dim 02 novembre 2025 - 22:11

Ne séduis pas, n’impose pas : Lorsque la Franc-maçonnerie dérive du Temple

De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Là où régnait autrefois un chemin de lumière, nous apercevons aujourd’hui un chemin d’ombre : la coercition des Frères et Sœurs dans l’acte de changer d’obéissance. Derrière des sourires satisfaits et des paroles élégantes, se cachent parfois des pressions, des invitations déguisées en conseils, des promesses voilées, le tout pour augmenter les effectifs, accroître le nombre de « faiseurs de quotas », gonfler les loges dormantes.

Ce n’est pas un signe de force : c’est une preuve manifeste de faiblesse.

Lorsqu’une loge est dynamique, elle n’a pas besoin de recourir à la force brute pour attirer des membres. Lorsqu’une communauté maçonnique est véritablement établie, elle ne cherche pas à transférer des membres : elle les attire.

Or, ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est le triste spectacle d’Obediences forcées de pêcher dans un bassin déjà ouvert, convaincues que leur survie dépend de la quantité et non de la qualité.

Non nobis, Domine, non nobis, sed nomina tuo da Gloriam.

Cela doit résonner ainsi : non pas pour nous-mêmes, mais pour le Grand Architecte de l’Univers. Lorsque l’obéissance est troquée contre des opportunités, contre une « promotion », contre la commodité, la glorification de la Lumière devient synonyme de mercantilisme.

Ce malaise est dû en grande partie au manque de sang neuf. Les loges périclitent, le travail diminue, l’intérêt s’estompe. Ainsi, au lieu de chercher de véritables chercheurs spirituels, on tente de recruter des initiés déjà formés. Un frère qui frappe ailleurs ne fait pas preuve de grandeur : cela montre que la porte n’était ni assez solide ni assez belle. En tout cas, c’est le signe que quelque chose ne va pas.

La coercition s’exerce de manière subtile : un contact anodin qui ne l’est pas, une « visite fraternelle » qui se transforme en invitation au changement, des éloges pour ceux qui réussissent plutôt qu’une reconnaissance pour ceux qui restent. Pour l’Apprenti ou le Compagnon, êtres vulnérables en chemin, la tentation est grande. Soit par manque de repères, soit parce que le miroir ne reflète pas la lumière promise.

Et alors, les sirènes du « Je te trouverais plus utile ailleurs » ou « Tu pourrais faire mieux ici » triomphent.

Pourtant, la Franc-maçonnerie n’est pas un programme de mobilité professionnelle. Ce n’est pas une équipe avec un effectif important. C’est une forge spirituelle, un temple du travail intérieur. Proposer un « saut » facile, sans effort ni transformation, c’est tromper le chercheur. Le symbole reste vide s’il n’est pas habité par l’esprit, la volonté et le silence.

Aux jeunes francs-maçons, je dis : ne vous laissez pas séduire par les changements rapides, par les « avantages » matériels ou par un grade promis comme acquis.

Demandez-vous :

  • Que vaut réellement cette obéissance ?
  • Quel est la fonction que vous me proposez ?
  • Quel engagement intérieur me proposez-vous ?

Votre chemin est inaliénable.

Virtus in arduis. La vertu se reconnaît dans les difficultés, non dans la facilité.

J’exhorte les Frères aînés, détenteurs de la mémoire et de l’autorité, à ne pas devenir des instruments de coercition. Ne transformez pas les loges en coffres au trésor remplis de n’importe qui y entrant simplement pour « faire le nombre ».

homogénéité de groupe

N’oubliez pas que la grandeur ne réside pas dans les trophées, mais dans la qualité de ceux qui travaillent la pierre. Si la Loge est vide, c’est peut-être parce qu’elle n’a pas su séduire l’esprit et le cœur, et non parce qu’elle a besoin de renforts.

Imaginez un instant si toute l’énergie dépensée à convaincre les initiés déjà formés était investie dans l’attraction de nouveaux Frères ou Sœurs, dans l’explication aux non-initiés de la signification profonde de l’Art, dans la démonstration que nous ne sommes pas des cercles élitistes mais des ateliers de transformation, à quel point le paysage maçonnique serait-il différent ?

Les loges seraient remplies non de membres, mais d’esprits vivants ; non de chiffres, mais de témoignages ; non de titres, mais d’actions. La coercition trahit le pacte initiatique. Elle trahit la promesse du silence, de la réflexion, de la pierre qui prend lentement forme. Celui qui devient un instrument de mobilité interne perd la dignité du Temple.

Et lux in tenebris lucet, et tenebrae eam non comprenderunt.

La lumière brille dans les ténèbres, mais si l’énergie est utilisée pour soustraire et non pour donner, l’ombre enveloppe.

Si vous agissez en fonction du nombre et non du symbole, vous avez tort.

Si vous tentez de manipuler le libre arbitre d’un frère ou d’une sœur par la flatterie, demandez-vous clairement : suis-je encore en train de marcher dans l’Art Royal ou suis-je simplement en train de compter les capitations ?

Si votre Loge n’attire pas parce qu’elle n’inspire pas, il est plus facile de blâmer les autres que de se remettre en question.

Le Temple est incomplet sans voix, sans silences vivants, sans présence véritable. Chaque colonne érigée est précieuse. L’œuvre ne fait que commencer. Le symbole ne demeure pertinent que s’il est populaire, vivant, incarné.

Dans un monde qui va vite, la Franc-maçonnerie doit privilégier le métronome de l’âme au chronomètre de l’efficacité. Que les paroles de ceux qui construisent des ponts, et non des clôtures, guident le chemin. Puisse les jeunes Francs-maçons reconnaître que le bien commun ne s’obtient pas par la pression, mais par la liberté. Et puisse-t-on se souvenir, chers frères, chères soeurs, que la vraie force ne réside pas dans le nombre, mais dans la qualité et la dignité du chemin parcouru.

Nous construisons des ponts, pas des murs.

Et pour que tout cela ait un sens, assurons-nous que la Lumière ne recherche pas le consensus, mais la cohérence.

Ayez le courage de savoir.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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