Plongeons dans l’univers captivant de « La Formation des Légendes » d’Arnold Van Gennep, un chef-d’œuvre ethnologique publié en 1929 par Ernest Flammarion. Ce livre, fruit de l’esprit brillant d’un pionnier de l’ethnographie et du folklore français, explore les origines, les transformations et les significations profondes des légendes à travers les cultures du globe. Disponible aujourd’hui grâce à l’initiative altruiste des Classiques des sciences sociales, cette œuvre de 326 pages, numérisée par Diane Brunet en 2013, offre une richesse intemporelle.
Mais au-delà de son analyse scientifique, elle tisse des liens subtils avec la franc-maçonnerie, où les légendes et les rituels jouent un rôle central. Cet article vous entraîne dans une odyssée fascinante, révélant comment les idées de Van Gennep éclairent les mystères des loges et leur quête de vérité.
Arnold Van Gennep : un éthnologue visionnaire

Né en 1873 et décédé en 1957, Arnold Van Gennep fut un esprit curieux et érudit, titulaire d’un doctorat ès lettres et lauréat de l’Institut. Ethnologue et folkloriste de renom, il a marqué la science sociale avec des ouvrages comme Les Rites de Passage (1909), où il conceptualisa les phases universelles d’initiation – séparation, marge, agrégation. Dans La Formation des Légendes, il se penche sur la genèse des récits mythiques, analysant comment ils émergent des croyances, des traditions orales et des transformations culturelles. Ce travail, publié dans la collection Bibliothèque de philosophie contemporaine, reflète sa passion pour décoder les symboles et les récits qui façonnent l’identité humaine.
Numérisé avec soin par Diane Brunet, bénévole au Musée de La Pulperie à Chicoutimi, ce texte est accessible sur Classiques.uqac.ca, une initiative de Jean-Marie Tremblay. Cette préservation numérique rend hommage à Van Gennep, dont les idées continuent d’inspirer des disciplines variées, de l’anthropologie à la philosophie maçonnique.
Une exploration des légendes : du mythe à la réalité

Dans La Formation des Légendes, Van Gennep dissèque la manière dont les récits légendaires naissent et évoluent. Il examine des figures comme Noé (page 293), Ulysse (page 145), ou encore Roland (page 173), montrant comment ces héros traversent les cultures et les époques, enrichis par des apports locaux. Il identifie trois mécanismes clés : la transmission orale, l’adaptation aux contextes sociaux, et la cristallisation en symboles durables. Par exemple, il note que les légendes des Sibériens (pages 171-177) ou des Océaniens (page 291) reflètent des rites de passage similaires à ceux qu’il avait étudiés, suggérant une universalité des expériences humaines.
Ce voyage à travers les continents – de l’Australie (page 6) aux Slaves du Sud (page 213) – révèle une tapisserie de récits où chaque fil raconte une quête spirituelle ou morale. Van Gennep ne se contente pas de cataloguer ; il interroge la fonction des légendes comme miroirs des aspirations et des peurs collectives, une approche qui résonne avec la méthode symbolique de la franc-maçonnerie.
Liens avec la Franc-maçonnerie : des légendes comme rituel initiatique

La franc-maçonnerie, art de la mémoire et de la transmission, trouve dans La Formation des Légendes une source d’inspiration inattendue. Les loges s’appuient sur des récits mythiques – Hiram Abiff, Salomon, Noé – pour structurer leurs rituels et enseigner des valeurs morales. Van Gennep, en étudiant la dynamique des légendes, offre une clé pour comprendre ces récits comme des outils d’initiation. Par exemple, son analyse de Noé (page 293), figure associée aux Noachites en maçonnerie, éclaire le symbolisme du déluge comme une purification spirituelle, un thème central dans les grades symboliques.

De plus, les Rites de Passage de Van Gennep – séparation, marge, agrégation – trouvent un écho direct dans les cérémonies maçonniques. L’initiation, avec sa phase de retrait (séparation), ses épreuves (marge), et son intégration dans la fraternité (agrégation), suit ce schéma universel. Les légendes étudiées par Van Gennep, comme celle d’Orphée (page 122) ou de Perceval (page 250), reflètent ces étapes, offrant aux maçons un cadre pour interpréter leurs propres mythes. Ainsi, la loge devient un espace où les légendes, loin d’être de simples contes, se transforment en vecteurs de transformation intérieure.
Une méthode scientifique au service de la sagesse

Van Gennep adopte une approche comparative, croisant les récits de cultures diverses – Persans (page 123), Nègres (page 203), Scandinaves (page 244) – pour dégager des schémas communs. Cette rigueur scientifique rappelle la quête maçonnique de vérité à travers la raison et l’observation. Dans les pages 280-289, il cite Axel Olrik et ses lois de la narration folklorique, une méthodologie qui pourrait inspirer les baldosages maçonniques, où chaque symbole est analysé pour révéler une leçon universelle.
De plus, son refus de se limiter aux interprétations religieuses (page 275) fait écho à la laïcité maçonnique, qui cherche une vérité philosophique au-delà des dogmes. Les références à des figures comme Voltaire (page 236) ou Rousseau (page 4), penseurs admirés dans les loges, renforcent ce pont entre ethnologie et maçonnerie, où la liberté de pensée prime.
Un appel à la modernité maçonnique

En 2025, alors que la franc-maçonnerie fait face à des défis – déclin des effectifs, critiques d’immobilisme – La Formation des Légendes offre une leçon précieuse. Van Gennep montre que les légendes évoluent avec leur époque, s’adaptant aux besoins sociaux. Les loges pourraient s’en inspirer pour réinventer leurs rituels, intégrant des récits contemporains ou des arts modernes, comme le suggère le renouveau des salons maçonniques avec des performances artistiques.
Une odyssée intemporelle
La Formation des Légendes est bien plus qu’un traité ethnologique ; c’est une invitation à explorer les racines de l’âme humaine, un miroir où la franc-maçonnerie peut se reconnaître. Sous ce ciel d’août, alors que les étoiles guident les initiés, les idées de Van Gennep nous rappellent que les légendes, comme les loges, vivent par leur capacité à se transformer.
Que cette œuvre inspire les maçons à préserver leur héritage tout en osant un renouveau audacieux, pour que la lumière des mythes continue d’illuminer le chemin de la fraternité !
Il est regrettable de voir un texte qui se veut érudit et inspirant sur l’œuvre d’Arnold van Gennep, né Arnold Kurr (1873 – 1957), entaché d’erreurs factuelles basiques, révélatrices d’une approche dilettante plutôt que rigoureuse.
Affirmer que « La Formation des Légendes » a été publié en 1929 relève d’une confusion évidente avec une réédition ultérieure, alors que l’édition originale remonte à 1910, chez Flammarion, dans la collection Bibliothèque de philosophie scientifique – et non contemporaine, comme indiqué par méprise.
Cette collection emblématique, dirigée initialement par le polygraphe Gustave Le Bon (1841 – 1931) et comptant des auteurs prestigieux comme le mathématicien, physicien, ingénieur et philosophe des sciences Henri Poincaré (1854 – 1912), visait à rendre accessible la science et la philosophie au grand public, avec plus de 360 titres publiés entre 1902 et 1961. Ignorer ces détails précis dénote un manque de recherche approfondie, typique d’un amateur passionné mais imprécis.
Au-delà de ces inexactitudes bibliographiques, l’insistance à tisser des liens forcés entre l’analyse ethnologique de Van Gennep et la Franc-Maçonnerie paraît plus spéculative que fondée.
Les références à des figures comme Noé ou Hiram Abiff, ou aux rites de passage, sont étirées pour coller à une interprétation maçonnique, sans appui solide dans l’œuvre originale, qui se concentre sur la genèse culturelle des légendes sans viser une telle application ésotérique.
Cela transforme un traité scientifique en un prétexte pour des divagations personnelles, diluant la valeur intemporelle de Van Gennep au profit d’une quête de « mystères » qui frise le sensationnalisme.
Un tel article, malgré ses intentions louables de partage et de débat, illustre parfaitement les pièges de l’amateurisme : des faits mal vérifiés, des connexions hasardeuses et une présentation qui privilégie l’enthousiasme à la précision.
Pour honorer véritablement un pionnier comme Van Gennep, il faudrait s’appuyer sur des sources fiables et une méthodologie sérieuse, plutôt que sur des approximations qui risquent de désinformer les lecteurs curieux.
Encore un grand merci pour l’œuvre numérisée avec soin par Diane Brunet, bénévole et guide retraitée au Musée de La Pulperie à Chicoutimi, dans le cadre des « Classiques des sciences sociales », une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi (site web : http://classiques.uqac.ca/), développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi (site web : http://bibliotheque.uqac.ca/).