Le Régime Écossais Rectifié et ses origines : Martines de Pasqually, Karl Von Hund…
Jean-François Var – Éditions Dervy, Coll. Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, 2022, 480 pages, 28 €
Si une trilogie est bien un ensemble de trois œuvres parfois aussi littéraires, rappelons qu’elles peuvent être comprises comme une œuvre unique ou bien comme trois œuvres distinctes. C’est justement le cas de ces trois ouvrages de Jean-François Var, prêtre orthodoxe et ancien haut fonctionnaire qui a pratiqué presque tous les degrés maçonniques et chevaleresques.
Le tome 1, publié en 2013, a pour sous-titre Le Régime Écossais Rectifié, une maçonnerie unique dans le paysage, car possédant une véritable doctrine et dispensant un enseignement sur la nature de l’homme, son origine, sa destinée et ses rapports avec l’univers qui l’environne et avec le Verbe.
Un enseignement non seulement théorique mais débouchant aussi et surtout sur une pratique initiatique. C’est ainsi que douze conférences composent l’ouvrage et fait l’exégèse de thèmes fondateurs de cette Franc-Maçonnerie de tradition chrétienne.
Le tome 2, paru en 2018, sous-titré Nouvelles études sur le Régime Écossais Rectifié apportait un nouvel éclairage en faisant des mises au point sur diverses questions secondaires, pas toujours bien comprises, sur le Régime et sa doctrine. Traitant déjà de l’un des principaux fondateurs Jean-Baptiste Willermoz et son œuvre ainsi que les diverses réformes successives du Régime Rectifié.
Quant à sa dernière livraison, la table des matières nous donne à lire trois parties. Après le prologue « Avis au lecteur » et un avant-propos « Entrer dans la fabrique du RER » de Pierre Mollier, directeur de la bibliothèque du Grand Orient de France et du musée de la franc-maçonnerie, la première partie est consacrée à « Martines de Pasqually et au martinésisme ». La seconde à « Karl von Hund et la Stricte Observance » et enfin la troisième aux « Rituels de la Stricte Observance ». L’épilogue intitulé « Saint-Martin ou la Voie du Christ » est suivi, en conclusion et en « Apogée », par des propos du prince Ferdinand de Brunswick-Lunebourg. Une bibliographie générale, et une postface de Serge Caillet, historien spécialisé dans l’étude des sociétés initiatiques modernes, ainsi qu’un index général des trois tomes termine cette « somme » qui, au total, représente plus de 1090 pages.
Ils peuvent donc se lire séparément ou former un tout plus que cohérent. De toutes les manières, ces trois volumes restent ce qu’il est d’usage d’appeler un essentiel – indispensable dans un bibliothèque –, donnant ainsi sens à la Maçonnerie rectifiée et ainsi permettant de mieux la vivre encore.
Dans « Le martinésisme, origine première de la doctrine du Régime Écossais Rectifié»Jean-François Var précise que deux textes sont issus du Dictionary of Gnosis and Western Esotericism (Brill, 2005) et bien que publiés avant deux ouvrages remarquables dont il recommande la lecture, celui de Michèle Nahon Martinez, de Pasqually, un énigmatique franc-maçon théurge du XVIIIe siècle, fondateur de l’Ordre des Élus Cohen (Dervy, 2011, 2e éd. rev. et complétée, 2017) et le Martinez de Pasqually et les Élus Cohen, exégètes et ministres du judéo-christianisme (Éd. de la Tarente, 2019) de Dominique Vergnole, l’auteur ne change pas une ligne a à ses écrits.
Si l’on a pu dire que Martines de Pasqually était une énigme vivante, gageons que ce texte la résoudra. Le chapitre suivant accorde une large part au martinésisme, alias le premier martinisme, et au willermozisme. Il retrace la doctrine, qui est une gnose, une science au sens traditionnel du terme, au culte, ainsi qu’à l’héritage. Le tout s’achevant par une bibliographie sommaire, suivie d’une annexe ayant trait au sacerdoce primitif d’Adam.
Ce qui nous semble extrêmement intéressant pour le lecteur, c’est le chapitre 3, traitant de « La doctrine et de la personne de Martinez de Pasqually vues par Willermoz ». Et surtout, comment comprendre cette doctrine ? Pour nous y aider, l’auteur publie un certain nombre d’échanges épistolaires entre le baron Jean de Turckheim et Jean-Baptiste Willermoz.
C’est avec la deuxième partie, traitant du baron Karl von Hund et de son œuvre, qu’est abordée la Stricte Observance, origine première de l’architecture du Régime Écossais Rectifié.
L’intéressante troisième partie nous entretient des rituels maçonniques qui, pour beaucoup, seront une réelle découverte. Après ceux d’apprenti, compagnon, maître et d’écossais vert, du Noviciat, de « grade » chevaleresque et autre Rose-Croix, Jean-François Var aiguise notre curiosité en dévoilant le mystère du Manuscrit Folger – Robert Benjamin Folger (1803-1892) important maçon américain, un des piliers du Rite de Cerneau.
L’auteur nous fait bénéficier de ses connaissances en nous offrant un rituel de chevalier en usage à la Commanderie de Strasbourg, ainsi que celui dénommé « Le rituel de Chever 1774 », et tout son « Cérémonial ». Toujours accompagné des riches et très sérieux commentaires de l’auteur.
Un livre éclairant qui permet de comprendre et donc de transmettre !