
Dans le paysage maçonnique français, riche d’une grande diversité d’obédiences, la Grande Loge Mixte Nationale (GLMN) s’affirme désormais comme une force sereine et croissante. Sans prétendre rivaliser avec les plus grandes puissances maçonniques hexagonales, elle s’est néanmoins hissée, au fil des années, parmi les douze premières obédiences françaises, portée par la conviction, la rigueur et l’engagement de ses membres.
Une progression constante malgré l’adversité

Alors que nombre d’institutions ont vu leurs effectifs s’éroder à la suite de la pandémie, la GLMN a su, quant à elle, renforcer sa cohésion et accroître ses effectifs d’environ 10 % par rapport à la période précédant la crise sanitaire. Cette dynamique, remarquable à plus d’un titre, témoigne du travail en profondeur des loges, du sérieux de leurs travaux, et de l’attrait croissant qu’exerce la démarche maçonnique de la GLMN sur les chercheurs de sens d’aujourd’hui.
Ce succès n’est pas le fruit du hasard. Il repose sur une ligne directrice claire, portée par le Conseil fédéral et inspirée de la devise fondatrice de l’Obédience :
« Unissons ce qui est épars. »
Une obédience ouverte et reconnue

La reconnaissance du sérieux et de la qualité du travail maçonnique accompli par la GLMN s’illustre également dans les relations fraternelles qu’elle entretient avec plusieurs grandes obédiences françaises. Des accords d’amitié et de coopération ont ainsi été signés avec des puissances maçonniques de référence telles que la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GLAMF), ou encore la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO).
Ces rapprochements témoignent d’une volonté partagée : d’œuvrer ensemble à l’élévation morale et spirituelle de l’humanité dans le respect des traditions initiatiques.
Une pluralité de rites, une même exigence

La GLMN se distingue également par sa diversité rituelle, reflet de son ouverture et de son respect de la pluralité des voies initiatiques. Les patentes de la plupart des rites qu’elle pratique ont été transmises par l’une des plus importantes puissances maçonniques françaises garantissant ainsi une filiation légitime et régulière.
Ses loges travaillent majoritairement au Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), mais bon nombre travaillent au Rite Français et au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm (RAPMM), offrant à chaque initié un espace d’épanouissement adapté à sa sensibilité et à sa quête personnelle.
Une direction inspirée par la rigueur et la liberté

À la tête de l’Obédience, le Sérénissime Grand Maître Philippe NICOLAS, cet ancien pilote de chasse, a su insuffler à la GLMN cette rigueur empreinte d’exigence et de droiture qui caractérise les grandes écoles de discipline et de courage.
Mais cette rigueur s’accompagne d’une philosophie profondément humaniste et libérale. Fidèle à sa tradition, la GLMN demeure une obédience adogmatique, elle respecte la liberté absolue de conscience, ses membres peuvent croire ou ne pas croire s’ils le préfèrent, cette liberté du maçon restant la règle d’or.
Chacun y est invité à poursuivre son propre chemin initiatique, dans le respect de celui des autres, dans l’esprit fraternel qui unit les maçons au-delà des croyances et des différences.
La Grande Loge Mixte Nationale trace aujourd’hui un sillon sûr et mesuré, à l’image de sa devise : rassembler plutôt que diviser, œuvrer plutôt que paraître.
Dans un monde où le sens se cherche et se fragmente, la GLMN incarne cette voie d’union, de travail et de lumière, fidèle à l’esprit des bâtisseurs qui, depuis des siècles, s’efforcent d’édifier le Temple de l’humanité.
La Grande Loge Mixte Nationale (GLMN), fondée le 31 juillet 2010 par un groupe de francs-maçons expérimentés issus de diverses obédiences, se présente comme une institution humaniste, philosophique et progressiste, ancrée dans la tradition maçonnique des « Anciens ».
Pourtant, dans le vaste et souvent tumultueux paysage de la franc-maçonnerie française, cette obédience émerge non comme un phare innovant, mais plutôt comme un symptôme de la fragmentation chronique qui affaiblit le mouvement.
À travers une lecture attentive de son histoire, de sa structure, de ses principes et de son rôle, on discerne une entité modeste, presque anecdotique, qui peine à transcender ses origines scissionnistes pour imprimer une marque durable sur la société. Ce commentaire vise à disséquer ces éléments avec un regard critique, en soulignant les forces apparentes tout en exposant les faiblesses structurelles et les illusions d’envergure qui la caractérisent.
L’histoire de la GLMN est brève et marquée par l’instabilité typique des obédiences libérales françaises. Née d’une volonté de respecter une maçonnerie traditionnelle tout en rejetant les dogmes, elle rassemble des initiés déçus d’autres structures, comme le Droit Humain ou la Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité. En à peine quinze ans d’existence, elle a connu plusieurs changements de leadership, culminant avec l’élection de Philippe Nicolas comme Sérénissime Grand Maître lors du convent de mai 2025 à Nîmes. Ce dernier, ancien pilote de chasse et officier décoré, initié en 2011, a navigué entre plusieurs obédiences (GLTSO, GLMU, GLDF) avant de s’ancrer à la GLMN en 2016.
Cette trajectoire personnelle, riche en rebonds, reflète l’essence même de l’obédience : un refuge pour des maçons nomades en quête d’une maçonnerie « pure », mais qui, par sa jeunesse, manque cruellement de l’héritage séculaire des géants comme le Grand Orient de France (GODF, fondé en 1773) ou la Grande Loge de France (GLDF). Critiquement, cette fondation récente n’est pas un atout de modernité, mais un handicap : elle apparaît comme le fruit d’ego personnels et de dissensions internes, plutôt que d’une vision transformative. Les convents annuels, comme celui de 2025 réunissant environ 130 participants et 14 délégations internationales, soulignent une mobilisation limitée, loin des rassemblements massifs des obédiences établies. Ainsi, l’histoire de la GLMN se lit comme un roman mineur dans la grande épopée maçonnique, un chapitre périphérique où l’ambition dépasse souvent la réalité.
Sur le plan structurel, la GLMN adopte une forme fédérale, regroupant une centaine de loges (environ 90 revendiquées en 2025) qui peuvent être mixtes, masculines ou féminines, pratiquant une variété de rites tels que le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), le Rite Écossais Rectifié (RER) ou divers rites égyptiens. Cette flexibilité est louable en théorie, permettant une maçonnerie « à taille humaine » qui privilégie la qualité sur la quantité et écarte les candidats motivés par des intérêts affairistes. Le Conseil Fédéral, élu pour trois ans, assure une gouvernance démocratique, et les loges fonctionnent comme des espaces autonomes d’échange intellectuel et spirituel. Cependant, cette structure masque une centralisation autour de figures charismatiques, comme les Grands Maîtres successifs – Olivier Chebrou de Lespinats en 2018, puis Philippe Nicolas en 2025. Critiquement, avec seulement 1 200 à 1 750 membres (les chiffres fluctuent selon les sources, révélant une opacité suspecte), la GLMN ressemble plus à un club élitiste qu’à une institution nationale. Cette « micro-structure » – environ 13 membres par loge en moyenne – dilue son potentiel d’impact, transformant ce qui pourrait être une force (l’intimité) en une faiblesse (l’isolement). Dans un paysage maçonnique français comptant plus de 30 obédiences, cette balkanisation favorise les divisions stériles plutôt que l’unité, rendant la GLMN vulnérable aux flux migratoires d’initiés insatisfaits ailleurs.
Les principes de la GLMN, centrés sur la tolérance, la liberté de conscience et l’humanisme adogmatique, invoquent le Grand Architecte de l’Univers sans imposer de croyance religieuse, alignés sur la laïcité républicaine.
Sa devise, « Unissons ce qui est épars », prône la fraternité et le perfectionnement personnel, via une initiation symbolique qui explore des thèmes existentiels et sociétaux. Ouverte aux hommes et femmes, elle condamne les ingérences politiques ou religieuses, se positionnant dans le camp libéral. Pourtant, ces idéaux, bien que nobles, sont d’une banalité affligeante : ils recyclent les fondements de nombreuses obédiences progressistes sans innovation marquante. Critiquement, ils servent de façade à une pratique introspective qui, sans engagement sociétal visible, confine la GLMN à un rôle thérapeutique personnel – un « club de réflexion » pour initiés en quête de sens, plutôt qu’un levier de transformation collective. Dans un monde confronté à des crises majeures (inégalités, écologie, polarisation), cette maçonnerie « traditionnelle et indépendante » paraît déconnectée, privilégiant l’ésotérisme sur l’action.
Quant à son rôle dans le paysage maçonnique français, la GLMN se veut un acteur respectable, membre de l’Alliance Maçonnique Européenne (AME) et signataire d’une vingtaine de traités d’amitié avec des obédiences internationales, souvent mineures, comme le Grand Orient du Congo Brazzaville ou la Grande Loge Symbolique d’Espagne. Elle participe aux Rencontres Humanistes et Fraternelles d’Afrique Francophone et de Madagascar (REHFRAM), affirmant une dimension africaine. Certaines sources la lient au CLIPSAS, bien que cela ne soit pas confirmé officiellement. Néanmoins, son influence reste marginale : ignorée par les obédiences « régulières » comme la GLNF (reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre), elle n’exerce aucun poids politique ou culturel notable, contrairement au GODF avec ses 50 000 membres. Critiquement, la GLMN sert principalement à ses fondateurs et à une niche d’initiés – des « chercheurs sincères » en mal de reconnaissance – contribuant à la sur-fragmentation d’un mouvement déjà divisé. Événements comme la consécration d’une loge de recherche à Bordeaux en 2019 illustrent cette quête d’érudition interne, mais sans rayonnement extérieur. À qui sert-elle vraiment ? À perpétuer des ego maçonniques dans un écosystème saturé, diluant les voix progressistes au profit de micro-groupes égocentriques, sans impact sur la société profane.
La GLMN incarne les paradoxes de la franc-maçonnerie contemporaine : une aspiration à l’unité dans un contexte de division, une tradition réinventée sans racines profondes, et une humanité proclamée sans action concrète. Si son approche mixte et adogmatique offre un espace de liberté personnelle, elle reste une obédience de « garage » – utile pour quelques-uns, superflue pour le tout. Dans une analyse plus large, elle invite à questionner l’avenir de la maçonnerie française : doit-elle persister dans cette prolifération de structures mineures, ou se recentrer sur des alliances plus fortes ? Pour les aspirants maçons, la GLMN pourrait être un point d’entrée modeste, mais pour un engagement transformateur, il vaut mieux regarder vers des horizons plus vastes.