Nous ouvrons ce numéro d’Alpina, magazine de la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) – Obédience dite « régulière et de tradition », reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA) –, comme on entrouvre une porte basse.


La main ne cherche pas un simple périodique. Elle tâtonne la pierre d’un Temple mobile où la Sagesse ne commande pas, elle respire. Il convient d’abord de rappeler la source qui alimente cette voix. Fondé en 1874, Alpina s’est donné pour vocation de créer un lieu de discussion et d’information consacré à la Franc-maçonnerie vécue. Trilingue et associatif, le journal s’adresse aux Frères membres de la GLSA tout en demeurant ouvert aux lecteurs d’autres Obédiences ainsi qu’aux profanes.
Son cap tient à l’universalité maçonnique telle qu’elle se vit au sein de la GLSA. Le symbolisme, la philosophie, l’histoire et la spiritualité y avancent de concert. La revue informe sur l’activité de la GLSA et de ses Loges, elle soutient leur cohésion et offre à chacun un miroir de travail.

Dès les premières pages, le ton s’installe avec douceur décidée. La Sagesse apparaît comme un premier pilier qui appelle la Force et la Beauté non pour trôner mais pour tenir en équilibre l’ouvrage intérieur. Nous recevons l’invitation à quitter l’érudition sèche pour une gnose vécue. La Sagesse devient un travail d’écoute et d’allègement de l’ego. Elle se cherche elle-même derrière les phénomènes et se reconnaît dans l’instant vivant. Nous percevons la ligne générale de l’ensemble et nous l’acceptons comme une orientation claire.
Nous marchons ensuite entre les colonnes d’articles qui se répondent comme des stations d’un même itinéraire.
Lorsque le Frère Didier Planche interroge la Sagesse par la responsabilité, nous ressentons un appel à ne rien déléguer de notre propre mesure. La Sagesse ne plane pas au-dessus de la vie. Elle se vérifie dans l’axe qu’elle confère aux actes. Elle exige la taille continue d’une pierre qui résiste à la complaisance. Ce fil grave et fraternel installe la couleur du dossier. Nous y lisons une éthique d’attention qui ne cherche pas l’effet mais la justesse.

Nous nous attardons devant une table où l’initiation est questionnée non pour la fragiliser mais pour en reconduire la nécessité. Le Frère P. B. de la Loge Les Amis Fidèles à l’Orient de Genève rappelle que la voie maçonnique naît d’une expérience qui se transmet moins par information que par transformation. Le VITRIOL ne vaut pas formule. Il fait descendre le regard au sol qui porte nos pas. La visite de l’intérieur ne signifie pas repli. Elle fonde la sortie vers l’œuvre. Nous accueillons l’argument qui refuse la nostalgie et qui réhabilite la persévérance dans un monde pressé. La pierre ne se polit pas à coups d’effets d’annonce. Elle boit la patience des jours.

Nous changeons alors de langue pour mieux entendre l’unité de la quête. La loge suisse parle en italien de l’harmonie comme ciment. Nous reconnaissons ce mot ancien. Il ne signifie pas la paix molle d’une compagnie confortable. Il nomme la tension réglée qui assemble les contraires et tient le chantier ouvert. À Manno – commune du canton du Tessin située dans le district de Lugano –, des Chevaliers du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) rassemblent philosophie, nature, architecture, musique et rituel. Nous suivons cette polyphonie et nous comprenons que l’harmonie ne clôt jamais. Elle demeure méthode de rectification continue. Elle sait que la fraternité s’éprouve dans le service et dans la tenue du cadre.
Nous retrouvons aussi la langue de l’âme lorsqu’un Frère témoigne d’un long voyage vers le vrai soi. Le récit ne cherche pas l’autorité d’un maître extérieur. Il honore le silence et la sobriété des signes. La véracité surgit d’une présence plus que d’une thèse. Nous goûtons cette pudeur qui sauve la spiritualité de la rhétorique et qui rattache la démarche personnelle aux outils reçus en loge. Le livre que ce Frère a écrit se fait alors miroir. Il renvoie chacun à sa part d’ombre et de lumière. Nous quittons cette lecture sans slogans. Nous en sortons avec un désir de pratique.

Nous avançons encore vers l’entrée du Temple. Deux colonnes nous regardent. Jachin établit. Boaz accueille. L’exposé qui leur est consacré refuse les simplifications. Il rappelle le jeu vivant de la dualité. La verticalité ne s’oppose pas à la tendresse. La stabilité ne congédie pas la miséricorde. Nous reconnaissons la beauté sobre d’une anthropologie maçonnique. Construire le Temple intérieur demande la fermeté d’une base et l’élan d’une compassion. Nous sentons que cette page ne parle pas d’objets symboliques. Elle propose des attitudes à incorporer. Nous en sortons plus attentifs au seuil et à la manière d’y passer.
Nous aurions pu nous perdre dans l’abondance des nouvelles et des échos. L’ensemble tient pourtant par une architecture discrète. À travers les annonces, les comptes rendus, les regards posés sur la tradition, la revue maintient un diapason. Elle ne cède pas à l’agitation extérieure. Elle reçoit le temps dans une respiration réglée. La Sagesse reprend son sens originel. Elle n’impose pas. Elle éclaire. Elle ne séduit pas. Elle oriente. Elle ne cherche pas à convaincre. Elle met au travail. Nous refermons ce numéro comme on éteint une lampe à huile après usage. Une flamme demeure derrière la paupière. Nous saurons la retrouver au prochain chantier.

Nous saluons enfin la main qui a coordonné ces voix. Didier Planche apparaît ici comme rédacteur pour la langue française. Sa plume sait ce que parler veut dire lorsqu’il s’agit d’Art Royal. Elle préfère la sobriété à l’emphase. Elle place la Sagesse au rang d’une recherche et non d’un trophée. Sur le plan biographique, nous retenons l’homme de métier engagé dans l’animation éditoriale d’Alpina et soucieux de relier pensée et pratique. La bibliographie essentielle qui nous relie à sa contribution tient en un texte que nous estimons programmatique. Nous pensons à La Sagesse par la responsabilité. Nous ajoutons un éditorial où la Sagesse se définit comme gnose vécue et conscience de soi à reconquérir. Cela suffit à situer un auteur qui travaille les mots comme un compagnon travaille la pierre.
Nous sortons de cette lecture avec une conviction tranquille. Ce numéro ne flatte pas l’époque. Il lui propose un soin. La Franc-Maçonnerie y apparaît pour ce qu’elle est lorsqu’elle consent à sa vocation. Une école de lenteur juste. Une communauté d’exigence et de consolation. Une langue qui relie des terres et des idiomes sans perdre son souffle. Nous emportons trois gestes simples. Recevoir. Discerner. Rectifier. Le reste suivra si nous traitons la Sagesse comme une lumière qui n’existe qu’à la mesure de notre disponibilité.


Nous retenons Didier Planche – membre du Groupe de Recherche Alpina (GRA) – comme rédacteur français d’Alpina et voix récurrente d’une pensée fraternelle attentive au réel. Sa signature unit rigueur et intériorité. Dans ce numéro, nous lisons un éditorial qui installe la Sagesse comme axe de travail et un article qui en explore la responsabilité concrète. Nous y voyons la pierre de touche d’un apport à la pensée initiatique qui préfère l’expérience à la posture et la continuité du labeur à la fulgurance sans lendemain.
Nous fermons la revue. Nous gardons l’outil. La trace sur la paume nous rappelle que la Sagesse n’est pas une idée. Elle est une tenue. Elle commence maintenant.
Alpina – Magazine de la Grande Loge Suisse Alpina
GLSA, N° 5, septembre 2025, 52 pages / Paraît 6 fois par an ; abonnement CHF 60 (64,18 €)
Il est possible d’acquérir un numéro ou de s’abonner en s’adressant à kanzlei@grossloge-alpina.ch.

Vu l évolution de société les majorité de obédience
Sont devenu mixte féminin masculine il est temps
Que Alpina change et ce mettre au niveau des autre obédience vu que surtout la situation de France maçonne
Est extrêmement grave sur plan international
Salutation fraternel