Philippe Cornu est né à Paris en 1957. Chargé de cours à L’inalco (Langues et civilisations Orientales Paris) et à l’UCL (Louvain-la-Neuve), il enseigne le bouddhisme depuis de nombreuses années. Auteur de plusieurs ouvrages dont le Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme (Seuil 2006) et Le bouddhisme, une philosophie du bonheur (Seuil 2013) il est également traducteur de textes tibétains dont Vasubandhu, Cinq traités sur l’esprit (Fayard 2008) et Padmasambhava, le Livre des morts tibétains (Buchet-Chastel 2009). Président honoraire de l’IEB (institut d’études bouddhiques, Paris) et vice-président du Khyentsé Wangpo Institute (Paris), il participe activement au dialogue interreligieux.
A travers l’engouement actuel pour la pleine conscience et la “méditation laïque”, notre vision du bouddhisme semble réduite à un ensemble de recettes de vie, de réemplois thérapeutiques ou sociétaux, au gré de simplifications qui vident cette vie spirituelle de son essence : proposer un cheminement authentique vers l’éveil libérateur défini par le Bouddha.
On constate depuis quelques années un engouement pour ce que l’on appelle la « pleine conscience » (anglais Mindfulness), tant dans les milieux psychothérapeutiques et médicaux que dans le monde de l’entreprise. Si l’on découvre, avec raison, les bienfaits de prendre soin de l’esprit et d’être attentif à l’instant présent sans jugement, et si le monde scientifique est désormais convaincu, grâce aux expérimentations avec des méditants, des effets durables de la méditation sur le cerveau humain, il ne faut pas oublier que cette technique méditative est issue du bouddhisme, une religion asiatique née au VI° siècle avant J-C et mise au point aux États-Unis par Jon Kabat-Zinn, un médecin pratiquant du bouddhisme, afin d’appliquer expérimentalement la méditation au traitement de la douleur physique et du stress.
On peut se demander pourquoi cette évolution importante dans le monde médical et thérapeutique entraîne bien souvent le reniement de ses liens avec la spiritualité bouddhique. Les promoteurs de la pleine conscience s’en détachent délibérément et résolument, et l’on peut s’interroger sur les conséquences que cela peut entraîner. En effet, exploiter une technique en l’isolant de sa source et de sa raison d’être première n’est pas un geste anodin, même au nom du pragmatisme et de l’utilité incontestable de la méthode dans le domaine des soins.
Comprend-on bien en Occident ce qu’est le bouddhisme ?
Cela fait maintenant plus de deux siècles que l’Occident découvre le bouddhisme, d’abord au gré des premières traductions des orientalistes, puis, depuis une cinquantaine d’années, avec l’enseignement des maîtres asiatiques et l’implantation de certains centres d’études et de méditation partout dans le monde. C’est déjà assez de temps pour que le bouddhisme soit devenu l’objet de fantasmes, de récupérations diverses et de mécompréhensions et trop peu de temps pour prédire son avenir dans nos cultures occidentales ou occidentalisées, car le bouddhisme, c’est un fait, suit le vaste mouvement de mondialisation qui nous affecte tous.
Dire cela peut paraître pessimiste, car l’on pourrait aussi se réjouir de la fécondation que le bouddhisme peut apporter à la pensée et à la culture occidentales, ainsi qu’aux comportements individuels et sociaux affectés par la crise profonde de la modernité. Et de fait, on aurait raison d’espérer des transformations salutaires liées à cette rencontre entre le Buddhadhârma (1) et nous. L’essoufflement du modèle occidental est partout patent et le bouddhisme pourrait bien participer au changement de paradigme que beaucoup appellent de leurs vœux. Mais, il n’est pas sûr que toutes les conditions soient réunies pour cela.
La plus importante de ces conditions serait que le message du Bouddha et de ses disciples soit correctement compris, tant dans sa profondeur que dans ses aspects pratiques , ce qui implique l’indispensable dissipation des fantasmes, la claire distinction entre le message bouddhique et les cultures asiatiques qui l’ont véhiculé, la précision des traductions et du vocabulaire employé, une pédagogie adaptée mais non simplifiée, l’étude approfondie des textes originaux, la compréhension claire du sens profond des enseignements et de la manière dont ils s’incarnent dans notre existence, et aussi leur mise en pratique régulière sur une longue durée, sans chercher à les instrumentaliser. Car, nous sommes là en présence d’une voie spirituelle complète qui interroge tous les aspects de l’existence.
Avant d’assimiler le bouddhisme, il nous faut d’abord le comprendre pour ce qu’il est et non pour ce que l’on voudrait qu’il soit, puis, l’éprouver au plus profond de nous-mêmes, car ce n’est qu’à ce prix qu’il peut transformer nos vies en un cheminement authentique vers l’Éveil libérateur tel que le Bouddha l’a défini. A défaut, son enseignement risque d’être dépecé, réduit à un ensemble de recettes de vie, de réemplois thérapeutiques ou sociétaux, au gré de simplifications et d’instrumentalisations qui le vident de son essence pour n’en retenir que quelques préceptes faciles à appliquer, utiles dans la vie de tous les jours, bref des techniques de bien-être et de développement personnel. La question est : voulons-nous réellement et radicalement transformer notre vision de l’existence, quitte à traverser l’inconfort et l’effondrement de nos certitudes, ou bien cherchons-nous simplement à améliorer nos conditions de vie, en quête d’un mieux-être personnel immédiat et fatalement transitoire ?
Car, le malentendu est précisément celui-ci : le bouddhisme n’est pas une boîte à outils destinée à améliorer notre vie moderne dans ses choix actuels, mais bien un enseignement spirituel cohérent qui remet en cause toutes les bases de notre existence conditionnée afin de nous en libérer définitivement.
Le propos du Bouddha est de mettre un terme définitif à la souffrance, ce qui implique un bouleversement de nos habitudes et non leur prolongation par des correctifs mineurs et rassurants.
L’enseignement du Bouddha n’est pas une révélation ; il n’est pas lui-même un sauveur, mais un Éveillé (ce que signifie buddha) qui a mis le doigt sur la nature de l’existence et sur les mécanismes qui engendrent la souffrance. Discerner clairement la nature de la souffrance sous toutes ses formes et découvrir son origine est, selon le Bouddha, l’indispensable condition qui permet d’y mettre un terme définitif par les méthodes appropriées : tel est l’enseignement des Quatre Nobles Vérités, son premier sermon.
Qu’a-t-il donc découvert de fondamental et d’universel ? Le caractère conditionné de l’existence, le fait que ce conditionnement est le fruit de nos pensées et de nos actes passés et qu’il constitue le « lien » qui nous plonge dans une existence coincée entre l’attachement à des habitudes mentales antérieures et l’appétit pour un futur hypothétiquement meilleur. De ce conditionnement découle une vision biaisée et inquiète de l’existence qui motive nos comportements présents et impacte notre avenir. Le cheminement proposé est avant tout un déconditionnement, une déconstruction de nos croyances dans la solidité et la permanence du monde et de nous-mêmes, non pas pour atteindre un nirvana d’anéantissement, mais pour accéder à la réalité ultime des phénomènes, l’inconditionné. Car c’est la sagesse, c’est-à-dire la connaissance adéquate de la réalité, qui libère des entraves et des illusions productrices de souffrance. Le nirvana est l’au-delà de la souffrance et non une évasion du monde, qui n’est pas mauvaise en soi. La quête bouddhique n’est pas une introspection nombriliste, car elle se fonde sur l’altruisme et la compassion. Comment, en effet, se refuser à agir dans le monde quand tant d’êtres y souffrent de leur illusionnement et de leurs conditionnements ? La lucidité acquise sur la voie est au service de la compassion et de l’engagement à souffrir autrui par des moyens appropriés à chacun. Il ne faudrait donc pas confondre le chemin spirituel avec un type de développement personnel qui ne serait en définitive qu’un renforcement narcissique bénéfique pour cette seule vie. Progresser sur le chemin signifie mûrir, ce qui exige du temps, le temps que nous alloue cette vie et parfois bien plus … On est loin du résultat immédiat exigé par nos comportements pressés.
Méditation, culture mentale ou pleine conscience ?
Pour parvenir à l’émancipation spirituelle, le bouddhisme propose ainsi un grand nombre de méthodes ou de moyens appropriés, qui tous se regroupent au sein des trois entraînements (sk.trisksa) : la discipline éthique (sila), qui modifie le comportement du pratiquant à l’égard de lui-même et d’autrui ; le recueillement méditatif (samadhi), qui concerne la maîtrise de l’esprit et de ses fonctions ; et la connaissance éminente de la nature de la réalité qui en résulte. Les méthodes, très diversifiées, se présentent comme des « moyens habiles » (upaya) propres à nous « déplacer » vers une vision qui transcende nos habitudes de pensées et de comportement. Il peut s’agir de techniques méditatives, mais aussi de visualisations, de rituels d’offrandes, de récitations de textes et de formules ou mantra, de yogas internes, bref de tout un arsenal de pratiques spirituelles véhiculées par une transmission vivante de maître à disciple au sein de traditions bien établies. Ces pratiques du Dhârma revêtent des aspects tant individuels que collectifs au sein de la communauté, ou Sangha, et nous avons là assez d’éléments pour considérer le bouddhisme comme une religion (2) même si ce terme lui est souvent dénié en Occident, sous prétexte de rationalisation. La méditation n’est donc pas le seul moyen de pratiquer, mais elle est au cœur du processus de libération. La discipline éthique, qui implique une certaine régulation des actes, ne saurait être négligée au profit de la seule méditation, mais sans cette dernière, elle pourrait être vécue comme une contrainte morale purement sociale ou imposée comme dans beaucoup d’autres religions. Quant à la connaissance de la nature ultime, elle découle de l’étude, de la réflexion et de la méditation.
Mais qu’entend-on ici par « méditation » ? Certainement pas le sens que ce mot revêt habituellement dans le christianisme et la philosophie occidentale, où méditer consiste à approfondir une réflexion sur une sujet donné. Ici, méditation est plutôt à rapprocher de l’étymologie de medeo (grec), qui signifie « prendre soin de », « cultiver ». Le terme sanscrit bhävanä implique cette même notion. Conçue ainsi, la méditation est un « exercice spirituel » qui consiste à observer son propre esprit à la première personne, opération peu usitée en Occident. C’est une démarche de familiarisation avec cet esprit qui est nôtre et qui nous est si mal connu.
(2) Une religion différente de nos modèles habituels car non-théiste sans être athée et qui se définit comme une quête de l’inconditionné, la transcendance étant à découvrir dans l’immanence, c’est-à-dire au cœur de chaque être doué d’esprit
Elle permet d’observer les mouvements de l’esprit, les pensées et les émotions qui le traversent, sans plus s’y identifier ni se laisser entraîner par ce mouvement. Peu à peu s’installe le calme mental (samatha) où le mouvement cesse d’être vu comme une perturbation de la quiétude mais s’y intègre peu à peu. Mais cette familiarisation n’est qu’un processus initial qui débouche sur des états plus profonds appelés samädhi, recueillement méditatif ou contemplation.
Ces états sont au cœur du cheminement spirituel car il s’y révèle une lucidité et une connaissance claire de la réalité (prajnä), sources de la libération. On parle alors de vision éminente (vipasyanä), où le méditant entre dans une dimension où il éprouve la vacuité (3) des phénomènes dans un état de présence non duelle, ouverte et lumineuse. Selon la perspective adoptée et les méthodes utilisées, le processus méditatif est plus ou moins long et profond. Mais il est loin de se limiter à être conscient de l’instant présent par le biais de l’attention à un objet ou à la respiration, comme le proposent les techniques de pleine conscience, même s’il passe nécessairement par ces étapes de simplification et de concentration. Il s’agit, dans le contexte bouddhique, de désamorcer au sein même de l’esprit où ils naissent tous les mécanismes de conditionnement liés à la saisie ou préhension de soi, de l’existence et des phénomènes que l’on perçoit à travers nos sens. Car sans cette dessaisie de soi-même et du monde phénoménal, il n’y a pas de processus libérateur possible et, comme nous l’avons dit, cette déprise n’est pas pour autant une indifférence aux êtres et au monde, tant elle est indissociable de la motivation de la compassion.
S’attaquer au duhkha, au mal-être…
Telle qu’elle a été conçue par Jon Kabat-Zinn, la méditation de pleine conscience ou Mindfullness se propose d’exploiter les bienfaits d’une pratique méditative dans le domaine des soins. Comme il l’explique lui-même, elle s’inscrit dans sa propre expérience méditative bouddhique dans le zen coréen et la mouvance Vipanassa issue du bouddhisme Theraväda. C’est un éclair d’intuition qui a conduit dès 1979 ce jeune médecin à l’idée que la méditation pourrait être utilisée en médecine clinique pour traiter le stress et la douleur. Or, pour faire accepter cette méthode dans les hôpitaux, il fallait, sans perdre de vue les principes éthiques et la vision bouddhique sous-jacente, en bannir tout vocabulaire faisant directement référence au bouddhisme, inévitablement assimilé par le corps médical à une mouvance religieuse de type New Age. Ainsi naquit le programme NBSR (Mindfulness based stress reduction) au sein de la Clinique de réduction du stress au Massachussetts, et d’autres chercheurs ont aussi apporté leur contribution à ce concept, comme Daniel Shapiro, Daniel Goleman et Tony Schwartz.
Ainsi, l’accent mis sur le stress était pour Kabat-Zinn une façon habile de s’attaquer à ce que le bouddhisme appelle Duhkha, « le mal-être », la souffrance existentielle si prégnante dans nos sociétés, et il appelait lui-même les hôpitaux des « aimants à duhkha ». Tout le monde étant concerné, la réduction du stress ne soulevait pas d’objection, mais le travail méditatif du MBSR finissait par influer sur la vie psychique du patient dans son entier. L’idée était géniale et généreuse, car si le bouddhisme n’était pas abordable par tous, l’effet de sa méthode méditative était palpable par tout un chacun et facteur de transformation bénéfique.
(3) la vacuité (sünyatä) signifie que les phénomènes sont dépourvus d’existence en soi et pour soi, n’étant que des processus conditionnés, mais elle n’est pas le néant des choses. Ces dernières existent, mais sous un mode dynamique, dépourvues de substance perturable.
D’autres programmes naquirent, comme le MBCT (Mindfulness based congnitive therapy) qui vise à prévenir les rechutes de dépressions, ou la DBT (Dialectical behavior therapy) qui traite la dépendance et les troubles de la personnalité.
D’autres applications ont vu le jour, y compris en milieu carcéral (programme vipassanä de Goenka dans les prisons indiennes).
L’un des apports les plus révolutionnaires de la méthode est l’acceptation progressive, dans les milieux scientifiques et médicaux de la validité d’une observation de l’esprit à la première personne, jusqu’alors guère envisagée, et de la réalité des modifications neuronales bénéfiques entraînées par la pratique régulière de la méditation.
Une « méditation » laïque ?
Après les milieux du soin, la Mindfulness n’a pas tardé à éveillé l’intérêt dans d’autres domaines comme le développement personnel, le coaching et l’entreprise, où le stress et les tensions relationnelles affectent le personnel. Et l’on est venu à parler de « méditation laïque », terme pour le moins étrange. Qu’y-t-il en effet de « laïc » ou de « non laïc » dans le fait de méditer ? La laïcité est un concept moderne occidental impliquant en principe l’existence d’un espace public neutre à l’égard des religions instituées, sans hostilité ni phobie. Est-ce pour se démarquer de la tradition bouddhique que l’on a ajouté ce terme, comme pour s’assurer qu’il ne s’agit plus là d’une pratique spirituelle ou religieuse ? Et dans quel but, si ce n’est celui d’aseptiser la méditation et d’en faciliter l’instrumentalisation en vue d’objectifs non spirituels ? En effet, la méditation bouddhique n’a pas été conçue pour renforcer les performances de l’esprit dans un contexte socioprofessionel ! Et que penser de la qualification d’instructeurs de méditation ou de coachs formés en quelques semaines de stage, ignorant les enseignements bouddhiques fondateurs de la méthode et qui se présentent en experts proposant leurs services lucratifs aux professionnels ? Le vif intérêt des coachs, voire de l’armée, pour la Mindfulness n’est sans doute pas d’ordre altruiste. Vise-t-il le bien-être des individus ou bien leur performance dans l’entreprise ou leur opérativité sur le front ?
Le monde de l’entreprise ne cache certes pas ses buts, la rentabilité et la compétitivité, et l’introduction de méthodes spirituelles « neutralisées » ne retient de la méditation qu’un aspect technique, la pleine conscience, en vue de meilleures fonctions cérébrales. Et cette technique « efficace » est désormais un produit de coaching vendu aux sociétés. On se retrouve ainsi très vite aux antipodes des motivations bouddhiques à l’origine de la méditation.
Face à ces dérives, il existe des tentatives de corriger le tir, comme la décision de Matthieu Ricard de systématiquement coupler la pleine conscience avec l’exercice de la bienveillance à l’égard d’autrui (Care Mindfulness). C’est sans aucun doute, une bonne chose pour les employés, si le monde de l’entreprise reçoit ce message et l’intègre pour réorganiser un management plus optimal. Il n’en reste pas moins que la méditation, dans ce contexte, est nécessairement amputée dans son fondement, sa raison d’être et sa profondeur. Si, traditionnellement, la méditation ne peut s’apprendre qu’auprès d’un maître spirituel attesté par ses propres maîtres, c’est qu’elle véhicule une transmission spirituelle vivante évidemment absente de la Mindfulness en entreprise. Seul l’outil demeure, une technique de bien-être, mais il ne subsiste rien du bouddhisme qui en était la source. Là encore, il n’est pas question de discuter des bienfaits que des patients ou des employés surmenés peuvent tirer de la pleine conscience tant au niveau personnel que relationnel. Ils sont évidents dans leur vie quotidienne et dans le cadre socio-professionnel, et c’est tant mieux. Mais il s’agit ici de souligner qu’en matière de spiritualité, la fin ne justifie pas les moyens ni les moyens la fin.
Si la méditation bouddhique permet d’intégrer progressivement toutes nos activités au sein d’une vie authentiquement spirituelle, elle n’est pas au service de buts mondains. Epistémologiquement parlant, la méditation tient-elle dans l’aspect technique ou bien dans l’esprit qui y préside ? Ce n’est pas un outil de plus à maîtriser mais une méthode d’approche vers un état d’être – la contemplation non duelle -, ce dont l’entreprise ou l’armée n’ont que faire. Il n’est pas dans leur intention que les êtres se transforment radicalement et atteignent la libération et l’Éveil, car pour qu’un individu obéisse et serve des objectifs mondains, il doit rester conditionné individuellement et socialement. Cette liberté naturelle et cet amour universel auxquels nous invite la voie bouddhique ne sont donc pas à l’ordre du jour et ne le seront jamais. C’est pourquoi ce terme de méditation laïque est utilisé à dessein : il est le feu vert à l’instrumentalisation et au détournement du spirituel à des fins de profit.
Le danger est grand, de nos jours où le « tout, tout de suite » et le « prêt-à-porter » spirituel sont à la mode, que très peu de personnes comprennent ce qu’implique la vie spirituelle : un long cheminement, parfois semé d’écueils et de difficultés à surmonter, qui tend vers un accomplissement transcendant notre vision ordinaire de l’existence. Vouloir mettre la méditation à la portée de tous participe d’une excellente motivation, mais cette bonne volonté doit aller de pair avec une réflexion de fond : re-spiritualiser l’existence humaine, ce n’est pas saupoudrer la vie mondaine ou séculière de quelques outils spirituels en vue d’un développement personnel ou de l’optimisation des performances. L’enjeu véritable est celui d’un changement radical dans notre vision de l’esprit, du monde et des autres.
Philippe Cornu – pratiquant et enseignant bouddhiste à l’Institut d’Etudes Bouddhiques (IEB)
Ce texte reflète exactement mes interrogations actuelles, il a été publié dans plusieurs revues spécialisées. Ida Radogowski
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