mar 23 septembre 2025 - 08:09

Grand Prieuré Rectifié de France : La crise (suite & fin ?) allégations de faux en écriture, intimidations et démissions en cascade

À la suite de notre article du 12 septembre 2025 intitulé « Crise au Grand Prieuré Rectifié de France : une gouvernance en question et l’IA au cœur du conflit », qui mettait en lumière les tensions internes au sein du Grand Prieuré Rectifié de France (GPRF) et du Directoire National des Loges Écossaises Rectifiées de France (DNLERF) – deux juridictions en amitié avec la Grande Loge Nationale Française (GLNF) –, notamment autour de l’utilisation controversée de l’intelligence artificielle pour la rédaction de textes doctrinaux et des lettres de protestation signées par Jacques Bourbasquet-Pichard, passé Grand Inspecteur, et Patrick Meneghetti – Gardes des Sceaux ayant rang d’Assistant Grand Maître, nous avons reçu une nouvelle série de documents anonymes.

Bijou AGM – GLNF – Source Scribe

Ces éléments, envoyés en septembre 2025 par une adresse email sur proton.me, approfondissent les accusations de dysfonctionnements autoritaristes et révèlent des faits graves impliquant des falsifications présumées et des pressions sur des membres clés de l’Ordre.

Cette seconde vague d’informations, adressée à un large public au sein de l’Ordre et intitulée « Mensonges et Dérives N°2 – De nouvelles informations », s’adresse directement aux « Bien-aimés Frères Maître Écossais de Saint André ». Elle dénonce une « dérive autoritariste » au sein de la direction.

Ces documents mettent en cause le Député Maître Général (DMG) Herland Barrières, accusé d’avoir utilisé frauduleusement la signature et le nom du Grand Secrétaire National, François Chapel, dans un contexte de report sine die de la fusion entre le DNLERF et le GPRF – un projet pourtant validé à l’unanimité par les instances concernées en mai 2025.

Les faits allégués : une signature falsifiée et un « faux en écriture »

Au cœur de ces révélations se trouve le compte-rendu du Conseil d’Administration (CA) du DNLERF du 6 juillet 2025. Ce document, qui annonce la suspension provisoire du processus de fusion pour des raisons de « climat délétère » et d’impossibilité technique liée au site Praxis (géré par Herland Barrières), porte les signatures de Herland Barrières (Président) et de François Chapel (Secrétaire). Or, selon les documents fournis, François Chapel n’a ni rédigé ni validé ce texte, et sa signature y apparaît inversée (de haut en bas et de droite à gauche), comme le démontre une comparaison avec sa signature authentique sur un autre PV. 

Dans un « Exposé des faits » détaillé, François Chapel explique le déroulement des événements :

  • Le 26 mai 2025, le Conseil National valide à l’unanimité le traité de fusion et les nouveaux statuts.
  • Le 6 juillet 2025, un CA « d’urgence » décide de surseoir à la fusion sans motifs documentés.
  • Le 7 juillet 2025, un courriel d’envoi du PV est adressé aux membres du CA, signé « Le secrétaire François Chapel » mais émanant d’une adresse générique (nepasrepondre@dnlerf-praxis.fr), sans que Chapel en soit l’auteur.
Bijou MESA verso

Chapel qualifie ces actes de « manquements graves », évoquant un potentiel « faux en écriture » et une « usurpation d’identité » au sens de l’article 226-4-1 du Code pénal. Il précise n’avoir jamais autorisé l’utilisation de sa signature électronique sans validation préalable, contredisant les affirmations de Herland Barrières qui, dans un courriel du 31 août 2025, invoque un « accord réciproque » pour fluidifier les procédures administratives en cas de problèmes internet.

Les captures d’écran jointes illustrent ces irrégularités : l’une montre le PV du CA avec les signatures inversées ; une autre, le courriel d’envoi falsifié ; et une troisième, une remarque de François Chapel soulignant que sa signature originale (du PV du 26 mai) a été manipulée.

Pressions et demande de démission : une logique d’intimidation ?

En réponse à la diffusion par François Chapel d’une « précision » sur le PV du 7 juillet, adressée le 28 août 2025 aux membres du Conseil National, Herland Barrières exige sa démission. Dans son courriel du 31 août, il reproche à Chapel une violation de la confidentialité et du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), tout en affirmant avoir utilisé la signature de Chapel avec son accord. Il conclut :

« Votre démission s’impose et je vous saurais gré de me la transmettre par retour, sans justification requise. »

Bijou MESA

François Chapel réplique le 1er septembre 2025 dans un courriel aux membres du Conseil National, niant tout accord implicite sans validation et soulignant que l’article 13 des Statuts Civils n’exige que la signature du Président pour les PV. Il dénonce une « opération de diversion » et refuse de démissionner, arguant que son rôle de « lanceur d’alerte » est légitime pour protéger l’association d’un risque juridique.

L’email anonyme accuse Herland Barrières de harcèlement et de représailles, transformant des sanctions disciplinaires en outils d’intimidation. De plus, l’accès de François Chapel à la plateforme Praxis (DNLERF et GPRF) a été révoqué arbitrairement par Barrières, qui en détient le contrôle exclusif, constituant un « abus de pouvoir » selon les whistleblowers.

Un courriel intermédiaire de Chapel à Philippe Dubourget (Grand Prieur du GPRF) le 28 juillet 2025 exprime déjà ses doutes sur le report de la fusion, questionnant la nature des « difficultés » non précisées et plaidant pour une transparence vis-à-vis des membres.

Une démission fracassante : celle de Jean-François Rossi

Ces révélations ont provoqué une onde de choc, culminant avec la démission du Très Respectable Frère Jean-François Rossi, Grand Orateur du DNLERF. Dans un texte cité intégralement dans l’email anonyme, Rossi dénonce des « manœuvres frauduleuses, accusations, usurpation d’identité et autres tromperies » au sein du Directoire, qualifiant le climat de « quasi dictatorial ». Il critique la « quête pathétique de colifichets » et refuse de cautionner un « lamentable simulacre » :

« À la suite des différents courriers reçus ces derniers jours (Patrick Meneghetti, Jacques Bourbasquet-Pichard et, derniers en date mais non les moindres, ceux de François Chapel), il est au vu et au su de tout un chacun désormais qu’il se trame des choses au sein du Directoire, choses qui n’ont que très peu à voir avec ce qui devrait nous y rassembler. Et ce qui devrait, en outre, nous interpeller sur la respectabilité effective du titre « Très Respectable ».

Les boursouflures de l’ego sont certes condamnables mais néanmoins fréquentes et force est de nous en accommoder en attendant que l’on puisse aider ceux qui en sont victimes à les résoudre par cette réputée « douce persuasion ».

En revanche les manœuvres frauduleuses, accusations, usurpation d’identité et autres tromperies sont, quant à elles, inacceptables. Manœuvres assorties de prétendues sanctions disciplinaires (issues d’une autorité de pacotille, cela va sans dire…), d’injonctions à la démission, comme si la démission pouvait être contrainte, alors qu’elle ne fait que démontrer la liberté de celui qui en prend la décision…En ce qui me concerne, je ne tiens plus à être témoin de ce bric à brac quasi dictatorial, qui plus est au sein d’un Ordre dont la vocation originellement initiatique a été depuis longtemps ensevelie sous la pathétique quête de colifichets, décors vidés de leur sens et médailles en chocolat… Ordre à l’intérieur duquel certains sont même prêts à recourir à toutes les extrémités à la seule et simple idée qu’ils pourraient perdre ces fameuses distinctions, distinctions qui n’en ont, bien sûr, que le nom… C’est tragi-comique… à mourir de rire ou triste à en pleurer (barrer la mention inutile). Fort heureusement le fameux secret maçonnique nous protège encore de la risée générale, il est impératif de le conserver ! 

Bref, je ne tiens plus à cautionner ce lamentable simulacre de quelque façon que ce soit. L’une d’elle consisterait à continuer de participer au CA du Directoire. En étant membre par le simple fait de mon office de Grand Orateur, je me vois, fort à regret et en attendant mieux, dans l’obligation de démissionner de cet office. » 
Jean-François Rossi, Grand Orateur du DNLERF. Démissionnaire. »

Cette démission illustre l’ampleur de la fracture, reliant ces nouveaux faits aux critiques antérieures sur l’opacité et l’autoritarisme évoquées dans notre premier article.

Implications et perspectives : vers une implosion de l’Ordre ?

Ces documents renforcent les allégations d’inversion des rôles entre instances ordinales et civiles, d’absence de transparence et d’abus de pouvoir, déjà pointées par Bourbasquet-Pichard et Meneghetti. L’utilisation exclusive de Praxis par Barrières soulève des questions sur le contrôle des données et des communications internes, tandis que les accusations de faux pourraient entraîner des suites judiciaires si confirmées.

Aucune réponse officielle n’a été émise par le GPRF ou le DNLERF à ce jour. Les whistleblowers appellent à une prise de conscience collective pour restaurer l’esprit initiatique du Rite Écossais Rectifié. Le Haut Conseil et le Conseil National, qui doivent se réunir prochainement, seront sous pression pour aborder ces scandales. Cette crise, amplifiée par les fuites anonymes, pourrait marquer un point de non-retour pour cette obédience historique, risquant une scission ou une réforme profonde.

450.fm continue de suivre cette affaire et invite les parties concernées à nous contacter pour des précisions ou des droits de réponse. Les documents originaux, reçus anonymement, sont disponibles sur demande pour vérification, dans le respect de la confidentialité des sources.

Relire l’article du 12 septembre dernier

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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