ven 22 novembre 2024 - 03:11

(VIDEO) Mélusine, une fée féministe

De notre confrère France-Culture

Mi-femme, mi-serpent, la fée Mélusine a traversé les siècles pour devenir une figure féministe. Le mythe qui l’entoure a même fait d’elle un personnage merveilleux, dont d’illustres familles européennes se réclament encore aujourd’hui. Joanna Pavleski s’y est intéressée dans le cadre de sa thèse de littérature médiévale, elle nous conte la légende de la fée Mélusine.

Mélusine est un personnage féminin légendaire anguipède du Poitou, d’Alsace, de Lorraine, de Champagne, du Luxembourg et d’Allemagne souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge. En France, elle peut se retrouver sous les noms de Merlusse (Vosges), Mère Lousine (Côte d’Or), Merluisaine (Champagne)… : ce nom renvoie plusieurs grands thèmes légendaires, comme par exemple la nymphe des eaux, l’être de terroir, le génie qui habite un certain lieu, le succube qui vient du monde diabolique s’unir charnellement avec un homme, l’annonciatrice de mort, la vouivre ou encore la sirène.

Très ancienne, elle est pour les mythologues la « mater lucina » romaine qui présidait aux naissances, ou une divinité celte, protectrice de la Font-de-Sé (fontaine de la soif). Il pourrait également s’agir de la Lyké des Grecs, de la Mélugina des Ligures ou de la Milouziena des Scythes, dont le peuple serait issu d’Héraclès et d’Échidna, elle-même a une queue de serpent et des ailes de chauve-souris. Les Scythes dits « Taïfales » auraient en effet pris pied avec l’armée romaine dans le Poitou où ils auraient fondé la ville de Tiffauges. Pour les Gaulois, elle serait plutôt une sorte de Parque du nom de Mélicine (la tisseuse), d’où le thème de la destinée, très présent dans le mythe de Mélusine.

L’une des évocations les plus anciennes de la figure de Mélusine nous vient de Walter Map (né aux alentours de 1140 ; † entre 1208 et 1210). Dans son livre De nugis curialium (Contes pour les gens de cour), on trouve aux côtés de contes d’origine celtique un dit nommé Henno cum dentibus (Henno à la dent) qui rapporte la rencontre d’Henno avec Mélusine qui devient son épouse. La mère de Henno surprend le secret de Mélusine qui se transforme en dragon quand elle se baigne.

Gervais de Tilbury développe dans Otia imperialia (Le Livre des merveilles)3 le thème de Mélusine qui apparaît dans une vision médiévale du monde. Le texte est daté de 1211/14, et est dédicacé à Otton IV du Saint-Empire.

Son histoire est immortalisée en prose par Jean d’Arras, dans son roman Mélusine ou la noble histoire des Lusignan qu’il offrit le 7 août 1393 au duc Jean de Berry, frère du roi Charles V et à sa sœur Marie de France, duchesse de Bar. Vers 1401, la légende est à nouveau contée, en vers cette fois, par Couldrette, dans son Roman de Mélusine qu’il écrivit pour Jean II de Parthenay-l’Archevêque, sire de Parthenay. En 1698, François Nodot propose une adaptation du roman d’Arras. On trouve aussi une évocation de Mélusine dans Les Très Riches Heures du duc de Berry (mois de mars). Mais l’histoire de Mélusine est bien plus ancienne : la littérature latine du xiie, xiiie siècle produisait déjà des contes se rapportant à une fée semblable à Mélusine. Pierre de Bressuire, prieur à l’abbaye Saint-Éloi et secrétaire de Jean II le Bon, écrivait au début du xive siècle, dans son Reductorium Morale, une histoire similaire à celle de Mélusine bien que la fée du conte ne soit pas nommée.

Pour allez plus loin…

Qui est la fée MÉLUSINE ? (France Culture, 1997) Durée : 2:20

1 COMMENTAIRE

  1. Une très belle illustration de Mélusine, aux cheveux longs et son miroir à la main. Fée qui orne l’un des vitraux de l’église Saint-Sulpice, une des plus riches de Bretagne, à Fougères, sous-préfecture d’Ille-et-Vilaine. Mélusine a aussi donné son nom à l’une des tours du château.
    Rappelons que, selon la légende, Mélusine tua son père pour défendre sa mère maltraitée. En punition de son crime, elle fut condamnée à se transformer chaque samedi en femme serpent. Pour garder le secret, elle se réfugiait dans un souterrain du château. Surprise un jour par son mari, elle demeurerait depuis dans cette cachette. On dit aussi que Mélusine s’envola dans un cri et qu’à l’aube des grands drames, son hurlement retenti toujours au-dessus de la ville de Fougères…

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