ven 07 novembre 2025 - 15:11

Grand Prieuré Rectifié de France : La crise (suite & fin ?) allégations de faux en écriture, intimidations et démissions en cascade

À la suite de notre article du 12 septembre 2025 intitulé « Crise au Grand Prieuré Rectifié de France : une gouvernance en question et l’IA au cœur du conflit », qui mettait en lumière les tensions internes au sein du Grand Prieuré Rectifié de France (GPRF) et du Directoire National des Loges Écossaises Rectifiées de France (DNLERF) – deux juridictions en amitié avec la Grande Loge Nationale Française (GLNF) –, notamment autour de l’utilisation controversée de l’intelligence artificielle pour la rédaction de textes doctrinaux et des lettres de protestation signées par Jacques Bourbasquet-Pichard, passé Grand Inspecteur, et Patrick Meneghetti – Gardes des Sceaux ayant rang d’Assistant Grand Maître, nous avons reçu une nouvelle série de documents anonymes.

Bijou AGM – GLNF – Source Scribe

Ces éléments, envoyés en septembre 2025 par une adresse email sur proton.me, approfondissent les accusations de dysfonctionnements autoritaristes et révèlent des faits graves impliquant des falsifications présumées et des pressions sur des membres clés de l’Ordre.

Cette seconde vague d’informations, adressée à un large public au sein de l’Ordre et intitulée « Mensonges et Dérives N°2 – De nouvelles informations », s’adresse directement aux « Bien-aimés Frères Maître Écossais de Saint André ». Elle dénonce une « dérive autoritariste » au sein de la direction.

Ces documents mettent en cause le Député Maître Général (DMG) Herland Barrières, accusé d’avoir utilisé frauduleusement la signature et le nom du Grand Secrétaire National, François Chapel, dans un contexte de report sine die de la fusion entre le DNLERF et le GPRF – un projet pourtant validé à l’unanimité par les instances concernées en mai 2025.

Les faits allégués : une signature falsifiée et un « faux en écriture »

Au cœur de ces révélations se trouve le compte-rendu du Conseil d’Administration (CA) du DNLERF du 6 juillet 2025. Ce document, qui annonce la suspension provisoire du processus de fusion pour des raisons de « climat délétère » et d’impossibilité technique liée au site Praxis (géré par Herland Barrières), porte les signatures de Herland Barrières (Président) et de François Chapel (Secrétaire). Or, selon les documents fournis, François Chapel n’a ni rédigé ni validé ce texte, et sa signature y apparaît inversée (de haut en bas et de droite à gauche), comme le démontre une comparaison avec sa signature authentique sur un autre PV. 

Dans un « Exposé des faits » détaillé, François Chapel explique le déroulement des événements :

  • Le 26 mai 2025, le Conseil National valide à l’unanimité le traité de fusion et les nouveaux statuts.
  • Le 6 juillet 2025, un CA « d’urgence » décide de surseoir à la fusion sans motifs documentés.
  • Le 7 juillet 2025, un courriel d’envoi du PV est adressé aux membres du CA, signé « Le secrétaire François Chapel » mais émanant d’une adresse générique (nepasrepondre@dnlerf-praxis.fr), sans que Chapel en soit l’auteur.
Bijou MESA verso

Chapel qualifie ces actes de « manquements graves », évoquant un potentiel « faux en écriture » et une « usurpation d’identité » au sens de l’article 226-4-1 du Code pénal. Il précise n’avoir jamais autorisé l’utilisation de sa signature électronique sans validation préalable, contredisant les affirmations de Herland Barrières qui, dans un courriel du 31 août 2025, invoque un « accord réciproque » pour fluidifier les procédures administratives en cas de problèmes internet.

Les captures d’écran jointes illustrent ces irrégularités : l’une montre le PV du CA avec les signatures inversées ; une autre, le courriel d’envoi falsifié ; et une troisième, une remarque de François Chapel soulignant que sa signature originale (du PV du 26 mai) a été manipulée.

Pressions et demande de démission : une logique d’intimidation ?

En réponse à la diffusion par François Chapel d’une « précision » sur le PV du 7 juillet, adressée le 28 août 2025 aux membres du Conseil National, Herland Barrières exige sa démission. Dans son courriel du 31 août, il reproche à Chapel une violation de la confidentialité et du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), tout en affirmant avoir utilisé la signature de Chapel avec son accord. Il conclut :

« Votre démission s’impose et je vous saurais gré de me la transmettre par retour, sans justification requise. »

Bijou MESA

François Chapel réplique le 1er septembre 2025 dans un courriel aux membres du Conseil National, niant tout accord implicite sans validation et soulignant que l’article 13 des Statuts Civils n’exige que la signature du Président pour les PV. Il dénonce une « opération de diversion » et refuse de démissionner, arguant que son rôle de « lanceur d’alerte » est légitime pour protéger l’association d’un risque juridique.

L’email anonyme accuse Herland Barrières de harcèlement et de représailles, transformant des sanctions disciplinaires en outils d’intimidation. De plus, l’accès de François Chapel à la plateforme Praxis (DNLERF et GPRF) a été révoqué arbitrairement par Barrières, qui en détient le contrôle exclusif, constituant un « abus de pouvoir » selon les whistleblowers.

Un courriel intermédiaire de Chapel à Philippe Dubourget (Grand Prieur du GPRF) le 28 juillet 2025 exprime déjà ses doutes sur le report de la fusion, questionnant la nature des « difficultés » non précisées et plaidant pour une transparence vis-à-vis des membres.

Une démission fracassante : celle de Jean-François Rossi

Ces révélations ont provoqué une onde de choc, culminant avec la démission du Très Respectable Frère Jean-François Rossi, Grand Orateur du DNLERF. Dans un texte cité intégralement dans l’email anonyme, Rossi dénonce des « manœuvres frauduleuses, accusations, usurpation d’identité et autres tromperies » au sein du Directoire, qualifiant le climat de « quasi dictatorial ». Il critique la « quête pathétique de colifichets » et refuse de cautionner un « lamentable simulacre » :

« À la suite des différents courriers reçus ces derniers jours (Patrick Meneghetti, Jacques Bourbasquet-Pichard et, derniers en date mais non les moindres, ceux de François Chapel), il est au vu et au su de tout un chacun désormais qu’il se trame des choses au sein du Directoire, choses qui n’ont que très peu à voir avec ce qui devrait nous y rassembler. Et ce qui devrait, en outre, nous interpeller sur la respectabilité effective du titre « Très Respectable ».

Les boursouflures de l’ego sont certes condamnables mais néanmoins fréquentes et force est de nous en accommoder en attendant que l’on puisse aider ceux qui en sont victimes à les résoudre par cette réputée « douce persuasion ».

En revanche les manœuvres frauduleuses, accusations, usurpation d’identité et autres tromperies sont, quant à elles, inacceptables. Manœuvres assorties de prétendues sanctions disciplinaires (issues d’une autorité de pacotille, cela va sans dire…), d’injonctions à la démission, comme si la démission pouvait être contrainte, alors qu’elle ne fait que démontrer la liberté de celui qui en prend la décision…En ce qui me concerne, je ne tiens plus à être témoin de ce bric à brac quasi dictatorial, qui plus est au sein d’un Ordre dont la vocation originellement initiatique a été depuis longtemps ensevelie sous la pathétique quête de colifichets, décors vidés de leur sens et médailles en chocolat… Ordre à l’intérieur duquel certains sont même prêts à recourir à toutes les extrémités à la seule et simple idée qu’ils pourraient perdre ces fameuses distinctions, distinctions qui n’en ont, bien sûr, que le nom… C’est tragi-comique… à mourir de rire ou triste à en pleurer (barrer la mention inutile). Fort heureusement le fameux secret maçonnique nous protège encore de la risée générale, il est impératif de le conserver ! 

Bref, je ne tiens plus à cautionner ce lamentable simulacre de quelque façon que ce soit. L’une d’elle consisterait à continuer de participer au CA du Directoire. En étant membre par le simple fait de mon office de Grand Orateur, je me vois, fort à regret et en attendant mieux, dans l’obligation de démissionner de cet office. » 
Jean-François Rossi, Grand Orateur du DNLERF. Démissionnaire. »

Cette démission illustre l’ampleur de la fracture, reliant ces nouveaux faits aux critiques antérieures sur l’opacité et l’autoritarisme évoquées dans notre premier article.

Implications et perspectives : vers une implosion de l’Ordre ?

Ces documents renforcent les allégations d’inversion des rôles entre instances ordinales et civiles, d’absence de transparence et d’abus de pouvoir, déjà pointées par Bourbasquet-Pichard et Meneghetti. L’utilisation exclusive de Praxis par Barrières soulève des questions sur le contrôle des données et des communications internes, tandis que les accusations de faux pourraient entraîner des suites judiciaires si confirmées.

Aucune réponse officielle n’a été émise par le GPRF ou le DNLERF à ce jour. Les whistleblowers appellent à une prise de conscience collective pour restaurer l’esprit initiatique du Rite Écossais Rectifié. Le Haut Conseil et le Conseil National, qui doivent se réunir prochainement, seront sous pression pour aborder ces scandales. Cette crise, amplifiée par les fuites anonymes, pourrait marquer un point de non-retour pour cette obédience historique, risquant une scission ou une réforme profonde.

450.fm continue de suivre cette affaire et invite les parties concernées à nous contacter pour des précisions ou des droits de réponse. Les documents originaux, reçus anonymement, sont disponibles sur demande pour vérification, dans le respect de la confidentialité des sources.

Relire l’article du 12 septembre dernier

7 Commentaires

  1. C ‘est tellement le souk, que le GM de la GLNF n était même pas là, une première depuis…
    Si le GPRF ne fait pas le ménage lui-même, cela risque d être très joyeux ! Et comme dit l autre, je dis ça, je dis rien.

  2. Qu’ils se séparent ! Il y a en France à ce jour, si je ne m’abuse, SIX Grands Prieurés Rectifiés. cela ne fera qu’un septième en plus. Le but du RER étant semble-t-il de rendre épars ce qui est rassemblé.
    [et les autres, ne vous gaussez pas, il doit y avoir autant de Grands Chapitres du rite français…]

  3. Vertu, quand tu nous tiens…
    Chers amis journalistes de 450 FM, une suggestion si vous le permettez pour tenter d’éclairer vos lecteurs plutôt que de relayer des « allégations » pour faux et usage de faux, ne serait-il pas utile de poser une simple question à votre(vos) source(s) sur ce sujet : Une plainte a-t-elle été déposée à ce jour ?
    Car de deux choses l’une, soit celle-ci a été déposée et c’est la marque d’une sincère émotion et légitime révolte, soit on parle beaucoup mais pour pas grand-chose si l’on reste factuel et objectif. Bref, on ne joue pas l’outrage ou l’outragé. On l’est ou on ne l’est pas. Vous ne croyez pas ?
    C’est peut-être en posant ce genre de question clé, qu’on participe à faire retomber « la polémique » et passer ainsi, de la forme au fond. S’en tenir à faire caisse de résonance entretient un climat délétère, sans doute pour mieux le déplorer par la suite.
    Retour un instant sur la démission du Grand Orateur précité. Ce Frère très estimé, assurément sincère est sans parti pris. Sa démission semblant principalement motivée par l’écœurement de tristes comportements chez certains qui se disent maçons. Rappelons-nous l’époque troublée de l’inénarrable Stifani, ça peut largement suffire. On a vu tant de Frères et des plus anciens, démissionner sans chercher à compter les points…
    En revanche, renseignez-vous si de son côté, l’association DNLERF a déposé plainte auprès de la CNIL (voire auprès du Procureur de la République) quant à la violation patente des fichiers de la matricule des Frères, membres de ladite association…
    Cette simple précaution permettrait à elle seule, de passer de « l’écho des choses » à une meilleure lecture de la situation, qui n’est nullement une révolution de palais avec un DMG qui tournerait à Kim Jong-un, mais plutôt à des combats d’arrière-garde de quelques egos insatiables qui n’ont plus qu’un pouvoir de nuisance (non négligeable certes).
    On doit cependant leur accorder que la volonté des instances du DNLERF (et également du GPRF : Y aurait-il à ce point collusion dans une telle mésentente qui semble dénoncée d’ailleurs?) de ne pas se répandre en place publique – on ne peut avoir tous les défauts – doit user certaines impatiences d’ex-mamamouchis en quête urgente de « renouveau » auquel bien évidemment, ils ne souhaitent aucunement prendre part, trop concentrés à pratiquer les vertus de la loi du silence qu’ils évoquent si utilement.

  4. J’avoue être sans voix tant la crise est profonde et touche les sommités au sein du GPRF.
    En revanche, je me permets d’établir un parallèle avec l’article d’hier signé par Gérard Lefèvre et intitulé : La Pierre D’AC.
    En effet au chapitre 4 et 5, il parle respectivement de : la chute des masques et de l’intervention du GADLU.
    Pour dire que quelque soit les manœuvres aussi frauduleuses soient-elles, la Lumière finira par les exposer au grand jour.
    Il est temps que l’équilibre soit restauré et que l’harmonie prévale au sein de cette prestigieuse institution quitte à ce que des sanctions soient prononcées.

    Très respectueusement…

  5. À la veille de la fête de la Saint-Michel, grande fête du Régime Écossais Rectifié en France, ce qui se joue ici n’est pas un simple différend administratif.
    À la lecture des pièces rapportées, nous n’apercevons plus la respiration d’un Ordre mais l’essoufflement d’un appareil. Le Rectifié se voulait école de la droiture.
    Nous y trouvons, si les allégations sont avérées, l’inversion des repères : signatures retournées comme des gants, PV bricolés, menaces en guise d’argument, accès coupés à des outils numériques privatisés. Le serment, qui devrait protéger la Parole, devient prétexte à faire taire. Le secret, qui devrait préserver l’intime de l’initiation, sert de voile à l’opacité des procédures.
    On ne gouverne pas un Rite comme on verrouille un back-office.
    Le cœur du scandale n’est pas l’IA ni praxis, ce ne sont que des miroirs : l’outil révèle la tentation d’appropriation. Quand une plateforme devient clef d’accès à la mémoire et à la décision, son contrôle exclusif par un seul frère n’est plus une commodité, c’est une dérive. Quand la signature d’un officier apparaît inversée, ce n’est pas un détail technique, c’est un symbole : la colonne s’est renversée. Quand la demande de démission remplace l’examen au maillet, nous ne sommes plus en loge, nous sommes au guichet.
    La démission du Grand Orateur n’est pas un caprice individuel. Dans un Ordre sain, le Grand Orateur est gardien de la loi et de l’esprit ; s’il se retire en dénonçant « manœuvres » et « usurpations », c’est le canari dans la mine.
    On peut ironiser sur les « colifichets », on doit surtout interroger le culte des décorations quand l’initiatique se défait. Un Rite qui abandonne sa lumière aux lampisteries du pouvoir interne n’est plus le gardien d’un héritage, il devient sa caricature.
    Alors oui, posons la question claire, sans détours : où est le Grand Maître de la GLNF, jadis préfet de Neustrie au GPRF ?
    Que fait-il ?
    Que dit-il ?
    Quelles diligences a-t-il engagées auprès d’une juridiction amie dont l’image rejaillit sur la sienne ? A-t-il exigé un gel immédiat des décisions contestées, la conservation sous scellés des journaux de connexion de Praxis, la vérification graphométrique des signatures, la nomination d’un auditeur indépendant et d’un huissier pour la chaîne de garde numérique ? A-t-il rappelé que la légitimité initiatique ne se délègue pas à des « adresses nepasrepondre@… » ?
    Nous appelons, fraternellement mais fermement, à un retour à la règle : convocation d’une assemblée régulière avec procès-verbal tenu à la plume sous contrôle contradictoire, audit externe des outils, suspension des officiers impliqués le temps de l’enquête, droit de réponse garanti à tous les protagonistes.
    Et surtout, rappel solennel que l’autorité dans nos Ordres n’est pas la verticalité d’une pyramide administrative, mais la verticalité intérieure d’une échelle de Jacob : elle ne se prouve pas par l’intimidation, elle se manifeste par la justesse.
    À défaut, le Rectifié ne connaîtra pas une crise passagère mais une implosion morale. On ne répare pas un Rite avec des circulaires ; on le réaccorde à l’équerre et à la loi du silence
    juste : celui qui protège la conscience, non celui qui bâillonne la vérité.

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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