lun 11 août 2025 - 15:08

27 ans pour faire le tour du monde à pied… un voyage presque initiatique

La Goliath Expedition est le tour du monde à pied commencé par Karl Bushby, un aventurier britannique né le 30 mars 1969 à Hull, en Angleterre. Ce trek ambitieux part de Punta Arenas au Chili, jusqu’à sa maison à Kingston upon Hull, en Angleterre, soit environ 58 000 kilomètres. Initié le 1er novembre 1998, ce voyage devait initialement s’achever en 2014, mais des obstacles multiples ont prolongé cette odyssée à plus de 27 ans, l’entreprise étant encore en cours en août 2025. En mars 2006, Bushby et l’aventurier français Dimitri Kieffer ont franchi le détroit de Béring à pied, traversant une section gelée de 90 kilomètres en quinze jours.

Parti d’Amérique du Sud, il a suivi le soleil vers l’Ouest et revient vers son Angleterre natale.

Karl Bushby a également raconté cette épopée dans son livre Giant Steps, dont la première édition est parue en 2005. Ce périple, bien au-delà d’une simple prouesse physique, s’apparente à un voyage initiatique, partageant des similitudes profondes avec le célèbre Chemin de Compostelle, un autre parcours chargé de symbolisme et de transformation personnelle.Une Odyssée à Pas Ininterrompus

Une odyssée à pas ininterrompus

Karl Bushby, ancien parachutiste de l’armée britannique ayant servi onze ans au 3e bataillon des parachutistes, a débuté sa Goliath Expedition avec une règle stricte : avancer uniquement à pied, sans recours à aucun autre moyen de transport, et ne rentrer chez lui qu’en marchant. Parti de Punta Arenas, il avait parcouru plus de 17 000 miles (27 000 km) d’ici 2006, traversant l’Amérique du Sud, centrale et du Nord. Initialement, il estimait rentrer à Hull d’ici 2012, mais des défis logistiques, politiques et climatiques ont repoussé cet horizon. Parmi les étapes marquantes, la traversée du détroit de Béring en 2006, réalisée avec Dimitri Kieffer, reste un exploit historique, nécessitant une route détournée de 240 km sur la glace en quatorze jours pour franchir les 93 km du détroit.

Les difficultés se sont multipliées avec les autorités russes, qui l’ont arrêté près du village d’Uelen pour entrée illégale, menaçant de mettre fin à son aventure. Grâce à une intervention diplomatique impliquant John Prescott, alors vice-Premier ministre britannique, et Roman Abramovich, gouverneur de Tchoukotka, Bushby a pu continuer. Cependant, les restrictions de visa (90 jours tous les 180 jours) et les conditions de la toundra, praticable uniquement en hiver sur les rivières gelées, ont ralenti sa progression. Entre 2008 et 2010, il s’est réfugié au Mexique pour des raisons financières, perdant des sponsors lors de la crise de 2008. Reprenant en 2011, il a atteint Srednekolymsk après 1 100 km, mais un nouveau refus de visa en 2012, suivi d’une interdiction d’entrée en Russie jusqu’en 2018, l’a forcé à marcher 4 800 km de Los Angeles à Washington pour plaider sa cause. En 2014, la Russie a finalement levé l’interdiction, lui permettant de reprendre via la Mongolie (2017), l’Ouzbékistan (2019) et une pause à la frontière turkméno-iranienne en raison de la pandémie de COVID-19.

compostelle

En août 2024, face aux tensions géopolitiques, Bushby a innové en traversant la mer Caspienne à la nage sur 288 km en 31 jours avec Angela Maxwell et deux nageurs azerbaïdjanais, avant de rejoindre la Turquie et d’entrer en Europe via le Bosphorus. En juin 2025, il se trouve au Mexique, attendant un visa turc pour reprendre en août, avec un retour espéré à Hull en 2026.

Un voyage initiatique : parallèles avec le chemin de compostelle

Le périple de Bushby transcende l’exploit sportif pour s’apparenter à un voyage initiatique, un thème central partagé avec le Chemin de Compostelle. Ce pèlerinage, qui attire des milliers de marcheurs vers la tombe de Saint-Jacques à Santiago de Compostela, est depuis des siècles un parcours de transformation intérieure, où les épreuves physiques mènent à une renaissance spirituelle. De même, la Goliath Expedition, avec ses 27 années d’endurance face à des obstacles naturels (déserts, toundras, mers gelées) et humains (bureaucratie, conflits), offre à Bushby une quête de sens et d’identité.

Karl Bushby

Le Chemin de Compostelle impose une rupture avec la vie quotidienne, un dépouillement symbolisé par le bâton et la coquille, que Bushby réinvente avec son chariot « The Beast », contenant tout son équipement. Comme les pèlerins, il avance pas à pas, confronté à l’isolement et à l’hostilité des éléments, mais aussi à la solidarité des rencontres, qu’il décrit comme une source d’espoir dans Giant Steps. La traversée de la Bering Strait, un passage périlleux entre deux mondes (Amérique et Asie), évoque les étapes symboliques du Camino, comme le col de Roncevaux, où les marcheurs laissent derrière eux leurs anciens moi.

De plus, les retards imposés par les visas russes ou la pandémie reflètent les épreuves imprévues du pèlerinage, où la patience et la résilience sont mises à l’épreuve. Bushby lui-même a évoqué dans des interviews l’idée que marcher lui permet de « connaître le monde de l’intérieur », une expérience introspective proche de la méditation des pèlerins cherchant l’illumination. Sa décision de nager la Caspienne pour contourner les dangers géopolitiques illustre une adaptation créative, comparable à la flexibilité des pèlerins face aux aléas du Camino.

Une odyssée universelle

Karl Bushby

À 27 ans de voyage, la Goliath Expedition est bien plus qu’une tentative de record. Elle incarne une quête initiatique où chaque pas est une méditation, chaque obstacle une leçon. Comme le Chemin de Compostelle, qui unit des marcheurs de toutes origines sous un même idéal spirituel, le périple de Bushby tisse un lien humain à travers les continents, reliant des cultures par l’effort partagé.

En attendant son retour à Hull en 2026, cette aventure reste un témoignage vivant de la capacité humaine à transcender les limites, dans un esprit qui résonne avec les valeurs universelles de persévérance et de transformation portées par les grands chemins initiatiques.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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