lun 04 août 2025 - 22:08

Chasse aux sorcières en tchétchénie : Kadyrov déclare la guerre aux sorciers et aux diseurs de bonne aventure

De notre confrère russe europeantimes.news

Dans les vallées escarpées et les plaines arides de Tchétchénie, un vent de répression souffle avec une intensité nouvelle. En ce mois de juillet 2025, Ramzan Kadyrov, l’homme fort de cette république russe du Caucase, a lancé une campagne sans précédent contre les sorciers, les diseurs de bonne aventure et autres praticiens des arts occultes. Présentée comme une croisade pour purifier la société tchétchène de pratiques jugées contraires à l’islam et à l’ordre moral, cette initiative ravive les échos d’une chasse aux sorcières médiévale, teintée d’une modernité autoritaire.

Plongeons dans ce phénomène troublant, entre tradition, pouvoir et controverses, pour comprendre les enjeux qui se dessinent derrière cette guerre déclarée.une croisade au nom de la morale islamique

Une croisade au nom de la morale islamique

Le chef de la République tchétchène Ramzan Kadyrov lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine.

Ramzan Kadyrov, autoproclamé gardien de l’identité tchétchène et de sa version rigoriste de l’islam, a justifié cette campagne par la nécessité de protéger la population des « influences maléfiques » qui, selon lui, gangrènent la société. Dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux, il a accusé les sorciers et les voyants d’exploiter la crédulité des gens, de semer la discorde et de détourner les fidèles des préceptes religieux. « Nous ne tolérerons plus ces charlatans qui prétendent lire l’avenir ou jeter des sorts », a-t-il tonné, promettant des sanctions sévères contre quiconque serait impliqué dans ces pratiques.

Cette offensive s’appuie sur une législation locale renforcée, alignée sur une interprétation stricte de la charia, malgré l’appartenance de la Tchétchénie à la Fédération russe, où la Constitution garantit la liberté religieuse. Des raids ont déjà été menés dans plusieurs villages, où des individus accusés de sorcellerie ont été arrêtés, leurs biens confisqués et leurs activités publiquement dénoncées. Des images de ces opérations, relayées par les médias pro-Kadyrov, montrent des foules rassemblées pour assister à la destruction de talismans et d’objets rituels, dans une mise en scène qui rappelle les autodafés historiques.

Un héritage culturel et des pratiques persistantes

Rencontre à Moscou, au Kremlin, entre Vladimir Poutine et Ramzan Kadyrov (à droite), le 14 février 2008.

Ramzan Kadyrov, autoproclamé gardien de l’identité tchétchène et de sa version rigoriste de l’islam, a justifié cette campagne par la nécessité de protéger la population des « influences maléfiques » qui, selon lui, gangrènent la société. Dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux, il a accusé les sorciers et les voyants d’exploiter la crédulité des gens, de semer la discorde et de détourner les fidèles des préceptes religieux. « Nous ne tolérerons plus ces charlatans qui prétendent lire l’avenir ou jeter des sorts », a-t-il tonné, promettant des sanctions sévères contre quiconque serait impliqué dans ces pratiques.

Cette offensive s’appuie sur une législation locale renforcée, alignée sur une interprétation stricte de la charia, malgré l’appartenance de la Tchétchénie à la Fédération russe, où la Constitution garantit la liberté religieuse. Des raids ont déjà été menés dans plusieurs villages, où des individus accusés de sorcellerie ont été arrêtés, leurs biens confisqués et leurs activités publiquement dénoncées. Des images de ces opérations, relayées par les médias pro-Kadyrov, montrent des foules rassemblées pour assister à la destruction de talismans et d’objets rituels, dans une mise en scène qui rappelle les autodafés historiques.

Un héritage culturel et des pratiques persistantes

Rencontre à Moscou, au Kremlin, entre Vladimir Poutine et Ramzan Kadyrov (à droite), le 14 février 2008.

Pour comprendre cette campagne, il faut remonter aux racines culturelles de la Tchétchénie. Malgré une islamisation marquée au fil des siècles, les traditions pré-islamiques, notamment les croyances en des esprits, des malédictions et des guérisseurs, restent ancrées dans certaines communautés rurales. Les diseurs de bonne aventure, souvent perçus comme des médiateurs entre le visible et l’invisible, occupent une place ambiguë : respectés par certains pour leurs prétendus pouvoirs, ils sont aussi critiqués par les autorités religieuses orthodoxes. Kadyrov, qui s’est imposé comme un leader charismatique et moralisateur, voit dans ces pratiques une menace à son autorité et à l’unité qu’il cherche à imposer.

Cette chasse aux sorciers s’inscrit également dans une stratégie plus large de contrôle social. Depuis son accession au pouvoir en 2007, après l’assassinat de son père Akhmad Kadyrov, Ramzan a construit un régime autoritaire, soutenu par Vladimir Poutine, où la religion sert de levier pour légitimer ses décisions. En ciblant les occultistes, il renforce son image de protecteur de la foi, tout en éliminant des rivaux potentiels qui pourraient influencer la population par des moyens alternatifs.

Des méthodes controversées et une répression accrue

Les méthodes employées dans cette campagne soulèvent des inquiétudes croissantes. Les rapports d’ONG et de témoins évoquent des arrestations arbitraires, des interrogatoires musclés et des aveux extorqués sous la pression des forces de sécurité, les kadyrovtsy, réputées pour leur brutalité. Une femme de 45 ans, accusée d’avoir pratiqué des rituels de protection pour une famille, a été publiquement humiliée avant d’être internée dans un centre de « rééducation » dont les conditions restent floues. Ces actions rappellent les purges menées par Kadyrov contre les homosexuels en 2017 ou les dissidents politiques, marquant une continuité dans son style de gouvernance.

La population elle-même est divisée. Certains soutiennent cette initiative, voyant en elle une manière de préserver les valeurs traditionnelles face à la modernité. D’autres, en privé, critiquent une instrumentalisation politique, estimant que Kadyrov utilise la religion comme un prétexte pour asseoir son pouvoir. Les réseaux sociaux, étroitement surveillés, bruissent de rumeurs sur des exécutions sommaires, bien que ces allégations restent difficiles à vérifier en raison de la censure imposée dans la région.

Un écho international et des questions éthiques

Au-delà des frontières tchétchènes, cette chasse aux sorcières attire l’attention des observateurs internationaux. Des organisations comme Amnesty International dénoncent une violation des droits humains, soulignant que la liberté de croyance, même dans ses formes non conventionnelles, devrait être protégée. Cette campagne intervient également dans un contexte où Kadyrov, récemment affaibli par des rumeurs sur sa santé déclinante – notamment après un incident de noyade en Turquie en juillet 2025 –, cherche à raffermir sa légitimité face à ses détracteurs.

L’histoire offre un parallèle troublant : les chasses aux sorcières en Europe médiévale, souvent motivées par la peur et le contrôle social, ont conduit à des injustices massives. En Tchétchénie, le parallèle est imparfait mais suggestif : derrière la rhétorique religieuse, il semble y avoir une volonté de dominer par la peur. Pourtant, certains analystes mettent en garde contre une lecture trop simpliste, notant que les croyances en la sorcellerie restent vivaces dans de nombreuses sociétés, y compris dans des contextes modernes, ce qui complexifie le jugement.

Un futur incertain sous l’ombre de kadyrov

Que cette campagne soit une démonstration de force temporaire ou le début d’une répression plus large, elle illustre la mainmise de Kadyrov sur une société où la dissidence, même spirituelle, n’a pas sa place. Alors que la Tchétchénie reste sous l’œil vigilant de Moscou, cette guerre contre les sorciers et les voyants pourrait aussi refléter une tentative de détourner l’attention des défis internes : corruption, pauvreté et mécontentement latent.

Dans ce théâtre d’ombres et de pouvoir, la voix des victimes reste étouffée, tandis que les tambours de la morale battent au rythme imposé par un leader inflexible. La Tchétchénie, terre de résilience et de contradictions, continue de défier le monde avec une histoire qui oscille entre tradition et tyrannie. Reste à savoir si cette chasse aux sorcières s’éteindra comme un feu de paille ou marquera une nouvelle ère de contrôle dans l’ombre du Caucase.

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