jeu 21 août 2025 - 17:08

Pour réconcilier le rituel maçonnique avec une pensée moderne

Fondamentalement le rituel maçonnique initial, inspiré des anciennes traditions, se fonde sur la symbolique de la mort et de la réincarnation. Nous mourrons deux fois symboliquement. Une première fois c’est la mort au monde profane ; la deuxième fois c’est la mort de l’initié sous les coups des « mauvais » compagnons qui sont en fait ceux qui vont permettre la réincarnation. Comme d’habitude le rituel nous tend des pièges dans lesquels les ignorants vont tomber.

Ensuite, par la réincarnation, nous devenons un autre être qui n’a plus de limite temporelle

Contrairement à la réincarnation vécue dans le bouddhisme, la réincarnation maçonnique nous élève et nous projette dans un monde de perfection. Théoriquement, une fois le processus réalisé et effectué, nous somme autre chose et le rituel n’a plus d’intérêt.

Cette compréhension du rituel maçonnique explique l’originalité de notre démarche et la difficulté que l’on peut avoir à la vivre. Dans un monde rationnel, la mort signifie la fin et le néant. Les catholiques vivent la résurrection du Christ comme une espérance pour eux-mêmes.

La réincarnation maçonnique a un effet immédiat. Lorsque le processus s’est réalisé l’initié est sur la voie. Il n’a besoin de personne car il sait.

Le seul problème provient du respect du rituel. Si le rituel n’est pas respecté, il ne se passera rien. En revanche, si le rituel est suivi à la lettre, c’est le merveilleux qui se manifeste ! La première condition c’est naturellement la préparation du candidat (de la candidate).

L’ordre social disparaît, les valeurs sociétales n’ont plus d’intérêt, notre destin nous oriente sur un autre chemin : nous sommes destinés à vivre l’éternel.

Vivre c’est attendre la mort. La mort, si le rituel est bien appliqué, s’avère salvatrice. J’imagine certains d’entre vous s’exclamer « Mais qui peut croire ces fadaises » « Encore un délirant mystique »

Effectivement, cela peut sembler incroyable et pourtant c’est le sens profond du rituel maçonnique initial avant qu’il n’ait dérivé vers une fausse ressemblance avec l’aventure christique.

La perte de sens que l’on a pu observer explique le mal être ressenti par nombre de maçonnes et de maçons devant les chamailleries entre les soi-disant dynamiques symbolique et sociale.

Faux problème que tout cela.

A la vérité le contenu symbolique des deux morts suivies par une réincarnation donne un véritable sens au processus initiatique. Non pas un sens à l’eau de rose tel qu’on peut l’entendre. Le sens de la libération pour vivre l’essentiel.

Le changement peut devenir une réalité qui éblouit. Tout s’arrête et l’être nouveau apparaît. Au diable, les contingences matérielles, l’être nouveau n’a pas besoin de convaincre, il est. C’est cette potentialité explosive de l’initiation maçonnique qui a fait peur à tous les potentats de dogmes transformant les candidats en esclaves.

Le côté extraordinaire de cette réflexion, c’est son adéquation avec une pensée moderne qui rejette les faux semblants d’une société industrielle sans âme.

Le philosophe Alain aborde ce sujet à sa manière mais il me semble intéressant de le citer :

« L’homme est courageux ; non pas à l’occasion, mais essentiellement. Agir c’est oser. Penser c’est oser. Le risque est partout ; cela n’effraie point l’hom­me. Vous le voyez chercher la mort et la défier ; mais il ne sait point l’attendre. Tous ceux qui sont inoccupés sont assez guerriers par l’impatience. Ce n’est pas qu’ils veuillent mourir, mais c’est plutôt qu’ils veulent vivre. Et la vraie cause de la guerre est certainement l’ennui d’un petit nombre, qui voudraient des risques bien clairs, et même cherchés et définis, comme aux cartes. Et ce n’est point par hasard que ceux qui travaillent de leurs mains sont pacifiques ; c’est qu’aussi ils sont victorieux d’instant en instant. Leur propre durée est pleine et affirmative. Ils ne cessent pas de vaincre la mort, et telle est la vraie manière d’y penser. Ce qui occupe le soldat, ce n’est pas cette condi­tion abstraite d’être sujet à la mort, mais c’est tel danger et puis tel autre. II se pourrait bien que la guerre fût le seul remède à la théologie dialectique. Tous ces mangeurs d’ombres finissent toujours par nous conduire à la guerre, parce qu’il n’y a au monde que le danger réel qui guérisse de la peur. »

Sources : Propos sur le bonheur, 1928, XV « Sur la mort » 

2 Commentaires

  1. joli article mais je lui reprocherais une seule chose. dévoiler au AppApp ce qui va se passer et c’est dommage car sans parler de secret maçonnique, cela gâche la surprise. d’autant plus que la plupart d’entre nous, aime chercher ce qu’il/elle ne comprends pas 😉

    • Tu as raison mon frère mais comme cela a été dit souvent, tant de choses ont été écrites ! Je te remercie pour ton appréciation ! Fraternité !

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Alain Bréant
Alain Bréant
Médecin généraliste, orientation homéopathie acupuncture initié en 1979 dans la loge "La Voie Initiatique Universelle", à l'orient d'Orléans, du GODF Actuellement membre d'une loge du GODF à l'orient de Vichy Auteur sous le pseudonyme de Matéo Simoita de : - "L'idéal maçonnique revisité - 1717- 2017" - Editions de l'oiseau - 2017 - "La loge maçonnique" - avec la participation de YaKaYaKa, dessinateur - Editions Hermésia - 2018 - "Emotions maçonniques " - Poèmes maçonniques à l'aune du Yi King - Editions Edilivre - 2021

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