dim 14 septembre 2025 - 15:09

La Loge, un monde à part !

D’un point de vue formel, une loge maçonnique, c’est à la fois un lieu et aussi le groupe d’êtres humains qui se réunissent dans ce lieu décoré pour pratiquer un rituel ! A la question « Pour quoi y faire ? » de nombreuses raisons sont évoquées ; un ancien grand-maître du Grand Orient de France, Jean-Michel Quillardet avait coutume de commencer ses interventions publiques par cette boutade :

« Souvent, on nous pose la question dans les conférences publiques : « À quoi sert la Franc-maçonnerie ? ». J’ai une réponse : la Franc-Maçonnerie cela ne sert à rien. »

Des raisons, en voici quelques-unes que l’on peut entendre ici ou là :

  • A la recherche de la vérité
  • Pour mieux se connaître
  • Pour bâtir une société fraternelle
  • Pour améliorer l’être humain et la société
  • Pour réunir ce qui est épars
  • Pour atteindre la Sagesse
  • Pour découvrir le monde des esprits
  • Pour acquérir Sagesse, Force et Beauté
  • Pour approcher le Grand Architecte de l’Univers
  • Pour comprendre les mystères
  • Pour posséder la clé du portail qui nous sépare de l’autre monde
  • Pour quitter le monde profane et accéder à la spiritualité
  • Pour retrouver l’élite de la société
  • Pour faire des affaires et devenir plus puissant
  • Pour mieux comprendre la complexité de la vie
  • Pour se préparer à mourir
  • Pour diriger le monde !
  • Porter à l’extérieur nos valeurs !

Et puis, il y a les réalités :

  • Des envies,
  • des peurs,
  • beaucoup de méfiance,
  • des ambitions
  • le goût des discours
  • le plaisir de l’entre soi
  • le refuge dans l’histoire
  • Les tentations délirantes
  • Le besoin de parader
  • L’envie d’être reconu-e,
  • La soumission à l’autorité
  • La fascination pour l’inutile,
  • Le besoin d’ordre.
  • L’envie d’aider

Une des caractéristiques de la loge maçonnique réside dans l’absence d’experts parmi ses membres. Les membres peuvent avoir des savoirs très différents mais dans la problématique de la gouvernance, le guide réside dans l’instruction fournie avec le rituel. De la sorte, il y a une réelle égalité et l’obligation de toujours négocier la prise de décision. Cela n’empêche pas que dans certaines situations l’autoritarisme est la règle mais c’est du aux personnalités présentes.

Tout cet ensemble abouti à une singularité : la loge est une association qui semble à part. Le monde brûle et la loge continue son train train quotidien !

La loge se mélange difficilement avec les autres acteurs du monde associatif. Ces membres ne se connaissent pas vraiment et ne semblent pas vouloir trop se fréquenter en dehors des rencontres mensuelles.

D’ailleurs ses membre n’aiment pas beaucoup se déclarer publiquement comme franc-maçon-ne. on sait jamais !

Si le rituel affiche des sentiments nobles, désintéressés des contingences matérielles, la loge n’en fait pas une réelle inspiration ; c’est un sujet de pinaillage entre soi-disant spécialistes. D’autres associations y attachent plus d’importance.

Si certains voudraient que les loges jouent un rôle social, la plupart du temps, cela reste une implication personnelle à la discrétion de chacun.

Parfois la loge maçonnique semble mieux fonctionner lorsque ses membres sont issus de la même corporation.

La loge est surtout un objet d’intérêt pour celles et ceux qui en ont entendu parler et l’imaginent comme un recours. Mais, du fait d’obligations financières relativement exigeantes, l’accès aux loges est réservé aux membres des classes aisées.

Les candidates et les candidats ne s’imaginent pas que la vie en loge suppose, pour être comprise et appréciée, une activité intellectuelle régulière. Comme celle-ci est assez chronophage, dans la réalité, la majorité des membres des loges ne peut la faire, de sorte qu’une certaine superficialité dans les réflexions se retrouve dans les contributions.

Le paradoxe de la loge me semble être la contradiction entre un désir d’aller vers les autres et une redoutable méfiance qui bride l’engagement ! On voudrait bien mais on se méfie quand même !

La loge peut être un lieu de bien être avec des relations simples de bienveillance. Elle peut ronronner gentiment autour de personnalités qui s’inscrivent dans son histoire.

Il y a parfois des épisodes plus difficiles avec des relations conflictuelles interpersonnelles qui aboutissent à des scissions.

Bien qu’appartenant généralement à une organisation fédérative comme l’obédience, la loge n’est pas toujours vraiment motivée par cette vie fédérale. Cela reste le domaine de quelques personnes qui s’y consacrent pour diverses raisons dont cette fameuse attirance pour les cordons qui marquent aux yeux de tous l’appartenance à l’élite des petits chefs ! Il faut dire que cela ne gêne pas trop les dignitaires car tant que les loges règlent leurs capitations, le reste peut être superflu !

La loge est plutôt discrète dans son expression médiatique

Au total, la loge est une structure sociale particulière qui peut avoir eu une histoire liée à l’implication de ses membres anciens dans des mouvements sociaux ou dans l’activité politique. L’histoire permet de ne pas se préoccuper des réalités d’aujourd’hui !

C’est essentiellement une structure de mixité sociale qui permet à des personnes d’horizons divers de se rencontrer et d’échanger. Ces rencontres et ces échanges sont conditionnés par la capacité des responsables de la loge de les organiser en dehors des tenues, ce qui n’est pas forcément souhaité. Le plus souvent, chacun de ses membres évolue à son rythme en ayant un jardin secret pas forcément partagé.

La grande tolérance permet d’y voir s’exprimer des pensées qui n’auraient pas forcément la possibilité d’être énoncées dans un autre lieu. Ce sont des moments rares dans la monotonie des redites habituelles mais ils peuvent marquer l’auditoire.

La loge c’est un monde à part où tout est quand même possible !

Chacun connait la réponse à l’interrogation « Qu’est ce qu’une franc-maçon-ne ? » « Un-e être libre dans une loge libre ! »

Même si cette liberté est souvent utilisée pour ne pas faire grand-chose, il y a une réelle potentialité qui permet au groupe humain de sortir des sentiers battus et des tentations perverses. Cela suppose bien sûr un consensus !

Cette capacité potentielle d’autoformation pourrait donner à la vie de la loge un contenu substantiel décidé de façon consensuelle pour permettre à ses membres de progresser dans différents domaines ; cela pourrait être par exemple :

  • La fraternité
  • La gestion des émotions,
  • L’harmonie du groupe
  • La problématique de la violence
  • L’engagement collectif.

La loge aurait à réfléchir sur une méthode pédagogique qui soit participative en évitant ces prestations magistrales qui endorment les ateliers.

En se référant à cette maxime de François Rabelais, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ! » on pourrait imaginer une loge dynamique, vivante et intelligente qui quitterait son nuage pour revenir dans le champ de la conscience !

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Alain Bréant
Alain Bréant
Médecin généraliste, orientation homéopathie acupuncture initié en 1979 dans la loge "La Voie Initiatique Universelle", à l'orient d'Orléans, du GODF Actuellement membre d'une loge du GODF à l'orient de Vichy Auteur sous le pseudonyme de Matéo Simoita de : - "L'idéal maçonnique revisité - 1717- 2017" - Editions de l'oiseau - 2017 - "La loge maçonnique" - avec la participation de YaKaYaKa, dessinateur - Editions Hermésia - 2018 - "Emotions maçonniques " - Poèmes maçonniques à l'aune du Yi King - Editions Edilivre - 2021

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