Le 8 août 2018, le monde perdait l’un des esprits les plus brillants de notre époque avec la disparition de Stephen Hawking, physicien théoricien et icône scientifique. Pourtant, son héritage intellectuel continue de fasciner, notamment à travers son ouvrage coécrit avec Léonard Mlodinow, « Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? », publié en français en 2011 par les éditions Odile Jacob. Ce livre, fruit d’une collaboration entre deux esprits audacieux, explore les mystères de l’univers avec une clarté accessible, tout en défiant les conceptions traditionnelles sur l’existence d’un créateur. À l’aube de 2025, alors que les débats sur la science, la philosophie et la spiritualité restent brûlants, cet ouvrage offre une réflexion profonde qui résonne jusque dans les cercles maçonniques.
Cet article plonge dans les méandres de cette œuvre fascinante, examine ses liens potentiels avec la franc-maçonnerie et interroge les réponses qu’elle peut apporter aux travaux initiatiques des maçons.
Une exploration scientifique et philosophique

Publié originellement en 2010 sous le titre The Great Design, ce livre de 167 pages s’ouvre sur une interrogation universelle : l’univers a-t-il eu besoin d’un créateur ? Hawking, connu pour ses travaux sur les trous noirs et la cosmologie, et Mlodinow, physicien et scénariste talentueux, unissent leurs forces pour revisiter les grandes questions posées par l’humanité. Dès les premières pages, ils posent un constat audacieux : « La philosophie est morte, faute d’avoir réussi à suivre les développements de la science moderne, en particulier de la physique. » Cette déclaration, qui pourrait choquer les esprits traditionnels, marque le ton d’un ouvrage où la science prend le relais pour répondre à des interrogations autrefois réservées aux philosophes et aux théologiens.
Le livre s’articule autour de plusieurs concepts clés. D’abord, la physique quantique, introduite dans les années 1920, bouleverse la vision classique de l’univers où les objets suivent des trajectoires prédéfinies. Grâce à l’approche intuitive de Richard Feynman, qui imaginait que les systèmes possèdent « toutes les histoires possibles », Hawking et Mlodinow explorent l’idée que l’univers n’a pas une histoire unique, mais une multitude de réalités potentielles. Cette idée, développée dans les pages 6 à 7, défie le sens commun et introduit le concept de « réalisme modèle-dépendant ». Selon cette approche, notre perception de la réalité dépend des modèles que nous construisons, et plusieurs modèles peuvent coexister s’ils expliquent les mêmes phénomènes avec précision.
La M-théorie : une réponse à l’ultime question ?

Au cœur de l’ouvrage se trouve la M-théorie, présentée comme une candidate au titre de « théorie ultime » capable d’unifier la relativité générale et la mécanique quantique. Cette théorie, décrite dès la page 8, postule l’existence d’un multivers – un ensemble d’univers aux lois physiques variées – et suggère que notre univers pourrait être l’un des nombreux issus d’un processus spontané, sans nécessiter un « grand architecte ». Cette hypothèse, qui écarte l’idée d’un créateur divin au sens classique, repose sur des calculs mathématiques complexes et des concepts comme la supersymétrie ou les cordes vibratoires, expliqués en détail dans les pages 163 à 165.

Hawking et Mlodinow s’appuient sur le principe anthropique, qui stipule que les lois de la physique observées sont celles compatibles avec notre existence. Cette idée, bien que controversée, soutient que l’univers tel que nous le connaissons n’a pas été conçu pour nous, mais que notre présence est une conséquence de ses propriétés. Le livre conclut avec une vision où la science, plutôt que la foi, offre une explication à l’origine de tout, laissant le lecteur face à une réflexion ouverte sur le sens de l’existence.
Un style engagé et accessible

Ce qui distingue Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? est son ton accessible, enrichi par des illustrations de Peter Bollinger et des dessins humoristiques de Sidney Harris. Les auteurs remercient dans les pages 166-167 une équipe d’éditeurs, d’assistants et de collaborateurs, soulignant l’effort collectif derrière cet ouvrage. Le style mêle rigueur scientifique et anecdotes personnelles, comme les soirées de Feynman jouant du bongo, rendant le propos vivant et captivant. Publié en français par Marcel Filoche, le texte conserve une fluidité qui invite même les non-initiés à plonger dans ces concepts abstraits.
Le Grand Architecte : Un concept maçonnique en question

La franc-maçonnerie, avec son symbolisme riche et sa quête de vérité, entretient une relation complexe avec l’idée d’un « grand architecte de l’univers ». Ce terme, utilisé dans les rituels pour désigner une entité créatrice ou un principe ordonnateur, trouve un écho direct dans le titre de l’ouvrage de Hawking. Cependant, les parallèles s’arrêtent là, car les deux visions divergent radicalement. Pour les maçons, le grand architecte est souvent perçu comme une métaphore spirituelle ou une force transcendante, tandis que Hawking propose une explication matérialiste où l’univers émerge de lois physiques sans intervention divine.
Ce contraste soulève une question fascinante : le « grand architecte » de la maçonnerie est-il le même que celui interrogé par Hawking ? La réponse semble négative. Dans les loges, ce concept sert de socle philosophique, un point de convergence pour des croyances diverses, comme illustré lors du Convent de Lausanne de 1875, où les maçons ont cherché à unifier leurs pratiques autour d’idéaux spirituels. En revanche, Hawking rejette cette notion au profit d’une M-théorie où l’ordre cosmique découle de processus naturels. Cette divergence n’est pas un affront, mais une invitation à dialoguer entre science et symbolisme.
Des réponses pour les travaux maçonniques

Pour les francs-maçons, Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? offre des pistes précieuses pour enrichir leurs travaux de recherche, même si les conclusions de Hawking peuvent sembler provocatrices. Voici comment cet ouvrage peut inspirer les loges :
- Une Réflexion sur la Lumière et la Connaissance
La quête de lumière est centrale en maçonnerie, symbolisée par l’initiation. Hawking’s exploration de la physique quantique, où la réalité dépend des modèles, invite les maçons à questionner leurs propres « modèles » philosophiques. Comme dans la chambre de réflexion, où l’initié médite sur sa place dans l’univers, ce livre encourage une recherche active et critique. - Le Multivers et la Diversité des Croyances
L’idée d’un multivers, avec ses univers aux lois variées, résonne avec la tolérance maçonnique envers les croyances individuelles. Les loges, lieux d’union entre frères de confessions diverses, peuvent voir dans cette pluralité cosmique une métaphore de leur fraternité universelle, renforçant l’idéal de coexistence harmonieuse. - Le Défi du Matérialisme
Hawking’s rejet d’un créateur divin face au matérialisme contemporain échoit les préoccupations de Saint-Martin dans Ecce Homo (1792), où il dénonçait les illusions matérialistes. Les maçons, sensibles à cette critique, peuvent utiliser ces idées pour approfondir leurs débats sur l’équilibre entre science et spiritualité, un thème récurrent dans les tenues philosophiques. - La Responsabilité Humaine
Le principe anthropique, qui lie notre existence aux lois de l’univers, rappelle aux maçons leur devoir d’améliorer l’humanité. Comme le souligne Jules Boucher dans La Symbolique maçonnique (1948), le travail maçonnique vise à « tailler la pierre brute » pour contribuer à un édifice collectif. Hawking’s vision responsabilise les individus face à leur destin cosmique. - Une Ouverture à la Science Moderne
En adoptant un réalisme modèle-dépendant, Hawking suggère que la vérité est relative aux outils de compréhension. Les maçons, souvent attachés à la tradition, peuvent s’inspirer de cette flexibilité pour intégrer les avancées scientifiques dans leurs réflexions, adaptant leurs rituels à une époque marquée par l’intelligence artificielle et les découvertes cosmologiques.
Un débat intemporel en 2025

Alors que les technologies comme l’IA redéfinissent notre rapport au monde, Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? reste d’une actualité brûlante. Les maçons, réunis dans leurs loges peuvent y puiser une source d’inspiration pour leurs travaux. Si Hawking écarte l’idée d’un créateur personnel, son ouvrage ne ferme pas la porte à une transcendance symbolique, laissant aux maçons la liberté d’interpréter le « grand architecte » comme une quête intérieure plutôt qu’une entité extérieure.
Ce livre n’est pas une fin, mais un commencement. Il invite les frères à dépasser les dogmes pour explorer l’univers avec humilité et curiosité, des vertus maçonniques par excellence. En somme, Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? n’apporte pas de réponses définitives, mais ouvre un dialogue entre science et spiritualité, un terrain fertile pour les loges d’aujourd’hui et de demain.
Il n’y a rien de maçonnique dans les conceptions matérialistes de Stephen Hawkins.
Il est l’exemple de l’intolérance conceptuelle qui dèvoit l’idée de science.
Il refuse que cette dernière soit dans l’incapacité de définir et explorer les causes premières.
Cette absence d’humilité devant ce qui reste un mystère est profondément contraire à l’un des fondements de la pensée maçonnique.