lun 29 septembre 2025 - 23:09

Les ouvriers d’Hiram Abiff : spiritualité et soi intérieur (II)

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Dans la continuité de la première partie publiée hier, cet article nous plonge plus profondément dans les abysses de l’être. Ici, la spiritualité n’est plus un vague horizon, mais un sanctuaire intérieur où réside notre origine primordiale. Comme l’évoque avec poésie le Chandogya Upanishad (8-I), texte sacré du sacrifice et de la chanson, l’un des principaux Upanishads de l’hindouisme :

« Il y a dans notre cœur un minuscule espace et, cependant, en lui habitent le soleil, la lune et les étoiles. »

Cette image cosmique du cœur comme microcosme divin cadre parfaitement avec la légende maçonnique d’Hiram Abiff, où les ouvriers – ces bâtisseurs symboliques du temple intérieur – œuvrent à dévoiler cette lumière enfouie.

L’auteur, imprégné d’une sagesse interreligieuse, relie la quête initiatique maçonnique à une exploration universelle de l’existence humaine. Face aux tourments modernes – dualité, désirs et illusions –, il propose un chemin spirituel qui transcende les dogmes pour toucher l’essence du Soi. À travers des références à Raimon Panikkar, Bouddha et Jésus, cet essai interroge les grandes énigmes : Qu’est-ce que l’humain ? Quel sens à cette vie ? Qu’est-ce que le péché, le bien et le mal ? Dans cette analyse structurée, nous explorerons la dualité existentielle, le rôle des religions comme ponts, et le sendero initiático comme voie d’éveil. Pour les ouvriers d’Hiram, ce texte devient un rituel écrit, invitant à polir la pierre brute de l’âme jusqu’à ce qu’elle reflète l’éclat des étoiles intérieures.

La dualité et les voiles de l’existenceAu cœur de notre condition humaine se dresse la loi inexorable de la dualité, ce voile qui obscurcit notre essence spirituelle originelle. L’article nous rappelle que nous entrons dans le plan physique non comme des êtres marqués par le mal, mais comme des âmes venues pour la joie pure.

« Nous sommes des êtres humains qui venons à ce plan pour être heureux. Mais, qu’est-ce qui se passe, dans ce plan, pour que nous ne puissions pas vivre au centre, et que nous soyons soumis à la loi inexorable de la ‘dualité’ ? »

bouddhas dorés : zen
bouddhas dorés alignés

C’est avec le développement de la raison que ce voile se forme, nous couvrant de notre origine spirituelle et nous rendant sensibles aux désirs – ces semences du bien et du mal, comme l’enseignent Bouddha et Jésus.

Ces désirs, source de notre infortune, naissent de l’ignorance primordiale. Le chemin vers le bonheur ? L’extinction de ces attachements, un défi suprême :

« Supprimer les désirs. Est-ce facile ? Non, il n’y a rien de plus difficile que de se gouverner soi-même, c’est pourquoi nous essayons de gouverner les autres, cherchant l’extrême des désirs : ‘Le Pouvoir’. »

Raimon Panikkar (1918-2010), philosophe, théologien et prêtre catholique espagnol, illumine cette crise : « Nous sommes au sommet de la pyramide, nous sommes les rois de l’Univers, et nous ne nous rendons pas compte que nous avons détruit notre royaume et notre règne. C’est pourquoi le problème est métaphysique, et non technologique ou politique. »

Dans le contexte maçonnique, cette dualité évoque les trois assassins d’Hiram – symboles de l’ego fragmenté –, que l’initié doit vaincre pour ressusciter en unité.Les grandes questions de l’humanité – le sens de l’existence, le péché, le bien et le mal – trouvent écho dans les religions, qui offrent des réponses provisoires à notre soif intérieure. Pourtant, l’article insiste : le mal n’est pas inhérent ; il émerge de l’ignorance, et notre venue au monde est une invitation à la félicité, voilée par les illusions du plan physique.

Le rôle des religions : Ponts vers le divin

Les religions, essentielles dans notre évolution collective, agissent comme des ponts entre l’humain et la divinité, guidés par l’enseignement, la croyance, le dogme et la foi. L’auteur les compare à la démocratie :

« Pas le meilleur système, mais le plus sain. Tant que nous, les êtres humains, restons à un bas niveau de conscience, il est important d’être membre d’une religion. »

Elles nous apprennent à croire en la Divinité par la foi, structurant notre esprit encore immature.

Cependant, à mesure que s’ouvre la conscience, le pont religieux cède la place au sendero spirituel et initiatique. « Ce qui arrive, c’est que, à mesure que tu commences à ‘ouvrir la conscience’, tu laisses la religion pour nager dans le sendero spirituel et initiatique. »

Ici, institutions comme la franc-maçonnerie, le rosicrucianisme ou le bouddhisme émergent comme phares :

« Elles nous enseignent à chercher la Lumière par le sendero initiatique, sendero spirituel, et leur objectif est ‘d’ouvrir la conscience’, qui nous montre ce plan sans les fantasmes et illusions qui nous attirent, nous lient au physique. »

Pour les ouvriers d’Hiram, cette transition est emblématique : la religion comme échafaudage du temple extérieur, l’initiation comme achèvement du sanctuaire intérieur. Dévoiler le mystère de l’existence reste impossible en totalité, mais ces chemins élèvent notre conscience, nous libérant des chaînes des désirs et du pouvoir.

Thème cléDescriptionRéférence symbolique
Dualité existentielleVoile des désirs masquant l’origine spirituelleAssassins d’Hiram : ego fragmenté
Rôle des religionsPonts provisoires vers la foiDémocratie spirituelle : saine mais limitée
Sendero initiáticoOuverture de conscience vers la LumièreFranc-maçonnerie : quête du temple intérieur
Ignorance et désirsSource du mal et de l’infelicitéEnseignements de Bouddha et Jésus

Le soi intérieur : Du centre à l’unité cosmique

Le Soi intérieur, ce centre silencieux où règne notre essence véritable, transcende la dualité pour embrasser l’unité. « La religion te enseigne à croire en la Divinité, mais par la foi. Le sendero initiatique ou spirituel te montre que le Ser Supérieur, l’Unique, le Tout ou Dieu, est en toi, et son essence fait partie de toute la nature ; il n’y a ni ciel ni enfer, ni bien ni mal, tout consiste à vivre au centre, indifférent à l’humilité et indifférent à l’orgueil. » L’enfer réside dans le fanatisme, le dogmatisme, l’ambition démesurée et l’hypocrisie ; le ciel, le Nirvana ou l’état primordial, dans l’amour, la compassion pure et la bonté.

L’article distingue avec finesse : « Il ne faut pas confondre religion avec organisation religieuse. La religion, je la porte en moi, elle me relie aux états supérieurs, à l’amour des semblables, à l’esprit et au mystère. »

Cette « religación » religieuse est la conscience de la relationalité du corps mystique de la réalité – un lien vivant, non institutionnel, qui unit l’individuel au cosmique. Dans la tradition d’Hiram Abiff, ce centre est la « Parole Perdue », retrouvée par l’initié qui, comme l’Upanishad, découvre dans son cœur l’univers entier.Vivre au centre, c’est gouverner le soi plutôt que les autres, transcendant le pouvoir par la maîtrise intérieure. Ce chemin, accessible à tous, transforme l’ignorance en éveil, les désirs en liberté.

Conclusion : Vers un règne restauré

Cette seconde partie de la série nous laisse avec une vision restauratrice : nous, rois déchus de l’Univers, pouvons rebâtir notre règne par la métaphysique de l’âme. « La religieuse est la conscience de la religion ; c’est-à-dire, de la ralation du corps mystique de la réalité. »

Pour les ouvriers d’Hiram, ce sendero n’est pas une abstraction, mais un labeur quotidien : ouvrir la conscience pour que le minuscule espace du cœur englobe les étoiles.Dans un monde dévasté par la dualité, cet article est un appel à l’unité – non par la force, mais par le silence intérieur. Que chaque initié, armé de compassion et de Lumière, dissolve les voiles et embrasse son origine primordiale.

Le temple d’Hiram n’est pas de pierre, mais de cœur cosmique, où le Soi et le Tout ne font qu’un.

Relire le numero 1 de cette série

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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