ven 14 novembre 2025 - 13:11

« 120 ans de laïcité, 120 ans de liberté » : François Hollande au « 16 Cadet »

Pour le 120e anniversaire de la loi du 9 décembre 1905, le Grand Orient de France organise, le mardi 9 décembre 2025, une grande conférence publique à la rue Cadet, autour de François Hollande, ancien Président de la République. Une soirée où l’histoire, la laïcité et l’idéal maçonnique se répondront au cœur de la cité.

Une Marianne vigilante pour une République en éveil

L’affiche frappe d’emblée : un visage de femme, profil tendu vers l’horizon, regard clair, lèvres rouges, bonnet phrygien stylisé. Une Marianne revisitée, presque intemporelle, qui semble sortir d’une estampe moderne. Ce choix graphique n’est pas un simple décor. Il dit l’essentiel : la laïcité n’est pas un vieux texte rangé au rayon des commémorations poussiéreuses. Elle demeure un visage vivant de la République, un appel à la vigilance et à la liberté de conscience.

Marianne-GODF

Sur fond de bleu profond, le slogan s’impose comme un leitmotiv :

« 120 ans de Laïcité, 120 ans de Liberté ».

Derrière cette formule, tout un héritage : la loi du 9 décembre 1905, dont le Grand Orient de France fut l’un des ardents promoteurs, et qui continue de structurer notre rapport collectif au religieux, à l’État, à la citoyenneté.

Le 9 décembre 2025, à 19 h, la salle du Grand Temple de la rue Cadet accueillera donc un invité de marque : François Hollande, ancien Président de la République. La rencontre se déroulera en présence de Pierre Bertinotti, Grand Maître du Grand Orient de France, entouré d’une délégation du Conseil de l’Ordre. L’accès se fera sur inscription obligatoire, via le site du GODF.

1905 – 2025 : une loi de séparation, une culture de l’émancipation

On réduit parfois la loi de 1905 à un simple dispositif de « séparation des Églises et de l’État ». Elle est bien plus que cela : une véritable grammaire de la liberté. Elle met fin au régime des cultes reconnus, consacre la neutralité de l’État en matière religieuse, et garantit, dans un même mouvement, la liberté de conscience et la libre expression des convictions.

La Marianne noire – musée de la franc-maçonnerie, copie

Pour la Franc-Maçonnerie libérale et adogmatique, cette loi a longtemps été l’un des horizons privilégiés de son engagement citoyen. Au tournant du XXe siècle, nombre de frères ont œuvré, à l’Assemblée comme dans la société civile, à l’émergence d’un cadre juridique qui protège à la fois le croyant, l’agnostique, l’athée, le chercheur spirituel. La loi de 1905 n’est pas anti-religieuse ; elle est anti-confusion des pouvoirs. Elle met chacun à sa juste place : l’État du côté de l’intérêt général, les cultes du côté de la liberté individuelle.

Cent vingt ans plus tard, les défis ont changé de visage sans perdre de leur intensité :
– résurgence des fanatismes et des intégrismes ;
– crispations identitaires autour des signes religieux ;
– interrogations sur le rôle de l’école, des services publics, des réseaux sociaux ;
– tentations d’instrumentaliser la laïcité, tantôt comme bannière d’exclusion, tantôt comme alibi pour contourner les valeurs républicaines.

Dans ce contexte, le choix du thème – « 120 ans de laïcité, 120 ans de liberté » – prend tout son sens. Il rappelle que la laïcité n’est pas une arme de guerre culturelle, mais un outil de paix civile. Elle n’oppose pas, elle sépare pour mieux relier : elle sépare les pouvoirs pour relier les consciences dans un même espace de droit.

La parole d’un ancien Président au cœur de la maison maçonnique

Inviter un ancien Président de la République au siège du Grand Orient de France n’est jamais un geste anodin. C’est affirmer que la laïcité ne relève pas d’un débat académique ou d’un folklore militant, mais qu’elle engage la plus haute responsabilité politique : celle de garantir, en tout temps, l’équilibre subtil entre l’unité de la Nation et la pluralité des convictions.

François Hollande en 2015

François Hollande s’est trouvé aux commandes de l’État dans une période marquée par les attentats terroristes, les crispations sur la place de l’islam, les tensions autour de l’école et des valeurs républicaines. Sa présence rue Cadet permettra de revenir, avec le recul nécessaire, sur plusieurs questions brûlantes :
– comment l’État peut-il défendre la laïcité sans céder à la stigmatisation de certaines populations ?
– comment tenir ensemble liberté d’expression, respect des croyances et lutte contre les discours de haine ?
– de quelle manière la loi de 1905 reste-t-elle un socle, et quelles adaptations sont aujourd’hui discutées ou contestées ?

La Franc-Maçonnerie, forte de son histoire, n’a pas vocation à se substituer au politique, mais à nourrir le débat public. En ouvrant largement ses portes à une conférence publique, le Grand Orient de France assume ce rôle : faire de la rue Cadet un lieu de réflexion, de pédagogie et de dialogue, loin des caricatures complotistes, loin aussi des simplifications médiatiques.

Laïcité et idéal maçonnique : une même exigence de liberté intérieure

Pour les francs-maçons, la laïcité ne se réduit pas à un dispositif juridique. Elle est le miroir profane d’un principe initiatique : la liberté absolue de conscience. Entre les colonnes, chacun est invité à interroger ses certitudes, à se déprendre des dogmes, à travailler à la fois à son élévation et à celle de l’humanité. La cité laïque, elle, propose un cadre où nul n’est sommé de renier sa foi ou son absence de foi, mais où personne ne peut imposer à tous ses propres normes spirituelles.

Dans cette perspective, célébrer les 120 ans de la loi de 1905 n’est pas seulement rappeler un texte fondateur ; c’est revisiter un engagement vivant :
lutter contre toutes les formes de cléricalisme, religieux, politique, idéologique ;
défendre la liberté de croire, de ne pas croire, de changer de croyance ;
promouvoir une école émancipatrice, qui transmette à la fois des savoirs, une méthode, un sens critique ;
faire de la République un espace hospitalier pour toutes les diversités, à condition qu’elles respectent l’égalité en droits et la dignité de chacun.

La Marianne graphique de l’affiche, avec son regard tourné vers l’avant, peut alors se lire comme une allégorie maçonnique : une conscience éveillée, qui refuse de se laisser enchaîner par les fanatismes, les replis identitaires ou les nostalgies d’un ordre ancien. Elle évoque la Sœur Liberté, gardienne silencieuse des Lumières, qui invite à passer du slogan à la pratique, du principe abstrait à la responsabilité quotidienne.

Une soirée ouverte à tous, pour penser l’avenir de la laïcité

Cette conférence du 9 décembre 2025 se veut résolument ouverte au grand public : citoyens curieux, chercheurs, enseignants, militants associatifs, profanes désireux de mieux comprendre le lien entre laïcité et Franc-Maçonnerie. Elle sera aussi un moment de pédagogie pour rappeler que la laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, mais la condition même pour que toutes les opinions puissent coexister dans la paix civile.

À l’heure où tant de discours cherchent à opposer les communautés, à dresser les uns contre les autres, le pari du Grand Orient de France est clair : rassembler autour de la loi de 1905 comme d’un bien commun, un patrimoine vivant à transmettre, questionner, actualiser.

Pierre Bertinotti

En donnant la parole à François Hollande, en présence du Grand Maître Pierre Bertinotti et d’une délégation du Conseil de l’Ordre, l’obédience s’inscrit dans la continuité de son histoire : celle d’une institution qui ne se contente pas de commenter la République, mais qui entend, à sa manière, contribuer à l’éclairer.

Rendez-vous (inscription obligatoire) donc mardi 9 décembre 2025 à 19 h, au Grand Orient de France, 16 rue Cadet, Paris IXe, pour cette soirée où la laïcité, loin des polémiques stériles, se donnera à entendre comme ce qu’elle demeure depuis 1905 : une liberté en partage, un chemin de fraternité possible dans une société plurielle.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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