Dans l’univers enchanté des contes de Charles Perrault, une phrase anodine en apparence résonne comme un écho initiatique : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Tirée du Petit Chaperon rouge, cette formule, prononcée par la grand-mère – ou plutôt par le loup déguisé – invite l’enfant à actionner le mécanisme qui ouvre la porte de la chaumière. Mais au-delà du récit enfantin, cette expression porte en elle les germes d’une symbolique profonde, particulièrement résonnante dans le monde maçonnique.

Elle fait écho aux invitations répétées au sein du paysage maçonnique, qui encourage les profanes à frapper à la porte du Temple. Comme si, en tirant sur cette chevillette imaginaire, on libérait non seulement un loquet, mais les chaînes de l’ignorance pour accéder à la lumière intérieure. Ce paysage multiplie les initiatives telles que des expositions, des conférences à Paris, dans toute la France et même à l’étranger, pour recruter de nouveaux membres, reflétant un désir partagé d’ouverture à ceux en quête de sens.
Le conte de Perrault : un voyage initiatique dissimulé
Charles Perrault, maître des contes moraux du XVIIe siècle, n’était pas franc-maçon – la Franc-Maçonnerie moderne naîtra quelques années après sa mort en 1703. Pourtant, ses récits regorgent de motifs symboliques qui prêtent à une lecture ésotérique. Dans Le Petit Chaperon rouge, la jeune fille, coiffée de son chaperon écarlate symbolisant l’innocence et le sang des épreuves, s’aventure dans la forêt obscure – métaphore du chaos primordial et des épreuves de l’initiation. Le loup, figure du trompeur, incarne les illusions et les faux guides qui guettent le profane sur le chemin de la connaissance.

Arrivée à la porte de la grand-mère, l’héroïne entend la voix altérée : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Ce mot de passe, simple en surface, est un test d’obéissance et de confiance. En actionnant le mécanisme, le Chaperon ouvre la porte… et entre dans le ventre de la bête. Dans une approche maçonnique du conte, cette ingestion symbolise l’absorption par le mystère, une mort symbolique suivie d’une renaissance – à l’image des rites d’initiation où le candidat est « avalé » par le Temple pour renaître en apprenti. La chevillette devient ainsi le fil conducteur vers l’intérieur, rappelant le fil à plomb maçonnique qui descend du ciel pour sonder les profondeurs de l’âme.
Cette interprétation n’est pas nouvelle : des analyses maçonniques du conte soulignent comment le loup représente les dangers de la naïveté face à l’autorité déguisée, invitant à un discernement essentiel en Maçonnerie. « Tire la chevillette » n’est pas qu’un ordre ; c’est une invitation à agir, à transformer le plomb de la peur en or de la sagesse, selon la devise alchimique V.I.T.R.I.O.L. – « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem » – souvent évoquée dans les cercles maçonniques.

L’écho contemporain : l’appel collectif aux profanes
Aujourd’hui, le paysage maçonnique français manifeste une claire volonté de recruter en invitant les profanes à frapper à la porte du Temple.
Cette ouverture se traduit par une multiplication d’initiatives : expositions thématiques, conférences publiques à Paris ou dans d’autres villes de France, et même des événements à l’étranger, ainsi que des formulaires en ligne pour faciliter les candidatures spontanées. Pour ce paysage, frapper à la porte n’est pas un acte physique isolé, mais une métamorphose intime, reliant l’exploration de soi à une quête spirituelle.
Mais attention : comme dans le conte, l’invitation n’est pas sans garde-fou. La Maçonnerie, quel que soit le rite pratiqué, exige respect, liberté de conscience et un doute fécond. Tirer la chevillette, c’est oser, mais avec discernement – éviter le loup des illusions pour embrasser la grand-mère de la sagesse. Le paysage maçonnique insiste sur cette fraternité universelle : il n’impose rien, il propose un chemin symbolique pour transformer le cœur. Des initiatives comme des conférences communes ou des engagements pour l’égalité et l’ouverture internationale illustrent cette volonté de recruter largement tout en préservant les valeurs essentielles.

Et maintenant ? Une chevillette pour l’avenir
En ces temps pressés, où le monde extérieur hurle comme un loup affamé, la Franc-Maçonnerie offre un refuge pour l’âme en quête. « Tire la chevillette, la bobinette cherra », nous murmure Perrault à travers les siècles, et le paysage maçonnique le reprend en écho : frappez à la porte ! Que ce soit lors d’une conférence publique ou en frappant à la porte d’une Loge, l’acte est le même – un pas vers la lumière, une transmutation alchimique.
Toutefois, cette multiplication d’initiatives soulève une question : cela relève-t-il de l’initiatique ou du besoin d’accroître son chiffre d’affaires afin de faire face aux charges fixes en perpétuelles augmentations ?
Chers lecteurs de 450.fm, si vous entendez cet appel, n’hésitez pas. La bobinette cherra, et avec elle, les voiles de l’ignorance. Comme le soulignent ces efforts collectifs, la Maçonnerie est une chevalerie spirituelle : tirez, frappez, et découvrez l’occultum lapidem en vous.

