De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Dans l’univers symbolique de la franc-maçonnerie, la légende d’Hiram Abiff occupe une place centrale, incarnant le martyre de la quête initiatique et la construction du temple intérieur. Hiram Abiff, maître d’œuvre du Temple de Salomon, représente l’archétype de l’ouvrier spirituel assassiné par trois compagnons avides de secrets avant l’heure légitime. Cette allégorie, riche en leçons morales et philosophiques, invite les « ouvriers d’Hiram Abiff » – les francs-maçons engagés dans le grade de Maître – à une introspection profonde sur la nature de l’être humain.

Le texte intitulé Les ouvriers d’Hiram Abiff : les sept corps et l’être humain s’inscrit dans cette tradition ésotérique, fusionnant la symbolique maçonnique avec les enseignements théosophiques sur la constitution subtile de l’homme. Inspiré des travaux d’auteurs comme Annie Besant et Helena Blavatsky, il postule que l’être humain n’est pas limité à son enveloppe physique visible, mais se compose de sept corps interconnectés, divisés en une triade spirituelle supérieure et un quaternaire inférieur mortel. Cet article explore en détail cette vision holistique, en reliant les sept corps à la légende d’Hiram, pour éclairer le chemin de l’initiation maçonnique. À travers cette structure, nous découvrirons comment ces corps symbolisent les outils du maçon pour polir la « pierre brute » de son âme.
La légende d’Hiram Abiff : fondement symbolique
Pour appréhender pleinement le lien entre les ouvriers d’Hiram et les sept corps, il convient de rappeler brièvement la légende maçonnique. Tirée des livres bibliques des Rois et des Chroniques, enrichie par la tradition ésotérique, elle raconte l’histoire d’Hiram Abiff, fils d’une veuve de la tribu de Nephthali, artisan bronzier chargé par le roi Salomon de superviser la construction du Temple de Jérusalem.

Au cœur du récit se trouve le drame : trois compagnons maçons, impatients d’accéder aux secrets du grade de Maître, tendent une embuscade à Hiram aux trois portes du Temple (Occident, Sud et Orient). À chaque porte, ils exigent la révélation du « mot de passe » maçonnique, mais Hiram refuse, préférant la mort à la trahison des serments initiatiques. Le troisième coup, fatal, le frappe à la tempe. Les assassins enfouissent son corps sous un acacia, marque de résurrection future. Salomon, découvrant le crime, élève Hiram au rang de martyr et institue le grade de Maître, symbolisant la résurrection spirituelle.
Cette légende n’est pas une simple fable morale ; elle illustre la lutte entre l’ego inférieur (les trois assassins : Jubela, Jubelo, Jubelum) et l’esprit supérieur (Hiram). Dans le contexte des sept corps, les « ouvriers d’Hiram » deviennent les bâtisseurs conscients de ces enveloppes subtiles, travaillant à l’harmonie entre le mortel et l’immortel pour accomplir la « Grande Œuvre » maçonnique.
Les 7 corps de l’être humain : une vision ésotérique

Les anciens sages – des védantins indiens aux théosophes occidentaux – ont perçu l’homme comme un microcosme de l’univers, composé de sept plans d’existence. Bien que la science moderne se limite au corps physique, les traditions spirituelles, relayées par la franc-maçonnerie symbolique, distinguent sept corps interconnectés. Ces corps ne sont pas des entités séparées, mais des véhicules vibratoires qui permettent à l’âme (le « Moi Supérieur« ) de s’incarner et d’évoluer.
Selon Annie Besant, dans ses écrits théosophiques, ces corps ont été progressivement validés par l’expérience intuitive, passant du théorique au vérifiable. Ils se divisent en deux groupes principaux :
1. Le quaternaire inférieur : les véhicules mortels

Ces quatre corps relèvent du plan matériel et psychique, sujets à la dissolution à la mort physique. Ils forment la base du « quaternaire inférieur » et correspondent aux outils du maçon pour travailler la matière brute.
- Corps Physique (Sthula Sharira) : Le véhicule tangible, composé d’éléments chimiques et visible à l’œil nu. C’est la « pierre brute » maçonnique, soumise aux lois physiques et aux sens. Hiram, en tant qu’artisan, symbolise sa maîtrise : sans ce corps, point de temple édifié.
- Corps Vital ou Éthérique (Prana Sharira) : Une enveloppe énergétique subtile, invisible, qui anime le physique via le prana (énergie vitale). Elle est le « souffle de vie » qui relie le corps à l’univers. Dans la légende, elle évoque la résurrection d’Hiram, où l’énergie vitale transcende la mort physique. Les anciens la percevaient comme un double éthérique, perturbé par les maladies ou les passions.
- Corps Astral ou Émotionnel (Kama Rupa ou Linga Sharira) : Plus subtil encore, ce corps est le siège des émotions, des désirs et des passions. Il est fluide, coloré par les expériences karmiques, et permet les voyages astraux. L’étude de ce corps, comme l’explique Besant, ouvre des perspectives élargies sur la vie, au-delà du physique. Chez les ouvriers d’Hiram, il représente les « chaînes invisibles » des attachements (apego), à transcender pour l’initiation.
- Corps Mental Inférieur (Kama-Manas) : Le véhicule de la pensée concrète, des raisonnements logiques et des désirs mentaux. Il est le domaine de l’intellect rationnel, souvent esclave des passions (comme le notait David Hume : « La raison est l’esclave des passions »). Dans la maçonnerie, il correspond aux outils comme l’équerre et le compas, pour structurer la pensée sans la laisser dériver vers l’ego.
La Triade Supérieure : Les Principes Spirituels
Ces trois corps immortels forment le « Soi » ou Ego supérieur, reliés à la Monade divine. Ils sont le but de l’initiation : l’élévation de l’âme vers la Lumière, comme la résurrection d’Hiram.
- Corps Mental Supérieur (Manas) : Siège de l’intuition et de la raison pure, il transcende la dualité pour accéder aux idées platoniciennes. Inspiré par l’allégorie de la caverne de Platon, il invite les ouvriers à sortir des ombres illusoires vers la vérité éternelle.
- Corps Bouddhique (Budhi) : Le principe de l’unité et de la compassion universelle, où l’individuel se fond dans le Tout. Il est le lien avec la conscience christique ou bouddhique, favorisant l’empathie et le désintéressement.
- Corps Atmique (Atma) : L’étincelle divine, immortelle et unie au Grand Architecte de l’Univers. C’est le « Verbe Perdu » de Hiram, révélé seulement à ceux qui ont accompli la Grande Œuvre.
Corps | Plan | Fonction Principale | Symbole Maçonnique |
---|---|---|---|
Physique | Matériel | Ancrage sensoriel | Pierre brute |
Vital | Éthérique | Animation énergétique | Souffle de vie (Prana) |
Astral | Émotionnel | Désirs et sentiments | Acacia (résurrection) |
Mental Inférieur | Psychique | Raison concrète | Équerre et compas |
Mental Supérieur | Spirituel | Intuition | Lumière du Temple |
Bouddhique | Unitaire | Compassion | Fraternité universelle |
Atmique | Divin | Âme immortelle | Grand Architecte |
Les Sept Corps dans le Contexte Maçonnique : Les Ouvriers en Action

Les « ouvriers d’Hiram Abiff » ne sont pas de simples artisans ; ils sont des initiés qui, à l’image de Hiram, refusent la révélation prématurée des mystères. Dans cette perspective, les sept corps deviennent les « matériaux » du temple intérieur : le quaternaire inférieur à purifier (détachement des passions, comme dans les écrits de Mario Múnera Muñoz sur l’apego et desapego), et la triade supérieure à éveiller (par la raison intuitive et l’imagination créatrice).
L’initiation maçonnique mime cette alchimie : le premier grade (Apprenti) travaille le physique et le vital ; le second (Compagnon) affine l’astral et le mental inférieur ; le troisième (Maître) élève vers la triade, symbolisée par la résurrection d’Hiram. L’imagination, clé de la quête (comme exploré dans les réflexions sur Platon), permet de visualiser ces corps, transformant l’espoir en vertu active – une espérance « ardue » selon saint Thomas d’Aquin.
Le respect, vertu fondamentale, unit ces corps : respect de soi (corps inférieur), des frères (bouddhique) et du divin (atmique). Ainsi, les ouvriers transcendent les assassins intérieurs (peur, avidité, ignorance) pour incarner la liberté spirituelle.
Conclusion : vers une synthèse initiatique

Les ouvriers d’Hiram Abiff : les sept corps et l’être humain nous rappelle que la franc-maçonnerie n’est pas une société secrète, mais une voie de transformation holistique. En intégrant les sept corps – du dense au divin –, l’initié devient co-créateur de son destin, bâtissant un temple non de pierre, mais d’harmonie cosmique. Comme Hiram ressuscité, l’homme éveillé unit le mortel à l’immortel, réalisant que « la vie ne vaut d’être vécue que si elle est une légende« .
Cette vision, ancrée dans l’ésotérisme oriental et occidental, invite à une pratique quotidienne : méditation sur le prana, maîtrise des émotions astrales, et quête intuitive de l’Atma. Que chaque ouvrier, armé de ses outils symboliques, poursuive cette œuvre avec ferveur, pour que le Temple de l’humanité s’élève dans la Lumière.
Références : Inspiré des écrits théosophiques d’Annie Besant et des réflexions maçonniques de Mario Múnera Muñoz (450.fm, 2022-2025). Pour approfondir, consultez la Doctrine secrète de Blavatsky ou les rituels du Rite Écossais Ancien et Accepté.
C’est très clair, et j’ose espérer que les lecteurs soient assez ouverts d’esprit pour comprendre le cycle dimentionel de l’être en pleine conscience évolutive.
En effet, lorsque l’être a su comprendre le nombre 4: le state du confinement de son potentiel et qu’il l’a sublimé vers des degrés supérieurs, il accède aux dimensions supérieures de son âme, le state de la conscience supérieure où il frise avec la super conscience, la dimension de l’être parfait en communication avec l’âme Universelle.
Le 3 + 4= 7 correspond à l’âme évoluée, affranchie des cycles de l’adversité de ce monde. Et le récit de Hiram Abiff est une illustration symbolique et métaphorique du processus initiatique auquel nous sommes tous voués.
C’est un appel à une transmutation et une transcendance de l’être physique à l’être subtil et dimensionnel par delà le grade de maître maçon qui lui est imminent.
Très respectueusement…
: La doctrine secrète de BLAVATSKY : https://youtu.be/dH1XqNaAOAA?feature=shared