Par Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
Appliquée à l’être humain, la transcendance est l’aptitude à se dépasser pour surmonter un obstacle, une difficulté ou une épreuve. Cela suppose alors de puiser dans notre volonté, notre courage et nos ressources physiques, mentales ou psychologiques, la force de nous transcender et, par là même, de transcender cet obstacle, cette difficulté ou cette épreuve. Que nous en ayons conscience ou non, les circonstances et les vicissitudes de la vie font que nous sommes souvent dans l’obligation de faire acte de transcendance. Pour nombre de personnes, le seul fait de se rendre chaque jour au travail les oblige à se transcender, en particulier lorsque ce travail leur déplaît.
La Transcendance
Il est un domaine où la transcendance est une nécessité : le sport, notamment celui que l’on dit « individuel ». À titre d’exemple, un coureur de fond doit puiser au plus profond de lui-même l’énergie voulue pour courir et ne pas céder au désir, à la tentation, d’arrêter sa course. De même, un navigateur en solitaire est dans l’obligation de se transcender pour mener à bien sa traversée de l’océan, ne serait-ce que pour se maintenir éveillé quasiment toute la journée. Que dire également de l’alpiniste qui fait seul l’escalade d’une montagne ? Cela implique de grandes aptitudes physiques, mais également une grande force mentale. Dans ces cas-là, la transcendance a pour but de réaliser une performance sportive, et pourquoi pas un record ?
Dans les exemples précités, se transcender n’est pas un but ; c’est plutôt un moyen, voire une nécessité, pour atteindre un objectif déterminé. Mais dans certains cas, la transcendance peut être une fin en soi ; elle s’apparente alors à une quête spirituelle. C’est le cas, entre autres, pour les Rosicruciens. En application de leur enseignement et de leur philosophie, ils s’évertuent en effet à exprimer le meilleur d’eux-mêmes dans leur comportement, non seulement dans leur intérêt personnel, mais également dans celui d’autrui. Là encore, cela implique un grand effort de volonté, car il est plus simple et plus facile de se complaire dans ses défauts et ses faiblesses, que de s’employer à devenir meilleur sur le plan humain.
L’Immanence
Mais il existe un niveau transcendantal de transcendance : LA Transcendance. Elle s’apparente alors à ce que les religions appellent « Dieu », conçu par elles comme un Être à caractère anthropomorphique qui, depuis les confins de la Création, transcende le monde, gouverne la nature et décide de la destinée des êtres humains, tant sur le plan individuel que collectif. Il faut noter également que les agnostiques admettent l’existence d’une Transcendance, mais ils ne Lui donnent aucune définition, aucune représentation, ni aucune intention au regard de l’univers, de la nature et de l’homme. Autrement dit, ils admettent Son existence, mais ne cherchent pas à comprendre ce qu’Elle est.
On oppose souvent « Transcendance » et « Immanence » à propos de la nature du Divin, les uns considérant que Dieu est un « Principe supérieur distinct et séparé de la Création », les autres qu’Il est une « Essence omniprésente dans la Création ». D’un point de vue rosicrucien, Il est à la fois transcendant et immanent, en ce sens qu’Il s’apparente à la fois à une Intelligence absolue qui est inaccessible à l’entendement humain, et à une Énergie universelle qui imprègne les plans visible et invisible de la Création, avec tout ce qu’ils contiennent. À titre d’analogie, on peut dire que le Soleil est à la Transcendance ce que son rayonnement est à la l’Immanence : bien qu’il soit distinct de la Terre, elle baigne dans sa lumière et reçoit sa chaleur, ce qui profite à tous les êtres qui la peuplent.