sam 23 août 2025 - 14:08

La Tour Triangle : Une pyramide moderne aux échos maçonniques ?

Paris, surnommée « Ville Lumière », demeure un symbole intemporel de la connaissance, de la créativité et de la beauté. À travers son histoire, riche en Lumières intellectuelles et en élans spirituels, la capitale française continue de briller comme un phare d’inspiration pour les générations actuelles et futures. Or, une nouvelle silhouette s’apprête à marquer son horizon : la Tour Triangle.

Située dans le 15e arrondissement

Tour Triangle

le plus peuplé de la capitale, sur la rive gauche de la Seine, au cœur du parc des expositions de la Porte de Versailles –, cette structure audacieuse de 180 mètres de hauteur, conçue par les architectes suisses Herzog & de Meuron, est en construction depuis fin 2021, avec une ouverture prévue en 2026. Elle abritera bureaux (95 500 m²), hôtel quatre étoiles, centre culturel et de conférences, espaces verts de 8 000 m² le long du boulevard Victor, crèche, belvédère et restaurant panoramique.
Mais au-delà de sa fonction, c’est sa forme pyramidale trapézoïdale qui intrigue et suscite un débat inattendu : cette tour est-elle, consciemment ou non, marquée par une inspiration maçonnique ?

Un projet architectural ambitieux et controversé

Tour Triangle

Avec ses 44 étages, sa base de 200 mètres et ses façades vitrées captant la lumière parisienne, la Tour Triangle évoque une pyramide moderne, clairement inspirée de l’architecture égyptienne antique. Le projet a connu de vives oppositions : associations écologistes, élus et riverains dénoncent un urbanisme jugé énergivore et dépassé. Rejeté en 2014, validé en 2015, le chantier a traversé recours judiciaires, enquêtes pour favoritisme, et même un accident tragique en 2024. Mais, malgré ces tempêtes, la tour continue de s’élever, portée par des acteurs puissants comme Unibail-Rodamco-Westfield et Axa, et construite par l’entreprise belge BESIX, déjà bâtisseuse de la Burj Khalifa, la plus grande tour au monde culminant à 828m de haut et l’une des attractions les plus populaires de Dubai.

Triangle, pyramide et symbolique maçonnique

Officiellement, les architectes revendiquent une inspiration égyptienne. Pourtant, pour beaucoup, la silhouette triangulaire résonne avec le symbolisme maçonnique. Le triangle équilatéral est un emblème central : il incarne l’équilibre cosmique, la divinité, l’union de la verticalité et de l’horizontalité, et la trinité des principes fondateurs – Sagesse, Force et Beauté. Dans les Temples, le delta lumineux veille sur l’initié, lui rappelant de gravir les degrés de l’échelle invisible. Quant à la pyramide, issue des sables d’Égypte, elle reste la matrice des mystères antiques, gardienne de l’éternité.

Paris, souvent qualifiée de « capitale maçonnique », regorge de ces échos : de la pyramide du Louvre à la dentelle triangulaire de la Tour Eiffel, autant de phares de modernité et de symboles hermétiques. La Tour Triangle, troisième sommet de cette géométrie invisible, pourrait bien s’inscrire dans cette constellation symbolique.

Antimaçonnisme et fantasmes complotistes…

Tour Triangle

Ce n’est donc pas un hasard si l’édifice alimente soupçons et rumeurs. Des blogs affirment qu’elle est « en tous points un édifice maçonnique », tant par sa forme que par son nom. Sur les réseaux sociaux, certains dénoncent un « symbole maçonnique pur jus », d’autres

ironisent : « Ça pue l’Illuminati et la Franc-Maçonnerie ». Comme souvent, l’ombre de l’antimaçonnisme se nourrit de formes géométriques et d’interprétations symboliques. Là où l’initié voit l’appel à la Lumière, d’autres projettent le spectre du complot.

La numérologie du 180 et du 9

La hauteur de 180 mètres n’est pas anodine. Réduite (1+8+0), elle donne le 9, chiffre sacré en Maçonnerie. Le 9 marque l’achèvement et la plénitude, la fin d’un cycle et l’annonce d’une renaissance. Il est le ternaire porté à sa perfection (3 x 3), le nombre des neuf Maîtres élus et celui des neuf Muses inspiratrices. Dans de nombreuses traditions, il incarne l’accomplissement spirituel, la sagesse, l’immortalité et le passage de la gestation à la naissance nouvelle. Ainsi, la Tour Triangle, sans le dire, parle à travers ses proportions le langage discret des initiés.

Tour Triangle

Une lecture alchimique : l’Œuvre au noir, blanc et rouge

À cette dimension maçonnique se superpose une lecture alchimique. La construction de la tour, semée d’épreuves, rappelle l’Œuvre au noir : dissolution, résistances, critiques, tempêtes juridiques. Puis vient l’Œuvre au blanc : la clarté des façades vitrées, l’ouverture à la lumière, la purification de la matière brute. Enfin, l’Œuvre au rouge, lorsque la tour, achevée, se dressera comme un feu de verre et d’acier dans le ciel de Paris, image d’accomplissement et de transmutation.

Le cycle du 9 rappelle aussi les neuf mois de gestation : comme un être en devenir, la Tour Triangle naît d’un long travail intérieur et extérieur. Son sommet peut alors être lu comme la pierre philosophale d’une ville en quête de renouveau, condensant dans sa forme la matière et l’esprit, le profane et l’initié, le temps et l’éternité.

Tour Triangle

Architecture moderne, quête intemporelle

Pour les Francs-Maçons, l’architecture n’est jamais seulement du béton et du verre : elle est quête d’harmonie, hiérophanie de lumière. La Tour Triangle, première haute tour intra-muros depuis Montparnasse en 1973, pourrait être l’expression de cette aspiration à l’élévation. Comme une triangulation initiatique, elle inscrit dans le ciel parisien un signe : invitation à dépasser le profane, à relier la Terre au Ciel.

La Tour Triangle n’est pas officiellement un monument maçonnique. Mais sa forme pyramidale et triangulaire, sa hauteur numérologiquement signifiante et sa résonance alchimique et initiatique ouvrent la porte à une lecture symbolique.

Tour Triangle

Elle incarne ce dialogue entre tradition et modernité.

En 2026, lorsque sa flèche de verre scintillera dans la nuit parisienne, chacun y lira ce qu’il porte en lui : simple gratte-ciel, ou bien phare ésotérique. Peut-être alors la capitale, fidèle à son surnom de Ville Lumière, offrira-t-elle à l’homme moderne une pyramide nouvelle où chercher, encore et toujours, l’étincelle perdue de la sagesse.

Paris a été, est et restera toujours la plus belle ville du monde !

Illustrations : © Yonnel Ghernaouti, YG

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Chroniqueur littéraire, animé par sa maxime « Élever l’Homme, éclairer l’Humanité », il est membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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