. En France c’est presque le contraire. Avec l’arrivée sur le continent de cette nouvelle sociabilité, vers les années 1725, nous vivrons la nôtre de révolution à la fin dudit siècle. Cet ouvrage a le grand avantage de présenter ces deux révolutions ; chose qui a été à ce jour rarement décrite.]