mar 25 novembre 2025 - 18:11

29/11/25 – Château Saint-Antoine (GLDF – Marseille) : Les Taïnos, gardiens d’une autre voie initiatique

Les Indiens Taïnos, une autre société initiatique – Une soirée d’exception au Château Saint-Antoine

Château Saint-Antoine
Château Saint-Antoine

La Respectable Loge n°1 Saint-Jean d’Écosse – Mère Loge Écossaise, à l’Orient de Marseille, propose le samedi 29 novembre 2025 à 18 h, au Château Saint-Antoine, une conférence publique ouverte à toutes et à tous sur un thème aussi rare que fascinant :
« Les Indiens Taïnos, une autre société initiatique », animée par Jean-Pierre Lacoste.

Jean-Pierre Lacoste

Derrière ce titre se dessine une soirée singulière : la rencontre entre un haut lieu maçonnique marseillais et une grande civilisation précolombienne des Antilles, longtemps réduite au silence par la Conquête, mais dont la mémoire symbolique, les rites et l’art sacré reviennent aujourd’hui au premier plan.

Jean-Pierre Lacoste, un passeur entre mathématiques, histoire et civilisations d’Amérique

Agrégé de mathématiques, Jean-Pierre Lacoste a enseigné à l’Université de Bordeaux. Très vite, le pur géomètre s’est doublé d’un voyageur et d’un historien des sciences et des civilisations. Ses nombreux séjours en Amérique du Sud et en Amérique centrale l’ont conduit aux sources des sociétés premières, là où s’inventent les liens entre cosmos, organisation sociale et structures rituelles.

Carte des différents groupes Tainos avant les découvertes de Christophe Colomb

Parmi ces peuples, les Taïnos de Saint-Domingue occupent une place particulière dans ses recherches et ses engagements. Il leur a consacré plusieurs ouvrages, mais aussi une action concrète pour la préservation de leur patrimoine matériel et immatériel : vestiges archéologiques, sites cérémoniels, objets cultuels, mais aussi mémoire vivante de leurs descendants et de ceux qui se réclament de leur héritage.

En l’invitant, Saint-Jean d’Écosse – Mère Loge Écossaise ne cherche pas à plaquer sur le passé un vernis exotique. Elle propose, plus profondément, de laisser parler une autre forme de société initiatique, née bien avant les Lumières européennes, et de questionner, à partir d’elle, notre propre rapport au sacré, au symbole et à la communauté.

Reconstitution village Taïnos – Cuba

Qui sont les Taïnos ? Une grande civilisation des Antilles

Avant 1492, les Taïnos occupent l’essentiel des Grandes Antilles : Hispaniola (Haïti et République dominicaine), Porto Rico, Cuba orientale, Jamaïque, Bahamas. Ils représentent l’un des aboutissements majeurs des cultures arawak dans la Caraïbe.

Leur société est structurée autour d’une organisation hiérarchisée : au sommet, les caciques, chefs politiques et religieux, entourés d’une noblesse, les nitaínos, et d’un peuple d’hommes et de femmes libres, les naborias. La cohésion de la communauté repose sur un dense réseau de mythes d’origine, de cérémonies collectives et de pratiques rituelles.

Groupes Taïnos

Sur le plan religieux, les Taïnos vénèrent des forces spirituelles appelées zemis (ou cemíes), esprits de la nature, ancêtres divinisés ou puissances tutélaires, qui prennent forme dans des sculptures anthropomorphes ou zoomorphes, taillées dans la pierre, le bois, l’os ou la céramique.

Ces zemis ne sont pas de simples « idoles » décoratives : ils concentrent la présence du divin et le pouvoir symbolique du cacique, qui en est le gardien.

La vie collective s’organise autour de places cérémonielles rectangulaires, les batey, bordées de pierres gravées de pétroglyphes. C’est là que se déroulent les jeux de balle, mais aussi des cérémonies judiciaires et rituelles où le politique, le religieux et le social se nouent intimement.

Spatules_vomitoires_du_Musée_du_quai_Branly

« Une autre société initiatique » : cohoba, areíto et transformations symboliques

En quoi peut-on parler, à propos des Taïnos, de « société initiatique » ?

Jean-Pierre Lacoste montrera que cette expression ne relève ni d’un anachronisme facile ni d’une récupération maçonnique abusive, mais d’une structure : celle d’une société qui met en scène, à travers des rites précis, la transformation de l’être humain, son lien au sacré et sa place dans la communauté.

Parmi ces rites, la cérémonie de la cohoba occupe une place centrale. Les caciques et les chamanes (behiques) y inhalent, à travers des tubes et des instruments soigneusement sculptés, une poudre hallucinogène préparée à partir de graines spécifiques.

Avant d’entrer dans l’état visionnaire, ils pratiquent une purification par le vomissement rituel, à l’aide de spatules ouvragées : purification du corps, mais aussi dépouillement symbolique, préalable à la rencontre avec les zemis.

Amulette Taïno, musée de Châlons

Loin d’être un simple « chamanisme spectaculaire », la cohoba s’inscrit dans un système codifié :
– préparation du corps et de l’esprit ;
– usage d’objets sacralisés ;
– consultation des esprits pour la conduite de la communauté (guerre, agriculture, justice) ;
– interprétation des visions par des spécialistes.

On retrouve cette dimension initiatique dans les areítos, grandes cérémonies collectives de chants, de danses et de récits, où la communauté rejoue son histoire, ses mythes fondateurs et les exploits de ses ancêtres.

Dans ces longues nuits rituelles, la parole chantée, les gestes codifiés, la circularité de la danse tissent un lien vivant entre les vivants, les morts et les dieux.

La conférence proposera de lire ces pratiques comme autant de chemins de transformation : l’individu y apprend à se situer dans une trame cosmique, à se déprendre de lui-même, à reconnaître la présence de l’invisible dans le visible.

Femmes préparant le pain de cassave

L’art taïno : du symbole gravé au support de méditation

Un des temps forts de la soirée sera la présentation d’objets et de représentations de l’art taïno, que Jean-Pierre Lacoste fera découvrir au public. Là encore, rien de décoratif au sens moderne : l’art taïno est une écriture symbolique.

On y reconnaît :

  • les zemis sculptés, figures humaines ou animales parfois hybrides, qui condensent la puissance des esprits protecteurs ;
  • les duhos, ces sièges rituels en bois finement sculptés, sur lesquels s’assoit le cacique pendant la cohoba ;
  • les mystérieuses pierres à trois pointes, plantées dans la terre, qui semblent liées à la fertilité des champs, à la stabilité du monde et aux forces telluriques.(Smarthistory)

Chaque objet est un vecteur d’énergie symbolique : par sa forme, sa matière, ses motifs gravés, il dit quelque chose de la manière dont les Taïnos se représentaient le cosmos, le temps, la mort, la fécondité, la justice. À cet égard, le parallèle avec l’usage maçonnique des symboles – outils du constructeur, colonnes, étoiles, lumière – est éclairant : dans les deux cas, le signe matériel est appelé à réveiller une conscience, à mettre en mouvement un travail intérieur.

Regards croisés : ce qu’un franc-maçon peut entendre des Taïnos

La vocation d’une telle conférence, au cœur d’un site maçonnique, n’est pas de décréter que les Taïnos seraient des « francs-maçons avant la lettre ». Ce serait leur faire injure, en projetant sur eux nos catégories modernes. L’enjeu est plutôt de laisser résonner quelques échos.

Par exemple :

  • La manière dont les Taïnos articulent pouvoir et sacré, en confiant aux caciques la charge d’interpréter la volonté des zemis, invite à réfléchir à la responsabilité de ceux qui, aujourd’hui, occupent des charges « à l’Orient » : l’autorité ne se justifie que si elle sert le bien commun et reste reliée à une verticalité spirituelle.
  • La centralité des espaces rituels – bateys, maisons des zemis, grottes ornées de pictogrammes – rappelle que toute quête initiatique demande un lieu mis à part, un « temple » où se vivent d’autres rapports au temps, à la parole et au corps.
  • Le soin extrême apporté à l’art sacré (zemis, duhos, pétroglyphes) fait écho, pour les initiés, au travail symbolique sur les décors de loge, aux bannières, aux colonnes : la beauté n’est pas un supplément d’âme, elle est une pédagogie du regard.

Enfin, le destin brisé des Taïnos, frappés en moins d’un siècle par la violence de la Conquête, les maladies, l’exploitation et les déplacements de population, pose une question brûlante : que faisons-nous, aujourd’hui, des civilisations fragiles, des minorités spirituelles, des cultures qui ne rentrent pas dans les cadres dominants ? La défense du patrimoine taïno ne relève pas de la nostalgie, mais d’une éthique : reconnaître que d’autres manières d’habiter le monde, d’y dire le sacré et d’y organiser le vivre-ensemble, ont existé et méritent respect.

Chateau-sAint-Antoine

Une soirée au Château Saint-Antoine : vivre la rencontre

Le choix du Château Saint-Antoine, à Marseille, n’est pas anodin. Ce lieu emblématique, qui accueille de nombreuses manifestations culturelles et maçonniques, offre un cadre idéal pour une rencontre entre héritage méditerranéen et mémoire caribéenne.

Le public sera accueilli à partir de 16 h ; la clôture des émargements interviendra à 17 h 50 pour permettre le début de la conférence à 18 h précises. Le site dispose d’un parking gratuit (dans la limite des places disponibles). Un bar ainsi qu’un Comptoir du livre permettront de prolonger la réflexion autour d’ouvrages consacrés aux civilisations précolombiennes, à l’histoire des Taïnos et, plus largement, aux spiritualités du monde.

Les organisateurs proposent également, pour celles et ceux qui le souhaitent, un repas après la conférence (menu complet à 25 €, entrée, plat au choix, dessert et boisson). L’inscription au repas s’effectue en même temps que l’inscription à la conférence, par paiement en ligne : il est demandé de choisir son plat au moment de l’inscription, aucun changement ne pouvant être effectué le soir même.

Inscription : gratuité, contribution et dons

Fidèle à son principe de gratuité des conférences publiques, la Loge Saint-Jean d’Écosse – Mère Loge Écossaise propose un accès libre à cette soirée, sur inscription préalable obligatoire via la plateforme dédiée.

Au moment de l’inscription, plusieurs options sont possibles :

  • assister gratuitement à la conférence ;
  • contribuer, si on le souhaite, aux frais d’organisation par un soutien financier libre ;
  • ajouter éventuellement un don au profit de l’association organisatrice ;
  • s’inscrire au repas qui prolongera la rencontre.

Ce dispositif permet de concilier l’ouverture au plus grand nombre et la pérennité d’une programmation culturelle de qualité.

Une invitation à changer de regard

En ouvrant ses portes à la civilisation taïno, Saint-Jean d’Écosse – Mère Loge Écossaise invite le public – profane comme initié – à un déplacement intérieur. Quitter, l’espace d’une soirée, les repères familiers de l’Occident pour entrer dans un autre univers symbolique : celui d’un peuple pour qui la pierre gravée, le bois sculpté, la danse nocturne, le souffle de la cohoba et le visage énigmatique des zemis tissent une vision du monde à la fois sobre et profondément spirituelle.

Pour les Francs-Maçons, cette rencontre offrira matière à méditation : elle rappellera que la voie initiatique n’appartient à aucune culture en particulier, qu’elle prend des formes multiples, et que notre propre travail sur la pierre brute gagne à se confronter à d’autres traditions du sacré.

Pour tous, ce sera l’occasion de découvrir les Indiens Taïnos comme des alliés de pensée, témoins d’une autre manière d’habiter la terre, de respecter les forces qui nous dépassent et de faire de la communauté humaine un espace de transformation plutôt que de domination.

Rendez-vous donc le samedi 29 novembre 2025, à 18 h, au Château Saint-Antoine, 10 boulevard Jules Sébastianelli, 13011 Marseille, pour cette plongée rare dans une « autre société initiatique ».

L’accès à la conférence est gratuit, mais l’inscription préalable est obligatoire: cliquez-ICI

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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