ven 17 octobre 2025 - 19:10

25/10/25 : La Cité en fête – La GLFF célèbre ses 80 ans dans la lumière du partage

Le 25 octobre 2025, la Cité du Couvent (Paris 11ᵉ) s’ouvre largement au public pour une journée de rencontres, d’arts et de transmission. Intitulée La Cité en fête, cette manifestation marque les 80 ans de la Grande Loge Féminine de France (1945–2025) et donne à voir ce qui fait sa singularité : une spiritualité ouverte, une pensée exigeante et une fraternité agissante.

Une journée d’élan, de lien et de lumière

Déambulations poétiques, performances musicales, expositions, projections et temps d’échanges : le programme épouse l’esprit d’une maison hospitalière où l’on vient pour comprendre, ressentir et transmettre.
Le fil conducteur est clair, tel qu’annoncé sur les visuels officiels :

« Quand les arts, les mots et les gestes se rencontrent pour faire rayonner la spiritualité de la GLFF. Une journée d’élan, de lien et de lumière. »

Élan, parce que l’espérance se prouve en marchant ; lien, parce que la liberté grandit dans la relation ; lumière, non pas éclat qui éblouit, mais clarté qui aide à choisir et à aimer mieux.

Les Temples 3 & 4 : deux heures pour entrouvrir le secret d’une tenue

Événement rare, presque un frémissement entre les colonnes : de 14 h à 16 h, sur inscription, les Temples 3 et 4 s’ouvriront non pour exhiber un rituel, mais pour laisser pressentir ce qui fait l’âme d’une tenue. On n’y “montre” rien ; on y apprend à se tenir, à laisser le silence précéder la parole, à manier le symbole comme on aiguise un outil – non pour dompter le monde, mais pour s’ordonner soi-même. La pédagogie ici n’est pas un discours : c’est une attitude, une respiration partagée, une manière de marcher intérieurement vers plus de justesse.

Au Temple 3, d’abord, le regard des femmes sur l’histoire de l’art : non pour redresser le musée du monde à la hâte, mais pour interroger la lumière, déplacer les points de fuite, élargir le récit. L’art n’y est pas un décor mais un laboratoire d’émancipation : chaque œuvre devient pierre d’angle où l’on éprouve la mesure, la nuance, la part d’invisible. Puis vient la quête de sens en franc-maçonnerie : on ne distribue pas de réponses comme des reliques, on donne des repères, on façonne des vertus, on travaille une langue commune capable d’habiter l’époque sans renoncer à la hauteur de vue. À l’ombre de l’équerre et du compas, la question se polit jusqu’à devenir orientation.

Au Temple 4, La Belle et la Bête prend des allures de miroir discret : apprivoiser l’ombre, c’est déjà consentir à la métamorphose ; défaire la peur, c’est préparer l’apparition de l’humain véritable. Et parce que toute transfiguration appelle une vigueur intérieure, le thème du Courage s’avance sans fracas : point de coups d’éclat, mais la constance du juste, cette force patiente qui irrigue la vie personnelle, professionnelle, citoyenne – une énergie droite, qui préfère la tenue à la posture.

De cette ouverture cadrée et respectueuse naît une clarification : on y comprend que silence, symbole et tenue ne sont pas des ornements, mais de véritables méthodes de liberté. Le silence n’est pas un vide, c’est un atelier ; le symbole n’est pas une énigme, c’est une boussole ; la tenue n’est pas une parenthèse, c’est une école de soi.

Les arts comme langage de l’âme

Dans le Temple 1, la création a droit de cité : œuvres de Sœurs et d’artistes invitées, Beau Livre, La Beauté à la Joie – livres à la main, œuvres au cœur (vente sur place). Ici, la beauté n’est pas un luxe mais une source : elle désaltère, relie, oriente. Elle fait ce que fait toujours la beauté quand on lui laisse la place : elle élève.

Mémoire, témoignage et chant

Au Temple 2, les images, les voix et la mémoire tressent leur alliance. En projection continue, le film de Dominique Éloudy retrace les 80 ans d’une obédience qui a choisi de grandir dans la fidélité à sa promesse. À 15 h 30, la chorale rompt doucement la gangue des habitudes et donne à la fraternité son timbre partagé. De 16 h à 17 h, le témoignage d’une Sœur déplie la vie au ras du réel : gestes simples, fidélités tenues, espérances qui ne renoncent pas. C’est une manière sensible d’entrer au plus près du travail vivant, là où l’obédience cesse d’être une institution pour redevenir ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une maison de parole, de symboles et d’exigence.

Blason GLDF
Blason GLDF

Naissance et essor de la première obédience exclusivement féminine (1901–1958)

Avant d’être une obédience autonome, la GLFF plonge ses racines dans l’histoire des Loges d’Adoption rattachées à la Grande Loge de France (GLDF).
En 1901, la GLDF reconstitue sous sa propre autorité le système d’adoption : des ateliers féminins, placés auprès de loges masculines, où les femmes peuvent travailler à la réflexion morale et symbolique.

Sceau GLFF
Sceau GLFF

Paris voit fleurir des loges aux noms porteurs d’espérance : Le Libre Examen, Minerve, Thébah, Le Général Peigné, La Nouvelle Jérusalem… Elles pratiquent un Rite d’Adoption inspiré du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), allégé dans ses formes, mais fécond pour l’élévation intellectuelle, la parole libre et la bienfaisance.

La tourmente de 1939–1945 interrompt cet essor. Dissolution, spoliations, clandestinité : l’épreuve forge pourtant une conviction – l’autonomie est devenue nécessaire.

Après la Libération, le Grand Secrétariat relance l’activité et met en place un Comité de reconstruction chargé de retrouver les Sœurs dispersées et d’éclairer les comportements sous l’Occupation. Par la voix de Anne-Marie Gentily, Suzanne Galland et Germaine Rhéal, le Comité demande à la GLDF la réintégration des loges d’adoption et la préparation d’une organisation nouvelle.

Décision historique : le 17 septembre 1945, le Convent de la GLDF abroge la Constitution de 1906 et ses règlements afférents. Les loges d’adoption sont supprimées, ouvrant la voie à la création d’une obédience féminine indépendante : l’Union Maçonnique Féminine de France (UMFF).

Le 21 octobre 1945, Anne-Marie Gentily annonce solennellement la naissance de l’UMFF devant cinq loges reconstituées :
Le Libre Examen (20 membres), La Nouvelle Jérusalem (33), Le Général Peigné (16), Minerve (16) et Thébah (6). Son allocution, où l’espérance l’emporte sur l’amertume des pertes, trace la route : rester dignes, aller de l’avant, espérer une vie longue et féconde.

1946 voit la structuration :

– rédaction de la première Constitution (Des Loges d’Adoption aux Loges féminines indépendantes) ;

– lancement d’une Question à l’étude des Loges sur « Le symbolisme féminin dans la Maçonnerie écossaise » ;

-élection du premier Conseil supérieur (10 femmes) et de la première Grande Maîtresse, Anne-Marie Gentily, qui fixe l’ambition : faire l’institution grande, forte et belle, et lui donner un rôle national et international.

L’essor est rapide : 1948, fondation à Toulouse de la première loge provinciale, Athéna, par des femmes, pour des femmes.
Le 22 septembre 1952, l’UMFF devient officiellement Grande Loge Féminine de France. Les travaux se déroulent encore au Rite d’adoption, jusqu’au Convent de 1958 qui choisit le Rite Écossais Ancien et Accepté. Ce passage fondateur donne à la GLFF son assise symbolique et son rayonnement contemporain.

Depuis, l’Obédience n’a cessé de grandir : présente sur les cinq continents, elle conjugue tradition et ouverture, symbole et action, fidèle à une promesse simple et haute : faire grandir la liberté intérieure au féminin.

La Cité en fête : une invitation à rencontrer, comprendre, ressentir. Et, peut-être, à repartir avec ce supplément d’âme qui change la manière d’habiter la cité.

Infos pratiques

Date & horaires : samedi 25 octobre 2025, 11 h – 18 h
Lieu
: Cité du Couvent, 4 Cité du Couvent – 75011 Paris
Accès : métro Charonne (ligne 9)
Entrée : libre, ouverte à toutes et tous
Temples 3 & 4
: sur inscription, séance 14 h – 16 h

Renseignements : www.glff.org

Cité du couvent

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES