Jean-Luc Mélenchon, figure emblématique de la gauche française et leader de La France insoumise (LFI), a longtemps été perçu comme un homme dont les idées résonnaient avec les valeurs humanistes et universalistes du Grand Orient de France (GODF), l’une des principales obédiences maçonniques. Initié dans les années 1980, son parcours maçonnique initial semblait refléter une quête de justice sociale, de laïcité et de progrès, des piliers partagés avec la franc-maçonnerie.
Cependant, son virage radical depuis les années 2010, marqué par un discours plus populiste et clivant, l’a éloigné de ces idéaux, suscitant des interrogations sur les motivations profondes d’un homme qui se présente comme l’incarnation de la République. Cet article retrace son cheminement, analyse les convergences passées avec le GODF, et explore les raisons possibles de cette rupture.
Les racines maçonniques de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon est initié à la franc-maçonnerie dans les années 1980, au sein du GODF, obédience connue pour son engagement laïc et républicain. À cette époque, il est membre du Parti socialiste (PS), où il gravit les échelons sous la tutelle de figures comme François Mitterrand. Sa fréquentation des loges coïncide avec une période où la franc-maçonnerie attire des intellectuels et des politiques cherchant à allier réflexion philosophique et action sociale. Selon des témoignages d’anciens frères, Mélenchon aurait été actif dans des loges parisiennes, participant à des travaux sur la justice sociale, l’éducation et la laïcité, des thèmes centraux au GODF.
Sa page Wikipedia nous informe : il intègre la loge franc-maçonne Roger Leray du Grand Orient de France (GODF) où il a comme thèmes de prédilection l’idéal républicain et la défense de la laïcité[AA 5]. Outre cette filiation politique, il trouve dans la franc-maçonnerie une filiation personnelle, son père et son grand-père étant eux-mêmes maçons[AA 6]. En 1984, lors des débats relatifs à la loi Savary, il reproche au GODF de ne pas s’engager pleinement dans la bataille en faveur de l’unification des enseignements public et privé au sein d’un grand service public de l’Éducation nationale[AA 7]. Amer, il reste franc-maçon mais de manière peu assidue, sans s’impliquer fortement dans les affaires internes du GODF et refusant de participer aux « fraternelles parlementaires » qu’il dénonce comme étant de son point de vue une « déviance grave, un attentat contre la République »[AA 8]. En octobre 2018, Jean-Luc Mélenchon fait l’objet d’une demande de suspension temporaire par le conseil de l’Ordre du GODF à la suite de son comportement lors des perquisitions menées à son domicile parisien et dans les locaux de La France insoumise[32]. Jean-Luc Mélenchon quitte sa loge maçonnique au printemps 2020, à la suite des accusations de communautarisme qu’il a portées contre le CRIF[33].
Son initiation reflète une sensibilité aux idéaux maçonniques : la recherche de l’émancipation individuelle et collective, la défense d’une République universelle, et l’usage de la raison pour éclairer les consciences. Ces valeurs s’alignent avec celles défendues par des Grands Maîtres comme Jean-Michel Quillardet et Christophe Habas, qui ont marqué le GODF par leur engagement sociétal. Mélenchon, alors sénateur de l’Essonne (1986-2000) et ministre délégué à l’Enseignement professionnel (2000-2002), semblait incarner cette synthèse entre politique institutionnelle et réflexion initiatique.
Convergences avec les valeurs du GODF

Durant ses années au PS et dans les loges, Mélenchon partage plusieurs points communs avec la philosophie du GODF :
- Laïcité émancipatrice : Il défend une laïcité stricte, héritée des Lumières, comme un rempart contre les intégrismes, un principe cher au GODF.
- Justice sociale : Sa lutte contre les inégalités sociales et son soutien aux classes populaires résonnent avec l’idéal maçonnique d’une société fraternelle.
- République universelle : Son discours sur une République inclusive, débarrassée des discriminations, s’inspire des idéaux humanistes promus par l’obédience.
- Critique du néolibéralisme : Sa critique précoce du capitalisme sauvage trouve un écho dans les réflexions maçonniques sur une économie au service de l’homme.
Ces convergences sont particulièrement visibles dans sa participation à des débats internes au GODF, où il aurait plaidé pour une franc-maçonnerie engagée dans les luttes sociales, à l’image de l’héritage des Lumières. Cependant, son départ du PS en 2008 pour fonder le Parti de gauche (PG), puis LFI en 2016, marque le début d’une divergence.
Le virage radical : Un éloignement des idéaux maçonniques
Depuis la création de LFI, Mélenchon adopte une posture plus radicale, marquée par un discours populiste et clivant. Plusieurs éléments expliquent cet éloignement des valeurs maçonniques :
- Populisme et personnalisation : Contrairement à la démarche collective et discrète de la franc-maçonnerie, Mélenchon se positionne comme un leader charismatique, s’incarnant lui-même comme la République. Cette personnalisation contraste avec l’humilité et l’anonymat prônés en loge.
- Discours clivant : Ses attaques contre l’Union européenne, les élites et parfois les institutions républicaines (ex. : critiques de la justice lors des perquisitions de 2018) s’éloignent de l’universalisme maçonnique, qui privilégie le dialogue et la concorde.
- Rejet de la nuance : Le GODF valorise la réflexion critique et nuancée, tandis que Mélenchon adopte un langage binaire (peuple contre oligarchie), incompatible avec la méthode initiatique.
- Instrumentalisation politique : Son utilisation de thématiques comme l’immigration ou la souveraineté nationale, parfois ambiguës, heurte les principes d’égalité absolue et de non-discrimination défendus par le GODF.
Ce virage s’accentue après 2017, avec des campagnes électorales où il mobilise une base électorale sur des slogans comme « l’avenir en commun », mais sans la rigueur philosophique des travaux maçonniques. Son retrait des loges refléte cette incompatibilité, bien que des sources internes suggèrent qu’il aurait quitté la maçonnerie de son propre chef avant cette rupture.
Que se passe-t-il dans la tête de Mélenchon ?

Plusieurs hypothèses psychologiques et stratégiques peuvent éclairer cette évolution :
- Ambition politique : Face à l’échec du PS et à la fragmentation de la gauche, Mélenchon a peut-être choisi une stratégie radicale pour se démarquer, sacrifiant ses liens maçonniques pour un public plus large.
- Frustration idéologique : Sa déception face à l’immobilisme du PS et du GODF face aux crises (crise de 2008, montée des populismes) pourrait l’avoir poussé à adopter une posture plus directe, quitte à abandonner la subtilité maçonnique.
- Vision messianique : Se voyant comme le sauveur de la République, il pourrait percevoir les loges comme un frein à son action, préférant une légitimité populaire à une autorité initiatique.
- Contexte sociétal : La montée des tensions sociales (gilets jaunes, crise écologique) a pu amplifier son discours, le détournant d’une approche réfléchie vers une rhétorique d’urgence.
Analyse : Une rupture idéologique et stratégique

L’éloignement de Mélenchon des idéaux maçonniques ne semble pas seulement personnel, mais aussi stratégique. Alors que le GODF, prône une franc-maçonnerie d’engagement mais ancrée dans la réflexion et la discrétion, Mélenchon opte pour une visibilité médiatique et une radicalité qui le placent en opposition avec cette méthode. Sa vision d’une République qu’il incarne personnellement contraste avec l’idéal maçonnique d’une République collective, construite par des esprits éclairés.
Un héritage perdu ?
Jean-Luc Mélenchon a puisé dans les valeurs maçonniques une inspiration initiale, mais son virage radical depuis 2010 l’a conduit à s’en éloigner, privilégiant une approche populiste et individualiste. Ce cheminement reflète peut-être une adaptation aux exigences d’une époque troublée, mais il soulève des questions sur la compatibilité entre ses ambitions politiques et l’éthique initiatique. Pour le GODF, cet éloignement illustre les défis d’une obédience face à des figures qui, après avoir été influencées par ses idéaux, choisissent des voies divergentes. L’avenir dira si Mélenchon reviendra à une réflexion plus en phase avec ses racines maçonniques ou s’il poursuivra sa quête solitaire de la République.
Si ce que montre publiquement monsieur Melanchon représente les idéaux du GODF, je suis bien content d’être à la GLDF.
Nos idéaux maçonniques nous enjoignent de respecter la République et la loi.
Article assez indigent tissé de psittacismes médiatiques.
L’idéal humaniste originel est bien en phase avec celui de notre frère Jean-Luc.
A qui voudrais-tu essayer de plaite avec une telle diabolisation?