mar 19 août 2025 - 21:08

La pierre du maçon : outil, miroir et destin

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Que fait un maçon avec une pierre ?

Une question apparemment simple, mais capable d’ouvrir les portes du Temple intérieur. Ce n’est pas seulement un symbole, ni une allégorie : c’est une réalité vivante du voyage initiatique. Dans les mythes, les traditions et les rituels, il est toujours là : matière informe à sculpter, obstacle à surmonter, fondation sur laquelle construire. C’est l’objet que l’on tient dans la main au début de son voyage et que l’on continue à peaufiner tout au long de son Œuvre.

Saxa loquuntur.

Les pierres parlent.

Pierre Cubique à Pointe

Et si l’on écoute attentivement, chacun nous interroge avant même que nous commencions à l’analyser grossièrement. Lorsqu’il s’agit d’un moyen, le Maçon qui entre dans le Temple trouve sa pierre à tailler. C’est la matière première, l’ego indompté, la somme des imperfections, des passions et des illusions à transformer. En ce sens, il sert à reconnaître ses propres limites, à transformer le profane en initié.

Dans ce cas, il est accueilli avec humilité, car le Frère sait qu’il n’est pas là pour juger les autres, mais pour s’améliorer. Il utilise le ciseau de l’introspection, le maillet de la volonté, l’équerre de la rectitude. Dans ce geste silencieux, jour après jour, il se renouvelle.

Ce n’est qu’une fois la pierre intérieure polie que la Lumière peut émerger. C’est pourquoi le travail sur soi est la véritable pierre angulaire de l’initiation. Mais le symbole peut être corrompu et le franc-maçon peut s’égarer. Quand la pierre devient une fin, quelque chose a mal tourné. Certains l’érigent en trophée, l’exhibent comme preuve de supériorité, la brandissent pour juger les progrès des autres.

Dans ce cas, ce n’est plus un outil de croissance, mais un objet de fierté. Il n’y a plus d’initiation, seulement une apparence. Le Temple se vide, l’équerre se courbe, le compas se ferme. Celui qui l’utilise pour construire un piédestal personnel a oublié que le franc-maçon ne procède pas pour lui-même, mais pour l’Humanité.

Non sibi, sed omnibus.

Pas pour lui-même, mais pour tout le monde.

Marteau, ciseau, Pierre
Marteau, ciseau, Pierre

Lorsqu’un franc-maçon jette une pierre, celle-ci peut aussi devenir une arme. Cela se produit lorsque nous oublions le devoir de silence, de discrétion et de tolérance, et que nous l’utilisons pour juger, diviser et frapper au lieu de comprendre.

Celui qui le jette a cessé de travailler sur lui-même et a commencé à « redresser » les autres. Il a oublié que la véritable construction n’est pas extérieure, mais intérieure. Il a perdu le sens des responsabilités. Pourtant, dans chaque loge, le risque existe que des pierres se transforment en projectiles. Cela se produit lorsque le rituel est confondu avec le pouvoir, le symbole avec le statut , le Temple avec une scène.

Il y a ensuite le franc-maçon qui l’évite, non par lâcheté, mais parce qu’il ne répond pas au jet par un autre. Il l’évite avec la force de la patience, la force d’un engagement constant, un silence plus éloquent que mille mots, car il sait que « œil pour œil » rend le Temple aveugle.

Dans le silence et l’espérance sera ta force .
Ésaïe 30:15

Tailleurs de pierres
Tailleurs de pierres

Le Maçon qui évite la pierre est celui qui a déjà passé l’initiation apparente. Il est celui qui sait que le plus difficile est de ne pas réagir comme prévu. Il est le Frère qui construit tandis que d’autres détruisent.

La pierre est donc tout.
C’est le début et la fin.
C’est le fardeau et le fondement.
C’est l’obstacle et l’opportunité.

Sur le chemin initiatique, on ne cesse de la rencontrer. On la trouve sur son chemin, dans ses défauts, dans les paroles d’un Frère, dans ses déceptions. Parfois elle nous entrave, parfois elle nous façonne. Mais rappelez-vous toujours : on n’est pas maçon parce qu’on possède une pierre, mais parce qu’on sait la façonner.

Et quand quelqu’un vous montre sa pierre comme une arme, offrez-lui la vôtre comme fondation pour construire ensemble. Car, après tout, c’est ainsi que se construit le Temple Universel : une pierre après l’autre, un Frère à côté d’un autre.

Le Temple est construit pierre par pierre, mais la Fraternité est fondée cœur par cœur.

Et toi, Frère : que fais-tu de ta pierre ?
Est-ce que tu le ponces ou tu le jettes ?
Est-ce que vous l’aimez ou est-ce que vous le dépassez ?
Car il ne suffit pas de l’avoir reçu. Il faut en avoir compris le sens.
Et là, vraiment, l’Opéra commence.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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