Frères, Sœurs, Compagnons de la voie initiatique,
Dans le brouillard mystique qui enveloppe souvent les rivages de l’océan Pacifique, San Francisco (État de Californie, USA) se dresse comme un temple urbain taillé dans le chaos de la ruée vers l’or. Cité de pionniers, elle fut rebaptisée par les flammes de 1906 – terrible tremblement de terre, incendies ravageurs – puis renaquit, phénix dressé sur ses propres cendres.

Depuis, ses artères ne dessinent plus seulement une carte mais un tracé initiatique, un échiquier où chaque nom de rue indique un degré, une épreuve, une lueur d’Orient. La brume y tient lieu d’encens, le vent d’acolyte, et la pierre éprouvée par le feu répond au maillet intérieur de ceux qui marchent : la ville tout entière devient atelier, où l’on transmue la désolation en mesure, la mémoire en lumière.

Inspiré par les travaux des Frères de la Grande Loge de Californie, et en écho à cette tradition hermétique qui voit dans l’urbanisme l’art du Grand Architecte, explorons ces artères comme un parcours initiatique. Ici, les pavés ne sont pas muets. Ils murmurent les secrets de l’Équerre et du Compas, reliant l’histoire profane à l’ésotérisme sacré.

Marchez avec moi, comme un Compagnon sur le sentier de la perfection, à travers ces rues qui forment un mandala vivant, un labyrinthe où l’initié décrypte les signes du Ciel sur la Terre.
Le Géomètre et le plan divin : Jasper O’Farrell, l’Architecte Invisible
Au cœur de cette trame maçonnique se trouve Jasper O’Farrell (arpenteur, 1798-1875, membre du Temple Lodge No. 14 à Sonoma, CA, sous juridiction irlandaise/early CA), arpenteur d’origine irlandaise, né en 1798 dans une famille imprégnée des mystères celtiques et maçonniques. En 1847, alors que San Francisco – encore Yerba Buena – émerge du néant colonial, O’Farrell trace ses rues avec la précision d’un Compagnon tailleur de pierre.

Membre fondateur impliqué dans les premières conventions maçonniques californiennes, il infuse son œuvre d’un symbolisme discret : la grille orthogonale évoque l’Équerre, imposant l’ordre au tumulte de la nature sauvage, tandis que les noms choisis sont des talismans, des invocations aux Vertus cardinales. Comme le Grand Architecte qui ordonne le chaos primordial, O’Farrell crée un temple ouvert, où chaque intersection est un nœud gordien à délier par l’esprit initié. Cette carte n’est pas profane ; elle est hermétique, un voile jeté sur les mystères de la Fraternité, reliant le profane au sacré, comme l’arcane du Magicien dans le tarot alchimique.


Les voies des pères fondateurs : De Washington à Franklin, les colonnes de la Lumière
Commencez votre périple par la rue Washington, baptisée en l’honneur du Père de la Nation, George Washington (1732-1799, général et premier président des États-Unis, membre de Fredericksburg Lodge No. 4 à Fredericksburg, VA, en 1752, et Alexandria-Washington Lodge No. 22 à Alexandria, VA, affiliation ultérieure), premier Frère affilié à la Loge Alexandrie № 22 en Virginie. Symbole par excellence de la vertu républicaine, Washington incarne le premier degré : l’Apprenti qui, armé de sa règle de 24 pouces, élève le temple de la Liberté. O’Farrell, en traçant cette artère, honore non seulement un héros, mais invoque l’Étoile Flamboyante, guide des initiés vers l’Orient.

Quatre autres rues prolongent cette lignée : Jackson, en l’honneur d’Andrew Jackson (1767-1845, général et président, membre de Harmony Lodge No. 1 à Nashville, TN, en 1800) ; Polk, pour James K. Polk (1795-1849, avocat et président, membre de Columbia Lodge No. 31 à Columbia, TN, en 1820) ; Buchanan, pour James Buchanan (1791-1868, avocat et président, membre de Lodge No. 43 à Lancaster, PA, en 1817) ; et Franklin, pour Benjamin Franklin (1706-1790, inventeur et diplomate, membre de St. John’s Lodge à Philadelphie, PA, en 1731, et Lodge of Nine Sisters à Paris, France, en 1779 comme Vénérable Maître), tous Grands Maîtres ou affiliés, formant une pentade symbolique – cinq, nombre de la Grâce divine, évoquant les cinq points parfaits de la Fellowship maçonnique. Marcher ici, c’est tracer le pentagramme protecteur, délimitant le sacré du profane, comme les limites du tableau de Loge.

Plus à l’ouest, le boulevard Sloat rend hommage au Commodore John D. Sloat (1781-1867, officier naval, membre de St. Nicholas Lodge No. 321 à New York, NY), maçon new-yorkais qui, en 1846, hisse le pavillon étoilé sur Monterey, revendiquant la Californie pour les États-Unis. Son nom, d’abord sur Sansome Street, migre vers cette voie majestueuse en 1919, symbolisant la migration de l’âme initiatique : du port d’arrivée (Sansome, près des eaux) à l’élévation intérieure. Sloat, tel un Compagnon naviguant les mers de l’inconnu, représente l’épreuve de l’Eau, purificatrice, dans l’alchimie hermétique.
Les héros de la conquête intérieure : Stevenson, Folsom et Brannan, les pionniers alchimiques

Descendez vers le sud, où la rue Stevenson célèbre Jonathan Drake Stevenson (1800-1894, colonel et entrepreneur, membre de Phoenix Lodge No. 40 à New York, NY, en 1821, et fondateur de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA, en 1849), premier Grand Maître de Californie et fondateur de la Loge California № 1 en 1849. Arrivé comme commandant lors de la guerre mexicano-américaine, il transforme le plomb de la conquête en or minier et immobilier – allégorie alchimique parfaite du Grand Œuvre, où la matière brute s’élève en Pierre Philosophale. À ses côtés, la rue Folsom, nommée pour le Capitaine Joseph Libby Folsom (1817-1855, officier militaire, membre de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA, en 1849), son fidèle officier et Frère de la même Loge, prolonge cette voie : Folsom, qui donna son nom à une ville au pied de la Sierra Nevada, symbolise la descente aux Enfers (les mines) pour la résurrection lumineuse.

Puis, la rue Brannan, trace de Samuel Brannan (1819-1889, éditeur et entrepreneur, membre d’Occidental Lodge No. 22 à San Francisco, CA, en 1857), premier millionnaire de la Ruée vers l’Or. Mormons initialement, il rompt avec Brigham Young pour embrasser la politique locale et, curieusement, la Maçonnerie : blackboullé en 1855 par la Grande Loge, il est réhabilité en 1857 pour rejoindre l’Occidental № 22. Cette épreuve reflète l’initiation : l’exil temporaire, comme Hiram fuyant les comploteurs, pour une renaissance plus pure. Brannan, fondateur du California Star, est le héraut de la Lumière, son chemin serpentant comme le caducée hermétique, unissant ciel et terre.

À leur jonction, la rue Townsend et Belden Place honorent John Townsend (?-1854, médecin, membre de San Jose Lodge No. 10 à San Jose, CA, en 1850 comme Junior Warden), premier médecin de l’État et Junior Warden de San Jose № 10, et Josiah Belden (1813-1900, maire et entrepreneur, membre de San Jose Lodge No. 10 à San Jose, CA, de 1854-1859 comme membre à vie), maire de San José et Frère de la même Loge. Médecin et bâtisseur, ils incarnent la colonne Jakin (force) et Boaz (stabilité), piliers du temple intérieur, guérissant les maux de l’âme profane.
Les magnats et les martyrs : Stanford, Revere et les voix de l’Indépendance
La petite rue Stanford, malgré sa modestie, élève Leland Stanford (1824-1893, gouverneur et magnat du rail, fondateur de Michigan City Lodge No. 47 en Californie aurifère en 1855, affilié à California Lodge No. 1), gouverneur et magnat du rail, fondateur de Michigan City № 47 en 1855. Les « Big Four » du chemin de fer – dont il est – tissent les rails comme les fils d’Arachné, reliant l’Est maçonnique à l’Ouest ésotérique, symbolisant le voyage de l’Apprenti vers le Maître.

Dans Bayview, l’avenue Revere perpétue Joseph Warren Revere (1812-1880, officier militaire, probable affiliation à California Lodge No. 1 à San Francisco, CA ; héritage familial de St. Andrew’s Lodge à Boston via son grand-père Paul Revere), petit-fils de Paul Revere – héros révolutionnaire et Grand Maître du Massachusetts. En 1846, il hisse le Drapeau de l’Ours à Sonoma, acte inaugural de la République Californienne, évoquant l’élévation du Blazing Star au zénith. Père et fils, ils forment une chaîne fraternelle, transmettant le feu prométhéen de la Liberté.

Au cœur de SoMA Pilipinas, la rue Rizal honore José Rizal y Mercado (1861-1896, écrivain et héros national philippin, membre de Logia Acacia No. 9 à Madrid, Espagne, en 1883, et Temple de L’Honneur et de L’Union à Paris, Grand Orient de France) et Andrés Bonifacio (1863-1897, révolutionnaire philippin, membre de Logia Taliba No. 70 à Manille, Gran Oriente Español, en 1892), maçons philippins leaders de l’indépendance. Rizal, initié au Rite Écossais, écrit Noli me tangere – signifie « Ne me touche pas », traduction latine donnée par saint Jérôme de l’expression grecque « Μή μου ἅπτου » (Mê mou haptou) dans Jean 20,17, où le Christ ressuscité s’adresse à Marie Madeleine –, comme un manifeste hermétique contre l’oppression, transformant la rue en sentier de libération, où l’initié affronte les trois mauvais compagnons : ignorance, tyrannie, division.

L’avenue Gilman rappelle Charles Gilman (1793-1861, avocat et Grand Maître, membre de la Grand Lodge of Maryland comme Grand Maître de 1842-1848 ; organisateur de la première convention californienne en 1849), presque premier Grand Maître de Californie, ancien de New Hampshire et Maryland. Il organise la première convention maçonnique en 1849 mais décline l’honneur, préférant Baltimore – choix symbolique de l’humilité, vertu du Vénérable Maître qui refuse la couronne pour le labeur.
Illustration : Drapeau de l’Ours hissé par Revere, avec un pentagramme discret formé par les rues environnantes – Source : California Historical Society.

Les bâtisseurs du Temple urbain : De Leese à Geary, les gardiens du seuil
La rue Leese (parfois appelée des « Leçons » dans les archives ésotériques) commémore Jacob Primer Leese (1809-1892, pionnier et bâtisseur, membre de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA, en 1858), pionnier de 1836 qui édifie les premières demeures de Yerba Buena et rejoint California № 1 en 1858. Ses constructions sont les fondations du temple, comme les pierres brutes de l’Apprenti, attendant la taille initiatique.
La rue Drumm porte le nom du Lieutenant Richard Coulton Drum (1825-1909, adjudant général militaire, membre d’Oriental Lodge No. 144 à San Francisco, CA), adjudant général du Pacifique pendant la Guerre Civile, membre d’Oriental № 144. Drum, batteur de tambour symbolique, appelle à l’assemblée, évoquant le Maillet qui frappe l’éveil.

Puis, William Heath Davis (1822-1909, commerçant et pilote naval, fondateur de San Diego Lodge No. 35 à San Diego, CA, en 1851) sur la Rue Davis : pilote du navire de Sutter, il fonde San Diego № 35 en 1851, reliant Sacramento (source de l’or alchimique) à la baie, comme le fleuve de la vie dans l’hermétisme.
Le boulevard Geary, l’une des plus longues artères, honore le Général John White Geary (1819-1873, général et maire, fondateur et premier secrétaire de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA, en 1849), premier maire de San Francisco, fondateur et secrétaire de California № 1. Guerrier de la guerre mexicano-américaine, gouverneur du Kansas puis de Pennsylvanie, Geary est le Maître Voyageur, son chemin infini symbolisant l’ascension spirale vers les hauts grades.
La rue Rolph célèbre James Rolph Jr. (1869-1934, maire et gouverneur, membre de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA), « Sunny Jim », maire le plus durable et Frère de California № 1, démissionnant en 1931 pour le gouvernorat. Son sobriquet « ensoleillé » évoque le Soleil royal de l’alchimie, illuminant les ombres de la Grande Dépression.

Brenham Place et Fallon Place : le Capitaine Charles J. Brenham (1819-1875, capitaine de bateau et maire, membre de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA, en 1855), deuxième maire et Frère de 1855, et Thomas Fallon (1825-1885, recruteur militaire et maire, membre de San Jose Lodge No. 10 à San Jose, CA, en 1846 comme recruteur), recruteur de volontaires en 1846 qui hisse le drapeau sur San José, tous deux de San Jose № 10. Petites ruelles, elles sont les seuils initiatiques, passages étroits vers l’illumination.
Les jardins ésotériques : Crocker-Amazon, Haight-Ashbury et les portes du mystère

Le quartier Crocker-Amazon tire son nom des frères Charles H. et William Henry Crocker (fils de Charles Crocker, 1822-1888, magnats du rail, membres de California Lodge No. 1 à San Francisco, CA, et Scottish Rite de Californie avec 33e degré pour Charles H. en 1903), fils du magnat Charles Crocker, membres actifs de California № 1 et du Rite Écossais. Leur holding évoque la Toison d’Or, trésor gardé par les mystères, transformant le terrain en jardin alchimique.
Haight-Ashbury, berceau hippie, nomme Henry Haight (1820-1910, gouverneur, membre de Pacific Lodge No. 136 à San Francisco, CA), gouverneur et membre de Pacific № 136, et Munroe Ashbury (1828-1883, superviseur municipal, affiliation non spécifiée précisément mais probable à une loge de SF via le conseil de surveillance maçonnique), superviseur planificateur du Golden Gate Park. Ce parc, mandala vert, est le Jardin d’Éden maçonnique, où l’herbe sacrée (cannabis, allégorie de l’élévation) fleurit sous l’égide fraternelle.

La rue Stanyan honore Charles Henry Stanyan (1831-1889, superviseur municipal, membre d’Oriental Lodge No. 144 à San Francisco, CA), superviseur du parc, de Oriental № 144 ; la Rue Cole, William Beverly Cole (1825-1893, chirurgien, membre d’Occidental Lodge No. 22 à San Francisco, CA, en 1862), chirurgien fondateur de la faculté de médecine UC et Frère d’Occidental № 22. Guérisseurs, ils soignent le corps et l’âme, comme l’Élixir de longue vie.
Enfin, l’Avenue Maçonnique désigne l’ancien cimetière maçonnique sur le campus de l’Université de San Francisco, fermé en 1920 pour Colma. Nécropole symbolique, elle est le seuil de l’Éternité, où les Frères reposent en attendant la résurrection spirituelle.
Ironie hermétique : la rue Mason, sans lien direct, porte le nom du Colonel Richard B. Mason (gouverneur militaire, sans affiliation maçonnique confirmée). Mason signifie maçon en anglais, un clin d’œil involontaire au Grand Œuvre, rappelant que le sacré imprègne le profane sans le nommer.

Le labyrinthe fermé : Une cité-Temple pour l’initié
Ces rues forment un temple vivant, un échiquier où l’initié avance case par case, du Nord (Washington, Lumière) au Sud (Rizal, Libération), de l’Est (O’Farrell, Origine) à l’Ouest (Sloat, Achèvement). San Francisco, née de l’or et du feu, est l’athanor urbain : la ruée vers l’or transmute les âmes, et les artères de la ville sont les veines d’un golem de pierre et d’acier, mis en mouvement par le souffle du Verbe. Comme la Grande Arche de La Défense, ce réseau dessine un cube ouvert sur le vide sacré – Daath kabbalistique – qui invite à l’élévation au-delà des formes. Marchez-y un dimanche matin, à l’heure où le soleil frappant l’océan se lève : chaque angle de rue est un serment, chaque intersection une épreuve.

Soyons fou ! Osons une lecture maçonnique du blason de la ville de San Francisco
Dans le sceau de San Francisco, nous lisons une planche en clair-obscur. Le cercle extérieur trace la limite du Temple : une enceinte protectrice où la cité se consacre. Au centre, l’oiseau aux ailes déployées – phénix plus que simple aigle – proclame la loi de la régénération : mourir au chaos pour renaître à l’Ordre. La ville-atelier s’y reconnaît, éprouvée par les flammes et les séismes, mais relevée comme l’Apprenti qui sort des ténèbres pour recevoir la Lumière.
Le blason montre la baie, les montagnes et des navires : c’est la géographie initiatique d’un Passage. La mer, matière indifférenciée, appelle la navigation intérieure ; la passe du Golden Gate figure le seuil, porte étroite où l’on quitte la rive profane. La nef devient loge en marche, embarquée vers l’Occident pour y chercher l’Orient. Les rais qui strient l’écu ressemblent à une échelle de lumière : chaque degré une conquête de soi.

Deux figures soutiennent le champ comme deux colonnes. À gauche, le prospecteur – pioche et pelle – incarne l’Œuvre au noir : descendre dans la mine, séparer, extraire, éprouver. Il rappelle au Maçon que rien ne vaut sans travail de taille. À droite, le marin au sextant mesure le ciel : c’est l’Œuvre au blanc – l’art de régler sa route par les étoiles, de conformer la marche humaine au grand compas cosmique. Entre Boaz et Jakin se tient l’écu de la cité ; entre l’outil qui ouvre la terre et l’instrument qui lit l’azur, l’équilibre opératif et spéculatif se noue.

La devise en espagnol – « Oro en paz, fierro en guerra », soit « L’or en temps de paix, le fer en temps de guerre » – porte, sous son historicité, une clé hermétique.
L’or en paix : l’aboutissement, l’état de réconciliation, la pierre au rouge qui irradie sans violence. Le fer en guerre : la vertu martiale de Mars, l’énergie qui tranche, protège et purifie quand l’entropie menace. Au plan maçonnique, c’est l’alliage de la truelle et de l’épée : édifier quand la paix le permet, défendre la mesure quand le tumulte l’exige. Notons l’orthographe ancienne « fierro » : trace d’une mémoire assumée, comme si la devise conservait le grain du temps pour rappeler que l’initiation n’efface pas l’histoire, elle la transmue.

La scène portuaire au pied du blason n’est pas simple décor : elle raconte la vocation de seuil de San Francisco. Ici arrivent les errants de la Terre, là repartent les audacieux – et la Loge n’est-elle pas cet asile et ce chantier, où l’étranger devient Frère par l’épreuve du voyage ? Le vent gonfle les voiles comme la parole gonfle l’âme quand elle est juste ; les eaux plissées disent la loi des correspondances : pas de route droite sans courants contraires, pas de progrès sans résistance.
Ainsi, le sceau compose un rituel. Le cercle consacre, le phénix élève, l’écu oriente, les deux « colonnes humaines » enseignent le double labeur : creuser et mesurer, transformer et ordonner. L’or en paix promet la lumière partagée, le fer en guerre rappelle la vigilance intérieure contre nos propres désordres. C’est toute une maçonnerie de la Cité : œuvre d’exode, d’accueil et d’édification, où la Porte dorée n’est pas un trophée mais un passage, et où la ville, comme l’initié, ne cesse de renaître pour bâtir plus juste.


Qu’est-ce que le CMMT ?
Le California Masonic Memorial Temple (CMMT), ouvert en 1958, est l’un des édifices majeurs de San Francisco. Haut lieu de la franc-maçonnerie californienne, il est aussi connu sous le nom de The Masonic. Son architecture emblématique du milieu du XXᵉ siècle, signée par l’architecte de la baie Albert Roller, conjugue lignes modernistes et clins d’œil ésotériques. À la fois maison de réunion pour les francs-maçons de Californie et scène ouverte à la cité, le CMMT s’est imposé comme une véritable icône de Nob Hill.

Le CMMT aujourd’hui
Depuis plus de six décennies, le Temple fait partie intégrante de la vie du quartier : il accueille des tenues et rencontres maçonniques, mais aussi des manifestations ouvertes au public, des entreprises et des organisations venues de partout. Beaucoup l’identifient surtout à la salle SF Masonic, gérée par Live Nation : un auditorium de 3 300 places où se tiennent près de 79 événements par an. Au fil des ans, on y a entendu Billie Holiday, Tony Bennett ou Van Morrison, et ri aux spectacles d’humoristes tels que Dave Chappelle, Ali Wong ou Amy Schumer.
Un lieu de culture et de mémoire, à la croisée du Temple et de la scène.
Que cette carte postale vous guide vers l’intérieur, où la vraie Loge est le cœur. Bons baisers de San Francisco, ville des Frères et Sœurs éternels !

Illustrations : Wikimedia Commons