La spiritualité n’est pas la religion.
Comme l’écrit Yuval Noah Harari : La spiritualité est un voyage de la personne humaine à la recherche d’une réponse aux grandes questions de l’existence. Elle conduit à des destinations non envisagées au départ.
Quant à la religion c’est un système de normes et de valeurs humaines fondées sur la croyance en un ordre surhumain, système qui permet de fonder en second lieu une loi naturelle théoriquement antérieure à toute décision humaine.
Les différents niveaux de la spiritualité peuvent être symbolisés dans le bouquet de quatre plantes que les juifs mettent dans la tente de souccoth (une branche de palmier dattier, sans odeur ; une branche de myrrhe, sans fruit ; 3 branches de saule pleureur, ni fruit ni odeur ; et un citron, fruit et odeur). Elles sont caractérisées par la présence de fruit (action) et/ou d’odeur (spiritualité) de ces plantes pour dire la diversité de la nature d’approcher la spiritualité (Conférence Villard de Honnecourt avec Haïm Korsia au siège de la GLNF, à partir de 12’).
La spiritualité se veut une démarche philosophique sur laquelle repose l’ensemble de la Franc-Maçonnerie. La très grande majorité des loges requiert la croyance en un Être Suprême ou Grand Architecte de l’Univers (GADLU). Mais le terme de Grand Architecte est interprété de façon très diverse d’une loge à l’autre. Il est parfois entendu de manière symbolique, incluant des visions traditionnelles de Dieu ou de la nature, dans le sens de Baruch Spinoza et de Johan Goethe, ou des visions athées de réalité ultime, ou d’unité cosmique comme on peut en trouver dans certaines religions orientales et dans l’idéalisme occidental.
D’autres loges, principalement nord-américaines, récusent les acceptions dérivées des religions naturalistes et humanistes. Depuis le début du XIXe siècle, certaines obédiences ont des exigences religieuses supplémentaires, comme le théisme ou la croyance en l’immortalité de l’âme. La Franc-Maçonnerie prédominante en Scandinavie n’accepte que les chrétiens, la Franc-Maçonnerie anglo-saxonne que les déistes. Dans les branches dérivées de la Franc-Maçonnerie, dite libérale, cette croyance en un Être suprême est facultative et les agnostiques ou les athées sont acceptés sans problème, ce qui est devenu la principale cause des mésententes entre les obédiences traditionnelles et les obédiences libérales.
Et pourtant il y a spiritualité, avec ou sans foi, dès lors que l’esprit s’interroge sur le rapport du fini à l’infini, à l’éternité, à l’absolu (André Comte-Sponville : Droit Humain, Franc-maçonnerie et spiritualités – 1ère et 2ème partie).
<https://vimeo.com/ledroithumainfrance/franc-maconnerie-spiritualites-1>
<https://vimeo.com/ledroithumainfrance/franc-maconnerie-spritualite-2>.
Pour conclure, écoutons Jean-Baptiste Willermoz en 1782 et soyez étonnés : «la vraie tendance du RER est et doit demeurer une ardente aspiration des âmes spiritualistes à l’élévation de la cité d’eux-mêmes dégagée de tout dogmatisme et de toute liaison avec une religion quelle qu’elle soit» !
Illustration : Giacometti L’homme qui chavire, 1950