sam 25 octobre 2025 - 14:10

Grande Loge Féminine d’Uruguay : « Valeurs et principes d’une institution pionnière »

De notre confrère d’Uruguay eltelegrafo.com

Le 23 octobre 2025, María Estela Vieras, sérénissime grande maîtresse de la Grande Loge Féminine d’Uruguay, a tenu une conférence à La Posta del Libro, en Uruguay. Cette rencontre visait à démystifier une institution souvent voilée de secret, en partageant ses valeurs et principes avec le grand public. Fondée en 2007, cette obédience rassemble aujourd’hui 1 100 femmes dans 24 loges à travers le pays, incarnant un engagement humaniste et progressiste dans un contexte latino-américain marqué par l’évolution des droits des femmes.

Voici un portrait complet de cette Franc-maçonnerie exclusivement féminine, ancrée dans une tradition initiatique tout en s’adaptant aux défis contemporains.

Un héritage régional : des origines chiliennes à l’autonomie uruguayenne

La Franc-maçonnerie féminine en Uruguay s’inscrit dans un mouvement plus large d’émancipation en Amérique latine, où les loges mixtes et féminines émergent souvent en réaction aux structures patriarcales traditionnelles. L’histoire locale remonte à la fin du XVIIIe siècle, avec l’arrivée d’émigrants et les invasions britanniques de 1807, qui introduisent des loges militaires. La Grande Loge d’Uruguay, fondée en 1856 sous l’égide du Grand Orient du Brésil, domine le paysage maçonnique, mais reste majoritairement masculine.

La branche féminine naît plus tard, influencée par le Chili. En 1994, la Grande Loge féminine du Chili crée la première loge uruguayenne, « Antawara n°7 ». Après plusieurs années d’opérations sous tutelle chilienne, trois loges – dont « Constructoras » à Paysandú – permettent l’autonomie. Le 3 mai 2007, en présence de délégations chiliennes, argentines et brésiliennes, la patente est accordée, marquant la naissance officielle de la Grande Loge féminine d’Uruguay. Cette obédience, membre de la Fédération américaine de maçonnerie féminine (FAMAF) depuis 2013, regroupe aujourd’hui des loges comme « Foi, Espoir et Charité », « Eleusis » (liée au Droit Humain) et « Constructoras », réparties dans des villes comme Montevideo, Salto et Paysandú.

À l’échelle régionale, elle s’aligne sur des initiatives comme le Centre de liaison international de la maçonnerie féminine (CLIMAF), fondé en 1982 par la Grande Loge féminine de France et son homologue belge, qui promeut l’échange entre obédiences féminines. En Uruguay, où la franc-maçonnerie compte environ 5 000 membres au total, cette structure exclusivement féminine représente un espace d’empowerment, contrastant avec les obédiences masculines traditionnelles.

María Estela Vieras : une figure inspirante au sommet

María Estela Vieras, sérénissime grand maître depuis plusieurs années, incarne l’engagement de cette obédience. Née en Uruguay, elle s’engage tôt dans la quête spirituelle et humaniste, rejoignant les rangs maçonniques dans les années 2000. Élue en 2021, elle mène une action dynamique : conférences publiques, comme celle de La Posta del Libro, et participations internationales, telles que le 165e anniversaire de la Grande Loge d’Uruguay en 2023 ou le colloque CLIMAF à Marseille en avril 2025.

Vieras, également active dans des médias comme Canal 4 ou EL PUEBLO, défend une maçonnerie comme « religion du travail », où l’expérimentation personnelle prime. « Le travail est notre religion, car à travers lui nous nous perfectionnons et faisons le bien », affirme-t-elle. Sa vision, teintée d’une spiritualité inclusive, met l’accent sur l’unité des loges et l’amour du prochain, tout en critiquant les dérives sociétales. Sous sa direction, l’obédience célèbre ses 14 ans en 2021, renforçant ses liens avec la FAMAF (incluant Argentine, Bolivie, Mexique, Pérou et Venezuela).

Des principes fondateurs : philosophie, humanisme et initiation

La Grande Loge féminine d’Uruguay se définit comme une institution philosophique, humaniste, philanthropique, progressiste et initiatique. Ces piliers, inspirés des Constitutions d’Anderson (1723) – qui posent tolérance, libre examen et fraternité –, s’adaptent à une perspective féminine.

  • Philosophique : Elle repose sur une philosophie de vie guidée par la réflexion éthique et morale. Les rituels, « outils de travail », connectent à une énergie supérieure, le « Grand Architecte de l’Univers », sans dogme religieux. Cela évoque les traditions maçonniques libérales, où la quête de vérité transcende les croyances.
  • Humaniste : L’accent est mis sur l’être humain, particulièrement la femme, dans un pays où les inégalités persistent. Les membres se perfectionnent intellectuellement, éthiquement, moralement et spirituellement, favorisant l’émancipation individuelle.
  • Philanthropique : Les actions sociétales – aide aux vulnérables, éducation – sont désintéressées, incarnant la solidarité sans retour. Des initiatives locales, comme à Paysandú, soutiennent l’inclusion et l’égalité.
  • Progressiste : L’obédience évolue avec la société, s’ouvrant aux débats contemporains sur les droits des femmes et la justice sociale, sans rigidité dogmatique.
  • Initiatique : Le rite d’initiation éveille les « facultés latentes », via symboles et rituels, pour une transformation intérieure. Seules les femmes engagées dans une quête personnelle sont admises, sans barrières ethniques, sociales ou religieuses.

Ces principes s’alignent sur ceux de la Grande Loge féminine de France (GLFF), qui influença indirectement le mouvement via CLIMAF : liberté de conscience, tolérance et perfectionnement de l’humanité.

Valeurs au cœur : tolérance, solidarité et amour du prochain

Au-delà des principes, les valeurs guident l’action quotidienne. La tolérance transcende les différences, favorisant un espace inclusif pour des femmes de tous horizons. La solidarité se traduit par des actions collectives, renforçant les liens fraternels. L’amour du prochain, pivot spirituel, inspire une éthique altruiste :

« Nous nous perfectionnons pour transformer la société en une plus juste, équitable et fraternelle »

martèle Vieras. « Seul changer soi-même permet de changer le monde. »

Ces valeurs, héritées de la maçonnerie universelle, s’adaptent au contexte uruguayen : lutte contre les inégalités de genre, promotion de la laïcité et réflexion sur l’héritage colonial. Elles rappellent Maria Deraismes, pionnière française initiée en 1882, fondatrice du Droit Humain, qui inspira les obédiences féminines latino-américaines.

Impact sociétal : une quête intérieure au service du collectif

Avec 1 100 membres, l’obédience influence discrètement la société uruguayenne, progressiste en matière de droits (légalisation du mariage gay en 2013, avortement en 2012). Les conférences de Vieras, comme celle du 23 octobre 2025, démystifient la maçonnerie, brisant le « silence absolu » qui l’entoure. Les loges, comme « Constructoras » à Paysandú, servent de laboratoires de réflexion, favorisant l’empowerment féminin dans un pays où les femmes représentent 52 % de la population mais restent sous-représentées en politique (20 % des parlementaires).

Internationale, l’obédience participe à la FAMAF, renforçant les échanges régionaux. Elle n’est pas une religion, mais un chemin d’autoconnaissance : « Toutes les femmes sont bienvenues, pourvu qu’elles cherchent en elles-mêmes », insiste Vieras.

Perspectives : un modèle pour l’émancipation féminine

En 2025, alors que l’Uruguay célèbre ses avancées sociales, la Grande Loge féminine d’Uruguay incarne une maçonnerie vivante, où spiritualité et action convergent. Sous l’impulsion de Vieras, elle vise à multiplier les loges et à approfondir les partenariats avec CLIMAF et FAMAF. Son message : transformer l’individuel en collectif pour une société fraternelle.

Une institution qui, par ses valeurs intemporelles, continue d’illuminer le chemin vers l’égalité, prouvant que la franc-maçonnerie féminine n’est pas un mystère, mais un engagement quotidien pour l’humanité.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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