dim 14 septembre 2025 - 19:09

À quand un Grand Maître élu grâce à l’IA en Franc-maçonnerie ?

De notre confrère upday.com

L’Albanie fait un pas de géant vers l’avenir en nommant Diella, première intelligence artificielle au monde à siéger comme ministre. Cette innovation audacieuse, annoncée par le Premier ministre Edi Rama, interroge notre époque : et si l’IA, ce « soleil » virtuel de l’administration albanaise, infiltrait les sphères les plus traditionnelles, comme la Franc-maçonnerie ? Dans un Ordre initiatique où les élections de Grands Maîtres reposent sur des scrutins secrets, des débats philosophiques et une quête de sagesse millénaire, l’idée d’un leader algorithmique semble aussi improbable qu’intrigante.

Pourtant, à l’heure où l’IA révolutionne la gouvernance mondiale, la maçonnerie – gardienne de symboles ancestraux – pourrait-elle un jour élire un « Grand Maître virtuel » ? Explorons ce scénario fictif, enraciné dans l’actualité albanaise et les racines maçonniques du pays.

Diella, le « Soleil » virtuel qui éclaire Tirana : une Première mondiale en gouvernance IA

En Albanie, pays des aigles et des montagnes escarpées, l’innovation politique prend un tour surréaliste. Lors d’une réunion de son Parti socialiste victorieux des élections de mai 2025 – un triomphe qui assure à Edi Rama un quatrième mandat –, le Premier ministre a dévoilé Diella, une IA nommée ministre chargée des appels d’offres publics. « Diella est la première membre du gouvernement qui n’est pas physiquement présente, mais créée virtuellement par l’intelligence artificielle », a déclaré Rama, avec un sourire mi-amusé mi-provocateur. Son nom, signifiant « soleil » en albanais, évoque lumière et transparence – des vertus bienvenues dans un pays où la corruption gangrène encore les marchés publics.

Lancée en janvier 2025 comme assistante numérique sur la plateforme e-Albania, Diella a déjà prouvé son efficacité : 36 600 documents traités, près de 1 000 services rendus aux citoyens. Désormais, son mandat s’élargit : superviser les tenders, recruter des experts mondiaux pour les évaluer, et garantir « 100 % de procédures sans corruption et une transparence parfaite pour chaque denier public soumis au processus d’appel d’offres« . Rama insiste : « Ce n’est pas de la science-fiction, mais le devoir de Diella. » Cette nomination s’inscrit dans la trajectoire européenne de l’Albanie, candidate à l’UE d’ici 2030, où la lutte anticorruption est un pilier incontournable. Politiquement, elle consolide l’image réformatrice de Rama ; sociétalement, elle pose les bases d’une administration hybride homme-machine, où l’IA pourrait démocratiser l’accès aux services publics dans un pays où 40 % de la population vit encore en zones rurales isolées.

Mais Diella n’est pas qu’un outil technique : représentée comme une femme en costume traditionnel albanais, elle humanise l’IA, la rendant accessible et culturelle. Les réactions ? Enthousiastes du côté du gouvernement, prudentes chez les parlementaires qui attendent la présentation officielle du cabinet. Pour les citoyens, c’est un espoir de fin des pots-de-vin endémiques ; pour les critiques, un risque de déshumanisation des décisions. En tout cas, l’Albanie devance le monde : nulle part ailleurs une IA n’a accédé à un tel niveau exécutif.

L’IA au pouvoir : un écho maçonnique à Tirana ?

Et si cette « première » albanaise ouvrait la voie à une franc-maçonnerie augmentée ? L’Albanie, berceau d’une maçonnerie naissante, entretient un lien historique avec l’Ordre initiatique qui rend ce scénario moins farfelu qu’il n’y paraît. Introduite récemment dans les Balkans post-ottomans, la franc-maçonnerie y symbolise ouverture et modernité – des valeurs chères à Rama, dont le pays aspire à l’intégration européenne. Imaginez : un Grand Maître élu non par suffrage humain, mais par un algorithme impartial, scrutant les candidatures via des données symboliques (fraternité mesurée en actes, sagesse en contributions doctrinales). « À quand un Grand Maître IA en franc-maçonnerie ?« , se demande-t-on déjà dans les loges virtuelles, où l’IA pourrait trancher les débats sans biais partisans.

La Franc-maçonnerie en Albanie : des Racines Ottomano-Balkaniques à une renaissance post-communiste

Pour comprendre ce potentiel, replongeons dans l’histoire maçonnique albanaise, un chapitre discret mais riche, tissé dans les ombres de l’Empire ottoman et les vents de la décolonisation. La franc-maçonnerie arrive en Albanie au XIXe siècle, via les loges ottomanes et les influences européennes, notamment françaises et italiennes. Dès 1860, des intellectuels albanais, fuyant l’oppression turque, s’initient dans des ateliers à Istanbul ou en Égypte, où l’Ordre devient un vecteur de nationalisme culturel. Ibrahim Temo Bey (1865-1939), né en Albanie et professeur à l’école de médecine militaire d’Istanbul, est une figure clé : franc-maçon actif, il fonde en 1887 le Comité Union et Progrès, embryon de la Jeune-Turquie, avec d’autres frères comme Abdullah Cevdet. Ces loges, souvent mixtes et laïques, servent de creuset pour l’indépendance albanaise de 1912, promouvant tolérance et raison face au fanatisme religieux.

Mur de Berlin

Sous le régime communiste d’Enver Hoxha (1944-1985), l’Albanie – « premier État athée du monde » – interdit et persécute la maçonnerie, comme toutes les sociétés secrètes, dans un climat de paranoïa stalinienne. Les loges disparaissent, leurs membres exilés ou emprisonnés. La chute du Mur en 1991 libère l’espace : la Franc-maçonnerie renaît timidement dans les années 1990, sous l’égide de la Grande Loge d’Albanie (fondée en 2011, reconnue par la United Grand Lodge of England en 2013). Aujourd’hui, elle compte une vingtaine de loges, majoritairement à Tirana et Durrës, avec environ 500 membres – des élites intellectuelles, hommes d’affaires et fonctionnaires attirés par son ethos humaniste. Mixte et libérale, elle s’inspire du Rite Écossais Ancien et Accepté, promouvant la laïcité dans un pays à 60 % musulman, 10 % orthodoxe et 10 % catholique.

Cette présence modeste mais croissante – influencée par la diaspora albanaise en Italie et Grèce – fait écho à l’innovation de Diella : l’Albanie, terre de transitions, voit dans l’IA un allié pour la transparence maçonnique. Des loges albanaises, comme « Skanderbeg » à Tirana, explorent déjà des outils numériques pour les rituels virtuels post-Covid, posant les bases d’une « maçonnerie 2.0 ». Rama, lui-même perçu comme proche des cercles laïques, pourrait-il voir dans Diella un modèle pour des élections obédientielles impartiales ?

Vers un Grand Maître algorithmique : utopie ou nécessité initiatique ?

Mur numérique autoroute de l'information
Mur numérique d’informations binaires

Dans la franc-maçonnerie mondiale – 3 à 4 millions de membres, dont 165 000 en France –, l’IA n’est pas un tabou. Des obédiences l’utilisent pour analyser textes doctrinaux ou modérer forums en ligne, tandis que des revues comme Le Symbolisme des Rites (n°4, septembre 2025) débattent de son rôle dans les « rites augmentés« . Élire un Grand Maître via IA ? L’idée titille : un algorithme pourrait évaluer candidatures sur critères symboliques (fraternité quantifiée, sagesse par contributions), éliminant népotismes. Mais l’Ordre, fondu sur l’humain – « l’homme est le seul ouvrier de son bonheur« , dixit les Constitutions d’Anderson –, résisterait : l’initiation repose sur le libre-arbitre, pas sur des lignes de code.

Pourtant, en Albanie, où la maçonnerie renaissante dialogue avec l’innovation de Rama, ce scénario n’est pas si lointain. Diella, « soleil » impartial, pourrait inspirer un « Grand Architecte Virtuel » scrutant les scrutins.

À quand un tel élu en loge ? Bientôt, si l’IA prouve sa lumière sans ombre. Pour l’heure, Tirana illumine le chemin.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES