De notre confrère zinfos974.com – Par Pierrot Dupuy

La Grande Loge Mixte Universelle (GLMU), née en 1973 dans la foulée de Mai 68, défend une franc-maçonnerie mixte, laïque et sans hiérarchie. Lors d’un récent déplacement à La Réunion pour « allumer les feux » d’une nouvelle loge, son Grand Maître, Bernard de Koker, explique les valeurs et l’ouverture de cette obédience encore méconnue du grand public.

Fondée par l’ingénieur Raymond Jalut et la résistante féministe Éliane Brault, la GLMU s’est construite dans un esprit d’émancipation. « À l’époque, seuls les hommes pouvaient travailler au rite français. Nous avons voulu créer une obédience mixte et égalitaire », rappelle Bernard de Koker. Contrairement à d’autres structures plus verticales, la GLMU se distingue par une organisation sans hiérarchie, articulée autour de loges autonomes réunissant hommes et femmes autour de valeurs humanistes et républicaines.
Entrer en franc-maçonnerie n’a rien d’un mystère occulte, insiste le Grand Maître. Le parcours est avant tout personnel et encadré : lettre de motivation, enquêtes internes, passage sous le bandeau… « On cherche à comprendre la démarche de la personne, sa recherche spirituelle ou symbolique, mais aussi son adhésion à nos valeurs. Une appartenance à un mouvement extrémiste est incompatible avec la maçonnerie », souligne-t-il.
« Il faut sortir, aller vers les gens. Sinon, on laisse la place aux théories complotistes »
Si certains imaginent encore des secrets cachés, la réalité est toute autre. « Le secret, c’est de ne pas révéler l’appartenance d’un frère ou d’une sœur », explique-t-il, rappelant que cette discrétion découle du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les nazis ont persécuté les francs-maçons en France. « En Angleterre, les loges s’affichent dans les universités. En France, on a longtemps vécu cachés. Aujourd’hui, nous voulons nous ouvrir à l’extérieur pour expliquer qui nous sommes et éviter les fantasmes. »
Cette ouverture passe aussi par la participation à des événements publics. La GLMU, basée à Montreuil, tient désormais des stands lors de journées associatives pour échanger avec le public. « Il faut sortir, aller vers les gens. Sinon, on laisse la place aux théories complotistes », insiste Bernard de Koker, lucide sur la montée des extrêmes mais confiant dans la force de l’explication.
En visite récemment à La Réunion, le Grand Maître a accompagné la création d’une nouvelle loge baptisée Adelphité. « Nous venons allumer les feux, c’est-à-dire mettre en place cette loge », précise-t-il. Un symbole fort pour une obédience qui revendique la fraternité, la mixité et l’engagement citoyen.