mar 19 mars 2024 - 03:03

Dangers de la vie, dangers de la loge !

Le fonctionnement du corps humain, dans sa capacité à se mettre en danger par des prises de risques pathogènes, peut être un excellent modèle pour comprendre le fonctionnement des sociétés humaines et des communautés. Sachant que la franc-maçonnerie est avant tout une communauté, l’objet de cet article est d’illustrer les dangers que nous nous créons comme autant de prises de risque.

Fondamentalement, l’être humain est un amas de cellules. Ces cellules ont des fonctions différentes inscrites dans leurs génomes. Au fur et à mesure du développement de l’enfant, une différenciation fonctionnelle se met en place. A l’âge adulte, les différentes fonctions collaborent pour assurer un fonctionnement optimum nous permettant de réfléchir et d’agir. Mais le hic survient lorsque, inévitablement, nous sommes amenés à adopter des comportements à risque qui sont autant de dangers que nous ne percevons pas.

Ces prises de risque au niveau individuel sont nombreuses ; citons trois exemples :

  • Les addictions,
  • La recherche du pouvoir,
  • Le fétichisme.

Progressivement ces dangers vont produire leurs effets délétères sur nos capacités aussi bien cognitives que physiques. Les maladies et les dysfonctionnements seront autant d’handicaps qui progressivement diminueront notre espérance de vie.

La Franc-Maçonnerie, une recherche de la Sagesse …

La Franc-maçonnerie peut être comprise comme une communauté d’êtres humains rassemblés par un même désir d’acquérir, ce que l’on pourrait appeler, la Sagesse.  Pour ce faire, comme toutes les communautés, elle fonctionne sur la base d’une légende fondatrice, d’un rituel et de valeurs. La cérémonie d’intégration, que l’on appelle l’initiation, met en scène, de façon symbolique, ce mode de fonctionnement ; l’augmentation de salaire et l’élévation complèteront ces premiers éléments.

Une des spécificités du fonctionnement communautaire est la capacité pour la communauté de prendre en charge des tâches au bénéfice de ses membres ; s’en est ainsi du besoin de protection face au danger qui la menace. C’est principalement à la loge qu’est dévolue cette fonction.

  • Le couvreur protège l’entrée du temple pour éviter l’intrusion de profanes.
  • L’hospitalier vient en aide aux membres souffrant ou nécessiteux,
  • Le devoir de solidarité concerne tout le monde.

… parasitée par les conduites à risque !

Tout irait bien dans le meilleur des mondes, si, de la même manière qu’un être humain pris isolément, la communauté maçonnique, c’est-à-dire au départ les membres de la loge, n’avait pas adopté des conduites à risque qui vont progressivement complexifier son fonctionnement et créer des morcellements et des divisions.

Ainsi en a-t-il été pour :

  • La diversification des rituels,
  • Le regroupement des loges,
  • L’ajout d’éléments non initialement prévus (comme par exemple le mouvement jacobite au XVIIIème siècle)
  • L’influence des états-nations.

Depuis sa création, cert événementiel maçonnique a phagocyté l’histoire de la franc-maçonnerie au point d’éluder tout ce que cette communauté globale a pu apporter à des millions d’êtres humains dans ce travail de recherche de la Sagesse. Les historiens maçons ne sont-ils pas devenus les chroniqueurs des dangers ?

Aujourd’hui, ces différentes prises de risque ont fait leurs effets et c’est une banalité de constater combien la franc-maçonnerie est « malade » ; les symptômes de ces maladies sont connus ; en voici quelques-uns :

  • L’absence de démocratie directe avec la constitution de ce qui ressemble à une antichambre du pouvoir où l’ambition et le clientélisme règnent.
  • La compétition obédientielle où chaque obédience cherche à occuper l’espace médiatique par des événementiels ponctuels.
  • Le fossé grandissant entre l’essentiel (la qualité des travaux maçonniques en loge) et la superstructure obédientielle,
  • Les interdictions de visiter les loges des obédiences n’ayant pas de traité d’amitié.

Et pourtant, nous avons été prévenus !

La symbolique est un puissant outil de réflexion, si on prête attention !

Un premier élément à prendre en compte : Le même symbole, le triangle, représente la divinité, la trinité, l’harmonie, la franc-maçonnerie et aussi le danger ! De quoi nous faire réfléchir !

La légende d’Hiram, nous offre une belle approche du danger !

Hiram a été assassiné par trois compagnons qui étaient membres de sa communauté ; ils avaient eux aussi été initiés, c’est-à-dire intégrés, après avoir été examinés !

La légende d’Hiram est en quelque sorte un avertissement ; lorsqu’on accède à la maîtrise, on comprend que le risque existe et que peut-être en serons-nous victime, nous aussi !

Symboliquement, il est classique d’attribuer le meurtre d’Hiram à trois risques majeurs : l’ignorance, le fanatisme et l’ambition.

On peut ainsi affirmer que le danger en loge correspond à ce que dans la philosophie taoïste on appelle des énergies perverses : l’ignorance, le fanatisme et l’ambition sont des énergies perverses qui peuvent nous contaminer et nous faire dévier de la rectitude, du travail et de la persévérance.

L’ignorance est un risque auquel on succombe le plus facilement ; on peut y penser lorsque des sœurs et/ou des frères, dans leurs interventions, s’affirment comme des détenteurs de la « Vérité » et s’imaginent avoir tout compris en donnant des bons ou des mauvais points.  Chacun connaît la citation de Lao Tseu « Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas ! » ; dans cette citation, il s’agit bien sûr de la parole qui fait autorité et à laquelle on doit se soumettre !  

L’ignorance, c’est aussi la capacité de diffuser ce que l’on appellerait aujourd’hui de la désinformation. C’est un risque non négligeable car il mène dans une impasse conceptuelle : le labyrinthe symbolise bien cette capacité à se perdre dans les méandres du faux-savoir.

Le fanatisme c’est le risque le plus dangereux car sous son emprise la raison disparaît ; sous son emprise, on électrise les foules avec des mots d’ordre : même Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité peuvent être récupérés dans une logique fanatique pour imposer une vision militante désincarnée.  Comme l’écrit le poète Pierre-Claude-Victor Boiste (1765-1824) « Le chemin du ciel est inondé de larmes et de sang, embarrassé de ruines et de cadavres, amoncelés par le fanatisme ».

Le fanatisme s’exprime aussi par le mysticisme, mode de pensée qui s’apparente au délire dans le déni de la réalité et la fuite dans un imaginaire.

L’ambition est terrible car elle s’apparente à une jouissance ; certains la nomment « la cordonite » mais elle peut prendre tant d’autres formes ; c’est elle qui explique la déviance des réseaux maçonniques, les hauts grades et les querelles obédientielles sans parler des conflits d’intérêt et de la quête des médailles !

Si l’approche symbolique nous prévient de ces trois aspects du danger et nous incite à y prendre garde, le vécu maçonnique nous permet d’en découvrir bien d’autres. On pourrait citer :

  • La déviance communautariste :
  • Le nationalisme maçonnique :
  • La logique obédientielle
  • La pseudo-hiérarchie des grades
  • Le sexisme
  • Le refus de la féminité
  • L’autosatisfaction.

Que conclure ?

Le danger, l’autre face de la médaille,

Si le triangle symbolise à la fois une référence morale, éthique ou religieuse et aussi l‘imminence d’un danger pouvant faire craindre un risque pour la vie, c’est peut-être parce que les êtres humains associent implicitement le risque et la mort à l’accomplissement de leurs choix de vie voire de leur idéal. Les francs-maçons participent aussi à cette dichotomie dans la recherche de la Vérité.

Une maladie ne se traite qu’à condition que le malade le désire

Il est illusoire de croire que la franc-maçonnerie pourrait changer si on créait une autre obédience ; combien sont tombés dans ce piège ! Prendre conscience de toutes les maladies dont souffre la franc-maçonnerie n’est pas facile ! Combien entend-on dire que ce sont des « manifestations de la diversité » !

Prendre conscience de l’essentiel et de l’accessoire !

L’essentiel ne serait-il pas de considérer la loge comme un outil dans cette recherche de la Sagesse qui nous habite ? Les rituels sont des prétextes !

L’accessoire ne pourrait-il pas se résumer à cette formule contemporaine « Faire le buzz ! » ?

NDLR : Image d’accompagnement : source : https://www.lematin.ch/story/dependance-et-addiction-deux-choses-differentes-392677101995

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Alain Bréant
Alain Bréant
Médecin généraliste, orientation homéopathie acupuncture initié en 1979 dans la loge "La Voie Initiatique Universelle", à l'orient d'Orléans, du GODF Actuellement membre de la RL "Blaise Diagne" à l'orient de Dakar - GODF Auteur sous le pseudonyme de Matéo Simoita de : - "L'idéal maçonnique revisité - 1717- 2017" - Editions de l'oiseau - 2017 - "La loge maçonnique" - avec la participation de YaKaYaKa, dessinateur - Editions Hermésia - 2018 - "Emotions maçonniques " - Poèmes maçonniques à l'aune du Yi King - Editions Edilivre - 2021

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