mer 10 septembre 2025 - 17:09

OUSIA, l’essence retrouvée – Lettre de régénération pour la voie rectifiée

Avec ce premier numéro d’Ousia consacré au Régime Écossais Rectifié, le lecteur entre dans un espace où l’histoire, la mystique et la méditation se rencontrent, où chaque mot devient l’écrin d’une mémoire invisible et le tremplin d’une quête intérieure. Cette lettre n’est pas une simple publication d’étude, elle est un acte initiatique en soi, une respiration fraternelle destinée à nourrir l’âme et à orienter le cœur de celles et ceux qui se tiennent sur le chemin rectifié.

Nous y percevons une écriture habitée, portée par la fidélité à l’esprit de Jean-Baptiste Willermoz et par la certitude que le Régime n’est pas seulement un système rituel, mais une voie de transfiguration de l’être.

L’éditorial nous rappelle que le choix du titre Ousia ne relève pas d’un hasard. Ce mot grec, qui traverse Platon et Aristote avant de résonner dans la théologie trinitaire, signifie l’essence, la substance, ce qui demeure lorsque les formes s’évanouissent. C’est cette essence que la lettre cherche à révéler en chaque Frère et en chaque Sœur. Elle n’éclaire pas seulement la surface des symboles, elle invite à descendre au cœur de leur densité ontologique. Elle s’inscrit dans la fidélité à l’esprit willermozien qui, en rectifiant la Maçonnerie, ne voulut pas l’embellir d’ornements supplémentaires mais la ramener à son centre invisible, là où l’initiation redevient rencontre avec l’Être.

OUSIA
OUSIA

Le parcours historique, de Lyon à Wilhelmsbad, est présenté non comme une chronologie ordinaire mais comme une épopée spirituelle. Lyon fut le lieu où la vision prit forme, où la structure maçonnique fut traversée par l’élan théosophique de Louis-Claude de Saint-Martin et par la doctrine de réintégration de Martines de Pasqually. Wilhelmsbad consacra ce travail, mais en l’ouvrant à l’universel, en dépouillant la maçonnerie rectifiée de toute fiction templière pour la replacer dans la lumière christique et fraternelle. Ainsi, le Régime apparaît comme une exception dans la vaste constellation des rites : il ne juxtapose pas des grades, il propose une ascension ordonnée, structurée autour du service, du silence et de la charité opérative.

Louis-Claude de Saint-Martin

La spiritualité rectifiée, telle qu’elle est présentée, prend chair dans la figure de Saint-Martin, ce Philosophe Inconnu dont l’écriture n’est pas tant exercice de style que souffle angélique. Il y a dans ses textes la volonté d’inventer une langue nouvelle, dégagée du poids des conventions, une langue où les mots seraient transparents à la lumière, une langue de désir qui unit l’âme à l’Esprit. Cette méditation sur la régénération nous rappelle que l’initiation n’est pas transmission d’un savoir mais naissance à une nouvelle nature. Le mariage intérieur de l’homme avec l’Esprit divin engendre l’homme nouveau, capable de régénérer ses semblables. C’est ce cœur de la mystique rectifiée que la lettre met en lumière.

J.-B. Willermoz

Les sections consacrées aux mots et aux outils poursuivent cette exploration. Dire « Mon Bien-Aimé Frère » ou « Ma Bien-Aimée Sœur » ne relève pas d’une formule affectueuse mais d’une confession spirituelle. Le Bien-Aimé, dans la tradition johannique, est celui qui demeure dans la lumière de Dieu, celui qui vit déjà dans l’amour divin. Nommer ainsi le Frère, c’est reconnaître en lui non seulement un compagnon de route, mais une part de la filiation divine, un reflet de l’Amour premier. Quant à la méditation sur la main, elle se déploie comme une liturgie silencieuse. La main qui frappe à la porte du Temple, la main qui touche les symboles dans l’obscurité, la main qui bénit ou qui protège, devient l’organe de la conscience et le prolongement du cœur. Elle n’est plus seulement instrument d’action, mais médiation entre l’ombre et la lumière. Dans cette contemplation de la main, nous retrouvons la profondeur d’une anthropologie sacrée : l’homme est appelé à transfigurer ses gestes pour qu’ils deviennent sacrements de l’amour.

Enfin, l’ouverture sur l’écologie rectifiée donne à ce numéro une résonance actuelle et prophétique. La réintégration, notion centrale du Régime, ne s’épuise pas dans le salut individuel, elle embrasse le monde entier. L’homme, microcosme en déséquilibre, retrouve son harmonie intérieure pour restaurer aussi l’équilibre du vivant. Nettoyer son cœur, purifier ses intentions, c’est déjà guérir une parcelle du cosmos. Mais cette œuvre intérieure appelle une action extérieure, respectueuse de la Création et des cycles naturels. Être Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte, aujourd’hui, c’est aussi défendre la dignité de la Terre, vivre une écologie intégrale où le spirituel et le terrestre se réconcilient.

OUSIA

À travers ces pages, nous voyons que Ousia n’est pas une revue parmi d’autres mais une invitation à habiter le RER comme une voie de vérité. L’écriture elle-même devient rite de transmission, souffle discret qui nous rappelle que nous sommes appelés à vivre non pas à la surface des choses, mais dans leur essence. Ce premier numéro est à la fois mémoire, méditation et prophétie. Il nous conduit à nous interroger : qu’est-ce que l’essence de notre être, qu’est-ce que la substance de notre engagement maçonnique, qu’est-ce qui demeure lorsque tout s’efface ? La réponse, nous la trouvons dans la fidélité silencieuse à l’esprit rectifié, dans l’accueil de la lumière intérieure et dans la marche fraternelle vers la Cité Sainte.

OUSIA – Lettre d’instruction, de transmission et de méditation pour les Frères et Sœurs engagés dans la voie rectifiée

Olivier Chebrou de Lespinats (dir.)

Éd. De la Mérichère, N°1, septembre 2025, 10 pages, gratuit, sur demande

Pour tout renseignement et commande, contactez le directeur de la rédaction Olivier Chebrou de Lespinats : olivier.de.lespinats@wanadoo.fr

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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