mar 14 octobre 2025 - 17:10

Quand la Grande Loge Féminine de Roumanie condamne avant le procès

Une convocation transformée en exposition publique

Le 24 août 2025, la page officielle Marea Loja Feminina a Romaniei a publié sur Facebook une convocation adressée à l’une de ses sœurs, Ionela Cuciureanu. Le document, daté du 1er août et signé par Daniela Popa, présidente de la Chambre de justice, l’invite à comparaître le 30 août devant le tribunal maçonnique de l’Obédience.

Mais au-delà du texte lui-même, déjà problématique par sa mise en ligne, c’est le titre de la publication qui a sidéré :

« Grandeur et décadence !
 Chancelière de devenir une accusée comme l’amour fraternel est mal compris ! »

Un intitulé solennel, presque théâtral, qui jette l’opprobre sur Ionela avant même que son procès ne s’ouvre. Ce choix de mots, publié sur un canal officiel, s’apparente à une condamnation publique anticipée et transforme une sœur en symbole de déchéance.

Une sentence avant l’audience

La lettre rappelle qu’Ionela est suspendue de toutes ses activités maçonniques depuis le 9 juin 2025, soit trois mois avant son procès. L’association de cette suspension à un commentaire cinglant publié sur la page officielle constitue une atteinte manifeste à sa réputation.

Ce qui devrait relever d’une procédure interne et confidentielle est exposé sur la place publique, accompagné d’un jugement de valeur qui fragilise définitivement la présomption d’innocence.

L’humiliation publique comme méthode

Dans la tradition maçonnique, la justice interne vise à préserver la dignité de chacun, même lorsqu’il existe des désaccords profonds. Ici, le procédé inverse est adopté : la convocation est présentée comme une pièce à conviction pour la foule, et le titre de la publication agit comme une sentence morale.

En qualifiant Ionela de figure de « décadence », la Grande Loge Féminine de Roumanie dépasse largement le cadre de l’information interne. Elle procède à une stigmatisation personnelle devant un public profane, ce qui est en totale contradiction avec les principes de discrétion, de respect et de fraternité.

Réactions : un rejet massif

La publication a déclenché un torrent de critiques, en Roumanie comme à l’étranger. Les voix s’élèvent d’une même tonalité :

  • Cette affaire aurait dû rester strictement interne, afin de ne pas nuire à l’image de l’Ordre.
  • Publier un document nominatif, à charge, avant toute décision est jugé « inadmissible », contraire au principe du contradictoire.
  • Plusieurs rappellent qu’une convocation n’est pas un jugement : la rendre publique, accompagnée d’accusations graves, constitue une violation de la dignité et de la présomption d’innocence.
  • D’autres encore dénoncent un traitement dégradant, contraire aux lois du pays comme aux règles maçonniques, notamment l’interdiction de dévoiler l’identité des membres impliqués dans une procédure interne.

En somme, le choix de rendre cette convocation publique est perçu non comme un acte de transparence, mais comme une dégradation volontaire d’une sœur et une faute institutionnelle.

Le profil de la sœur : une voix libre et engagée

Ionela Cuciureanu

Au-delà du prisme de son statut disciplinaire, il est essentiel de souligner le parcours remarquable de cette sœur, figure respectée dans plusieurs cercles maçonniques internationaux.

Elle est l’auteure et animatrice d’un blog dédié à la réflexion critique sur la franc-maçonnerie, l’art et la société. Ce blog, espace de libre-pensée maçonnique, rassemble articles, interviews, symbolisme et actualités internationales, toujours sous une plume engagée, sensible et érudite Hermana Spes.

Par ailleurs, elle occupe désormais la fonction de Secrétaire Générale du CLIPSAS, la Confédération maçonnique libérale internationale, ce qui fait d’elle une personnalité centrale sur la scène maçonnique mondiale g-o-s.org.

Sa convocation publique ne touche donc pas une inconnue, mais une sœur engagée, dont la légitimité intellectuelle et institutionnelle était reconnue par ses pairs.

Le regard du droit roumain et européen

En Roumanie, la diffamation est dépénalisée depuis 2014, mais une personne dont l’image est salie publiquement peut saisir un tribunal civil et obtenir réparation pour préjudice moral. Dans ce cas précis, Ionela pourrait invoquer non seulement la diffusion de la convocation, mais aussi le libellé dénigrant qui l’accompagnait.

La jurisprudence européenne est claire : l’absence d’intérêt public manifeste rend ce type de publication disproportionnée et attentatoire à la réputation.

Une fracture irréversible

En choisissant de publier la convocation d’Ionela sous le titre provocateur « Grandeur et décadence », la Grande Loge Féminine de Roumanie a franchi une limite : celle qui sépare la justice fraternelle du procès médiatique humiliant.

Cette atteinte à l’image d’une sœur dépasse le cadre du droit maçonnique : elle s’inscrit dans une logique de discrédit public, contraire tant à l’éthique de l’Ordre qu’aux droits fondamentaux de la personne. Ionela devient, malgré elle, le symbole d’une dérive où l’amour fraternel, au lieu d’être protégé, est ouvertement tourné en dérision.

14 Commentaires

  1. Le terme « grand maître ad vital » est une sorte d’imposition contre toute nature maçonnique, qui bannit les tyrannies, les dictatures et toute forme de gouvernement totalitaire. Le cas de Sœur Ionela en est la preuve irréfutable, conséquence de l’accumulation de pseudo-pouvoirs par ceux qui croient que si les choses ne sont pas conformes aux exigences du grand maître ad vital, elles ne sont ni réelles, ni légales, ni morales. D’un point de vue maçonnique, l’un des cinq points de perfection a été violé, protégeant la réputation du frère, aussi bien en présence qu’en absence. Mais il semble que pour un grand maître ad vital, cette norme universelle ne soit pas valable. Sur le plan juridique, de nombreux commentaires ont déjà été formulés, et je pense qu’ils ont parfaitement raison. Il est temps que la raison l’emporte sur la tyrannie, l’ignorance et le fanatisme. Ne nous laissons plus envoûter par le chant des sirènes. Et pour conclure, Sœur IONELA CUCIUREANU, avancez, vous êtes le symbole de la liberté, résistant stoïquement aux attaques de l’ignorance, du fanatisme et de la tyrannie. Longue vie et sagesse pour la vivre.

    **************************

    El término gran maestro ad vital es algo de imposición contra toda naturaleza masónica que destierra las tiranías dictaduras y toda forma de gobierno totalitario y el caso de la hermana ionela es prueba fiel una consecuencia de la acumulación de pseudo poder por parte de quien cree que si las cosas no son como la gran maestra ad citan lo dicta no son reales legales ni morales……. Hablando masonicamente se rompió uno de los 5 puntos de la perfección proteger la reputación del hermano tanto en ausencia como en presencia ….. Pero al parecer para un gran maestro ad vitam está norma universal no califica…,. De la parte legal muchos ya comentaron y creo pienso y siento que tienen toda la razón ya es el momento que la razón se imponga a la tiranía la ignorancia y el fanatismo ya no nos dejemos encantar por cantos de sirenas y para termina hermana IONELA CUCIUREANU siga adelante vos sois el símbolo de la libertad resistiendo estoicamente los ataques del lado de la ignorancia el fanatismo y la tiranía larga vida y sabiduría para vivirla.

  2. C’est incroyable… Elles continuent en publiant un communiqué honteux, se disculpant et justifiant que la Sœur est une « personnalité publique maçonnique ».
    Je fais moi-même partie d’une obédience féminine, et une telle chose serait absolument inimaginable. Que faut-il attendre maintenant ? Une exécution sur le bûcher, façon Jeanne d’Arc ?
    C’est triste… et cela projette une image sombre sur les obédiences féminines. Il aurait fallu que les autres obédiences féminines d’Europe prennent la parole et se démarquent de ce genre de pratiques.

  3. Malheureusement, le comportement de l’autoproclamée Grande Maîtresse ad vitam n’a rien de maçonnique. Il existe, au sein de la GLFR, des Sœurs très capables et de grande valeur qui, pour avoir eu le courage de la confronter, subissent aujourd’hui une campagne de persécution odieuse, assortie d’insultes et marquée par un style vulgaire et agressif. Face à une telle attitude, nous ne pouvons plus la considérer comme une Maçonne : la Maçonnerie a perdu une Sœur, et les ténèbres ont repris un profane. Gémissons, gémissons, gémissons, mais espérons que les Sœurs, avec courage et bonne volonté, sauront retrouver leur chemin et vivre la véritable Maçonnerie, sans dictature, sans vulgarité et sans pression.

  4. Dans cette affaire regrettable, où se trouvent bafouées les plus hautes essences de la Tradition maçonnique, il semble qu’on ait cherché à porter atteinte à la Sœur Ionela, non seulement sur le plan personnel, mais encore à susciter un « vacarme médiatique de scandale » destiné à pousser le CLIPSAS à intervenir, « sous le prétexte d’éviter un nouveau tumulte », et ainsi à priver la Sœur de l’office qu’elle a si dignement conquis. Une telle manœuvre, qui n’est rien moins qu’un coup de maître dans l’art de l’intrigue, ne peut porter la signature que de personnes aux mœurs douteuses, indignes de se dire maçons. C’est là une entreprise qui dépasse de beaucoup la simple calomnie individuelle, pour atteindre aux fondements mêmes de la fraternité.

  5. Le comportement qui enfreint toutes les règles de l’éthique maçonnique n’est pas nouveau : la GLFR se distingue et excelle en ce sens. Et je dis GLFR alors que je devrais nommer la seule personne qui la dirige depuis toujours. Je ne comprends pas comment tant d’obédiences entretiennent encore des relations diplomatiques et des traités en vigueur.

    • Ce commentaire reflète malheureusement la réalité actuelle au sein du GLFR. Un tel comportement, contraire à l’éthique et aux principes maçonniques, ne peut que nous attrister profondément. Plus que jamais, nos SS du GLFR ont besoin du soutien fraternel des FF et SS des Obédiences à l’étranger.

  6. Malheureusement, tout le monde sait très bien que la GLFR est dirigée par Anca Nicolescu à travers la manipulation, le mensonge et la terreur. Conflits, haine, discrimination, homophobie, dérive sectaire et toxicité ne sont que quelques-uns des traits qui caractérisent sa manière d’agir. Le jour où ce personnage odieux disparaîtra, la GLFR n’aura que deux options : soit se réformer radicalement, soit disparaître. Espérons que les Sœurs auront le courage de choisir la réforme.

  7. Depuis plusieurs années, le nom d’Anca Nicolescu et celui de la Grande Loge Féminine de Roumanie (GLFR) circulent dans les couloirs discrets de la franc-maçonnerie européenne, mais rarement pour des raisons flatteuses. Accusée par ses détracteurs d’opacité, de manipulations et de pratiques douteuses, cette obédience a fini par s’isoler sur la scène internationale.

    Ni le Grand Orient de France (GODF), ni la Grande Loge Féminine de France (GLFF) ne lui accordent désormais reconnaissance. En cause, une série d’incidents et de comportements qui, selon plusieurs observateurs, auraient durablement terni son image. « Ce n’est pas une surprise si plus personne ne les invite en Europe », glisse un haut dignitaire français sous couvert d’anonymat.

    La controverse ne s’arrête pas là. La GLFR revendique depuis des années un effectif de 1 350 sœurs, un chiffre destiné à peser lourd dans les votes d’instances internationales. Or, d’après plusieurs sources, la réalité serait toute autre : à peine une centaine de membres actifs. Les photographies publiées lors de leurs activités, où l’on aperçoit des rangs clairsemés, semblent accréditer cette thèse.

    Leur véritable espace d’influence se situe aujourd’hui au sein du CLIPSAS, organisation internationale maçonnique, où leur proximité avec l’actuel président Louis Daly leur assure encore un certain poids politique.

    Dans ce contexte, certains, à l’instar d’Ionela, jeune figure montante tombée dans ce qu’on décrit comme une « maçonnerie corrompue », se retrouvent piégés. Car toute voix qui tente de dénoncer ces pratiques se heurte rapidement à des représailles : contre-attaques, pressions, et marginalisation.

    Le dossier, encore largement étouffé dans les milieux officiels, ne cesse pourtant de susciter des remous. Et la question reste posée : jusqu’à quand cette situation pourra-t-elle durer ?

  8. On ne peut que déplorer le comportement inique et manipulateur de haute volée de la Madelon qui tire les ficelles de ce castelet dénommé à tort Obédience féminine ainsi que de son Guignol qui polluent depuis plus de 20 ans de nombreux chantiers. Trafiquer l’histoire en créant de toutes pièces des racines remontant à 1922 dans le seul dessein de voler la primauté à la GLFF, des obédiences, et non des moindres, ont dénoncé les traités d’amitié et ont ainsi ramené cette pseudo obédience à sa réelle place de boutique.
    Nous sommes un groupe de sœurs fortement déçues de cette tragi-comédie ; la franc-maçonnerie féminine roumaine ne mérite pas qu’elle soit observée sous un angle de one-woman show voulant jouer dans la cour des grands et distribuant ses oukases à tour de bras.
    Quelle honte !!!
    Surori dezamăgite

  9. Vous en dites trop ou trop peu….
    Que reproche t-on à cette personne?
    Cette notion manque pour envisager la moindre compréhension de ces faits.

  10. C’est assez regrettable et déplorable qu’une simple convocation soit muée en verdict populaire, jettant l’opprobre sur l’image d’une sœur dont les états de services sont irréprochables.
    D’autant plus regrettable que l’image même de L’institution Maçonnique s’en trouve écornée,ternie par une procédure déloyale et en déphasage avec la réglementation qui régit L’institution Maçonnique en général qui se veut discrète.
    Quelque fut le chef d’accusation; quel acharnement ! quelle volonté de nuisance !

    Cet acte est absurde et passible d’une condamnation à des fins de réparation.

  11. Elle peut se retourner juridiquement contre cette obédience pour parution de sa convocation sur le réseau facebook, compte tenu que cela devait rester en interne…
    Cette méthode n’a rien de maçonnique…en plus son appartenance est de ce fait dévoilée, ce qui est inadmissible!

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