Le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) est un des rites de la franc-maçonnerie les plus populaires dans le monde.
Il a été fondé officiellement aux Etats-Unis, plus précisément à Charleston (Caroline du Sud) par quelques Frères pratiquant le Rite du Royal Secret ou rite « de Perfection » en 25 degrés, rite d’origine française importé par Etienne Morin et son continuateur Henry Andrew Francken. Les 11 fondateurs du REAA, sous l’impulsion de John Mitchell et Frederic Dalcho, ont donc créé le rite en 33 degrés tel que nous le connaissons aujourd’hui en remaniant l’ordre des degrés du Rite du Royal Secret et en y ajoutant huit degrés supplémentaires, également d’origine française.
Il est important de savoir que c’est avec des patentes de ce premier Suprême Conseil que furent progressivement constitués tous les autres Suprêmes Conseils du monde, comme le Suprême Conseil du 33e degré en France en 1804, mais aussi le Suprême Conseil de la Juridiction Nord des États-Unis, en 1813 voire le Suprême Conseil d’Angleterre et du Pays de Galles, en 1845.

Parmi les 11 « gentlemen de Charleston » se trouvaient deux français, le comte Auguste de Grasse-Tilly, , et son beau-père Jean-Baptiste Delahogue. C’est ce dernier réveillera le Suprême Conseil des Isles d’Amérique qu’avait fondé en 1802 son gendre de Grasse-Tilly,
De Grasse-Tilly a été fait prisonnier par les Anglais juste avant la capitulation de Saint-Domingue et est conduit à Kingston. Libéré début février 1804, il rejoint sa famille et son beau-père à Charleston. Embarqué avec eux pout la France en même temps que les prisonniers résidant à Charleston, il débarque à Bordeaux le 29 juin 1804. Il rejoint Paris où, peu de temps après le Maréchal Kellermann fera de lui son aide de camp. Il le suivit donc dans toutes les campagnes que Kellermann mena aux côtés de l’Empereur Napoléon Ier.
En 1804, la Grande Loge Générale Ecossaise de Rit Ancien est créée pour administrer les loges symboliques ayant refusé de fusionner avec le Grand Orient de France dans les conditions souhaitées par Napoléon Ier. Cette Grande Loge sera cependant supprimée par l’Empereur au bout de deux mois, pour opérer un rapprochement forcé avec le Grand Orient.
C’est à de Grasse-Tilly que l‘on doit d’avoir créé, le Suprême Conseil de France, puissance maçonnique indépendante et souveraine.

En ces temps quelque peu agités, tandis que l’Empereur voulut une franc-maçonnerie à son service et privilégia le Grand Orient, le Suprême Conseil de France ne tarda pas à protéger ou à créer des loges symboliques, c’est-à-dire elles des trois premiers degrés. Ces Loges symboliques devinrent indépendantes quelques décennies plus tard, donnant naissance à la Grande Loge de France, obédience de la Franc-maçonnerie traditionnelle, .
Conformément à la Tradition, les travaux des Loges de la Grande Loge de France s’effectuent en présence des Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée (la Bible), le Compas et l’Équerre, « à la gloire du Grand Architecte de l’Univers ». La Grande Loge de France laisse à ses membres, le soin d’interpréter le Grand Architecte de l’Univers, principe créateur, selon leur propre sensibilité ou conviction.
En 1815, la rupture est consommée entre le SCDF et le Grand Orient, et le Suprême Conseil de France reprend tous ses droits sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Mais jusqu’en 1821, les Loges symboliques du Rite Ecossais Ancien et Accepté fonctionnaient conformément au concordat de 1804, probablement avec le rituel intitulé « Guide du maçon écossais « .
Le 6 juin 1821, la Loge de la Grande Commanderie regroupant tous les Souverains Grands Inspecteurs Généraux ainsi que « les autres maçons écossais qui, par leurs grades, leurs services et autres considérations majeures, obtiendront la faveur d’y être admis. ».

Le 29 juin 1821, est célébrée au sein de cette Loge, sous la présidence du Grand Commandeur – Grand Maître comte de Valence, une pompe funèbre à la mémoire notamment des Très Illustres Frères François Kellermann, duc de Valmy, pair et maréchal de France, François-Joseph Lefèbvre, duc de Dantzig, pair et maréchal de France, André Masséna, duc de Rivoli, prince d’Esling, maréchal de France…
La Loge de la Grande Commanderie porte le N°1. Elle est riche de soixante-trois membres en 1821 et susceptible d’être portée à 81 membres sans pouvoir dépasser ce nombre.
Un décret du 21 septembre prévoit de délivrer aux membres du Suprême Conseil, un certificat d’activité et une vignette particulière qui sera un aigle à deux têtes, les ailes ouvertes, tenant dans ses serres une épée antique sur laquelle est posé un large ruban formant légende avec cette devise : DEUS MEMQUE JUS ; au-dessus de l’aigle, en exergue demi-circulaire, ces mots : SUPRÊME CONSEIL DU 33e DEGRE POUR LA FRANCE.
Les années passent, et les changements de régime se succèdent.

En 1829, le Suprême Conseil met en application dans ses Loges symboliques ses premiers rituels, « REAA – Rituel des trois premiers degrés selon les anciens cahiers – 5829 ».Ce nouveau rituel de 1829 a ensuite été transmis d’abord sous les auspices du Suprême Conseil pour la France jusqu’à la fin du 19ème siècle, puis de la Grande Loge de France (GLDF) jusqu’à ce jour, et cela avec plus ou moins d’évolutions.
La Grand Loge Nationale Française (G.L.N.F.), après avoir hérité du REAA. en 1965, le retiendra comme élément de base de son premier rituel du REAA. (dit « Cerbu ») à partir de janvier 1973.
La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (G.L.-A.M.F.) fera de même lors de sa création en 2012.
L’année 1875 est marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre. La convocation d’un convent universel faisait partie des possibilités prévues par le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération maçonnique de Paris de 1834. Le choix final du pays organisateur s’était finalement et naturellement porté sur le dernier Suprême Conseil en date, celui de Suisse, en retenant la date du premier lundi de septembre 1875.

Le Convent de Lausanne réunissait 11 délégations . Les travaux de la séance inaugurale sont ouverts par le L’année 1875 est marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre. La convocation d’un convent universel faisait partie des possibilités prévues par le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération maçonnique de Paris de 1834.
Le choix final du pays organisateur s’était finalement et naturellement porté sur le dernier Suprême Conseil en date, celui de Suisse, en retenant la date du premier lundi de septembre 1875.
Les travaux de la séance inaugurale sont ouverts par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Suisse, le Très Illustre Frère Jules Besançon, assisté de ses Officiers. La délégation du Suprême Conseil pour la France était présidée par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur Adolphe Crémieux.
Plusieurs décisions importantes sont prises par les participants au convent : la révision des Grandes Constitutions de 1786, l’approbation d’un manifeste incluant une « Déclaration de principes » rédigée par le Grand Commandeur français Crémieux conciliant à la fois l’affirmation d’un Principe créateur et le respect de la liberté de conscience, mais aussi le maintien de la devise universelle des Suprême Conseils « Deus Meumque Jus », avec la possibilité d’y adjoindre une devise nationale de son choix. On notera que le Suprême Conseil de France choisit « Liberté – Egalité – Fraternité « .
C’est également sur proposition de la France qu’est dressée une liste des Juridictions des Suprêmes Conseils en amitié (dont la régularité est reconnue) : Etats-Unis d’Amérique (Nord), Etats-Unis d’Amérique (Sud), Amérique Centrale, Angleterre-Pays de Galles et Dépendances, Belgique et Hollande, Canada, République du Chili, Colon, Ecosse, Etats-Unis de Colombie, France et ses dépendances, Royaume de Grèce et les îles sous sa domination, Royaume de Hongrie, Irlande, Italie-Sicile et autres îles Italiennes, Etats-Unis de la République Mexicaine, République Péruvienne, Portugal et ses colonies, République Argentine, Confédération Suisse, République orientale de l’Uruguay, Etats-Unis du Venezuela.
Les Suprêmes Conseils présents et représentés s’engagent à ne reconnaître qu’un seul Suprême Conseil par Juridiction.
Ils refusent aux Grands Orients le droit de conférer des hauts grades mais chaque Suprême Conseil peut tolérer dans le pays de sa juridiction des visiteurs qui auraient été élevé à de hauts grades par d’autres « Obédiences » de ce pays et à régulariser ceux qui les auraient obtenus irrégulièrement.
Pour être complet, il faut ajouter qu’aux Etats-Unis, le Grand Commandeur de la Juridiction Sud, Albert PIKE, est mécontent : il proteste contre la décision du Convent de reconnaître au Suprême Conseil de France le droit de juridiction territoriale sur les îles Sandwich ! Cette affaire le conduira à suspendre ses relations d’amitié avec le Suprême Conseil de France ; celles-ci ne seront rétablies qu’en 1887. Plus sérieusement, Pike refuse, ainsi que les Suprêmes Conseils de la juridiction Nord des Etats-Unis, d’Ecosse et de Grèce la définition du Grand Architecte de l’Univers adoptée à Lausanne.

Deux ans plus tard, en septembre 1877, ces juridictions se réunissent à Edimbourg. Elles rédigent une autre Déclaration de principe qui proclame « nécessaire et fondamentale la croyance en l’existence de Dieu vrai et vivant » mais « laissant à chacun le soin d’adorer Dieu dans la forme qu’il juge en sa conscience devoir lui être le plus agréable ».
En 1894, le Suprême Conseil de France accorde leur autonomie aux loges symboliques des trois premiers degrés. AInsi se crée, la Grande Loge de France, auquel le SCDF n’accordera son autonomie administrative complète qu’en 1904 lorsqu’il renonce à délivrer les patentes constitutives des nouvelles loges. Le SCDF reste cependant garant de la cohérence dès 33 degrés du rite et conserve des relations étroites avec la GLDF.
En 1964, le Souverain Grand Commandeur Charles Riandey fut exclu par le Suprême Conseil de France et avec 400 à 500 membres de la Juridiction du Suprême Conseil quitta le Suprême Conseil de France et rejoignit la Grande Loge nationale française.
Il se fit ensuite ré-initier à Amsterdam aux 33 degrés du rite puis fonda avec l’appui du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis un nouveau Suprême Conseil, le « Suprême Conseil pour la France ».

Régulièrement depuis, le Suprême Conseil de France organise diverses manifestations, publiques ou réservées aux francs-maçons.
Le SCDF rappelle que tous les Suprêmes Conseils du monde régulièrement constitués sont régis par les mêmes textes. Ils possèdent donc un fonctionnement identique et des caractères communs.
Est ainsi postulé le principe selon lequel il ne peut exister qu’un seul Suprême Conseil par pays, le premier constitué. Toute création postérieure est une usurpation qui est contraire aux Principes constitutionnels des Suprêmes Conseils.
Le Suprême Conseil de France crée, selon les besoins, des ateliers de différents degrés afin de permettre aux Frères de travailler rituellement. Conformément à ses coutumes, le Suprême Conseil de France installe et place sous son autorité juridictionnelle de la Juridiction formée des Loges de Perfection du 4e au 14e, Chapitres du 15e au 18e, Aréopages du 19e au 30e, Tribunaux 31e, Consistoires 32e et enfin Conseil Suprême 33e
Ce Suprême Conseil élève aux degrés supérieurs du Rite des Maçons qu’il en juge dignes par leurs mœurs, leur caractère, leur comportement, leurs vertus maçonniques et leurs aptitudes.
En fait, il existe en France plusieurs Suprêmes Conseils, qui élèvent jusqu’au 33ème degré les Maîtres Maçons des diverses obédiences pratiquant le REAA.
Ainsi, le GODF a créé le Suprême Conseil du 33ème degré en France, composante du Grand Collège des Rites Ecossais. Il existe aussi des Suprêmes Conseils liés aux diverses obédiences pratiquant le REAA , tel par exemple le Suprême Conseil du R.E.A.A. pour la Juridiction Maçonnique Française qui coopte ses membres au sein de la Grande Loge Traditionnelle & Moderne de France, ou le Suprême Conseil National De France, qui se définit comme « gardien et conservateur du Rite, [s’inscrivant] pleinement dans la Franc-Maçonnerie de Tradition, et [n’acceptant] en son sein que des Francs-Maçons membres d’une Obédience régulière reconnue comme telle par la communauté maçonnique internationale., ou encore le Suprême Conseil des Cultures et de la Spiritualité qui se définit comme vitrine exigeante et précieuse de notre engagement initiatique, spirituel, respectée et reconnue au sein des Obédiences amies.
D’aucuns pourraient regretter voire dénoncer une telle diversité. Mais le nombre croissant de Suprêmes Conseils présents lors des Rencontres internationales, ouvertes depuis 1996 à tous les Suprêmes Conseils à condition qu’ils répondent aux critères de la régularité, démontre que la stricte observance du Rite Écossais Ancien et Accepté est le ciment de cette unité.