jeu 18 avril 2024 - 13:04

ITALIE : Le silence intérieur et le retrait des métaux

De notre confrère italien expartibus.it

La dépossession des métaux est un rite initiatique très ancien, lié au caractère impur qui leur est attribué, et que l’on retrouve associé au mythe de la déesse babylonienne Ishtar, contrainte, lors de la descente aux enfers, de déposer ses ornements, l’un après l’autre pour franchir les sept barrières, avant de se présenter, dénuée de tout, devant sa sœur, la terrible souveraine du royaume des morts.

Mais dans la tradition juive, plus qu’une référence à l’abandon des métaux, il y a à première vue des références « négatives » à ces derniers, notamment quand, à une époque encore nomade, il est rappelé que les pierres des autels doivent être “pures” et “non touchés par le fer” ou, en relation avec la construction du Temple de Jérusalem, pour lequel il est décrit que les pierres furent toutes apportées comme elles devaient l’être, de sorte que, dans la construction de la maison, nous n’entendîmes ni marteau, ni hache, ni outil de fer.

On retrouve encore dans les spéculations de René Guénon des affirmations sur le fait que le rôle des forgerons, artisans voués au travail manuel des métaux, a souvent été associé à la pratique de la magie “inférieure” et “dangereuse”, rappelant comment, traditionnellement, ils ont eu une valeur sensiblement “négative”.

Aussi Guénon, dans la tradition ésotérique, note l’association des sept métaux avec les planètes astrales respectives comme s’il s’agissait de “planètes du monde inférieur”. Cependant, ces derniers, à la différence des supérieurs, dont ils condensent les influences, recevant ainsi un aspect “bénéfique”, refléteraient un aspect “maléfique”.

On sait cependant que la métallurgie, sous certaines formes traditionnelles, était au contraire particulièrement exaltée et servait même de base à des organisations initiatiques, dont l’exemple le plus célèbre est donné par les mystères des Kabiri qui, au contraire, firent de vastes l’utilisation de métaux dans leurs rituels.

Ils ne sont pas entièrement identifiés comme négatifs dans la tradition juive, car les colonnes Jachin et Boaz elles-mêmes et divers ornements du complexe du temple sont entièrement en métal. De plus, le mot hébreu (Barzel), qui signifie « fer », est composé des initiales des quatre épouses de Jacob, Bilhah, Rachel, Zilpah et Léa, mères des douze tribus d’Israël, qui, selon l’hébreu tradition, protègent des forces du « mal » grâce à leurs vertus spirituelles.

De là, probablement, naît le dépouillement des métaux dans le Rite d’initiation maçonnique, dans lequel le candidat est invité à retirer de lui-même pièces de monnaie, bagues, chaînes, montres, bracelets, avant de subir ce qui peut être considéré comme une Seconde Naissance. , dans laquelle le heurtoir abandonne, pour toujours, son état profane pour entrer dans le Grand Réel, la dimension métaphysique de l’Éveil, des Lumières.

Comme l’écrit Guénon, l’état profane est une condition de l’ignorance. Ce n’est qu’avec l’Initiation que l’on peut marcher vers la Vérité. Avec le Rite relatif, l’Apprenti entame le chemin spirituel : l’achever et s’améliorer ésotériquement ne dépend que de lui, de sa volonté et de sa détermination. La dépossession des métaux représente à la fois la nudité spirituelle avec laquelle le profane s’apprête à surmonter les épreuves initiatiques, son détachement de tout bien matériel, de toute convention, et la volonté de recouvrer l’innocence.

Dans le mythe biblique de la Chute, l’homme est nu, pourtant il n’a pas honte de son état ; ce n’est qu’après la Chute qu’il utilise des métaux pour couvrir son corps et faire face au Monde. Atteindre l’état initiatique, c’est retrouver la pureté originelle.

Le Silence Intérieur et la Spoliation sont des conditions préalables pour entreprendre le Chemin Initiatique et entrer dans le Temple pour Travailler pour Nous-mêmes et pour le progrès de l’Humanité.

L’exemple le plus frappant de l’utilisation “positive” des métaux se trouve dans l’art alchimique dans lequel toute la symbolique du traitement chimique vise à transformer le plomb en or.

Pourquoi alors une telle dualité ? Alors, que sont les métaux ? Pourquoi le besoin de les dépouiller et de les abandonner ?

Leur symbologie s’éclaire en prêtant attention à l’usage que l’homme en fait.

Comme Guénon l’observe toujours, un profane, par l’usage purement matériel des métaux, interrompt leur communication avec leurs principes supérieurs respectifs, les dépouillant de leur possible usage élevé et, par conséquent, les influences inférieures correspondantes, privées de leur double contrepartie, agissent librement pour le seul but d’« abaisser » le profane dans le monde de la « quantité » plutôt que de l’élever dans un monde de « qualité ».

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