dim 23 novembre 2025 - 06:11

La carte postale du 23 novembre : Quand Lionel bâtit Temple de Salomon et Loge Émulation en Lego

Frères, Sœurs, Compagnons de la voie initiatique,

il arrive que l’enfance vienne frapper à la porte du Temple, un sourire aux lèvres et une poignée de briques colorées à la main. C’est exactement ce qui se produit quand on croise l’œuvre patiente de notre Frère Lionel P. : un Temple de Jérusalem en Lego, accompagné d’une loge au rite Anglais Style Émulation, entièrement construits en petites briques.

Les-2-colonnes

Douze mille pièces, près de neuf kilos, et une leçon de symbolisme à hauteur de regard… et de jeu.

Sur une vaste base couleur sable, le Temple se déploie comme dans les gravures anciennes : l’esplanade, les murailles, les tours, l’autel des sacrifices, la grande cuve d’airain portée par les bœufs, le sanctuaire et, au fond, le Saint des saints où veillent deux chérubins ailés. Les flammes translucides des torches, les colonnes, les escaliers, tout y est. Rien n’est laissé au hasard : chaque élément répond à un passage biblique, à un détail d’architecture, à une tradition rabbinique… et, pour nous, à une longue mémoire maçonnique qui a fait du Temple de Salomon la matrice de nos propres lieux de travail.

Loge-maçonnant-au-Rite-Anglais Style Émulation

À côté, comme un clin d’œil fraternel, une Loge au Rite Anglais Style Émulation – rite qui est, parfois, le Rite de Grande Loge en France – déroule son tapis damier noir et blanc, que les Maçons nomme pavé mosaïque. On y reconnaît les plateaux, les colonnes, les trois grands piliers, les chandeliers, le pupitre du Frère qui parle, les sièges des membres, la place du Vénérable Maître, et même un Frère en kilt, cornemuse sous le bras, prêt à donner le ton de la Tenue. Sur une autre scène, surélevée, quelques figurines dorées gardent un pavement où reposent un cœur rouge et les outils de l’Art Royal : comme si la brique jouait à nous rappeler que toute construction ne vaut que par l’amour fraternel qui l’anime.

Loge-Émulation

Vue du dessus, la Loge semble un plan tracé sur une planche à dessin ; au ras du sol, elle devient théâtre miniature où se rejoue le drame initiatique. Ce qui pourrait n’être qu’une jolie maquette devient alors outil d’instruction maçonnique. Lionel ne se contente pas « d’exposer du Lego » : il commente, il montre, il fait circuler la parole. Les enfants s’émerveillent devant les lions et les colonnes ; les adultes redécouvrent la structure du Temple, la place de la Mer d’airain, la succession des cours et des portes. Les Frères et les Sœurs, eux, s’arrêtent sur les correspondances : ici, le Saint des saints comme image du centre secret de l’être ; là, le pavement mosaïque de la Loge Émulation qui renvoie à notre propre marche entre lumière et ténèbres.

Temple-et-Loge

Le génie de l’objet, c’est qu’il parle le langage même de la Franc-Maçonnerie

La brique Lego, élément simple et modeste, évoque immédiatement la pierre que l’on extrait de la carrière. Isolée, elle ne dit pas grand-chose. Assemblée avec d’autres, elle devient mur, voûte, escalier, Temple. Tout notre chemin initiatique tient dans ce passage de l’élément au tout : apprendre à reconnaître sa propre singularité, puis à la mettre au service d’une œuvre plus vaste. La brique, comme la pierre, demeure à la fois autonome et solidaire : elle a sa forme, sa couleur, sa place, mais elle ne tient que parce qu’elle s’unit aux autres.

Les tenons et les creux qui permettent l’emboîtement deviennent alors une parabole de la fraternité. Rien ne tient par clou ni par violence ; tout repose sur l’ajustement. Pour que la construction soit solide, il faut que chaque brique trouve son accord avec ses voisines, ni écrasée, ni bancale. En Loge, nous ne faisons pas autre chose : nous apprenons à nous « emboîter » les uns aux autres par la parole, l’écoute, le respect, le rythme des rituels. Une brique mal engagée fragilise tout l’édifice ; un Frère blessé ou isolé ébranle la chaîne tout entière. Le Lego permet de le montrer aux plus jeunes comme aux anciens, sans grands discours : il suffit d’enlever une pièce pour que la tour vacille.

Mer-d’airain

L’univers Lego, par ailleurs, vit de kits et de instructions

On peut suivre le livret étape par étape, ou bien inventer ses propres formes. N’est-ce pas là, à sa manière, l’expérience de la voie initiatique ? Nous recevons des rituels, des textes, des gestes, patiemment transmis de génération en génération. Ce sont nos « notices de montage ». Mais il appartient à chacun, ensuite, de recomposer, d’interpréter, de donner chair à son Temple intérieur. Le modèle de Lionel est à la fois fidèle aux sources et discrètement créatif : il montre que la tradition n’est pas répétition servile, mais création continue dans la fidélité à un plan invisible.

Autel-des-holocaustes

Autre symbole puissant : la réversibilité de la construction

Un Temple en Lego se démonte. On peut le désassembler, le ranger dans des boîtes, le reconstruire ailleurs. À première vue, cela pourrait paraître fragile ; en réalité, c’est une force. La pierre rigide est vouée aux ruines ; la brique de plastique, elle, survit à la forme qu’on lui donne. Elle enseigne ainsi que ce qui compte, ce n’est pas l’édifice figé, mais la capacité à le rebâtir sans cesse. La Franc-Maçonnerie a connu fermetures, interdictions, persécutions ; pourtant, dès que les circonstances le permettaient,des Frères se retrouvaient, dressaient un tableau de Loge, allumaient les lumières, et la chaîne reprenait. Comme un Temple de Lego qu’on sort d’une boîte après un long sommeil, notre Ordre ne tient pas à ses bâtiments, mais à la mémoire vivante de ses constructeurs.

Le jeu lui-même, enfin, est porteur d’enseignement. Nous avons parfois tendance à croire que le sérieux initiatique exige visages graves et décorum figé. Or le Lego rappelle avec obstination que la joie fait partie du travail. Le Temple de Jérusalem en briques blanches, les colonnes monumentales, les petits chars portant la Mer d’airain, les flammes transparentes, tout cela arrache un sourire. Ce sourire n’est pas profanateur ; il est la preuve que la lumière demeure légère, même lorsqu’elle touche aux plus hauts mystères. On comprend soudain qu’un enfant, en s’agenouillant pour regarder les figurines entrer dans le sanctuaire, rejoue sans le savoir la démarche du pèlerin, du chercheur de sens, de l’initié en puissance.

Loge-Émulation -Joueur-de-cornemuse

Cette joie ludique permet aussi de désamorcer les fantasmes qui entourent la Franc-Maçonnerie

Combien de visiteurs de salons viennent avec des images de complots, de secrets inavouables, de « société fermée » ? En découvrant une Loge É5mulation recréée à hauteur de Lego, avec ses Frères studieux tenant des planches miniatures, ils perçoivent au contraire une fraternité ordinaire, faite de travail sur soi, d’instruction, de solidarité. Le Temple de Lionel agit comme une petite apocalypse au sens étymologique : il dé-couvre, il enlève le voile, il rend visible ce qui d’ordinaire reste abstrait.

Anse, département du Rhône

Et si tu souhaites découvrir cette œuvre de tes propres yeux, retrouve Lionel ce dimanche 23 novembre 2025, de 9 h 30 à 17 h 30, à l’exposition « Lego Anse’amusant », grande exposition–bourse d’échange–vente dédiée aux LEGO, Playmobil et Meccano. Cela se passe à la Salle Les Colonnes, allée Aquazergues, 69480 Anse (à côté des pompiers et de la piscine). Au programme : expositions, animations, tombola, buvette sur place, parking à proximité et entrée gratuite. Sur l’affiche, un Père Noël Playmobil et un Yoda Lego se tiennent côte à côte, comme un clin d’œil joyeux à la rencontre des imaginaires… et, pourquoi pas, à la rencontre de tous les chercheurs de lumière.

Lego, dans sa vocation même, rejoint ce projet. La marque danoise ne cesse d’inviter les enfants – et les adultes – à « construire leur monde ». C’est déjà une intuition maçonnique : le monde où nous vivons n’est pas seulement subi, il est à bâtir. Chaque geste, chaque engagement, chaque parole juste ajoute une brique de plus à l’édifice commun. En montrant le Temple de Salomon dans une matière indestructible, Lionel rappelle que le mythe ancien n’appartient pas au passé ; il nous convoque aujourd’hui, dans nos villes et nos Loges, à prendre part, à notre mesure, à la reconstruction du Temple de l’Humanité.

Le-toujours-souriant-Frère-Lionel…

Alors, si tu croises un jour, au détour d’un salon maçonnique ou d’une exposition, ce Temple de Lego et sa Loge anglaise, prends le temps de t’y arrêter. Laisse ton regard suivre les escaliers, franchir les grandes portes entre les deux colonnes, monter jusqu’au Saint des saints. Contemple sur le pavement le cœur rouge entouré des outils, comme une déclaration silencieuse : toute connaissance authentique conduit à mieux aimer. Parle avec Lionel et sa charmante épouse Émilie, écoute ce que lui disent les briques qu’il assemble depuis des heures. Tu verras : derrière le plastique coloré, quelque chose comme une lumière ancienne se remet à briller.

Puisse cette méditation t’accompagner en ce jour. Bon dimanche, et bons baisers du Temple de Jérusalem, en Lego !

Le Saint des saints

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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