mer 26 novembre 2025 - 14:11

Général Fabien Mandon : « une autre voie est possible ! »

Dans les anciennes traditions, le sacrificateur était un prêtre ; pour les sacrifices à Dieu tout était bon y compris les enfants ! Aujourd’hui, le sacrificateur, c’est un général ! Lui aussi il veut sacrifier des enfants mais pas à Dieu ! Il veut les sacrifier à la Démocratie ! Enfin, c’est ce qu’il dit !

C’est ainsi que lors du dernier Congrès des maires de France, le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées françaises s’est exprimé :  

« On a tout le savoir, toute la force économique et démographique pour dissuader le régime de Moscou (…). Ce qu’il nous manque, et c’est là où vous avez avec un rôle majeur, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est. Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque. « Il faut en parler dans vos communes« . »

A l’entendre, la guerre serait inéluctable si on veut préserver les valeurs de la démocratie.

La démarche maçonnique ne peut accepter un tel cynisme !

Qu’un général ait besoin de « chair à canon », on peut le comprendre, mais qu’il nous dise que c’est pour sauver les valeurs démocratiques, qui peut le croire, aujourd’hui, après tant de siècles de « boucheries » inutiles !

Mon général, l’Histoire nous enseigne quand même un certain nombre de réalités !

 A – La guerre est toujours un échec politique

Si on examine l’engagement de la Russie contre l’Ukraine, on ne peut s’empêcher de constater que les dirigeants occidentaux ont, pour le moins, « facilité » l’agression russe !

Plus généralement, n’est-ce pas Jacques Chirac qui déclara « La guerre, c’est toujours un ultime recours, c’est toujours un constat d’échec, c’est toujours la pire des solutions, parce qu’elle amène la mort et la misère. ».

La guerre naît lorsque la diplomatie, la prévention et la négociation ont été négligées.

Serait-ce à la jeunesse de payer l’échec des adultes gouvernants ?

B –  Les dirigeants qui ne pensent qu’en termes de rapport de forces sont les premiers responsables des guerres !

On peut critiquer la mentalité stratégique dominante sans nier les réalités géopolitiques :

  • Penser uniquement en termes de rapport de force, c’est entretenir une spirale de peur.
  • Cela crée une économie de confrontation permanente.
  • Cela justifie des décisions politiques qui externalisent le coût humain sur… les jeunes.

 Quand on ne conçoit plus la puissance autrement que par la violence, on fabrique automatiquement des conflits.

Plusieurs auteurs célèbres ont développé l’idée que La guerre n’est pas une fatalité biologique ; citons entre autres :

  • Johan Galtung – Peace by Peaceful Means: Peace and Conflict, Development and Civilization (1996)
    Une des grandes figures des peace studies. Il distingue violence directe, structurelle et culturelle, et montre que la paix se construit par transformation des conflits, pas par les armes.
  • Ronald Glossop – Confronting War
    Livre de référence qui passe en revue les arguments pour et contre la guerre, et montre qu’elle est un mauvais instrument pour résoudre les problèmes qu’elle prétend traiter.

 C. La mission d’une société n’est pas de sacrifier sa jeunesse

Une nation se mesure à sa capacité à offrir un avenir à ses enfants, pas à les envoyer mourir pour compenser ses erreurs diplomatiques.

Dans l’histoire :

  • les sociétés qui sacrifient leurs jeunes s’effondrent à long terme ;
  • les sociétés qui les protègent prospèrent, innovent, pacifient.

L’héroïsme mis en scène est une technique de communication de masse pour cacher l’essentiel : l’armée a besoin de soldats. Rien ne prouve que la Paix ait besoin de morts !

D. Il existe de vraies manières de servir son pays sans mourir

Défendre son pays ne signifie pas mourir, mais le rendre suffisamment juste, solide et attractif pour qu’il n’ait pas besoin d’envoyer ses enfants mourir.  

On a besoin de la jeunesse pour :

  • renforcer la cohésion sociale,
  • participer à la transition écologique,
  • s’engager dans le social, la santé, l’éducation,
  • renforcer la démocratie,
  • travailler pour l’innovation, la culture, la diplomatie, la médiation.

Un pays se défend d’abord par la qualité de sa société, pas par la quantité de ses morts.

Aujourd’hui, peu sont les responsables politiques qui mettent l’accent sur la nécessaire solidarité des peuples russe et ukrainien pour arrêter ce conflit.

Dans leur ouvrage de référence, « Why Civil Resistance Works: The Strategic Logic of Nonviolent Conflict » (Columbia Univ. Press, 2011), Erica Chenoweth & Maria Stephan font une analyse statistique de 323 campagnes (1900–2006). Résultat : les campagnes non violentes ont été environ deux fois plus efficaces que les campagnes armées pour obtenir changement de régime, indépendance ou fin d’occupation.

D. Il faut briser le cycle mental « conflit → sacrifice → héroïsme obligatoire »

Ce sont les gouvernants qui décident de rentrer en guerre et les peuples n »ont rien à dire ; ils doivent obéir !

Quelques exemples simples à donner :

La diplomatie active, la neutralité intelligente ou le refus d’entrer dans les logiques de blocs ont été des forces, pas des faiblesses.

La paix n’est pas naïve : c’est une stratégie de puissance longue durée.

E. Une société forte est celle qui s’oriente vers la coopération, pas l’affrontement

Les sciences sociales le montrent : les sociétés les plus résilientes sont celles qui investissent dans :

  • la coopération internationale,
  • la prévention des conflits,
  • la solidarité,
  • l’éducation,
  • la justice sociale.

En conclusion :

Je comprends mon général que vous fassiez « le job » en essayant de justifier l’injusticiable quitte à vous servir de mythes !

Mais l’histoire nous éclaire :

  • La guerre n’est pas naturelle ni “nécessaire”
  • La guerre est un instrument extrêmement inefficace
  • Les mobilisations citoyennes peuvent réellement changer le cours de l’histoire
  • Construire la paix est aussi “stratégique” que préparer la guerre

La paix n’est pas un rêve, c’est un travail stratégique, comme la guerre, mais elle ne demande pas de sacrifier ses enfants.

La seule déception que l’on peut avoir c’est de constater que la société civile semble « anesthésiée » !  Réveillez-vous, femmes et hommes qui voulez la Paix ! Si nos dirigeants sont dans l’échec, les peuples ont à dire !

Pour aller plus loin

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Alain Bréant
Alain Bréant
Médecin généraliste, orientation homéopathie acupuncture initié en 1979 dans la loge "La Voie Initiatique Universelle", à l'orient d'Orléans, du GODF Actuellement membre d'une loge du GODF à l'orient de Vichy Auteur sous le pseudonyme de Matéo Simoita de : - "L'idéal maçonnique revisité - 1717- 2017" - Editions de l'oiseau - 2017 - "La loge maçonnique" - avec la participation de YaKaYaKa, dessinateur - Editions Hermésia - 2018 - "Emotions maçonniques " - Poèmes maçonniques à l'aune du Yi King - Editions Edilivre - 2021

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