sam 11 octobre 2025 - 16:10

Petit-déjeuner à la GLFF : nos Sœurs ouvrent la lumière des 80 ans

Au siège de la Grande Loge Féminine de France (GLFF), rue de Reuilly, le 12ᵉ arrondissement respire l’histoire. Ici, bien avant les boulevards et les façades haussmanniennes, s’étendait le « membre de Reuilly », l’un des premiers domaines parisiens des Templiers, alors hors les murs de la ville.

En 1152, Mathieu de Beaumont, grand chambellan du roi, en fit don aux frères du Temple de Salomon avec four banal, cens, setiers d’avoine, basse-cour et justice seigneuriale. Un petit port jouxtait la maison, signe d’échanges et de passages. Le lieu relevait du prieuré hospitalier du Temple, dans la Langue de France. Reuilly garde ainsi la mémoire d’un seuil, d’un service rendu aux voyageurs, d’une hospitalité organisée.

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C’est dans ce terroir d’Ordre et de route que nos Sœurs parlent d’anniversaire. Non pour compter les années mais pour remettre en marche un chemin. Le quartier leur va bien, lui qui associe travail, hospitalité et passage. Du domaine templier à la Maison des Sœurs, la continuité est lisible : une terre de fraternité où l’on reçoit, où l’on transmet, où l’on met en forme la lumière.

Au petit matin, la porcelaine tinte et les carnets s’ouvrent. La Grande Maîtresse, la Très Respectable Sœur Liliane Mirivlle, rappelle que l’année jubilaire s’étendra du 21 octobre 2025 au 21 octobre 2026 afin que chaque région – treize au plan national et international – puisse inscrire sa contribution et faire rayonner la parole des Sœurs, avec une labellisation des manifestations et la constitution d’un livret-mémoire à remettre au Convent 2026.

Le souffle est donné : « visibilité » et « lisibilité ». Longtemps rétive à l’extériorisation, l’Obédience assume désormais une présence claire dans la cité. Cette inflexion, actée dans les orientations de la Grande Maîtresse, s’appuie sur un pôle communication réorganisé et sur la refonte d’un site grand public annoncée pour le début de l’année 2026. L’objectif n’est pas l’effet, mais le sens : dire ce qu’est une démarche initiatique féminine, ce qu’elle change en chacune, ce qu’elle propose au monde.

Cité du couvent

Le 21 octobre prochain lancera l’année : accueil à la Cité du Couvent à Paris, ouverture par la Grande Maîtresse Liliane Mirville, puis la parole donnée aux quatre loges fondatrices de l’Union Maçonnique Féminine de France (UMFF)Le Libre-Examen N°1, La Nouvelle-Jérusalem N°2, Minerve N°4, Thébah N°5 – avant un dialogue des commissions Histoire & Recherche maçonnique et Droits des femmes. Intermèdes musicaux par des Sœurs, conclusion « Les clés pour l’avenir », présentation d’un film, et remise de sautoirs aux Passées Grandes Maîtresses : la fête cherche la joie et la transmission autant que la mémoire.

Petit déjeuner de travail avec la presse et la Grande Maitresse Liliane Mirville au siège de la GLFF.

Le film, justement. Réalisé par Dominique Elody-Denys, il vient en deux formats complémentaires : vingt minutes pour le grand public – démystifier, témoigner, relier – et une version institutionnelle d’environ une heure pour accompagner les manifestations dans les loges. Son leitmotiv tient en trois mots, qui sont presque une devise : « des femmes initiées, libres et engagées ». Mise en ligne à compter du 21 octobre.

Le samedi 25 octobre, la Cité du Couvent se fera plus largement hospitalière : expositions d’œuvres de Sœurs, moments musicaux, et surtout des « temples ouverts » à la manière d’un atelier-découverte. Des planches pensées pour le regard profane, expurgées de tout secret, permettront de montrer une méthode, un rythme, un art de la question. L’intention est claire et assumée : susciter des rencontres, peut-être des vocations.

Blason GLDF
Blason GLDF

Au fil du café, l’on parle aussi d’alliances et de fidélités. Une conférence commune avec la Grande Loge de France (GLDF) se tiendra le 6 novembre, sur les 80 ans de l’Obédience, avec intervention conjointe des deux Grands Maîtres. Mémoire oblige : « sans la GLDF, nous ne serions pas là », dit la Grande Maîtresse, rappelant la tutelle d’hier et l’émancipation de 1945. Le dialogue interobédientiel se poursuit par ailleurs sur des thèmes partagés, notamment l’antimaçonnisme.

Dans l’atelier intérieur, deux axes structurent la feuille de route : transmission et renouvellement. Donner vite des responsabilités aux jeunes Maîtresses – secrétariat, cérémonies – pour qu’elles s’enracinent dans la vie des loges ; ouvrir des perspectives au-delà du troisième degré en travaillant de concert avec les juridictions de hauts grades ; et répondre aux attentes des Sœurs de tous rites, y compris par la mise en place d’une juridiction « ordre égyptien » récemment patentée, avec l’ouverture annoncée d’une loge Imhotep à l’île Maurice. La Loge nationale de recherche, quant à elle, déploie des tenues décentralisées et prépare un colloque sur la cosmogonie, tout en rendant accessible un vaste référentiel de planches pour favoriser la circulation des savoirs.

Dans la cité, la GLFF tient son cap adogmatique et apolitique, et choisit ses prises de parole. Elle n’a pas signé certains communiqués jugés trop politiques ; elle a, en revanche, appelé à une marche pour la paix le 21 septembre, maintenue dans quelques villes lorsque les circonstances l’ont permis. L’Institut Maçonnique Européen (IME), fondé par l’Obédience, demeure actif à Bruxelles : prochaines réunions sur le thème de la démocratie et projet de colloque l’an prochain. Là encore, il s’agit de visibilité juste, au service des valeurs et non de l’agitation.

Sans oublier « Femmes Ensemble » – le bras solidaire –, le fonds de dotation créé en 2017 par la GLFF, prolongeant ainsi  le travail des Loges dans la cité. Il finance des actions de solidarité au bénéfice du monde associatif et caritatif, là où la GLFF ne peut agir qu’au profit de ses membres. Passerelle entre l’atelier et la rue, il soutient des projets qui relèvent de l’éducation, de la dignité, de la santé, de la culture. C’est une main tendue qui donne corps à nos vertus, une économie du don au service de la liberté et de l’égalité vécues.

On se lève de table avec l’impression d’un chantier ouvert. Le trait est net, les équipes rassemblées, l’échelle appuyée entre mémoire et avenir. Quatre-vingts ans n’achèvent rien. Ils redisent l’audace du « oui » de 1945 et la patience d’un ouvrage qui préfère la pierre bien taillée aux façades bruyantes.
Déjà, un signe avance le pas : La beauté et la joie. Inspiration, création, transmission en Grande Loge féminine de France. Ce livre augure ce que souhaite la Grande Maîtresse. Une commémoration qui ne soit pas un rite de comptable, mais une fête de l’esprit. Une année d’anniversaire vécue dans la joie.
Unies par un idéal profond, vivifié par la tradition,
les Sœurs de la Grande Loge féminine de France prennent la route avec détermination. Elles pratiquent une maçonnerie joyeuse, et c’est une très belle chose, car la joie est la respiration de la lumière quand elle trouve à se donner. Femmes Ensemble prolonge ce mouvement dans la Cité, donnant des mains et des pieds à ce que nos cœurs désirent.
Alors que s’ouvre l’année jubilaire, que chacune et chacun reconnaisse la part de lumière qui lui revient et l’offrande fraternelle qu’elle appelle. Marchons pas à pas, pour que la beauté devienne acte, que la joie devienne service, et que le travail intérieur, humble et persévérant, contribue un peu plus à l’amélioration de l’humanité.

Prix Masonica Nice 2025 : catégorie « Symbolisme »

Le Prix Masonica « Symbolisme » distingue un ouvrage consacré à la profondeur des symboles maçonniques, ces langages de l’âme qui relient le monde matériel et le monde spirituel, le profane et le sacré, et qui nourrissent sans cesse la quête intérieure.

Parmi les nominés : Collectif, De la beauté – symboles, outils et représentations, « Les Cahiers de la GLFF », Grande Loge Féminine de France, 2024.

Cette nomination résonne avec l’année jubilaire : célébrer 80 ans de lumière, c’est rappeler que la beauté n’est pas parure mais voie de connaissance, que nos outils – équerre, compas, levier, maillet – ne sont pas seulement des instruments de mesure, mais des médiateurs entre la pierre et l’esprit. En proposant une méditation sur la beauté, la GLFF affirme que le symbole n’orne pas l’œuvre, il l’engendre. Et c’est bien ce que nous avons senti, ce matin, autour du café : une tradition vivante qui, par le langage des formes, continue d’ouvrir le cœur et l’intelligence à plus de justice, de liberté et de fraternité.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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