mar 14 octobre 2025 - 20:10

L’initiation de Dante en franc-maçon

L’imaginaire permet toutes les uchronies. En voici une pièce de théâtre pour le moins farfelue mais pas tant que cela à bien la découvrir.

Décor : Une loge maçonnique dans un mélange absurde de temple grec, cathédrale gothique et salle de physique quantique. Colonnes ioniques côtoient des hologrammes de fractales. Le sol est en damier noir et blanc, mais avec des cases qui bougent comme un Rubik’s Cube vivant. Au centre, un autel avec compas, équerre, et un volume de la loi sacrée ouvert sur… la Divine Comédie ? L’éclairage est dramatique, avec des spots LED clignotants.
Dans cette réalité alternative, Socrate en est le premier Vénérable, Platon et Aristote ses surveillants éternels. Dante, ressuscité par une faille temporelle causée par un trou noir, est initié en 1321… ou 2025 ? .

Personnages:
Dante Alighieri : Le récipiendaire, poète, vêtu d’une cape médiévale et d’un tablier blanc de franc-maçon, Il représente le voyageur pélerin
Socrate : Vénérable Maître, vêtu d’une toge antique sous un tablier maçonnique orné de compas et équerre. Il joue le rôle du guide philosophique
Aristote : Premier Surveillant, portant un sautoir avec les vertus cardinales gravées.
Platon : Deuxième Surveillant avec un cordon orné d’idées platoniciennes.
Hiram : Orateur, architecte mythique, tenant un plan du Temple de Salomon
Tubalcaïn : Expert, forgeron avec un marteau qui claque à chaque intervention
René Girard : Invité surprise, anthropologue moderne, en costume anachronique
Nassim Haramein : Autre invité, physicien contemporain
Des francs-maçons : Quelques frères anonymes, en tabliers blancs, qui interviennent en chœur.

Acte ILa Préparation du Récipiendaire – Le Vestiaire des Âmes Perdues et Égarées

(La scène s’ouvre sur l’antichambre, un mélange de vestiaire de gym antique et de salle d’attente chez un dentiste divin. Dante entre en titubant, sa cape médiévale froissée comme un vieux parchemin, le tablier blanc pendouillant comme un drapeau de reddition. Il a un bandeau sur les yeux, mais il le soulève constamment pour jeter des coups d’œil furtifs. Une jambe de pantalon roulée jusqu’au genou, un bras nu, il ressemble à un pirate qui aurait raté son audition pour un rôle de philosophe. Les Frères Anonymes l’entourent, chantant en chœur avec des voix qui passent du grave solennel au nasillard comique, comme un chœur d’opéra.)

Frères Anonymes (en chœur, avec un rythme syncopé) : Ô profane égaré, dans les ténèbres tu patauges, Pantalon retroussé, comme un clown qui barbote dans la vase ! Cherche la lumière divine, mais avance à pas prudents, Ou tu vas trébucher sur ton ego gonflé comme un ballon d’hélium ! Tablier blanc immaculé, symbole de pureté naïve, Mais attention, Dante, ne le tache pas de ton encre poétique ! L’initiation commence, prépare-toi à rire ou à pleurer, Car ici, les secrets sont gardés… sauf quand on les oublie par inadvertance !

(Les frères rient en cascade, un écho comique qui rebondit sur les murs. Dante, agacé, ajuste maladroitement son bandeau.)

Dante : Par les neuf cercles de l’Enfer et les sept terrasses du Purgatoire ! Où diable suis-je tombé ? J’étais tranquillement en train de polir les rimes de ma Divine Comédie, rêvant de Béatrice et de paradis étoilés, et voilà que je me retrouve dans ce… ce carnaval philosophique déguisé en loge secrète ! Béatrice m’avait pourtant averti dans une vision : « Évite les rassemblements de barbus en tabliers, Dante, ils transforment les poètes en apprentis maçons ! » Et ce tablier blanc ? On dirait un bavoir pour un géant affamé de symboles ésotériques. Est-ce une initiation ou une farce florentine orchestrée par mes ennemis guelfes ?

(Entre Tubalcaïn d’un pas lourd, son marteau géant à la main, torse nu sous un tablier de cuir usé, muscles saillants comme s’il sortait d’une pub pour un gym biblique. Il frappe le sol avec un bruit retentissant, faisant sursauter Dante qui manque de trébucher sur sa cape.)

Tubalcaïn : Halte-là, voyageur du temps perdu ! Je suis Tubalcaïn, l’Expert forgeron des âges antiques, descendant de Caïn lui-même, maître des métaux et des mystères ! Ton alliage est-il pur, ô poète égaré, ou n’es-tu qu’un mélange frelaté de rimes et de regrets ? Réponds vite, ou je te refonds en statue commémorative pour le jardin de la loge !

Dante : Forgeron ? Mais je suis un poète, pas un lingot d’or en fusion ! Dans mon Enfer, les forgerons comme toi sont relégués au septième cercle, avec les violents, les sodomites et les usuriers – attends, non, ce sont les tyrans et les blasphémateurs qui bouillent là-bas. Peu importe, l’idée est la même : pourquoi suis-je à moitié nu comme un gladiateur ? Une jambe exposée au vent, un bras à l’air libre – est-ce une initiation maçonnique ou une audition pour un rôle dans une comédie burlesque ? Si c’est pour tester ma modestie, sachez que j’ai déjà affronté les démons de l’Enfer sans sourciller !

Tubalcaïn : Ha ! C’est le rituel ancestral, apprenti maladroit ! Une jambe nue pour toucher la terre mère, un bras dénudé pour caresser l’air des idées, et le bandeau pour symboliser ton ignorance crasse – comme si tu sortais d’une grotte plus sombre que celle de Platon ! Mais avec ta cape médiévale rouge sang, on dirait un touriste temporel qui a raté son portail vers la Renaissance. Allez, redresse-toi, ou je te forge un dos droit avec mon marteau magique !

(Entre Platon, l’air distrait, les yeux rivés au plafond comme s’il y voyait défiler des formes idéales en parade. Son cordon orné de symboles platoniciennes – une grotte miniature, un triangle parfait – balance comme un pendule hypnotique.)

Platon : Ah, le récipiendaire arrive enfin ! Dans le monde des Idées éternelles, tu es déjà initié depuis l’aube des temps, Dante. Cette préparation n’est qu’une ombre pâle projetée sur le mur de la réalité sensible. Imagine donc : le Tablier Idéal, blanc comme la neige immaculée d’un paradis platonicien, sans une seule tache de vin toscan ou de sauce bolognaise. Ton bandeau ? C’est le voile des illusions sensorielles, mon cher. Enlève-le dans ton esprit, et vois la Forme Parfaite de l’Initiation !

Dante : Platon ? Le grand Platon en personne ? Mais vous êtes mort depuis des siècles, englouti par le temps comme un vieux rouleau de papyrus ! Et ces Idées dont vous parlez ? Dans mon Paradis, les Idées suprêmes sont chez Dieu Lui-même, pas accrochées à un cordon maçonnique comme des breloques de marché aux puces. Si c’est une uchronie, au moins offrez-moi un verre de chianti pour lubrifier mon esprit – ou est-ce que dans votre monde idéal, le vin est abstrait et sans alcool ?

Platon : Le temps ? Une illusion, un fleuve héraclitéen que l’on traverse sans se mouiller, mon poète. Ta Divine Comédie n’est-elle pas une allégorie géante de ma grotte ? Sortir des ombres infernales pour atteindre la Lumière du Bien Suprême ? Mais prudence : ne fixe pas directement le Soleil des Idées, ou tu auras une migraine cosmique qui fera passer tes cercles d’Enfer pour un mal de tête ordinaire. Et ce chianti ? Dans l’Idée du Vin, il est parfait, sans gueule de bois !

(Aristote entre à son tour, roulant des yeux avec une exagération théâtrale, son sautoir gravé des vertus cardinales – Prudence, Tempérance, Force, Justice – cliquetant comme des médailles olympiques. Il tient un rouleau de papyrus rempli de syllogismes impeccables, l’air logique mais un brin pédant.)

Aristote : Pff, toujours avec tes Idées flottantes et éthérées, maître Platon ! Ici, dans le monde réel, pas dans tes nuages philosophiques, le récipiendaire doit être préparé avec méthode et observation empirique. Syllogisme simple : Tous les apprentis maçonniques sont nus d’un côté pour symboliser l’humilité ; Dante est un apprenti ; donc Dante doit être nu d’un côté, point final. Pas d’Idées abstraites qui dansent comme des ballerines invisibles – juste des faits concrets, mesurables, comme la longueur du bandeau même s »il est mal ajusté !

Dante : Aristote ? Vous ici, avec Platon ? Dans ma Comédie, je vous aurais tous deux placés au Limbo, ce cercle des vertueux païens où l’on soupire éternellement sans tourments. Mais voilà que vous portez des tabliers comme des artisans de bas étage ! C’est comme si Virgile, mon guide infernal, organisait un barbecue au milieu des flammes éternelles. Expliquez-moi : est-ce une loge ou un symposium déguisé en chantier de construction ?

Aristote : Le Limbo ? Surfait et illogique – pourquoi soupirer quand on peut construire ? La Franc-Maçonnerie incarne les vraies vertus cardinales : Prudence pour ne pas révéler les secrets par inadvertance, Tempérance pour ne pas abuser du vin pendant les agapes post-rituel, Force pour endurer les discours interminables de Platon, et Justice pour équilibrer le damier noir et blanc du sol, évitant ainsi les faux pas littéraux et métaphoriques. Observe, Dante : ton tablier est blanc, symbole de pureté, mais si tu le salis, c’est un vice catégorisé!

(Soudain, entrée fracassante de René Girard, en costume trois-pièces des années 1970, cravate psychédélique nouée comme un nœud gordien de désirs mimétiques. Il ajuste ses lunettes avec un air d’analyste surpris.)

René Girard : Ah, l’initiation en pleine préparation ! Classique cas de mimétisme désirant, mes amis. Dante, tu désires ce que ces Maçons possèdent : la Lumière secrète, le savoir ésotérique. Mais attention, cela engendre la rivalité, le conflit, et inévitablement, un bouc émissaire pour apaiser les tensions ! Regardez Hiram, l’architecte mythique – tué par des compagnons jaloux qui mimaient son génie. Moi, René Girard, anthropologue du XXe siècle catapulté ici, je décrypte tout : vos rituels ne sont que des chaînes de désirs copiés les uns sur les autres.

Dante : Qui diantre êtes-vous ? Un voyageur du futur ou un clown en costume de disco ? Votre accoutrement… on dirait un paon en pleine parade nuptiale, avec des motifs qui tourbillonnent comme mes cercles infernaux !

Girard : Anthropologue, poète ! Dans cette uchronie délirante, je suis l’invité surprise pour analyser les rouages humains. Toi, avec ta Béatrice idéalisée, c’est du mimétisme triangulaire pur : tu désires Béatrice parce qu’elle mime le divin, et Dieu est le modèle ultime. Rivalité amoureuse camouflée en poésie – brillant, mais dangereux !

Dante : Blasphème absolu ! Béatrice est la pureté incarnée, pas un vulgaire triangle de désirs ! Si vous analysez tout comme ça, même mon petit-déjeuner devient une rivalité avec le pain !

(Nassim Haramein fait irruption, vêtu d’une tenue futuriste avec des hologrammes factices – en réalité, des LED collées sur du tissu – projetant des fractales qui clignotent comme un sapin de Noël défectueux. Il gesticule avec enthousiasme.)

Haramein : Attendez, tout est connecté dans l’univers unifié ! Cette préparation n’est pas un simple rituel – c’est une activation géométrique sacrée. Le tablier ? Un tétraèdre en deux dimensions. Le bandeau ? Un voile sur le vide quantique qui relie tout. Dante, ton voyage initiatique est une spirale fractale menant au point singulier, au Big Bang maçonnique où protons et électrons dansent en harmonie holographique !

Dante : Physique ? Quantique ? Fractales ? Dans mon époque, on avait l’alchimie et les éléments d’Aristote – terre, eau, air, feu – pas ces protons qui font la fête comme des démons en discothèque ! Est-ce une loge maçonnique ou un laboratoire d’un savant fou échappé d’un roman futuriste ?

Haramein : Exactement ! L’univers est un hologramme géant, et ton initiation active ton ADN en mode fractal. Sentez les vibrations : les atomes de ton tablier vibrent en synchro avec les étoiles !

Frères Anonymes (chœur, avec un crescendo hilarant) : Fractales ou pas, bandeau sur les yeux bien serré ! Prépare-toi, Dante, aux épreuves bleues et azurées ! Avec Girard qui mime et Haramein qui fractalise, Cette initiation va te faire tourner la tête comme une girouette sur un toit !

(Les frères remettent le bandeau à Dante, qui trébuche comiquement sur son propre pied, provoquant un éclat de rire général. Tubalcaïn frappe un dernier CLANG pour clore la scène. Fin de l’Acte I.
Les lumières tamisées des vitraux s’allument, filtrant des couleurs alchimiques : rouge pour le feu, bleu pour la sagesse, vert pour l’espoir. Le chœur chante un « Vivat, Vivat, semper vivat » .)

Acte II – Le portail des questions éternelles

(La loge principale s’illumine : un mélange de temple grec avec colonnes ioniques tordues, cathédrale gothique aux vitraux fractals, et salle de physique quantique avec des écrans LED affichant des équations farfelues. Socrate trône au centre sur un siège élevé, son marteau philosophique en main – un outil qui « frappe » des idées plutôt que du bois. Les officiers sont en place, tabliers impeccables. Dante est conduit, yeux bandés, par Tubalcaïn, qui le guide comme un chien d’aveugle.)

Socrate : Frères, ouvrons la loge avec sagesse ! À l’ordre, mes chers compagnons de quête éternelle ! Il frappe trois fois doucement, comme s’il tapotait une idée fragile.
Qui ose frapper à la porte du Temple des Mystères, ce sanctuaire où le savoir se cache comme un chat sous un lit ?

Tubalcaïn : C’est un profane, Vénérable Maître ! Il cherche la Lumière avec l’ardeur d’un poète en mal d’inspiration, mais il est encore dans le Moyen Âge et ne sait pas que ses rimes sont poussiéreuses. Laissez-le entrer, ou il va composer un sonnet sur notre porte close !

Socrate : Ah, la Lumière… Mais qu’est-ce que la Lumière, frère Expert ? Est-ce une idée platonicienne flottante, une vertu aristotélicienne mesurable, ou simplement une ampoule LED inventée par Edison dans une timeline parallèle où l’électricité mime le feu divin ? Interrogeons le récipiendaire, car je sais que je ne sais rien, mais peut-être que lui sait qu’il ne sait pas non plus.

Dante (bandé, voix étouffée mais passionnée) : La Lumière ? Dans ma Divine Comédie, c’est l’éclat de Dieu Lui-même, filtré à travers les sphères célestes ! Mais ici, avec vous tous, ça ressemble plus à un feu d’artifice philosophique qui risque d’exploser. Si c’est pour illuminer mon âme, allumez donc, mais doucement – je n’ai pas envie de finir aveuglé comme un papillon attiré par une flamme !

Socrate : Le récipiendaire parle avec fougue ! Dante, poète des Enfers et des Paradis, que sais-tu vraiment ? Rien, sans doute, comme moi. Mais procédons aux voyages. Frères, guidez-le dans l’Air, symbole de l’intellect volatile.

(Aristote s’avance, déroulant son papyrus avec un air de professeur exaspéré.)

Aristote : Premier voyage : l’Air, essence de la pensée rationnelle. Dante, définis la vertu avec précision. Syllogisme irréfutable : La vertu est le juste milieu entre excès et défaut ; ton ego poétique est un excès ; donc modère-le, ou tu finiras comme un vice catégorisé dans mon Éthique à Nicomaque !

Dante : La vertu ? J’en ai décrit des tonnes dans mes cercles : la justice divine qui punit les vices avec une logique implacable ! Mais l’air ici ? je sens le vent de maçon d’est en ouest, avec une odeur de vieux papyrus moisi et de sueur philosophique. Si c’est pour tester mon intellect, posez-moi une énigme – mais ne me faites pas respirer cet air chargé d’idées antiques !

Platon : Non, non, c’est l’Idée de l’Air, pure et éternelle ! Dans la grotte des sens, tu ne vois que des ombres venteuses, des bourrasques illusoires. Imagine l’Air Parfait, sans pollution athénienne ni flatulences de forgeron – un vent divin qui porte les Formes Idéales vers l’infini.

Dante : Platon, toujours perché dans vos nuages d’abstractions ! Dans mon Purgatoire, l’air est purgé des péchés terrestres, rafraîchi par les vents de la repentance. Mais avec ce bandeau, je me sens comme un aveugle errant dans les ruelles de Florence pendant une foire – tout est chaos et surprises !

Hiram (déroulant son plan du Temple avec un geste théâtral, accent biblique exagéré comme un prophète) : L’Orateur prend la parole ! Le Temple de Salomon respirait l’Air des cieux, avec ses colonnes Boaz et Jachin qui défiaient les vents. Mais, ici, on ajoute une colonne quantique, courtoisie de frère Haramein – un pilier de vortex énergétiques qui tourbillonne comme un derviche tourneur !

Haramein : Précisément ! Les colonnes sont des portails vers des dimensions fractales. Dante, en respirant cet Air, tes protons s’alignent en une danse holographique. Visualise : l’univers entier compressé dans ton souffle, un Big Bang personnel !

Dante : Protons ? Dans mon temps, les éléments étaient simples – pas ces particules qui font la rumba ! Si l’Air est quantique, alors mon inspiration poétique devient une équation insoluble. Haramein, tes vortex expliqueraient mes visions ? L’Enfer comme un trou noir de vices, le Purgatoire comme fractals de purification, le Paradis comme hologramme divin ?

Girard : Mimétisme pur ! Dante mime l’intellect d’Aristote, qui mime les Idées de Platon, qui mime les questions de Socrate. Une chaîne de désirs rivaux qui mène droit au conflit et au scapegoat comme ils disent en Angleterre, probablement toi, le bouc émissaire si tu rates l’épreuve !

Socrate : Silence, invité du futur ! Passons au deuxième voyage : l’Eau, symbole des passions tumultueuses. Dante, crains-tu l’eau comme dans ton Styx infernal, ou es-tu prêt à plonger dans les abysses de l’âme ?

Dante : L’eau ? J’ai traversé l’Achéron avec Charon, ce passeur grognon qui facturait en oboles ! Mais ici, est-ce une piscine maçonnique ou un baptême philosophique ? Si c’est pour laver mes péchés poétiques, versez-en des seaux !

(Tubalcaïn asperge Dante d’un seau d’eau froide, provoquant un splash comique et un cri théâtral.)

Tubalcaïn : Trempe-toi dans l’Eau purificatrice, apprenti dégoulinant ! Elle forge l’âme comme le métal trempé dans la forge – durcit le caractère, rafraîchit les ardeurs !

Dante (trempé, secouant sa cape comme un chien mouillé) : Par Lucifer gelé dans son lac infernal ! C’est froid comme le neuvième cercle, où les traîtres grelottent éternellement ! Platon, votre Idée de l’Eau est-elle au moins tiède, ou éternellement glaciale comme une douche écossaise ?

Platon : L’Idée est éternelle et immuable, ni chaude ni froide – pure essence hydrique, sans les impuretés de ce seau ridicule.

Aristote : Faux sur toute la ligne ! Observation empirique : l’eau est humide et froide par nature. Dante est mouillé ; donc il a froid. Applique la vertu de Tempérance : ne te plains pas, réchauffe-toi avec une logique solide !

Frères Anonymes (chœur, avec un rythme aquatique, comme des vagues ) : Eau, air, et bientôt le feu ardent, Dante trempe son désir impétueux ! Mais avec Girard qui mime les rivalités, Et Haramein qui fractalise les vagues, C’est la noyade assurée !

Fin du voyage de l’eau. Dante dégouline, mais rit malgré lui.

Acte III Les Épreuves du Feu et du Serment dans les Flammes Philosophiques

(Troisième voyage : le Feu. Des flammes factices en LED clignotantes entourent Dante, créant une ambiance de barbecue infernal. La chaleur est simulée par des ventilateurs chauds)

Socrate : Et maintenant, le Feu purificateur, mes frères ! Il consume les impuretés et illumine l’âme. Dante, que crains-tu le plus : les flammes de ton propre Enfer, ou celles de nos questions incisives ?

Dante : Le feu ? J’en ai décrit des forêts entières dans mes cercles, où les suicidés se transforment en arbres brûlants ! Mais ce feu-ci semble… électrique, clignotant comme un signe de taverne futuriste. Haramein, est-ce votre physique quantique qui danse dans les flammes ?

Haramein : Absolument ! Le feu n’est que plasma énergétique, une manifestation de l’énergie unifiée. Ton aura s’active, Dante – imagine une spirale fractale en expansion, reliant tes chakras au cœur d’un trou noir maçonnique. Sentez la vibration : protons en fête, électrons en transe !

Girard : Feu mimétique par excellence ! Les humains miment le feu des dieux, comme Prométhée, bouc émissaire ultime de la rivalité divine. Dante, ta Comédie mime Homère et Virgile – une rivalité poétique enflammée qui consume les originaux !

Dante : Assez de ces analyses tordues ! Je ne mime personne – ma Comédie est une création originale, comme cette initiation absurde qui mélange époques et folies. Si le feu purifie, qu’il brûle mes doutes, mais pas ma cape, s’il vous plaît !

Hiram : Le feu fond les pierres du Temple, apprenti ! Attention aux trois mauvais compagnons : le Jaloux, l’Ignorant, le Fanatique. Ils sont tes critiques littéraires florentins, prêts à te lapider de quolibets. Mais avec mon plan du Temple, on bâtit un rempart inexpugnable !

Tubalcaïn : Forge-toi dans le feu intérieur ! Ton marteau spirituel frappera les impuretés – bang, bang !

(Dante trébuche sur une flamme LED, feignant une brûlure comique.)

Dante : Aïe ! C’est chaud comme l’amour contrarié pour Béatrice… non, plus comme la colère bouillonnante de Minos jugeant les âmes ! Platon, votre Idée du Feu est-elle inoffensive, ou brûle-t-elle les doigts des imprudents ?

Platon : L’Idée est éternelle, non consumante – un feu idéal qui illumine sans carboniser.

Aristote : Ridicule ! Le feu est chaud et sec par définition. Observation : si ça brûle, c’est réel. Applique la Force pour résister !

Socrate : Questions fondamentales : Qu’est-ce que le Bien ? Le Beau ? Le Vrai ? Réponds, Dante, ou reste dans l’ombre de l’ignorance.

Dante : Le Bien, c’est la justice divine ; le Beau, l’éclat de Béatrice ; le Vrai… cette loge folle où les philosophes se disputent comme des enfants autour d’un jouet cosmique ?

(Passage au serment. Dante à genoux, main sur le Volume de la Loi Sacrée – ici, une édition de la Divine Comédie.)

Socrate : Jure maintenant, apprenti ! Sur le compas pour mesurer tes actes, l’équerre pour redresser tes erreurs, et le maillet pour frapper les vérités dures.

Dante : Je jure solennellement… de garder les secrets, même si Girard les dissèque comme des mimétismes, et Haramein les relie à des fractales universelles. Que la Lumière m’illumine sans me griller !

Girard : Ce serment ? Mimétisme collectif – vous jurez parce que les autres jurent !

Haramein : Non, c’est une activation quantique ! Le serment aligne vos particules en une géométrie sacrée.

(On enlève le bandeau. Une lumière LED s’allume dramatiquement, mais elle grésille.)

Dante : La Lumière ! Mais… c’est juste une ampoule vacillante ? Dans mon Paradis, c’est un éclat éternel, pas ce clignotement de luciole fatiguée !

Frères Anonymes : Gloire à l’Apprenti nouveau-né ! Tablier blanc, cœur pur!

(Interruption : Girard et Haramein se disputent, gesticulant comme des marionnettes.)

Girard : Ta physique mime la religion – désir d’unification divine !

Haramein : Faux ! C’est science pure – fractales contre bouc émissaire, round one !

Socrate : Paix, ou je questionne jusqu’à l’épuisement ! L’initiation se poursuit.

Acte IV : Les Discours et Révélations – Chaos et Débats Délirants

(Les officiers livrent leurs discours, étendus en monologues humoristiques. Hiram commence, déroulant son plan comme une carte au trésor.)

Hiram : Apprenti Dante, le Temple est le symbole ultime : colonnes solides comme des vérités bibliques, voûte étoilée comme un ciel peint par un dieu artiste. Mais dans notre uchronie tordue, on ajoute une chambre quantique pour Haramein – un espace où les murs se plient comme du papier origami cosmique. Bâtis ton temple intérieur, ou il s’effondrera comme une tour de Babel en carton !

Dante : Un temple ? Mon Enfer est un temple inversé, avec des étages de tourments architecturaux ! Si le vôtre est quantique, alors mes cercles deviennent des fractales infernales – une idée qui me donne le tournis.

Platon : Tout n’est qu’Idée, mon cher. Le Temple Idéal réside dans le royaume des Formes, parfait et immutable. Ton tablier n’est qu’une ombre pâle du Tablier Parfait, blanc comme l’âme d’un philosophe abstrait. Imagine-le : sans plis, sans taches, éternel !

Aristote : Balivernes éthérées ! Observation pratique : le tablier est en cuir blanc, conçu pour protéger des éclaboussures symboliques. Applique les vertus : Prudence dans tes pas sur le damier, Tempérance dans tes questions, Force contre les tentations, Justice pour équilibrer tes rimes poétiques.

Tubalcaïn : Forge ton caractère comme du métal précieux ! Marteau pour frapper les vices, enclume pour résister, feu pour purifier – et voilà un Maçon forgé à neuf !

Socrate : Et moi ? Je suis le questionneur éternel. Qu’est-ce qu’un Maçon ? Un qui sait qu’il ne sait rien, mais qui construit quand même des ponts entre ignorance et sagesse. Pose-toi des questions, Dante, jusqu’à ce que les réponses fuient comme des ombres.

Dante : Et moi, poète initié ? Ma Comédie devient maçonnique : l’Enfer comme épreuves ardentes, le Purgatoire comme voyages purificateurs, le Paradis comme Lumière fraternelle. Mais avec vous tous, c’est une comédie divine… littéralement !

(Les invités interviennent, déclenchant un débat chaotique)

Girard : Cette loge entière ? Un mimétisme collectif géant ! Vous mimez les rites anciens pour apaiser vos désirs rivaux

Haramein : Non, c’est holographique ! Chaque Maçon est un pixel dans le grand fractal de l’univers – connecté, unifié, vibrant en harmonie.

Dante : Arrêtez ce cirque ! C’est épuisant comme une ascension au Purgatoire. Dans cette comédie, suis-je immortel maintenant, ou juste un apprenti éternel ?

Frères Anonymes : Immortel en esprit, mais n’oublie pas la cotisation annuelle!

Platon : Imagine l’Idée : un monde où Socrate n’a pas bu la ciguë, mais un expresso grec pour rester éveillé éternellement.

Aristote : Illogique au possible ! La ciguë est poison mortel ; l’expresso est excitant ; donc Socrate hyperactif, posant des questions à la vitesse de la lumière.

Socrate : Et si je n’avais rien bu du tout ? Question éternelle qui mime l’infini.

Dante : Dans mon Enfer, les sophistes comme vous sont punis par des vents tourbillonnants. Mais ici, c’est un paradis de folies – continuez, je note pour une suite à ma Comédie !

Socrate : Dante, dis-moi, qu’est-ce que l’unité, sinon le fruit de ces voyages ?

Dante : Maître, ta philosophie, Socrate, et la Franc-maçonnerie sont comme dans ma Comédie : un voyage initiatique dans trois cercles. Enfer pour les vices – orgueil, avarice –, Purgatoire pour les vertus – tempérance, force –, Paradis pour l’amour divin. Trente-trois chants, trente-trois degrés – un écho cosmique !

Girard : Oui ! Tes cercles sont des sacrifices mimétiques. Tes assassins imaginaires, comme les miens – Jubelo, Jubela, Jubelum – représentent les vices à vaincre : ignorance, fanatisme, ambition. Je suis un sacrifice intérieur pour la cohésion fraternelle. Mais la résurrection par les cinq points de la maîtrise m’a relevé! Jésus brise l’unanimité mythique, défend les opprimés. Vos rituels canalisent cette rivalité des désirs, transformant la violence fondatrice en sacré fraternel.

Platon : Et mes Idées éternelles guident tout ! Remarque comme la quadrature du cercle de la voûte et du pavé pousse vers la perfection. Et ta Béatrice, c’est la Sagesse, comme tes vertus théologales : foi, espérance, charité.
Dante, sache que bien avant, pour Zarathoustra, Les Amesha Spentas, les génies bénéfiques, sous leurs différents aspects d’Ahura Mazda, ajoutaient ces vertus essentielles : bon esprit, bonne volonté, bon sens; vérité, justice, pureté; ordre, harmonie, règne divin; humilité, douceur, docilité. Elles sont les forces dans la lutte du bien et du mal, la vraie roue motrice du cours des choses.

Dante : Platon, c’est donc ainsi que parlait Zarathoustra ?
Pour le moment, je vois la voûte étoilée au solstice d’été, comme Nout sur un vitrail. Les voyages : Air pour volatil, Eau pour mercure, Feu pour soufre. V.I.T.R.I.O.L., rectifiant mon âme . Et Haramein, tes vortex voudraient expliquer Béatrice : une connexion holographique avec le Tout, au-delà des vices ?

Nassim Haramein : Absolument, Dante ! L’univers est holographique – chaque partie contient le tout, comme un fractal infini. La pierre cachée de V.I.T.R.I.O.L. est un point singulier, un trou noir alchimique où temps et espace fusionnent. Tes illuminations sont des passages à travers des vortex d’énergie du vide, où la matière émerge comme des ondes quantiques. Imagine : la voûte étoilée est un hologramme vivant, où chaque étoile est un vortex reliant microcosme et macrocosme. Tes voyages purifient l’âme comme une transmutation cosmique, reliant ton intérieur à l’intelligence de l’univers – tout est énergie, tout est connecté, du vitriol alchimique aux fractals de la création. C’est l’unité primordiale : omnia ab uno, omnia ad unum !

Tubalcaïn : Et moi, je forge cette unité.

Hiram : Ton serment, Dante, est comme ma résurrection : de la violence à la fraternité.

Socrate : Oui, Dante. Connais-toi toi-même. Aristote pour vertus, Platon pour Idées, Girard pour violence purifiée, Haramein pour vue cosmique, toi pour voyages. Tu es initié. Une once de réel suffit à qui sait voir.

Acte V : La Clôture et les Surprises – Fin en Apothéose Chaotique

Socrate : Fermons la loge avec grâce, frères ! Mais d’abord, le banquet fraternel : vin tempéré, pain symbolique, et pour Haramein, des fractales comestibles en forme de biscuits.

Dante : Un banquet ? Dans le Banquet de Platon, c’était l’amour philosophique. Ici, est-ce l’amour fraternel, ou juste une excuse pour manger après tant d’épreuves ?

Platon : Idée de l’Amour ! Agapè maçonnique, ascension vers le Beau Suprême.

Girard : Amour ? Pur mimétisme désirant – vous aimez parce que l’autre aime !

Haramein : Amour c’est une énergie unifiée, vibrations harmoniques reliant les cœurs en un fractal géant.

(Soudain, une faille temporelle s’ouvre. Une voix off de Béatrice résonne)

Béatrice (voix off, avec un écho) : Dante ! Reviens à Florence, mon amour ! Cette loge est un Enfer alternatif, peuplé de chimériques masculins en tabliers ! Échappe-toi avant qu’ils ne te fractalisent l’âme !

Dante : Béatrice ! Ma muse éternelle ! Mais dans cette comédie, toi aussi, tu peux devenir Maçonne ? Viens nous rejoindre pour un banquet céleste, on y mettra ton couvert !

(Les Frères Anonymes entonnent une chanson finale)

Frères Anonymes (chœur final, avec un rythme festif, mélange de grégorien et de rap médiéval) : Dante initié en herbe, avec Socrate qui questionne sans herbe, Platon qui rêve d’Idées en nuages cotonneux, Aristote qui syllogise, logique et tatillon, Hiram qui bâtit un temple en plans farfelus, Tubalcaïn qui forge avec clangs assourdissants, Girard qui mime rivalités en cravate psyché et Haramein qui fractalise tout en énergie !
Liberté, égalité, fraternité ! Vivat, vivat, semper vivat! Le poète est maçon ! Houzé, Houzé, Houzé !

Socrate : À l’ordre une dernière fois ! La Loge est close, mais les questionnements persistent.

Le rideau tombe. Dante, inspiré, fondera une loge en Italie, influençant la Renaissance. Tubalcaïn frappe un dernier CLANG, cassant une colonne factice dont les fragments forment au sol l’expression adhuc stat.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Solange Sudarskis
Solange Sudarskis
Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le "Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique", prix littéraire de l'Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES