lun 20 octobre 2025 - 13:10

La parole du Véné du lundi : « Quand faut-il jouer les rebelles en Franc-maçonnerie ? »

Chers Sœurs et Frères, bienvenus dans ce temple sacré – ou devrais-je dire ce bunker anti-profanum vulgus, façonné par le mot latin tempus qui, comme chacun sait, sert à trier le saint du vulgaire avec la délicatesse d’un videur de boîte de nuit ! Ici, nous, braves maçons, nous isolons du chaos extérieur pour dompter nos passions avec la grâce d’un dompteur de lions en pantoufles. Et pour y parvenir, on s’incline devant l’Obédience – ce joli mot tiré de oboedientia, qui sent bon la soumission volontaire, histoire de trouver notre petit centre cosmique et d’éclore comme des fleurs sous les lois universelles. Tout un programme !

Tant que le Temple reste un cocon douillet, sécurisé comme une forteresse suisse, et que l’Obédience joue les justiciers équitables avec la rigueur d’un juge télévisé, tout roule comme sur des roulettes. On peut maçonner, sculpter nos âmes et polir nos cubes de pierre dans un bonheur parfait. Mais attention, chers amis, la vie n’est pas un conte de fées ! Parfois, un grain de sable – ou disons plutôt un pavé – vient gripper la machine.

Le chaos s’invite, la peinture s’écaille et l’Obédience commence à ressembler à un chef d’orchestre qui a perdu sa baguette. Que faire alors ? Transgresser, bien sûr ! Car, soyons honnêtes, un peu de désobéissance bien placée, c’est le sel de la fraternité, non ?

Mais là, mesdames et messieurs les maçons, commence le grand numéro d’équilibriste.

Quand faut-il sauter le pas ? Attendre que tout le monde applaudisse à l’unisson pour donner le signal, ou guetter un signe divin – genre un éclair ou une fuite de toit spectaculaire – pour déclarer le chaos intolérable ?

Pierre Brossolette à Londres entre 1942 et 1944.

Dans nos loges, comme dans tout bon troupeau, on trouve les meneurs, ces héros autoproclamés, et les suiveurs, ces âmes prudentes qui préfèrent regarder la parade avant de danser. Mais qui sont les plus malins ? Les premiers, qui risquent de se prendre un rateau historique, ou les seconds, qui évitent les chutes mais ratent peut-être la gloire ?

Revenons à nos illustres aînés : on se gargarise des exploits de Pierre Brossolette, ce résistant au grand cœur, mais pour un héros, combien de Jean Mamy, ces collabos discrets qui ont préféré le confort à l’honneur ?

Une fois la guerre finie, les estomacs pleins et les consciences astiquées, on aime jouer les moralistes du canapé. Mais en 2025, où sont nos résistants modernes ?

Hélas, il faut le craindre, la collaboration semble être devenue la nouvelle tendance, avec son petit air chic et ses risques bien calculés.

Oser le sacrifice, mes amis, ça demande d’avoir peu à perdre – ou beaucoup de culot !

Alors, chers Frères et Sœurs, à vous de jouer : quand le Temple vacille et que l’Obédience ronfle, oserez-vous enfreindre la règle avec un sourire malicieux ? Ou attendrez-vous sagement que le chaos devienne une mode acceptable ? Réfléchissez bien, car dans l’art de transgresser, comme dans celui de maçonner, le timing est tout – et un bon éclat de rire vaut parfois mieux qu’une leçon de morale !

La Parole du Véné, un peu taquine mais toujours fraternelle, vous donne rendez-vous la semaine prochaine !

2 Commentaires

  1. En effet, pour un héros comme Pierre Brossolette membre de la Grande Loge de France, combien de collaborateurs discrets ont préféré le confort à l’honneur, à l’image de Jean Mamy ?
    Prenons un autre exemple édifiant avec Pierre Mariel. Son nom d’origine était Pierre-Maurice Marie et il a également écrit sous les pseudonymes de Teddy Legrand, Werner Gerson et Pierre Montloin.
    Après avoir été élève de l’École des langues orientales, il est journaliste au « Matin » et au « Temps ». Il collabore durant la Seconde Guerre mondiale au journal antisémite « Au Pilori » et sera membre de l’Association des journalistes anti-juifs !
    Devenu franc-maçon, il est membre de la Respectable Loge Les Amis Vigilants n° 38 ainsi que du Grand Prieuré des Gaules (Rite Écossais Rectifié-RER), Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS) le 16 juillet 1949 avec le nom d’ordre d’Eques a Stella Magnorum, Député Grand Secrétaire en 1952, membre de l’Arche Royale et du Suprême Conseil pour la France du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Il crée en 1964, avec Paul Naudon, Jean Granger, Jean Saunier, Jean Baylot et d’autres, la loge d’étude et de recherches de la Grande Loge Nationale Française « Villard de Honnecourt » n° 81, dont il fut Vénérable Maître. Il en a été dans les années 50 le Grand Archiviste de la GLNF et en 1969 Grand Secrétaire de l’Obédience, pendant quelques mois…
    Martiniste, il est « philosophe inconnu » de la Loge parisienne « Augustin Chaboseau » n° 39 et membre du Suprême conseil de l’Ordre martiniste en juillet 1976.
    Encore un qui mangeait à tous les râteliers…

    À l’image de Jean Mamy et Pierre Mariel, Jean-André Faucher incarne ces parcours troubles où collaboration et honneurs se mêlent.
    Journaliste et militant vichyste dans sa jeunesse, il collabore à des revues comme Je suis partout et s’engage dans des organisations vichystes, avant d’être condamné à l’indignité nationale et à la peine de mort par contumace en 1946. Amnistié, il bascule vers le radical-socialisme et intègre la Grande Loge de France (GLDF), aujourd’hui la deuxième Obédience française, devenant Grand Secrétaire en 1977 et fondant plus tard la Grande Loge d’Orient et d’Occident. Proche de François Mitterrand, il soutient sa campagne de 1965 et est nommé au Conseil économique et social en 1981, avant de recevoir la Légion d’honneur en 1986, malgré les controverses liées à son passé.
    Comment un tel dignitaire de la GLDF a-t-il pu échapper aux rigueurs de l’épuration et gravir ainsi les échelons, pour ne pas dire les barreaux de l’échelle du REAA ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Alexandre Jones
Alexandre Jones
Passionné par l'Histoire, la Littérature, le Cinéma et, bien entendu, la Franc-maçonnerie, j'ai à cœur de partager mes passions. Mon objectif est de provoquer le débat, d'éveiller les esprits et de stimuler la curiosité intellectuelle. Je m'emploie à créer des espaces de discussion enrichissants où chacun peut explorer de nouvelles idées et perspectives, pour le plaisir et l'éducation de tous. À travers ces échanges, je cherche à développer une communauté où le savoir se transmet et se construit collectivement.

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES