Le progrès – qui, comme on dit maintenant, semble être dans l’ADN de l’Homme – évoque l’image du verre à moitié vide et du verre à moitié plein!
Il est de bon ton de rabâcher « c’était mieux avant! » (un bon sujet de méditation, sinon de planche!)… au temps de la lampe à pétrole et des douches municipales! Et néanmoins, nous sommes, sans penser à la provenance de l’électricité, heureux de nous éclairer, de nous chauffer, de bénéficier des meilleures techniques de soins, de regarder la télévision et pianoter sur nos claviers d’ordinateurs.
Oui, les éoliennes sont moches et font du bruit, oui, les centrales atomiques sont des menaces permanentes, oui, les voitures électriques ne vont pas encore bien loin. Que de progrès encore à faire, précisément pour produire un courant “paisible” et performant! Mais qu’on nous le coupe, et nous hurlerons dans les ténèbres! Qu’on l’achète à l’étranger, et nous paierons l’électricité la plus chère du monde!
Nous n’avons pas attendu l’écologie pour réfléchir aux problèmes environnementaux. Nous sommes vivants parce que nos prédécesseurs ont avancé, lentement, à coups d’erreurs et de réussites, vers les solutions dont nous profitons aujourd’hui.
Nous nous prélassons dans le confort, sans même penser aux combats de nos aïeux pour la survie de l’espèce! Ce sont paradoxalement les conflits et les guerres, qui dans un mouvement contradictoire de rapprochements et d’éloignements des peuples, rétablissent les équilibres! Le bien et le mal sont et font la condition humaine depuis son début. Parce que nous sommes indépendants par nature et dépendants par nécessité !
Comme le funambule sur son fil, l’Homme avançait jusqu’à présent à petits pas, grâce aux oscillations du balancier de l’intelligence collective. En faisant confiance à une recherche patiente et à une créativité maîtrisée.
Oui mais…les philosophes des Lumières se sont trompés en pensant que du progrès matériel viendrait le progrès moral. Les génocides du XXème siècle sont la preuve tragique de leur erreur.
Aujourd’hui « les Pasteur contemporains », dans une logique de profit et ne prenant plus le temps des choses, ont voulu l’accélérer jusqu’à créer « l’accident industriel ». Leur modèle viral leur a échappé – dit-on – exposant à la mort la planète entière. Ce qui a contraint la recherche médicale à l’exploit – autant dire au pari – avec la fabrication de vaccins « originaux » dans l’urgence, donc sans recul expérimental.
Ainsi, au XXIème siècle, cette accélération artificielle du temps, produit de nouvelles machines, de nouvelles énergies, de nouveaux remèdes, pour soi-disant notre mieux vivre…au risque du trépas ! Ne serait-elle pas aussi en train de créer de nouveaux hommes, inventeurs pressés mais encore ignorants du fonctionnement de leur propre personne, malgré les progrès fulgurants de la science ?
« Connais toi toi même » disait Chilon l’antique. Ce conseil repris par Socrate, n’a jamais prétendu nous conduire à la connaissance de Soi – notre Moi profond – mais de nos limites. Comment chacun de nous pourrait faire de son être un objet d’étude sans lui…être extérieur ?! C’est bien le regard de l’autre qui nous offre la perception de notre Soi, comme la glace du coiffeur nous montre notre nuque ! Je suis parce que tu es, tu es parce que je suis. L’homme n’a pas créé l’homme. Il lui reste à naître de lui-même !
Si nous regardons derrière nous dans le miroir du temps, sans pouvoir vraiment affirmer « c’était mieux avant », nous pouvons au moins faire l’éloge de ce que nous devons retrouver : la lenteur !
En ce sens, il est bon d’écouter une certaine sagesse africaine quand elle nous dit avec pertinence :
« Vous avez la montre, nous, nous avons le temps » !
Gilbert Garibal
« Vous avez la montre, nous avons le temps ».
Cela doit être assurément un proverbe universel puisque donné pour cambodgien ou encore touareg, voire afghan… Repris par les talibans, d’après Newsweek et son journaliste Ron Moreau…