ven 22 novembre 2024 - 00:11

Destination Utopia !

C’est sous la plume de l’écrivain anglais Thomas More, au début du XVIe siècle, qu’est née l’utopie. Utopia est une île entre le ciel et l’eau. L’endroit se veut merveilleux. Une autorité absolue mais éclairée a été établie : discipline et soumission y sont de règle. Mais est-ce bien là la voie du bonheur ?

Sur ce territoire de « nulle part », un pouvoir de nature royale gère tous les rapports sociaux : politiques, juridiques, économiques ou moraux, en application d’une raison solide. Dans cette société idéale, une hiérarchie et une organisation confortent le bien commun et nul comportement déviant n’est admissible. Il s’agit en effet d’établir résolument, un lieu du bonheur, celui qui incarnerait le retour à un Éden perdu, un lieu idyllique pour tous !

À Utopia, la surveillance est totale, de tous les instants, de tous les moments, de la naissance à la fin de vie. Grâce à la discipline et l’obéissance, les rapports entre les hommes et les femmes doivent se reconstruire. Cependant le tableau de ces rapports, précisés et détaillés par Thomas More, reste troublant pour le lecteur actuel de ce livre paru en 1516… Prenez bien connaissance des conduites à respecter, avant de faire votre valise pour Utopia !

L’autorité, dans ce territoire paradisiaque, est celle des hommes sur les femmes, des vieux sur les jeunes : « Le plus ancien membre d’une famille en est le chef… Les femmes servent leurs maris, les enfants leurs pères et mères, les plus jeunes servent les anciens… les esclaves sont chargés des travaux de cuisine, ou bien “les maris châtient leurs femmes, les pères et les mères leurs enfants, à moins que la gravité n’exige une réparation publique”. Ou encore : “les jours de Finifête (la fin de chaque mois), avant d’aller au temple, les femmes se jettent aux pieds de leurs maris, les enfants aux pieds de leurs parents ; ainsi prosternés, ils avouent leurs péchés d’action ou ceux de négligence dans l’accomplissement de leurs devoirs, puis ils demandent le pardon de leurs erreurs.”

Des mariages bien préparés évitent quelques déboires ! “Une dame honnête et grave fait voir au futur sa fiancée, fille ou veuve, à l’état de nudité complète et réciproquement un homme d’une probité éprouvée montre à la jeune fille son fiancé nu”. Une nudité nullement exposée par vice, mais se justifiant comme l’examen pratiqué lors d’un achat de marchandise : “Lorsque vous achetez un bidet, affaire de quelques écus, vous prenez des précautions infinies : l’animal est presque nu, cependant vous lui ôtez la selle et le harnais de peur que ces faibles enveloppes ne cachent quelques ulcères. » Ne jamais perdre de vue, que, comme pour l’achat d’un bidet, il faut en avoir pour son argent !

Un bien-être contrôlé et des consignes hygiéniques sont des principes de vie fondamentaux ! Sur Utopia : aucune relation sexuelle hors mariage ! ‘L’adultère est puni du plus dur esclavage… la récidive est punie de mort’. Le plaisir n’est pas bon en soi : il ‘n’est pas dans toute espèce de volupté ; il est seulement dans les plaisirs bons et honnêtes’. Une concession cependant : outre la félicité de l’âme, existent quelques jouissances du corps, divisées en deux espèces, la santé et ‘toutes les voluptés… dont la cause est le rétablissement des organes épuisés par la chaleur interne… telles sont les sécrétions intestinales, le coït et l’apaisement d’une démangeaison quelconque en frottant ou en grattant’. Précisément, les Utopiens et Utopiennes célibataires allant à la selle y trouveront allégresse ‘en frottant et en grattant’.

Moralité ? Attention aux portes à glissières entre des cachots construits pour les vices et des temples pour les vertus : elles peuvent sur l’endroit tromper le genre humain dans sa quête du bonheur !

Source : L’Utopie, Thomas More, Librio-2 euros, Essai poches.

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Claude Laporte
Claude Laporte
Cursus universitaire en Droit public, Organisation du travail, et Sociologie Politique. (Maîtrise en Droit Public (1972), à la Faculté de Bordeaux. Chargée de cours sur la « Sociologie Politique et des Institutions Internationales » aux élèves de 1ère Année de Droit (1972/1973). Puis, intégration professionnelle au sein de l’Assurance Maladie. Dernier poste occupé : Responsable de la Communication à la Direction des Systèmes d’Information à la CNAMTS. Autres diplômes : DESS Systèmes d’Information; DEA «Communication, Technologies et Pouvoir » (Université Paris-Sorbonne). Par ailleurs : des engagements dans le domaine associatif et culturel. Depuis mars 2020 une activité écriture/publications avec la création et l’animation du blog EMEREKA, journal d’opinions et d’humeurs ..

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