Ça y est : les Frères et les Sœurs ont rangé leurs pelles et leurs seaux, ces outils de construction plus profanes que d’autres qui restent des symboles de l’été. La pelle et le seau pourraient aussi constituer, dans notre imagerie, des équipements propres à récupérer les cendres, celles du « vieil homme », l’expression étant ici entendue comme « embrassant » les femmes (au sens où, par exemple, notre caractère embrasse nos contradictions et non point comme s’il s’agissait de « donner des baisers », ce dernier emploi du verbe – permettez cette digression – étant rigoureusement condamné par notre Frère Littré, qui notait la sottise d’écrire qu’on embrasse une main, alors qu’on la baise : la « langue » a beaucoup perdu à ne pas suivre les recommandations des francs-maçons les plus avisés et j’ai ouï-dire, qu’en l’espèce, Émile ne manquait pas d’expérience).
Mais, revenons à la douceur estivale où l’abeille taquine la treille, pour le bienfait du raisin, à condition que celui-ci ne soit pas couvert de pesticides, car les constructeurs de châteaux de sable embellissent les plages avec leurs enfants, sous le regard des oiseaux de mer criant dans le vent. L’humanité en maillots de bain a peut-être alors plus conscience de l’univers fragile auquel elle appartient. Innocente et modeste, dorée par le soleil, elle accepte intuitivement sa condition naturelle car elle a oublié le rythme effréné de sa vie et toutes les peurs de son existence… Et, puis, n’est-ce pas également le cadre de rencontres idylliques ?
Ainsi, gardons le souvenir de l’été, comme celui des sources, des ruisseaux et des embouchures, que nous parcourons si peu, en temps ordinaire. Abordons l’automne avec sa profusion de pommes et le goût magique des champignons. Ceignons, dès à présent, nos tabliers !
Alors, pour bien commencer la saison, hâtons-nous de lire le joli livre que notre Frère Laurent Kupferman fait paraître, ce 9 septembre, chez Dervy, sous le titre : Rassembler et que notre Frère Yonnel Ghernaouti a déjà présenté hier dans sa rubrique. L’auteur trousse, en 128 pages fluides, denses et coruscantes, non seulement l’aventure mais le projet de la franc-maçonnerie. C’est un essai tout à la fois rassérénant et enthousiasmant que l’on doit s’offrir et offrir (16 euros, seulement !). Et, croyez-m’en, je suis assez avare de compliments. Je vais, cependant, pour finir, en adresser un autre.
Car notre Frère Jacques Carletto, alias Jissey, fête aujourd’hui un âge qu’il ne paraît pas et qui porte le chiffre d’un département de l’Ouest parisien, qui n’est tout de même pas celui des Hauts-de-Seine (quoique les hauts de scènes lui eussent convenu, plaisanterie que son humour débridé me pardonnera). Observant la lourdeur de sa charge de rédacteur en chef, il souhaite, désormais, sur le conseil de ses médecins, se limiter à ses activités de dessinateur de presse et d’interviewer où il s’est, de longue date, signalé. Que son esprit malicieux et indépendant continue encore longtemps à enrichir une compréhension exigeante de notre (petit) monde ! Tous nos vœux l’accompagnent. Comme ils vous accompagnent, toutes et tous, en cette rentrée !
Je vous embrasse fraternellement.