Tout commence en juillet 2020, lorsqu’un riverain signale la présence suspecte d’une Renault Clio noire dans une ruelle de Créteil (Val-de-Marne). À l’intérieur, deux hommes armés — des militaires affectés à la DGSE — sont interceptés : il s’agit de leurs mandataires, chargés de ce qui semble être un contrat d’assassinat. Cette arrestation fortuite lance l’enquête sur un réseau criminel complexe.
Acteurs clés : la loge Athanor au cœur du réseau
Au centre de cette affaire se trouve la loge maçonnique Athanor, basée à Neuilly-sur-Seine, affiliée à l’obédience Grande Loge de l’Alliance maçonnique française (GL-AMF). Deux membres influents de cette loge, Frédéric Vaglio (ancien journaliste devenu dirigeant d’une société de sécurité privée) et Daniel Beaulieu (ancien de la DCRI/DGSI), formaient un duo central. Vaglio jouait le rôle de « commercial » tandis que Beaulieu assurait l’aspect « opérationnel » des contrats.
Les exécutants : DGSE et intermédiaires
Les contrats étaient exécutés par :
- Deux agents de la DGSE affectés à la surveillance d’un camp (Loiret), identifiés sous les pseudonymes Adelar et Dagomar. Ils n’appartiennent pas au service action, mais sont des gardiens reconvertis.
- Un intermédiaire déclaré, Sébastien Leroy, exécuteur principal sous les ordres du duo de la loge.
- Plusieurs autres agents ou ex-agents des renseignements (DGSE, DGSI), des policiers, et des prestataires variés (armes, fichiers, faux papiers…).
Les crimes, contrats et cibles
Les enquêteurs ont identifié au moins sept “contrats” criminels planifiés par la cellule Athanor : allant de la simple surveillance à l’agression physique, voire à l’assassinat.
Victimes et projets identifiés :
- Laurent Pasquali, pilote de rallye, tué fin 2018, et enterré en forêt (Haute-Loire) pour une dette d’argent.
- Marie-Hélène Dini, coach en entreprise, victime d’un projet d’assassinat maquillé en mission d’État ; elle a échappé de peu à la tentative.
- Un syndicaliste de la CGT de l’Ain, jugé gênant, visé par un contrat.
- Un maire du Val-de-Marne, dont l’assassinat devait être maquillé en accident.
- Également, d’autres cibles, comme des concurrents professionnels et des personnalités politiques.
Enquête, mise en examen et jugement
- L’enquête, débutée en juillet 2020, a abouti à la mise en examen de 23 personnes — hommes et femmes, âgés de 28 à 72 ans — pour leur implication dans cette cellule criminelle.
- Le parquet de Paris a requis le renvoi aux assises pour 22 des mis en cause.
Réactions des obédiences maçonniques
- La Grande Loge nationale française a précisé que certains suspects y figuraient entre 2009 et 2012 sans avoir occupé de fonctions importantes, exprimant son indignation face à ces agissements.
- Le Grand Orient de France a réaffirmé qu’il n’avait aucun lien avec la loge Athanor, tout en soulignant le respect de la présomption d’innocence et en dénonçant la stigmatisation de la franc-maçonnerie.
- La GL-AMF, obédience d’Athanor, a annoncé la fermeture de la loge en février 2021 et la suspension des membres mis en cause jusqu’à la fin de l’enquête.
Témoignages et confidences
Un des exécutants, Sébastien L., a décrit le déroulé de l’une des agressions (probablement contre Dini) :
« Daniel m’a remis ce contrat… je me suis habillé en livreur de pizza… j’ai agressé Madame Dini… » Reddit
D’autres récits évoquent des échanges codés entre frères de la loge, y compris des agents de la DGSE, partageant des informations confidentielles.
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