Une mémoire vive à l’antenne de « Divers aspects de la pensée contemporaine »

Un dimanche d’équinoxe où la lumière consent à la mesure, « Divers aspects de la pensée contemporaine » accueille la Grande Loge Féminine de France. À l’ouvrage, Isabelle Debuchy. À la parole, Liliane Mirville, Grande Maîtresse, et Dominique Eloudy-Lenys, réalisatrice du film commémoratif. Nos très chères Sœurs retracent quatre-vingts ans d’une obédience féminine souveraine, histoire vivante plutôt qu’archive, véritable réservoir de forces en mouvement.

Naissance et fidélité, de l’Union Maçonnique Féminine de France à la Grande Loge Féminine de France

Après la Libération, la Grande Loge de France (GLDF) abroge le 17 septembre 1945 le dispositif de 1906 concernant les Loges d’adoption. Les Sœurs disposent alors de leur pleine liberté d’organisation. Le 21 octobre 1945, sous la présidence d’Anne-Marie Gentily, naît l’Union Maçonnique Féminine de France (UMFF) avec cinq Loges reconstituées et dûment comptées : Le Libre Examen (20 membres), La Nouvelle Jérusalem (33), Le Général Peigné (16), Minerve (16) et Thébah (6).

L’année 1946 formalise la Constitution « Des loges d’adoption aux loges féminines indépendantes » et lance une réflexion rituelle sur « le symbolisme féminin dans la Maçonnerie écossaise ». En 1948, la Loge Athéna s’ouvre à l’Orient de Toulouse, première Loge fondée en province « par des femmes pour des femmes ». Le 22 septembre 1952, l’Union devient la Grande Loge Féminine de France (GLFF) ; les travaux, d’abord au Rite d’Adoption, basculent au Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) par vote de convent en 1958. De la pierre d’angle de 1945 à l’obédience de 1952, la filiation est nette : une souveraineté féminine assumée, un style de travail adogmatique, une fidélité au symbole mise au service de l’émancipation.

Une école de vie
La Grande Loge Féminine de France se présente comme une école de vie où l’on n’empoigne pas des dogmes mais une méthode patiente, une manière d’aller. Les symboles deviennent des outils éprouvés au feu doux de l’expérience et le rituel, tel un soufflet discret, ravive la braise de la pensée. La Loge éduque l’écoute, affine le discernement, apprivoise la parole juste. De ce travail intérieur, discret et régulier, naissent des gestes concrets, car la laïcité s’y vit au quotidien, les droits des femmes s’y défendent sans tapage mais avec constance, et la philanthropie s’y organise avec la précision de la main qui sait où poser le maillet.

Le fil des pionnières
Dominique Eloudy-Lenys rappelle la force des récits qui fondent une maison et, ce faisant, elle redonne visage aux pionnières qui bâtirent, dans la pénurie, des lieux pour apprendre, penser et s’entraider. Recueillies par le film commémoratif – disponible fin octobre sur le site de la GLFF –, leurs voix demeurent mémoire active plutôt que relique, et leur sororité se mesure à l’action quand la transmission fait grandir. Ainsi, l’aventure intime se fait bien commun sous la voûte étoilée, et la fierté prend la forme simple du service rendu.

Un appel simple
Rejoindre la GLFF revient à tenir la verticalité dans un monde souvent oblique et à découvrir une parole libre et responsable que l’on ajuste à l’équerre de la conscience. Nous y cultivons l’exigence évoquée par Gisèle Faivre, non pour durcir la règle mais pour mieux laisser passer la lumière, et nous y préservons les fondamentaux sans les momifier afin d’inventer des formes justes. Tradition et modernité s’y tiennent ensemble, comme l’arpenteur tient son compas et garde la mesure.
Ce que nous retenons


Nous retenons trois mots qui orientent plutôt qu’ils n’ornent : Lumière, Liberté, Fraternité, étoiles fixes d’une navigation intérieure qui ne cesse de nous reprendre. À intervalles réguliers sur l’onde publique, un dimanche par trimestre, la GLFF reprend l’antenne et rappelle que la pensée se travaille autant qu’elle se transmet. La chaîne d’union ne se montre pas, elle se ressent, et son battement discret accorde les commencements de 1945 avec l’avenir que nous nous appliquons à construire.
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