jeu 19 juin 2025 - 22:06

Des Lumières, de la Franc-maçonnerie, des Jansénistes et des jésuites, à l’aube de la Révolution française

Quel méli-mélo théologico-politique le 18e siecle !

« Le libéralisme théologique, parfois agressif, du siècle des Lumières, s’il fait encourir au christianisme le risque d’une dilution dans la sagesse profane-Jésus philosophe- a eu pour principal mérite de dégager un Jésus de l’histoire qui ne se confond pas totalement avec le Jésus dans l’histoire de la révélation. » Bernard Cottret (Le Christ des Lumières)

Mea culpa, mea maxima culpa ! Je confesse avoir lu un ouvrage collectif de référence sur la « Compagnie de Jésus » (1). Est-ce bien raisonnable me direz-vous ?!

Une première question vient immédiatement à l’esprit : ne correspondrait pas à la définition que l’on donne du masochisme quand on se lance dans la lecture d’un livre sérieux de 1328 pages ! Hélas, la réponse nous conforte dans cette supposition en constatant l’immense plaisir que l’on éprouve à la lecture de cette Somme sur l’un des ordres religieux qui fit, et fait encore couler beaucoup d’encre.

Augustin, évêque d’Hippone, Père de l’Église.

N’oublions pas que le dernier Pape, pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique, fut un Jésuite, ce qui est historiquement un bond en avant, après des décennies, alternant de la part de la papauté soit la mise en valeur de l’ordre, soit sa condamnation (Molina, La querelle des rites en Chine, les « réductions » guaranis qui empêchaient la colonisation au Paraguay, Teilhard de Chardin, la théologie de la libération). La méfiance à cet ordre terriblement efficace ira jusqu’à sa suppression à plusieurs reprises et à sa reconstitution par Rome qui peut difficilement se passer de cette somme d’intelligences qui composent l’Ordre ! Au-delà de l’histoire et de l’agressivité de Blaise Pascal contre eux (Il convient de relire avec délice ses « Provinciales », arme se voulant fatale au service de la défense du Jansénisme !)

 La Franc-Maçonnerie connue, dans son histoire, des affrontements avec les Jésuites de part son origine protestante ou plus tard laïque nettement opposées aux tentatives d »hégémonie de l’Église catholique avec sa troupe d’élite crée par le petit noble-soldat, un certain Ignace de Loyola agitant son « Ad majorem Dei gloriam » !

Ignace de Loyola

Les temps ont changé et cela est bien ainsi, car nous avons à apprendre ou à reconnaître des richesses et des valeurs communes. Maçons, nous devons surtout aux Jésuites l’immense et permanente réflexion sur le concept de discernement des « Exercices Spirituels » d’Ignace de Loyola, véritable initiation spirituelle qui ressemble à une préparation militaire et surtout la pratique d’une relation entre le religieux et le vécu dans le monde, difficile équation que nous connaissons à la sortie de nos tenues. Mais ce qui nous intéresse est la manière dont les Lumières, La Franc-Maçonnerie et l’ordre des Jésuites vont cohabiter au 18em siècle, a l’aube du grand bouleversement de 1789.

I-LE XVIIIe SIECLE, UNE RECHERCHE VERS UN CHRISTIANISME RAISONNABLE.

Omniprésente dans l’histoire de l’Europe, après le 17e siècle qui voit un regain religieux de la contre-Réforme protestante (Le « siècle des Saints »), l’Église catholique tente de maintenir le cap dans des sociétés en pleine évolution sociologiquement et qui adoptent des orientations religieuses selon des choix qui favorisent leur groupe social. C’est ainsi que nous percevons l’intérêt de la bourgeoisie montante vers le jansénisme, et qui sera le moteur de la Révolution Française de 1789. Les milieux plus intellectuels se risquerons vers le quiétisme mais le pouvoir et le paysannat resteront dans une mouvance catholique traditionnelle qui elle-même est traversée de courants divers. Le protestantisme lui-même est divisé entre la vision calviniste de la prédestination dans la définition classique et des tendances arminienne niant cette prédestination, cette dernière allant jusqu’à l’unitarianisme qui refuse l’idée trinitaire et avance que Jésus n’est qu’un prophète qui ne partage pas la nature divine, ce qui les rapprocheront des Juifs et des Musulmans dans l’idée d’un monothéisme absolu. Quelques groupes très minoritaires développent une approche de l’athéisme, mais sont rejetés unanimement par les tenants des différents courants religieux plus préoccupés d’adapter la théologie à leurs intérêts de classe sociale ! Même dans le judaïsme, nous pouvons constater la naissance de la « Haskala », qui serait l’équivalent des Lumières.

Bien entendu, le pouvoir royal va tenter d’endiguer les nouvelles orientations religieuses pour maintenir une unicité catholique. En vain, car l’idée de liberté personnelle et collective prend racine dans le religieux. C’est pourquoi que nous pouvons constater, avec surprise dans ce siècle des Lumières, d’un éclatement et d’une diversité étonnante dans les courants du christianisme, comme si la révolution à venir prenait naissance dans ces querelles théologiques. Ce qui signifie que les textes sacrés n’échappent pas plus à l’histoire que les autres corpus : la critique historique s’applique à eux aussi, et l’on constate et reconnaît l’existence de plusieurs traditions à l’intérieur même de l’Ecriture. Ce qui amène, au sein même des croyances, un affrontement entre pensées « raisonneuses » et pensées « raisonnables ».

Newton

D’où comme conséquence, en ce siècle des Lumières ou de l’ « Enlightenment », de remettre en cause la divinité de Jésus. Le discours sur l’homme prend désormais son sens, car il est dissocié du discours sur Dieu. Nous assistons, peu à peu, à une laïcisation de Jésus, trait particulièrement appuyé par Voltaire qui va se référer énormément à Newton et son humanisation de Jésus, ainsi que le rejet (discret !) de la trinité. En précisant cependant que le Dieu de Newton n’était pas celui des philosophes. Voltaire pensait pourtant que la christologie de Newton était hérétique (2) : « Il prit sérieusement le parti d’Arius contre Athanase. Il alla même un peu plus loin qu’Arius, ainsi que tous les sociniens (3). Il y a aujourd’hui en Europe beaucoup de savants de cette opinion ; je ne dirai pas de cette communion car ils ne font point de corps. Ils sont même partagés, et plusieurs d’entre eux réduisent leur système au pur déisme, accommodé avec la morale du Christ. Newton n’était pas de ces derniers. Il ne différait pas de l’Église anglicane que sur le point de la consubstantialité (4), et il croyait tout le reste ». Cela étant par excellence le rejet de la théologie issue du Concile de Nicée. Devançant l’actualité, nous pouvons dire que Newton est le créateur de la religion naturelle.

En fait, pour Newton existe une primauté de la morale sur toute autre interprétation de la Bible : « Les Ecritures ont été données à l’homme pour lui enseigner, non point la métaphysique, mais la morale ». La problématique paulinienne de la grâce, la « sola gratia », va subir une nette éclipse dans de nombreux courants religieux du 18e siècle au profit de l’idée de Loi peu à peu laïque, détachée de concepts religieux. Dès 1695, le philosophe John Locke publiait dans l’anonymat son « Christianisme raisonnable », tentative de faire une synthèse entre le rationalisme philosophique et la foi chrétienne. Mais il sera dépassé en audace dès l’année suivante par la publication du « Christianisme sans mystère » de John Toland, philosophe irlandais dont la Maçonnerie s’inspirera pour son concept de « Grand Architecte de l’Univers ». Mais dans la catholicité même, en France, le religieux va générer des orientations sociologiques qui vont accélérer le processus révolutionnaire.

II-DU DISCERNEMENT DES ESPRITS.

Le siècle des Lumières
Le siècle des Lumières

Nous croyons, à tort, que le 18em siècle est marqué par ce que nous appellerons plus tard le « Siècle des Lumières », mais qui, à l’époque, représente plus des personnalités diversifiées qu’un véritable mouvement. L’événement qui va bouleverser l’époque, la presse et les conversations en font écho, se déroule dans le domaine religieux et est lourd de conséquence : la dissolution de l’ordre des jésuites, en 1773. Un précédent avait eu lieu au Portugal en 1759 : par rapport à leurs positions en Amérique du sud, ils furent chassés du Portugal, du Brésil, de Macao par le marquis de Pombal (1699-1782), dirigeant du Portugal pendant vingt ans et reconstructeur de Lisbonne après le tremblement de terre de 1755. Ajoutons aussi : soutien de la Franc-Maçonnerie !

Jean le Rond d’Alembert (1717-1783).

Les jésuites, cet ordre missionnaire et enseignant, surnommé le « conseillers des Princes », souvent confesseur des souverains et précepteurs des enfants royaux et de ceux de la haute noblesse, (Un exemple célèbre est celui du Père Lachaise, confesseur de Louis XIV et de Louis Bourdaloue prédicateur de la cour) sont l’objet d’une « destruction » selon le terme utilisé par le philosophe et encyclopédiste D’Alembert (1717-1783). A cette époque, 1773, la « Compagnie » compte 23.000 jésuites.

Les jésuites sont un ordre qui fait grincer des dents et sont l’objet d’un anticléricalisme qui prend de plus en plus d’importance. Les raisons en sont variées et viennent de milieux différents. Examinons-en quelques-unes :

– La re-catholisation de l’Europe après le Concile de Trente (1491-1556) qui va doucement vers une méfiance de la papauté au profit d’Eglises nationales. Ce qui est le cas du gallicanisme français et sa méfiance envers les jésuites, crées pour le service de la papauté, sorte de milice ultramontaine. Le pouvoir royal, gallican, a lui aussi une certaine méfiance vers ces « serviteurs romains » !

– Conflit autour de l’Encyclopédie auquel le dictionnaire jésuite de Trévoux fait concurrence.

– Hostilité des milieux coloniaux, principalement portugais et espagnols. En 1620, 2000 jésuites sont en mission et s’opposent à l’esclavage et aux méthodes brutales des colons. Pire : ils organisent la formation des indigènes ! L’hostilité des milieux commerciaux en Europe est totale, car beaucoup de personnes vivent largement du « commerce de la traite ». De plus, par leurs écrits les jésuites démontrent la richesse intellectuelle des civilisations étrangères à une Europe qui s’estimait le centre du monde. Cela débouchera aussi sur des condamnations de l’ordre dont seront victimes certains jésuites qui voulaient assimiler certaines croyances locales au christianisme : par exemple Matteo Ricci en Chine avec la « querelle des rites », De Nobili en Inde et les « rites malabar », ou les attaques contre les « réductions » au Paraguay, qui seront qualifiées plus tard de « premiers communistes » !

– Concurrence avec l’université par la prise en main de la formation des élites et de leur influence dans l’enseignement en général. De surcroît, la Sorbonne est la forteresse du gallicanisme. Les jésuites possèdent en France 111 collèges où l’enseignement est gratuit, destiné à tous les milieux sociaux et dépassant ainsi les clivages sociétaux. La révolution étant le classement par la réussite et non par le rang. D’où, une hostilité d’une partie de la noblesse, même si souvent les jésuites proviennent de ce milieu. Tout cela est un véritable détournement de l’ordre social, une sorte de « créolisation » des milieux sociaux.

Mais, en France, les plus adversaires des jésuites seront les jansénistes qui finalement seront vainqueurs après avoir été vaincus par le pouvoir royal au cours de leur histoire. L’époque de fin du Moyen-âge avait développé la montée de la classe bourgeoise et du sentiment de puissance du libre-arbitre. Les jésuites eux-mêmes y avaient contribué : dans son traité sur « La Concorde du libre arbitre avec les dons de la grâce » publié à Lisbonne en 1588, le jésuite Molina mettait en lumière la liberté de l’homme dans son propre salut. Une réaction, à l’intérieur de l’Église catholique ne va pas tarder à se faire : en 1640, dans « L’Augustinus », ouvrage de l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansénius, qui enseigne la corruption foncière de l’homme, conséquence de la faute originelle transmise à toutes les générations : entraînée au mal, la créature ne peut être sauvée que par une grâce gratuite de Dieu, mettant ainsi en mouvement la prédestination. Immédiatement, cette à donner ressemblance, ce parallélisme avec le protestantisme vont déclencher une méfiance du pouvoir et les persécutions de Louis XIII et de Louis XIV allant jusqu’à la destruction de l’abbaye de Port-royal et de la dispersion des religieuses et des activités des « Solitaires », groupe spirituel composé surtout de bourgeois à la recherche d’un sens à donner à la force de leur groupe social dont ils prenaient conscience et auquel il fallait, dans un premier temps, inclure dans une pensée religieuse qui représentait leur intérêt et une forme d’idéologie, avant-propos à ce qu’ils transformerons en acte politique en 1789.

Les deux reproches théologique que les jansénistes vont formuler à l’égard des jésuites sont de deux natures : l’utilisation de la casuistique (5) et de l’utilisation du discernement permanent, issu des « Exercices spirituels » (6), au lieu de la foi, faisant ainsi passer la raison et l’action individuelle comme orientations premières. Ce qui sera reproché aux jésuites comme orientation vers l’hérésie pélagienne (7). Leur grand adversaire, Blaise Pascal, janséniste convaincu les attaquera dans son célèbre ouvrage : « Les Provinciales » usant à leur endroit d’humour. Par exemple, il donne la parole à un Père jésuite qui justifie la casuistique par une forme de négociation avec le péché et la tentation pour les détourner vers un but acceptable (8) : « Sachez donc que ce principe merveilleux est notre grande méthode de diriger l’intention, dont l’importance est telle dans notre morale, que j’oserais quasi la comparer à la doctrine de la probabilité ». Cette orientation vers une forme de tolérance dirigée, était naturellement inacceptable pour ce courant augustinien d’orientation protestante où Dieu décide de tout et où l’homme, prédestiné, ne peut s’en sortir du péché que par la grâce divine. Cela à l’intérieur du catholicisme !

Après leur expulsion en 1767, il faudra attendre 1814 et la fin de l’Empire pour le retour des jésuites en France. Ironie de l’histoire : ils seront accueillis en Prusse par Frédéric II et en Russie par Catherine II, deux « Despotes éclairés », ravis d’utiliser la compétence des jésuites au sein du luthérianisme et de l’orthodoxie !

En expulsant les jésuites de France, et en laissant les jansénistes prendre leur place, la monarchie ne prend pas conscience qu’elle va perdre son pouvoir et sa tête !

III-DE QUELQUES VERITES A RETABLIR.

Jean-Jacques-François Le Barbier (dit l’Aîné, attribué à, 1738-1826). « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. La Monarchie, tenant les chaînes brisées de la Tyrannie, et le génie de la Nation, tenant le sceptre du Pouvoir, entourent le préambule de la déclaration ». Huile sur bois. Paris, musée Carnavalet.

La « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » marque une véritable rupture avec la France d’avant 1789. En particulier dans son article 3 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ». La monarchie de droit divin avec le devoir du souverain de n’avoir à faire qu’à Dieu en tant que puissance absolue, indivisible, perpétuelle s’effondre et ce qui n’est qu’une limitation du pouvoir royal va se transformer. A Louis XV qui déclarait encore en 1766 : « C’est en ma personne seule que réside la source de la puissance seule » va s’opposer le rôle des parlements où le « Tiers Etat » majoritaire, composé de la bourgeoisie très janséniste (opposée au haut clergé et à la noblesse par rapport à son histoire) et vont remporter la victoire au moment des Etats généraux convoqués par Louis XVI, à Versailles, le 17 juin 1789. Mais la fuite du roi et son arrestation à Varennes vont précipiter la mise en place de la République, copiant en cela la révolution américaine (« We are the people ! »). Ce qui n’était au départ qu’un désir de l’instauration d’une monarchie constitutionnelle, « à l’anglaise » va se terminer par l’instauration d’une république bourgeoise inspirée et dirigée par une Assemblée Nationale, très largement inspirée par le jansénisme laïcisé, qui sera obligée de combattre, à l’intérieur de la Révolution même certains courants qui croyaient que 1789 était une révolution populaire, alors qu’elle n’était que bourgeoise et qui optera pour Napoléon, afin qu’il remette de « l’ordre » ! Se pose la distinction à faire entre les Lumières et la Révolution :

– Les Lumières sont une volonté de de la poursuite de ce qu’on appelait « République des Lettres ». Mouvement existant depuis la Renaissance qui était la volonté de créer un espace immatériel qui transcendait les entités territoriales et qui réunissait les lettrés européens, en particulier le monde savant des humanistes. Elle naît en 1417, au sein d’un échange épistolaire entre Francesco Barburo et le Pogge. L’expression de cette « République des Lettres » sera utilisée en Europe à partir du 16e siècle, vers 1520. Boniface Amerbach, fils du célèbre imprimeur de Bâle, fera alors d’Erasme le « Monarque de toute la République des Lettres ». Erasme à qui nous devons, dans son texte « Comment éduquer les enfants » (1519), traduit en français en 1537, la phrase célèbre : « On ne naît pas homme, on le devient ». Le professeur à la Sorbonne, Marc Fumarolli, expliquera dans un ouvrage célèbre la continuité de ce courant durant l’histoire (9). Inutile de préciser que la création de ce mouvement intellectuel n’utilise le mot « République » que de façon aléatoire, étant parfaitement dans une vocation aristocratique du savoir ou des talents. Ce que sont les Lumières qui en sont la continuité.

– Il est peu probable que les Lumières soient partisans d’une république laïque : la plupart étant pour une monarchie constitutionnelle dans laquelle ils aspiraient à un rôle de conseillers et à un ennoblissement (Monsieur « de » Voltaire !). Dans les écrits des Lumières se lit un inintérêt du peuple et de la bourgeoisie en particulier, surtout si cette dernière aspire à prendre le pouvoir : les Lumières sont successeurs de Molière et de son « Bourgeois gentilhomme » ! Chez certains philosophes des Lumières, John Locke par exemple, dans son « Traité du Gouvernement Civil » reste bien loin de ce qu’on peut décrire comme le peuple ou la nation.

– Les Lumières, dans la querelle qui oppose Jésuites et Jansénistes, ont plutôt une sympathie pour l’intellectualisme des jésuites chez qui ils firent leur scolarité (Voltaire et Diderot par exemple). Après l’expulsion des jésuites de France, Voltaire en accueillera d’ailleurs à Ferney. Ils sont partisans, dans la tradition des jésuites, d’une éducation supérieure qui s’adresse aux enfants de l’élite, alors que les jansénistes, dans leur « petites écoles » veulent développer une scolarité ouverte à des milieux plus larges, filles comprises, ce que la République va tenter d’installer à travers une éducation nationale.

– Tant qu’à l’idée de nature humaine et de fraternité, elle est sujette à caution par la pratique de l’esclavage et de la division sociale qui débouchera plus tard sur ce que Karl Marx qualifiera de « Lutte des classes ».

De par leur composition sociale les Francs-maçons se rapprochent plus de ce mouvement bourgeois et janséniste de la Révolution française que d’une philosophie aristocratique des Lumières dont elle se réclame à tort.

MINCE ENCORE UNE ILLUSION QUI FICHE LE CAMP !

 NOTES

(1) Ouvrage collectif sous la direction de

Pierre Antoine Fabre et Benoist Pierre

Les Jésuites. Histoire et Dictionnaire

Editions Bouquins. 2022.

(2) Voltaire : Mélanges. Paris. Ed. Gallimard. 1961.

(3) Sociniens : Doctrine à l’origine faite par deux théologiens italiens du XVIe siècle, Lélio et Fausto Sozzini qui développent une exégèse rationaliste expliquant la divinité de Jésus par son adoption par le Père. Persécutés en Europe, les sociniens se regroupent en Pologne où ils éditent leur catéchisme (1605) qui va exercer une grande importance sur l’ensemble du monde protestant et de sa théologie libérale ultérieure. Toute cette théorie anti-trinitaire va naturellement ressortir au 18e siècle, tant dans les milieux protestants que catholiques (Avec une forme plus déguisée pour ces derniers !).

(4) Consubstantialité : Théorie théologique catholique sur le renouvellement du sacrifice de Jésus à chaque messe, durant l’ «élévation », alors que les protestants pensent qu’il ne peut y avoir qu’un sacrifice unique de Jésus et que la Cène durant le culte, ne se fait qu « en mémoire de ».

(5) Casuistique : Forme d’argumentation utilisée en théologie morale. Elle consiste à résoudre les problèmes par une discussion autour des principes généraux et la considération des particularités du cas traité. Les jésuites l’utiliseront surtout pour l’administration de la pénitence, la « confession ».

(6) « Exercices spirituels » (1548) : Ouvrage de prière faite de méditation progressive et systématique composé par Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, à partir de sa propre expérience de Dieu dans sa vie. Le concept de discernement y est mis en valeur.

(7) Pelage (350-420) : Moine ascète breton dont les idées sur le caractère contingent de la grâce divine furent jugées hérétiques par l’Église catholique en 418. Son grand adversaire théologique sera Saint-Augustin (354-430), soutien d’un prédestination s’opposant au Libre-arbitre pélagien.

(8) Pascal Baise : Oeuvres complètes. Paris. Ed. Du Seuil. 1963. (Page 397).

(9) Fumarolli Marc : La République des Lettres. Paris. Ed. Gallimard. 2015.

 BIBLIOGRAPHIE

– Beauchamp Paul : L’Un et l’Autre Testament. Accomplir les Ecritures. Paris. Ed. Du Seuil. 1990.

– Brunet Paul : L’introduction des théories de Newton en France au XVIIIe siècle. Genève. Ed. Slatkine. 1970.

– Chaunu Pierre : La civilisation de l’Europe des Lumières. Paris. Ed. Flammarion. 1982.

– Cottret Bernard : Le Christ des Lumières- Jésus de Newton à Voltaire. 1660-1760. Paris. Ed. Du Cerf.1990.

– Cronin Vincent : Matteo Ricci-Le sage venu de l’occident. Paris. Ed. Albin Michel. 2010.

– Culmann Oskar : Le salut dans l’histoire. Suisse. Neuchâtel. Ed. Delachaux-Niestlé. 1966.

– Hume David : Enquête sur l’entendement humain. Paris. Ed. Beyssade. 1983.

– Ouvrage collectif : Religion, érudition et critique à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. Paris. PUF. 1968.

– Plongeron Bernard : Théologie et politique au siècle des Lumières. Genève. Ed. Droz. 1973.

– Pomeau René : La religion de Voltaire. Paris. Ed. Nizet. 1969.

– Soboul Alfred : La civilisation et la Révolution française. Paris. Ed. Arthaud. 1978.

– Taveneaux René : La vie quotidienne des Jansénistes. Paris. Ed. Hachette. 1973.

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Michel Baron
Michel Baron
Michel BARON, est aussi conférencier. C'est un Frère sachant archi diplômé – entre autres, DEA des Sciences Sociales du Travail, DESS de Gestion du Personnel, DEA de Sciences Religieuses, DEA en Psychanalyse, DEA d’études théâtrales et cinématographiques, diplôme d’Études Supérieures en Économie Sociale, certificat de Patristique, certificat de Spiritualité, diplôme Supérieur de Théologie, diplôme postdoctoral en philosophie, etc. Il est membre de la GLMF.

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