La maison dite de Nicolas Flamel, aussi connue comme « le grand pignon », est une habitation située au 51 rue de Montmorency, dans le IIIe arrondissement de Paris.
Également appelé le Haut-Marais, le IIIe arrondissement est une enclave branchée réunissant cafés, restaurants et boutiques tendance et où le Carreau du Temple, rénové, accueille aujourd’hui de très nombreux événements, dont la Fashion Week. Voire de nombreux pop-up stores. Une position centrale qui en fait un lieu privilégié pour les pop-up stores et autres boutiques événementielles. Les amateurs d’art se retrouvent dans les galeries modernes et au musée Picasso, qui expose de nombreuses œuvres d’art dans un majestueux hôtel particulier datant du XVIIe siècle. Le musée des Arts et Métiers propose une visite incontournable aux passionnés d’histoire scientifique. Quant au marché animé des Enfants Rouges, il est très prisé pour ses étals d’alimentation internationale.
La maison dite de Nicolas Flamel
Il s’agit d’une maison que Nicolas Flamel, riche bourgeois parisien, fit construire après la mort de sa femme Pernelle, en 1397, afin d’abriter un commerce au rez-de-chaussée et pour accueillir les pauvres dans les étages, à condition qu’ils fassent leurs prières du matin et du soir en l’honneur du couple. Terminée en 1407 comme en atteste l’inscription courant en frise au-dessus du rez-de-chaussée, c’est la plus connue des maisons de Flamel et la seule qui existe encore aujourd’hui. Ce dernier n’y a jamais habité. S’il est impossible d’assurer qu’elle est la plus ancienne de Paris, elle est assurément la plus ancienne qu’on puisse dater.
Jacques Hillairet, dans son Dictionnaire historique des rues de Paris, a fait du 3 rue Volta la plus vieille maison de Paris, qu’il date des alentours de 1300 ; néanmoins des recherches plus récentes montrent que cette maison date en fait des alentours de 1650, faisant de la maison dite de Nicolas Flamel la plus ancienne connue à ce jour.
La façade de la maison fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 23 septembre 1911. Un restaurant, « L’auberge Nicolas Flamel », occupe actuellement la maison.
La façade qui comporte quatre niveaux est dénaturée par des altérations successives, notamment par la restauration intervenue à l’occasion de l’exposition universelle de 1900 (perte du grand pignon qui lui a donné son nom, fenêtres reprises).
La disposition de l’espace intérieur du rez-de-chaussée a été modifiée. Il subsiste cependant trois portes qui permettent de la restituer. Les deux portes latérales correspondaient jadis à des boutiques, tandis que la porte centrale permettait d’accéder aux étages par une cage d’escalier circulaire. Les jambages des portes sont ornés de sculptures gravées dans des cadres en anse de panier.
Elles représentent des personnages tenant des phylactères ou assis dans des jardins. La porte centrale est encadrée de quatre anges jouant d’un instrument de musique. Sur deux jambages figurent les initiales de Nicolas Flamel.
Sous la corniche du rez-de-chaussée court l’inscription :
« Nous hōm(m)es et fēm(m)es laboureurs demourans ou porche de ceste maison qui fu f(ai)c(t)ē en lan de grace • Mil quatre cens et sept • sōm(m)es tenus chacū(n) en droit soy dire tous les Jours Une patenostre et • I • ave maria en priant dieu q(ūe) de sa grace face pard(ō)n aus povres pecheurs trespassez • amen • »
Mais qui était exactement Nicolas Flamel ?
Nicolas Flamel (c. 1335-1418) est un bourgeois parisien du XIVe siècle, écrivain public, copiste et libraire-juré, c’est-à-dire un marchand chargé de vendre les copies des manuscrits originaux sous la surveillance de l’Université, devant laquelle il a prêté serment.
Sa carrière prospère, son mariage avec Pernelle, une veuve ayant du bien, et ses spéculations immobilières lui assurèrent une fortune confortable, qu’il consacra, à la fin de sa vie, à des fondations et constructions pieuses. Cette fortune, que la rumeur amplifia, est à l’origine du mythe qui fit de lui un alchimiste ayant réussi dans la quête de la pierre philosophale permettant de transmuter les métaux en or. À cause de cette réputation, plusieurs traités alchimiques lui furent attribués, de la fin du XVe siècle au XVIIe siècle,
le plus célèbre étant Le Livre des figures hiéroglyphiques paru en 1612. Ainsi, « le plus populaire des alchimistes français ne fit jamais d’alchimie ».
Les deux illustrations représentent les visages de Nicolas Flamel :
- en pieux donateur tel qu’il s’était fait représenter en 1402 sur le portail de Sainte-Geneviève-des-Ardents (gravure de l’Histoire critique de Nicolas Flamel et de Pernelle sa femme de l’abbé Villain en 1761) ;
- en alchimiste dans le portrait romantique de la Galerie historique des Célébrités populaires (1840).
Sa pierre tombale est désormais au Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge
Il mourut le 22 mars 1418, et fut enterré à l’église Saint-Jacques-la-Boucherie où sa pierre tombale fut installée sur un pilier au-dessous d’une image de la Vierge. L’église fut détruite à la fin de la période révolutionnaire, vers 1797. La pierre tombale fut cependant conservée, et rachetée par un antiquaire à une marchande de fruits et légumes de la rue Saint-Jacques-la-Boucherie, qui l’utilisait comme étal pour ses épinards. Rachetée en 1839 par l’hôtel de ville de Paris, elle se trouve actuellement au musée de Cluny avec, en épitaphe : « Feu Nicolas Flamel, jadis écrivain, a laissé par son testament à l’œuvre de cette église certaines rentes et maisons, qu’il avait acquises et achetées de son vivant, pour faire certain service divin et distributions d’argent chaque an par aumônes touchant les Quinze Vingt, l’Hôtel Dieu et autres églises et hôpitaux de Paris. Soit prier ici pour les trépassés. » Ses ossements, ainsi que ceux de son épouse Pernelle inhumée avec lui, sont alors transférés aux catacombes de Paris.
Au-dessus de l’inscription gravée, le Christ bénit et tient un globe crucifère. Il est figuré en buste, encadré du soleil et de la lune ainsi que des saints Pierre et Paul. Cette scène se détachait autrefois de manière plus visible grâce à un fond de mastic noir. Au bas de l’épitaphe, le défunt est figuré en « transi », type de représentation funéraire fréquent à la fin du Moyen Âge.
Don Ville de Paris, 1845. N° Inventaire : Cl. 18823. Hauteur : 58 cm/Largeur : 44,5 cm/Profondeur : 3,8 cm. Lieu de destination : église Saint-Jacques-de-la-Boucherie/Période : 1er quart du 15e siècle/Technique : bas-relief (source : https://www.musee-moyenage.fr/)